Wilfried Maurice SEBIRO - CENTRAFRIQUE
LIBRE, le 22 juil 2014
Des
milliers de centrafricains ont placé le forum de Brazzaville sur la liste noire
des foras qui se succèdent sans résultats probants pour le bénéfice du bas
peuple en souffrance.
Le forum de
Brazzaville qui a débuté hier et qui prendra fin le mercredi
Du coup la
modification de la charte constitutionnelle qui était à la une ces dernières
semaines a cédé la place en un meeting de la réconciliation dont l’objectif
principal est la signature d’un Cessez le feu entre les principaux
belligérants que sont les Seleka et les Anti balaka.
Fort de ses
nombreuses années au pouvoir, le médiateur Sassou a demandé à tous les
participants et aux journalistes de quitter le somptueux cadre de ce palais à
l’exception des centrafricains à qui il a prodigué de nombreux conseils. Pour
convaincre les centrafricains à enterrer leur hache de guerre, il a vanté la
vision du président fondateur de la République Centrafricaine M. Barthélémy
Boganda qu’il considère comme un père spirituel.
Il a
également rappelé la guerre civile qui a eu lieu à Brazzaville en 1997 et cité
des pays comme la Côte d’ivoire ou l’Angola qui sont passés par cette case.
Ensuite le président Sassou a fait part des liens
intrinsèques qui lient son pays et la RCA en rappelant au passage
l’existence à ce jour des rues qui portent encore le nom des ethnies
centrafricaines comme le Banziri;Banda; Yakoma dans le quartier
Poto-poto.
« La
consanguinité avec le peuple est une marque indéniable, vous devez vous dire
entre vous plus jamais çà. Votre pays a déjà atteint l’abîme et ne peut
s’enfoncer davantage. Par le passé vous avez déjà organisé les mêmes assises. Le
moment est venu de tirer les leçons de toutes les expériences passées. La nature
a assez richement comblé votre pays, faites la paix et travailler pour la
transformer. » a déclaré le président congolais DSN.
Ensuite le
médiateur a poursuivi son discours en insistant sur le fait que Brazzaville
n’était qu’une première étape du véritable dialogue qui aura lieu à Bangui
capitale de la RCA. C’est sur ce point là que réside le résultat de la
mobilisation et la divergence des points de vue des leaders centrafricains. Même
si une majorité s’est dégagée pour se rendre à Brazzaville, il y a de nombreux
poids lourds de la politique centrafricaine qui ont boycotté cette
rencontre.
Les leaders
centrafricains se souviennent sans doute des accords de Libreville qui ont mis à
mal la cohésion de leur pays et l’humiliation de N’Djamena où tout avait été
décidé à leur insu au grand dam du peuple. En affichant avec véhémence leur
position pour le retour de la souveraineté totale de leur pays, les leaders
centrafricains ont marqué un précieux point qu’il faut sans douter
pérenniser.
Le premier
centrafricain à prendre la parole lors de ce ouï clos est le président de la
communauté centrafricaine de Brazzaville, ce dernier a lu un mémorandum avant de
le remettre au médiateur Sassou. les principaux points à
retenir dans cette lettre sont: Le retour des FACA, l’implication de tous les
acteurs de la scène politique centrafricaine, le rejet de l’idée de la
partition.
Un
représentant du CNT a pris la parole pour inviter les centrafricains à combattre
la méfiance et la suspicion entre les différents groupes ethniques; il a
souhaité que l’Etat combatte le trafic des armes légères et l’exploitation
illégales des matières premières. Pour finir il a rappelé trois phases: la
première concerne la reconnaissance de la charte comme loi fondamentale,
l’intransigeance de la laïcité centrafricaine ,l’indivisibilité du
territoire centrafricain et l’application des résolutions des Nations
Unies.
L’ancien
ministre d’Etat Moussa
Dhaffane prenant la parole au nom de la Séléka a semblé ne pas
bouger d’un iota sur les mesures dramatiques que son groupe préconise depuis
plusieurs mois. Bien encrés et détenteurs de nombreux postes clés dans
l’administration, les membres de ce groupe armé sont présents au CNT à l’inverse
des Anti Balaka qui ne sont pas dans ce parlement provisoire. Tout au
début de discours, le numéro trois de l’ex Séléka a déclaré être contre
l’idée de la partition du pays avant de faire le constat d’un ressenti du
rejet du vivre ensemble de la communauté chrétienne avec la communauté musulmane
du nord est. Dhaffane a rappelé l’histoire de l’accord occulte qui aurait été
signé à Nd’jamena avant le départ de Djotodia et a condamné le refus de
son application par les nouvelles autorités. Fort de de qu’il qualifie de
manquements empêchant le retour de la paix; le Sélekaman a fait la
déclaration suivante :
Considérant la persécution et la prise en
otage des musulmans par la Séléka; considérant les actes de barbaries répétitifs
et anthropologiques caractérisés par les enlèvements, le terrorisme; considérant
que les Antibalaka sont désignés par les forces internationales comme des
ennemis de la paix; Considérant les multiples violations perpétrées par les
Anti-Balaka; Considérant que les ex Séléka restent les seules forces capables de
rétablir la paix et la sécurité; Nous attirons l’attention des Anti-balaka de
cesser tout acte barbare, nous demandons à la communauté internationale de
regrouper les musulmans dans le nord est. La situation sécuritaire et
humanitaire étant chaotique; nous maintenons l’idée de la partition du
pays.
Pour finir ce
conclave le chef des Anti-balaka Édouard Patrice Ngaissiona a
reconnu que l’erreur était humaine et à demander à Dieu de pardonner ses
troupes. L’AB en chef a fait la genèse du déclenchement des hostilités des
Anti-balakas qui ne sont que l’expression d’un ras le bol des jeunes suite aux
humiliations infligées par la Séléka sur les populations non armées des
villages. « La politique de la terre brûlée a anéantit la RCA. Les
multiples exactions de la Séléka ont fini par exaspéré les jeunes des villages
et villes; c ‘est qui les a poussés à organiser une
résistance.
Les Anti
balaka pour finir réclament l’accélération du processus de DDR et souhaitent
être bien représentés au gouvernement et au CNT à l’image de la
Séléka.
En concluant
cette séance le représentant de la société civile a demandé l’application de la
fermeté dans le respect de la feuille route qui sera issue de ce forum, elle
s’insurge contre la passivité des forces internationales et dénonce la non
application et la lenteur constatée sur la mise en œuvre des textes en vigueur.
La société civile dénonce la passivité des politiciens et des autorités de la
transition, elle exige la mise en place d’une commission vérité, paix, et
justice. Elle recommande le redéploiement des forces internationales et exige
l’application des résolutions 2121 de l’Onu. Pour cette entité tous les partis
politiques qui ont des liens avec les groupes armés ne doivent pas participer au
gouvernement.
A Brazzaville Wilfried Maurice
SEBIRO pour Centrafrique Libre