CSP: INCOMPETENCE OU INAPTITUDE

 

OYE OYE, le coq du village a chanté ce matin. D'après lui, la Cheffe de l’État Transitoire se rendra à partir du lundi 28 juillet 2014 en visite au Bénin pour trois jours.

 

En communication de gestion de crise, le verbal représente 20% et le non-verbal, 80%. Le non-verbal, c'est ce qui ne se dit pas mais se fait. Autrement dit, c'est la démonstration de son aptitude à la compréhension du MOMENT et des enjeux inhérents à la situation. Le non-verbal pour Mme Samba Panza, son Premier Ministre et le gouvernement, c'était de se rendre à Bambari, Ndélé, Dekoa, Nola, Obo, Alindao, Ouadda Djallé...non pas avec la représentation théâtrale de Bouar où toute la galerie Banguissoise fut mobilisée mais pour affirmer la République, l'unicité territoriale du pays, ordonner et organiser la solidarité nationale et enfin, faire le service après-vente de Brazzaville.

 

Certains choix se passent de commentaires, d'autres ouvrent la possibilité à toutes les interprétations imaginables.

Comment ne pas s'interroger sur le choix de Cotonou, là où réside le POL POT centrafricain, DJOTODIA, juste aux lendemains de la tragi-comédie de Brazzaville ? S'y rend-elle pour lui annoncer que c'est lui qu'elle a choisi de nommer comme Premier Ministre ? Ah oui, nous n'oublions pas que c'est bien lui qui l'a nommé Maire de Bangui.

Comment ne pas être révolté juste à l'idée de savoir la Cheffe de l’État transitoire en audience avec Djotodia ou parler de la reconstruction de ce pays avec ce dernier ?

Comment ne pas être bouleversé lorsqu'on sait qu'avec son Premier Ministre, la Cheffe de l’État transitoire a battu le record national de voyage des Chefs d’État de la RCA sur une séquence semestrielle ?

Comment ne pas être outragé lorsqu'on sait qu'elle ne gouverne qu'UN kilomètre carré de périmètre car en six mois, en dehors de la mosquée centrale, du complexe pédiatrique, de Bouar et Mbaïki, nulle autre parcelle du territoire de la RCA n'a eu le privilège(ou le malheur) de l'accueillir, de la voir y passer une nuit ? Qu'aucun centre scolaire ou centre de formation ne l'a vu y présenter son plan d'action et surtout ses résultats sur le processus sécurisation des biens et des personnes, de la restauration de l'administration, de la justice et de la relance économique.

 

Bref, la RCA se résume aux 57.550m² du domaine présidentiel dit « Palais de la Renaissance » mais surtout aux 500m² de la salle de Projection du Palais, devenu le centre de gravité de la République. Ici, l'expression « Tour d'Ivoire » prend tout son sens.

 

Que va-t-elle faire à Cotonou ? Ira-t-elle ensuite à Kampala ? Que Mme Samba Panza ne se trompe pas ou qu'elle ne se fasse pas tromper. Aussi longtemps qu'elle passera son temps à discuter avec des criminels, aussi longtemps elle retardera la renaissance de la RCA, la condamnant à errer comme la Somalie ou à disparaître comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, l'URSS, le Soudan...Les criminels, ce ne sont pas seulement les Khmers rouges centrafricains mais aussi tous ceux qui portent atteinte aux droits des hommes et des femmes de Centrafrique, toutes confessions religieuses et origines confondues. Qu'ils se nomment Antibalaka, Cocora, antingirango et touti et tata... il n y a pas de bon criminel, il n y a que des CRIMINELS.

Les nazis n'étaient pas à New York pour dessiner les contours du nouveau monde mais dans le box des accusés à Nuremberg. Cela aurait été le comble de l'ignominie si ces derniers avaient participé à la fondation des Nations-Unies. C'est cela que Mme Samba Panza doit comprendre ou doit faire comprendre à ses proches, à ses collaborateurs et à la communauté internationale.

 

Mme la Cheffe de l’État, permettez que je m'adresse à vous directement. Depuis que vous décollez et atterrissez, c'est toujours le même spectacle, à vos pieds, au bord de la piste, ils sont environ 150.000 Banguissois depuis bientôt UN AN. Ne voyez-vous pas cette désolation ? Votre cœur de femme, de mère et de Cheffe d’État (fûtes-vous transitoire) n'est-il pas atteint par cette détresse ? Ces 150.000 personnes au pied de votre jet sont le reflet de vos millions de compatriotes abandonnés en province, à la merci de ces criminels avec lesquels vous prenez tant plaisir à discuter. Quand est-ce que vous allez comprendre que c'est d'abord de ceux-là dont il faut s'occuper ? Quand est-ce que vous allez comprendre qu'au lieu de faire le tour du monde, c'est d'abord le Centrafrique que vous devrez parcourir ? Quand est-ce que vous allez comprendre que votre identité, votre coiffure, votre tenue, vos gestes, votre posture sont autant d’éléments qui peuvent participer à ce processus renaissant ? C'est cela le NON-VERBAL.

 

Allez à Cotonou, bon voyage, on vous observe. Discutez avec Djotodia, partagez-vous la dépouille fumante de la RCA. Iriez-vous à Kampala ? Eh ben, bon voyage. Discutez avec Bozizé, partagez-vous la dépouille fumante de la RCA... lorsque vous rentrerez à Bangui Mpoko, ils seront toujours là, 150.000 au bord de la piste où présidentiellement, votre jet atterrira. Ils sont le reflet de ce Centrafrique que vous ne voulez pas relancer. Peut-être que vous n'en n'êtes pas consciente.

 

Mme la Cheffe de l'état transitoire, quand vous serez rentré de votre séjour Béninois, entre autre chose, prenez le temps de vous pencher sur un dossier, celui des hébergés de la  République : Ledger Plaza, Hôtel du Centre, Oubangui Hôtel.

Au mépris de toutes les règles budgétaires, des partisans, courtisans, experts, EX excellences, activistes ou candidats déclarés ou supposés aux prochaines présidentielles sont logés dans certains établissements hôteliers de Bangui.

À quelques hectomètres de ces privilégiés, des milliers de Banguissois vivent à la merci des éléments presque sans assistance médicale, psychologique et sociale de votre part. En ce temps de crise, chaque Franc CFA gaspillé est un Franc CFA de trop. Il est temps d'arrêter cette hémorragie et d'exiger de tous ceux qui depuis mars 2013 ont bénéficié de ces traitements, de procéder au remboursement de ces frais, car il s'agit bien de détournement de fonds publics. Et de faire comprendre à ceux qui y sont encore logés, de prendre les dispositions pour quitter ces lieux ou d'honorer eux-mêmes leurs nuitées. Une nuit à 253 euros au Ledger Plaza, payée en dehors de toute ligne budgétaire, ce sont 253 euros qui auraient servi à acheter des semences pour le cultivateur de Bossangoa qui est rentré chez lui ou à acheter des tôles pour la toiture de l'école primaire de Rafaï.

A  4500 euros (3.000.000 Fcfa) la nuit, un ancien Chef d'état logea durant 4 mois à la Suite Présidentielle du Ledger Plaza soit près de 360 millions de Fcfa hors frais annexes (repas, consommations diverses, téléphone...) ;

Par dizaine, ces mercenaires, pisteurs, gardiens de moutons, vendeurs de Thé et de Friperie devenus Généraux ou Colonels ont occupé des dizaines de Chambres au Ledger Plaza, à l'hôtel du Centre ou encore à l'Oubangui hôtel. Ces « seigneurs » de guerre, auteurs et/ou complices de crimes contre l'humanité y ont résidé durant des mois. Trouvez-vous normal que ce soit l’État centrafricain qui paie ?

Un ancien Premier Ministre occupa  pour lui seul, sa maîtresse et les enfants de cette dernière, trois chambres au Ledger Plaza durant un mois et demi...est-ce normal que ce soit l'état qui paie ? Ne  s'agit-il pas ici de détournements de fonds publics ?

Un des « Partionniste-en-Chef » de la Seleka loge à l'hôtel du Centre depuis des mois avec une facture avoisinant les 120 millions de Fcfa, jusqu'à quand accepteriez-vous cela ?

 

À Brazzaville, vous avez accepté que les groupes armés repartent armés. D'ailleurs, vous n'auriez pu faire autrement. Maintenant vous voilà en route pour Cotonou, allez-y, demandez à Yayi Boni, ce qui fait la force de la Démocratie Béninoise, apprenez et venez l'appliquer au pays de Karnou. Et si malgré nos observations, vous rendez visite à Djotodia, il ne nous restera qu'une seule évidence : vous êtes leur complice car vous adorer les côtoyer et comme complice, vous aurez droit au même traitement.

 

Bon voyage

 

 

Clément De Boutet-M'bamba

(27 juillet 2014)