Le Monde.fr avec AFP |
Une nouvelle tentative de réconciliation nationale
pour ramener la paix en Centrafrique a été lancée, lundi 21 juillet à
Brazzaville, capitale du Congo. Mais, alors que les violences communautaires se
poursuivent, ses chances de réussite paraissent minces. Mardi, les délégués de
l'ex-rébellion Séléka ne se sont pas présentés, entraînant une interruption des
discussions.
Le Forum de Brazzaville, qui doit durer trois
jours, est censé s'achever mercredi par un engagement à cesser toutes les
violences et la signature d'un accord de cessation des hostilités et de
désarmement des groupes armés – Séléka et anti-balaka –, préalables à un nouveau
processus politique. D'après un membre du comité d'organisation, la délégation
de la Séléka a reçu un projet de l'accord final, et serait toujours en train de
l'étudier dans son hôtel.
UNE DEMANDE DE PARTAGE DU PAYS
?
Lors de la reprise des négociations, plusieurs
délégués ont évoqué des propos rapportés par la radio RFI, selon laquelle le
chef de la délégation Séléka, Mohamed-Moussa Dhaffane, aurait réclamé un partage
de la Centrafrique comme préalable à toute négociation.
Me Guy-Hervé Gbangolo, délégué pour le Front
démocratique du peuple centrafricain – un groupe armé présent dans l'ouest du
pays – a estimé que les propos prêtés à M. Dhaffane créaient « un petit
refroidissement ». Jean-Félix Riva, président du Conseil national de la jeunesse
centrafricaine, un mouvement de la société civile, a de son côté estimé qu'il
s'agissait de « propos qu'il faut éviter de tenir parce que cela entraînera
davantage de frustration ».
Toutefois, le général Jean-Marie Michel Mokoko,
chef de la Misca, la force de l'Union africaine déployée en Centrafrique, a
déclaré que la Séléka n'avait jusqu'à présent pas avancé une telle
demande.
UNE REPRÉSENTATION
PARTIELLE
A Brazzaville, si l'ex-rébellion Séléka est
représentée, ce n'est pas le cas de sa branche dissidente. Les milices
anti-balaka sont, elles, représentées par un coordonnateur national qui ne
pourra parler au nom de tous les groupes éparpillés dans le pays, le mouvement
n'ayant aucune structure centralisée.
Le gouvernement de transition est présent, mais la
classe politique, les dirigeants religieux et la société civile se sont divisés,
bon nombre de personnes refusant de prendre part à une nouvelle rencontre hors
du pays. L'interventionnisme des pays de la région pour tenter de régler la
crise est mal vécu, qu'il s'agisse du Congo, ou encore du Gabon et du Tchad, qui
ont déjà accueilli des sommets sans résultat.
SITUATION TOUJOURS
TENDUE
A l'ouverture du forum, Catherine Samba Panza,
présidente de transition de la Centrafrique, cantonnée dans un rôle de figurante
lors de précédents pourparlers de paix, a souligné que le moment était « venu
d'arrêter les hostilités, les destructions et l'enrôlement des enfants mineurs
dans les rébellions », que les Centrafricains devaient « désarmer leurs corps de
la haine et de la vengeance ».
Mais la situation reste toujours volatile dans le
pays. Lundi, un ex-combattant de la rébellion Séléka (essentiellement musulmane)
a été tué à Bangui par des miliciens anti-balaka (majoritairement chrétiens). En
représailles, des ex-Séléka ont pris en otage plusieurs jeunes et ont blessé le
père de l'un d'entre eux.
Depuis le renversement en mars 2013 du président
François Bozizé par la rébellion Séléka, la Centrafrique – ancienne colonie
française riche en diamants, en pétrole et en uranium –, est plongée dans le
chaos. Les violences intercommunautaires quasi quotidiennes ont fait des
milliers de morts et des centaines de milliers de
déplacés.