Centrafrique: un semblant de
calme à Bangui, la présidente reçoit les anti-balaka
(AFP 12/10/14)
Un semblant de calme était revenu samedi à Bangui
après quatre jours de violents affrontements, alors qu'une rencontre entre la
présidente de la transition Catherine Samba Panza et des responsables
anti-balaka laissait espérer une "décrispation".
La tension restait néanmoins palpable dans la
ville quadrillée par les forces nationales et internationales --françaises,
européennes et onusiennes--, même si les armes, entendues jusque tard dans la
nuit de vendredi à samedi dans les quartiers nord, se sont
tues.
La Minusca, la force des Nations Unies, a indiqué
que six Casques bleus avaient été blessés vendredi soir quand des hommes armés
ont ouvert le feu sur leur patrouille.
Et des accrochages ont été signalés samedi à
Gobongo, à une dizaine de kilomètres au nord du centre de
Bangui.
"Les habitants fuient en direction de la colline
pour se mettre à l'abri des tirs" échangés entre des soldats de la Minusca et
les anti-balaka, ces miliciens majoritairement chrétiens qui avaient lancé la
chasse aux musulmans au début de l'année, a raconté un témoin à
l'AFP.
Les violences --les pires depuis fin août-- qui
ont agité la capitale centrafricaine depuis mardi soir ont fait au moins 10
morts, dont un Casque bleu pakistanais (tué jeudi), et de nombreux
blessés.
Point positif de la journée de samedi: les
chauffeurs de taxis ont mis fin à leur grève. Ils protestaient contre la mort
d'un des leurs, tué mercredi par des musulmans. Mais la reprise du travail ne
sera que progressive faute de carburant, les stations-service étant fermées et
certaines rues étant toujours impraticables.
Par prudence, la plupart des Banguissois
préféraient rester chez eux.
"Tout le monde a peur des détonations, des
crépitements, surtout que ça tire n'importe comment, n'importe où et n'importe
quand", explique un juriste à Bangui, Ernest Kangba. "Tout s'arrête, on est
cloitré et quand on veut relever la tête, ça repart!"
- 'Lever les malentendus' -
Conséquence des récents événements: le trafic
civil a été perturbé à l'aéroport de la capitale, proche des quartiers les plus
touchés par les affrontements.
Royal Air Maroc a décidé de suspendre ses vols en
provenance de Casablanca en raison de la "situation d’instabilité" à Bangui. Ils
devraient reprendre dès le "retour à la normale", a précisé la compagnie
marocaine, l'une des rares à desservir la Centrafrique.
Celui-ci pourrait intervenir "dimanche ou lundi si
la situation s'améliore", a-t-on précisé de source militaire française,
insistant sur le fait que l'aéroport n'a pas été officiellement
fermé.
En attendant, l'équipe centrafricaine de football,
qui a disputé un match amical jeudi contre le Maroc à Marrakech --et qu'elle a
perdu 4 à 0-- n'a pas pu rentrer au pays.
Le retour au calme pourrait être facilité par la
rencontre, samedi matin, entre la présidente de la transition centrafricaine
Catherine Samba Panza et des responsables des miliciens anti-balaka.
"Il est apparu lors de la rencontre de la
présidente avec les anti-balaka qu'il y a eu des malentendus. Aujourd'hui, ont
peut dire que sa rencontre avec les anti-balaka a permis de commencer à lever
ces malentendus", a relevé la porte-parole de la présidence, Marie Antoinette
Montaigne Moussa.
"On peut s'attendre à ce que la décrispation
arrive progressivement dans les prochains jours, et que le pays retrouve un peu
de répit, pour que le peuple commence à vivre et à vaquer à ses occupations",
a-t-elle ajouté.
De source proche des anti-balaka, ces derniers ont
été "bien reçus" par la présidente à laquelle ils ont transmis cinq
revendications majeures, souvent très éloignées des position de Mme Samba
Penza.
S'ils n'exigent plus directement la démission de
la présidente, ils réclament celle du gouvernement, la libération de leurs
responsables actuellement sous les verrous, l'arrêt de la traque de leurs
hommes, la réintégration de leurs membres qui ont été révoqués de la fonction
publique et l'application de l'accord de fin des hostilités signé à Brazzaville
en juillet.
En réaction à des meurtres attribués à des
musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des
anti-balaka, mardi et mercredi dans les quartiers nord de la capitale
centrafricaine puis jeudi dans le centre. Des affrontements violents ont opposé
ces hommes aux troupes étrangères déployées en ville.