Centrafrique : la France
favorable à la réhabilitation des FACA
Samedi
21 Février 2015 - 11:30 - adiac-congo.com
Le
ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé ses partenaires
européens à fournir des experts militaires en vue de la reconstruction des
Forces armées centrafricaines (FACA).
« La
question est maintenant posée de l'aide de l'Europe à la reconstruction de
l'armée centrafricaine, une nécessité pour que ce pays puisse avoir des
perspectives », a déclaré ce 20 février, le ministre Le Drian après une
réunion informelle des ministres de la Défense de l'Union
européenne.
L’appelle
du ministre français vise à mobiliser 60 experts militaires, chargés non pas
pour une mission de combat mais plutôt pour une mission de formation. La
restauration des forces de défenses et de sécurité en Centrafrique, est une
forte demande des autorités de la transition centrafricaine. En janvier dernier,
la présidente Catherine Samba Panza avait promis dans son message à la nation,
la réhabilitation des FACA grâce au soutien des partenaires
internationaux.
La
mission européenne de sécurisation de Bangui EUFOR-RCA, devait fournir des
moyens et des hommes destinés à la formation de cette future armée
centrafricaine. Depuis, un silence est constaté du côté des pays donateurs
européens. Selon le ministre français de la Défense, « les risques
d'absence d'une armée structurée en Centrafrique, à proximité du nord du
Cameroun où sévit le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, sont
inquiétants.»
Depuis
le coup d’Etat militaire qui a chassé l’ancien président centrafricain François
Bozizé en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka, les soldats composant
l’armée nationale se sont volatilisés dans la nature. Un grand nombre d’entre
eux, ont rejoint la milice chrétienne Anti-Balaka. La sécurisation du territoire
centrafricain et la protection des biens et des personnes sont assurés depuis
lors par trois missions internationales, notamment la force française de la
Sangaris, les forces européennes de l’Eufor-RCA et les Casques bleus de la
Minusca.
Fiacre
Kombo
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(BRUXELLES2
à Riga) Fidèle à ses habitudes, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le
Drian, n’a pas fait le déplacement dans la capitale lettone, où se tenait la
réunion informelle des ministres de la Défense de l’Union européenne, pour la
decorum.
En breton, têtu, mais pragmatique, il sait qu’il ne faut pas hésiter à poser les
principaux éléments du débat, les exposer clairement et… les répéter souvent.
C’est-à-dire « animer »
le débat comme le soulignent les diplomates. Apparemment, l’objectif a été
réussi. «
Nous avons eu un débat ‘animé’ sur les opérations » a reconnu, avec
délicatesse, le ministre letton de la Défense, Raimonds Vejonis, qui présidait
la réunion ce jeudi matin (19 février).
Objectif
: Un message d’alerte
Jean-Yves
Le Drian avait, en effet, un message à porter, clair et fort, comme il l’a
expliqué ensuite devant les journalistes (dont B2). « Je suis venu porter
un message d’alerte à
mes homologues et amis européens.
Une alerte sur le risque que nous ne soyons pas au rendez-vous
» a-t-il indiqué. Car les menaces pour les Européens « ne manquent pas
aujourd’hui » : de l’Ukraine au Nigeria, en passant par l’Irak ou la
Syrie, la Somalie, la Centrafrique, le Niger, le Mali, et la Libye,
etc.
1er
constat. On ne peut pas choisir les menaces
«
Nous faisons face à
une multiplication sans précédent
des défis
et des menaces pour la sécurité
de nos concitoyens européens.
Cette menace n’est pas théorique
».
Un constat qu’il n’est pas le seul à indiquer. Chez la Haute représentante de
l’UE, Federica Mogherini, on partage ce point de vue, comme l’a résumé le numéro
du service diplomatique européen, Maciej Popowski : « Nous n’avons pas le
choix. On ne peut pas préférer une crise à une autre. Il faut faire face aux
risques à l’Est comme au Sud ».
2e
constat.
La
France assume sa part de solidarité à l’Est
…
« Depuis le
début
de la crise ukrainienne, la France n’a pas ménagé
ses efforts pour contribuer à
des initiatives militaires de réassurance
au bénéfice
de ses alliés
les plus exposés
(1), mais aussi pour rechercher une solution politique à
la crise. »
…
alors qu’elle est déjà engagée sur d’autres terrains en
Afrique…
La
France est intervenue au premier au Mali, relayée ensuite par les autres
Européens (au sein de EUTM Mali ou de la MINUSCA, la force des nations-unies).
Idem en Centrafrique avec l’opération Sangaris, complétée par la mission EUFOR
RCA. Mais la suite de cette mission se heurte aux mêmes difficultés (Lire sur le
Club : EUMAM RCA, une génération de force bien laborieuse
(Maj).
…
mais les Européens trainent des pieds pour assurer le
relais
Pour
EUMAM RCA, « il faut mobiliser 60
experts militaires, non pas pour une mission de combat mais une mission de
conseil/formation. Et nous avons du mal à les réunir ». Et
encore « sur ces 60, la France
en met déjà 20… voyez l’acuité du sujet ! ». Une nécessité
importante pour le ministre « On imagine les
risques qu’aurait une RCA qui n’aurait pas d’armée structurée, près du nord du
Cameroun, où existe Boko Haram ».
3e
constat : Agir à l’extérieur, c’est agir à l’intérieur.
Et
vice-versa
Pour
le ministre, les opérations extérieures et la lutte anti-terrorisme au plan
intérieur sont les deux versants d’une même boule. « Il n’y aujourd’hui
plus de véritable séparation entre la sécurité intérieure et la sécurité
extérieure. Les évènements récents de Bruxelles, de Paris, de Copenhague l’ont
montré. Il faut à la fois agir sur nos territoires et les territoires de crise »
dans le monde.
Conclusion
: Le fardeau de la sécurité européenne doit être partagé, et vite
!
Le
ministre français a sermonné, gentiment, ses partenaires. « Le fardeau de la
sécurité
européen
n’est pas équitablement
réparti.
La France continuera à
y prendre sa part, mais seulement une part. Nous attendons que nos partenaires
soient également
au rendez-vous. » Ce
que souhaite Jean-Yves Le Drian, c’est que les autres Européens réagissent un
peu plus vite qu’aujourd’hui. Il faut « agir avec une plus
grande solidarité en permanence et plus grande capacité de réaction
».
(Nicolas
Gros-Verheyde)
(1)
La France avait dépêché des Rafale pour la surveillance du ciel des pays baltes
à Malbork en Pologne, au printemps 2014 (lire : 4 Rafale français présents à Malbork. Plus qu’un symbole
…). Des chars Leclerc et VBCI seront dépêchés en Pologne ce
printemps, en avril-mai.
http://www.bruxelles2.eu/2015/02/19/quand-un-breton-secoue-ca-donne-cela/