Accord de Nairobi entre ex-seleka
et anti-balaka, le torchon qui brûle entre
Sassou Nguesso et Samba-Panza
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Centrafrique : que dit l'accord
de Nairobi entre ex-Séléka et anti-balaka ?
29/01/2015
à 09:24 Par
Trésor Kibangula - jeuneafrique.com
Des
ex-Séléka à côté d'un convoi de l'armée tchadienne, le 4 avril 2014. © AFP
La
médiation kényane a annoncé mercredi la signature à Nairobi d'un accord sur le
cessez-le-feu et l'arrêt des hostilités en Centrafrique entre les ex-Séléka et
les anti-balaka. Un texte immédiatement rejeté par Bangui. Mais quel en est le
contenu ?
Ouvertes
fin décembre à Nairobi, les négociations entre belligérants de la crise
centrafricaine ont débouché à un accord sur le cessez-le-feu et sur l'arrêt des
hostilités entre des ex-rebelles de la Séléka et les miliciens anti-balaka.
L'annonce a été faite mercredi 28 janvier par l'un des médiateurs, Kenneth
Marende, ancien président de l'assemblée nationale
kényane.
Que
dit cet accord de paix qui est déjà contesté par les autorités centrafricaines,
estimant qu'elles n'ont pas été associées aux pourparlers
?
Cessez-le-feu
dans 72 heures
"Les
parties ont adopté un cessez-le-feu, une cessation des hostilités et un accord
de DDR (Désarmement, démobilisation, réintégration)", a déclaré Kenneth Marende,
soulignant qu'il s'agit d'un "accord initial" qui "ne prendra effet qu'après
avoir été formellement signé".
Dans
cet accord initial, ex-Séléka et anti-balaka conviennent donc de rendre public
"dans les 72 heures" qui suivent la signature du texte "une ordonnance
inconditionnelle de cessez-le-feu et de cessation d'hostilités contre le
personnel armé de l'une et de l'autre partie, et contre tous les
civils."
Le
document signé à Nairobi prévoit également l'arrêt dans les 48 heures des "actes
offensifs tels que la délivrance de nouvelles armes et munitions, le recrutement
de nouveaux combattants, l'appel des troupes, le recrutement et l'utilisation
d'enfants, l'appel aux renforcements (…), le lancement de nouvelles attaques
contre les civils" …
Échange
d'informations
Les
ex-Séléka et les anti-balaka acceptent de prendre part à une "opération
détaillée de mappage et d'échange d'informations transparentes" entre eux, sous
la supervision d'un comité conjoint de suivi à mettre en place et d'une
commission nationale de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation et de
réinsertion (CNDRR), deux structures à mettre en place dans les 30 jours suivant
la signature de l'accord.
Création
des corridors sécurisés
Les
parties signataires s'engagent à "prendre des mesures conjointes dans les 14
jours suivant la signature du présent accord, afin de créer des corridors
sécurisés" à travers le pays.
Ces
corridors permettront ainsi d'assurer la libre circulation des civils, le libre
accès à l'aide humanitaire et la libération ainsi que l'échange des prisonniers
civils.
Reconstitution
de la Minusca
Rappelant
leur soutien à la Minusca, les ex-Séléka et les anti-balaka "en appellent au
Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il place toutes les autres forces
étrangères [présentes en Centrafrique] sous l'unique structure de commandement
et de contrôle de la Minusca".
Processus
DDRR et restructuration de l'armée
Les
deux parties s'engagent à mettre en œuvre immédiatement un "processus national
de cantonnement, de désarmement, de démobilisation, de réhabilitation, de
réintégration et de réinstallation de leurs forces et
combattants".
Elles
autorisent la Minusca à prendre le contrôle des opérations militaires de la
Centrafrique "au plus tard à la date de lancement du processus de désengagement
et de désarmement des forces et combattants ex-Séléka et
anti-balaka.
Elles
prévoient également la restructuration d'une nouvelle armée centrafricaine,
composée d'effectifs équitables ex-combattants ex-Séléka et anti-balaka, des
membres de l'actuelle armée et de nouvelles recrues.
Amnistie
générale et révision de la Charte de la transition
Les
ex-rebelles Séléka et les miliciens anti-balaka estiment que le gouvernement de
transition "aura l'obligation d'envisager l'octroi d'une amnistie générale à
toutes les personnes et parties engagées ou impliquées dans des combats durant
le conflit" en Centrafrique.
Les
belligérants appelent enfin à l'ouverture des négociations en vue de la révision
de la Charte de la transition. Celles-ci "doivent réunir des tendances très
variées représentant les parties (ex-Séléka et anti-balaka), tous les autres
partis politiques de la République centrafricaine, ainsi que les leaders
religieux et les principales parties prenantes". Et ces pourparles porteront sur
"la reconstitution du gouvernement national de
transition".
L'ex-président
François Bozizé et Michel Djotodia, qui lui avait succédé à la tête de l'État
avant d'être contraint à la démission par la communauté internationale en
janvier 2014, ont été aperçus lors des pourparlers à
Nairobi.
Lire
aussi : Entre Sassou Nguesso et
Samba-Panza, le torchon brûle
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Congo
- Centrafrique : entre Sassou Nguesso et Samba-Panza, le torchon
brûle
28/01/2015
à 17:24 Par
Jeune Afrique
Les
relations entre la présidente de la transition centrafricaine Catherine
Samba-Panza et le président congolais Denis Sassou Nguesso (DSN), médiateur
officiel pour la Centrafrique, sont aujourd'hui glaciales. État des
lieux.
Que se
passe-t-il donc entre Bangui et Brazzaville pour qu'un communiqué du ministère
congolais des Affaires étrangères en date du 17 janvier se félicitant des
"avancées enregistrées lors des discussions de Nairobi" sur la crise
centrafricaine soit suivi, trois jours plus tard, d'un autre signé cette fois du
ministre centrafricain de la Sécurité, qualifiant ces mêmes discussions de "plan
machiavélique de déstabilisation de la transition" ?
Une chose est sûre : fraîches depuis le
début, les relations entre Catherine Samba-Panza (CSP), la présidente de la
transition, et Denis Sassou Nguesso (DSN), le chef de l'État congolais (par
ailleurs médiateur officiel pour la Centrafrique), sont aujourd'hui glaciales.
Fin décembre 2014, ce dernier a pris sur lui de solliciter Uhuru Kenyatta,
son homologue kényan, pour que se tiennent à Nairobi des négociations
informelles entre les leaders des groupes armés centrafricains, ainsi qu'une
rencontre entre l'ancien président François Bozizé et son tombeur, Michel
Djotodia - laquelle a effectivement eu lieu.
Soupçons
de trahison
Ces
pourparlers toujours en cours se déroulent sous la double houlette d'un
facilitateur kényan, l'ancien président du Parlement Kenneth Marende, et d'un
jeune conseiller spécial de Sassou Nguesso, le Sud-Soudanais Albino Abouge,
proche des présidences sud-africaine et nigériane.
Appuyés
par la Commission de l'Union africaine, ils ont pour objectif de préparer le
Forum de réconciliation de Bangui, qui devrait avoir lieu en mars, en prélude à
l'élection présidentielle, annoncée pour le mois d'août. Problème : les
autorités de Bangui, Samba-Panza en tête, jurent avoir été tenues complètement à
l'écart des négociations de Nairobi, au point qu'elles soupçonnent les
organisateurs de chercher à les renverser pour mettre en place une nouvelle
transition !
Le projet d'accord de Nairobi sur la cessation des hostilités, dont J.A. s'est procuré copie, n'est guère de nature à les rassurer puisqu'il prévoit une "révision de la charte de transition" en vue d'une "reconstitution du gouvernement national de transition". Alors que la présidence congolaise, qui a dépêché deux émissaires auprès de CSP pour l'informer du contenu des pourparlers, assure qu'elle ne fait que "rapprocher les anciens présidents centrafricains afin de s'assurer de leur adhésion au processus de paix", son équivalente centrafricaine y voit "un énième complot" et appelle la France, les États-Unis et l'ONU à l'aide. Qui jouera les pompiers ?