ALLOCUTION DU PRESIDENT DU DIRECTOIRE POLITIQUE PROVISOIRE Me NICOLAS TIANGAYE
Distingués invités;
Républicaines et républicains;
Mesdames et messieurs
Je souhaite
la bienvenue à nos illustres invités dont la présence en ces lieux, malgré leurs
multiples occupations, rehausse de manière éclatante cette cérémonie. Qu'ils
acceptent ici l'hommage de notre sincère reconnaissance pour leur bienveillante
sollicitude.
Je salue ceux des militants de provinces qui, malgré
l'insécurité régnante encore dans les différentes contrées de notre pays ont
fait le déplacement, témoignant ainsi leur indéfectible attachement aux idéaux
de notre formation politique. En mon nom et en celui de tous les membres du
Directoire Politique Provisoire, qu'ils reçoivent nos félicitations
républicaines.
Comment ne pas évoquer le soutien constant et sans faille de
nos frères de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (AFDT) aux
côtés desquels nous menons le même combat pour l'avènement d'une société
démocratique débarrassée de tout relent de violences inutiles. Cette rentée
politique est aussi la leur.
A vous tous chers républicains, j'adresse mes
salutations militantes à l'occasion de cette rencontre qui éclairera d'un jour
nouveau notre vision sur l'avenir de notre pays actuellement dans la tourmente
et qui fait douter plus d'un.
C'est le moment de porter un regard sur le
fonctionnement du parti, de faire notre critique et notre autocritique sans
complaisance pour baliser le chemin des luttes à venir. Mais c'est aussi une
opportunité pour nous prononcer sur les défis majeurs que notre pays doit
relever ici et maintenant pour sa propre survie.
Distingués invités;
Chers républicaines et républicains;
Mesdames et messieurs;
AU PLAN ORGANISATIONNEL
Si notre parti a vu le jour le 24 mai
2008, il avait participé aux élections législatives de 2011 et n'avait pas
présenté de candidat à l'élection présidentielle. Ces élections entachées de
fraudes massives et sans précédent dans l'histoire de notre pays avaient été
considérées comme "sujettes à caution" par les observateurs internationaux.
Face à l'ampleur des fraudes, la Convention Républicaine pour le Progrès
Social, avec l'Alliance pour la Solidarité et le développement (ASD), le
Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), le Rassemblement
Démocratique Centrafricain (RDC) et le Candidat indépendant Ange Félix Patassé,
avait formé le Front pour l'Annulation et la Reprise des Elections de 2011 (FARE
2011).
Le FARE 2011 avait contesté la légitimité des institutions issues
desdites élections et avait fixé comme objectif stratégique leur annulation.
Face à cette crise institutionnelle, et sur la suggestion de l'Ancien
Président Sénégalais Abdou DIOUF, alors Secrétaire Général de l'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF), le Président Tchadien Idriss DEBY ITNO
avait effectué au mois de mai 2012 une mission de bons offices à Bangui en
compagnie de l'Ancien Président Burundais Pierre BUYOYA, Envoyé Spécial du
Secrétaire Général de l'OIF.
Ces hautes personnalité avaient vivement
recommandé au Président François BOZIZE de faire une ouverture politique envers
l'opposition démocratique. Son refus avait conduit à l'impasse politique.
Le FARE 2011 dans
l'intérêt de la lutte avait accepté l'élargissement de la base politique de
l'opposition démocratique afin d'atteindre une masse critique sans laquelle le
combat serait voué à l'échec. C'est dans ces conditions que sera né le Collectif
des partis et associations politiques membres de l'opposition démocratique au
régime du Président BOZIZE et regroupant 9 formations politiques:
-
L'Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP)
- L'Alliance pour la
Solidarité et le Développement (ASD)
- La Convention Républicaine pour le
Progrès Social (CRPS)
- L'Association Politique LONDÖ
- Le Mouvement de
Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
- Le Mouvement démocratique pour
la Renaissance et l'Evolution de Centrafrique (MDREC)
- Le Parti Africain
pour une Transformation Radicale et l'Indépendance des Etats (PATRIE)
- Le
Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC)
- L'Union Démocratique du
Peuple pour le Progrès (UDPP).
C'est dans cette
atmosphère politiquement tendue que la coalition SELEKA avait lancé son
offensive contre les Forces Armées Centrafricaines (FACA) le 10 décembre 2012 à
N'délé.
En l'espace de quelques jours seulement, cette coalition hétéroclite
était arrivée à Damara après avoir parcouru plus de
Face à la gravité de la situation, les Chefs
d'Etat et de Gouvernement de la Communauté des Etats de l'Afrique Centrale
(CEEAC) se réunissent le 21 décembre 2012 à N'Djamena au Tchad et tiennent le
1er Sommet Extraordinaire qui décide de fixer une "ligne rouge" à ne pas
franchir à DAMARA, d'appeler à la cessation immédiate des hostilités et à
l'ouverture de négociations à Libreville entre les belligérants élargie à
l'opposition.
Le 11 janvier 2013, se tient le 2ème Sommet Extraordinaire des
Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEEAC à Libreville au Gabon à laquelle
l'opposition démocratique était conviée.
Ainsi était signé l'accord
politique de Libreville le 11 Janvier 2013 afin de mettre un terme à la crise.
C'est cet accord qui avait mis en place un Gouvernement d'Union Nationale qui
devait être dirigé par un Premier Ministre issu de l'opposition démocratique.
Celle-ci avait porté son choix sur ma modeste personne. Malheureusement les
violations répétées de cet accord par le Président BOZIZE avait servi de
prétexte à la coalition SELEKA pour s'emparer du pouvoir.
Le processus de
transition qui avait suivi la prise de pouvoir par la SELEKA n'avait pas laissé
indifférent le parti qui, aux côtés de ses partenaires avait décidé de créer le
4 janvier
Pendant cette période, le
Directoire Politique Provisoire et les structures du Parti ont vu leurs
activités baisser d'intensité. Cette faiblesse doit être rapidement corrigée.
Si la direction du parti a été récemment remaniée dans l'optique de procéder
au remplacement de ceux des membres décédés: Pierre NGUISSSABORO,
Jean-Christophe N'GREKAMBA, Aimé-Bernard SEREMALET, Francis-Albert OUAKANGA ou
des membres défaillants, les organes de base sont en phase de restructuration
aussi bien à Bangui que dans les provinces.
C'est ici l'occasion de saluer
la mémoire de nos militants disparus ainsi que de celle de nos milliers de
compatriotes arrachés à l'affection de leur famille par la barbarie des SELEKA
et ANTI-BALAKA. J'invite respectueusement l'assistance à se lever et à observer
une minute de silence en leur souvenir.
Le parti doit œuvrer pour la
réconciliation nationale, la paix et l'unité de notre pays. Il doit se préparer
aussi aux futures échéances électorales. Les fédérations choisiront les
candidats à travers des primaires pour les élections législatives. Le Congrès
qui se tiendra en mars 2015 investira son candidat à l'élection présidentielle.
Je voudrais profiter de cette opportunité pour informer mes compatriotes
dont certains se perdent en conjectures inutiles sur la question de mon
inéligibilité, que je ne suis plus concerné par cette restriction depuis le 14
janvier 2014, date de la remise de ma démission à Bangui à l'Autorité Nationale
compétente, c'est à dire au Président du Conseil National de Transition. Pour
leur gouverne, je les renvoie à la lecture de l'article 104 alinéa 2 de la
Charte Constitutionnelle de Transition qui dispose: "Le Premier Ministre reste
en place jusqu'à la nomination de son successeur par le futur Président élu
démocratiquement".
N'étant plus en fonction depuis le 14 janvier 2014, je
suis légalement délié de cette obligation qui ne pèse désormais que sur le
Premier Ministre qui assumera cette charge lors des élections de 2015.
Mais
il est de mon devoir de lever l'équivoque sur les mensonges et les affabulations
répandues sur le Parti , sur son Président ainsi que sur nos partenaires de
l'AFDT.
On prétend que c'est le Président du MLPC Martin ZIGUELE et moi qui
avions amené les SELEKA à Bangui.
Ceux qui colportent
ces ragots sont incapables de dire à quel moment, à quel endroit, et comment,
c'est à dire par quels moyens nous avons amené les SELEKA à Bangui. Or le peuple
veut des réponses claires à ces trois questions pourtant très simples: où?
Quand? Comment?
En tout état de cause, le soutien à une rébellion se
matérialise sous 3 formes:
1/ Le financement;
2/ La fourniture d'armes;
3/ Le recrutement des combattants.
Nous attendons toujours que nos
détracteurs présentent au peuple centrafricain qui n'est pas dupe, les preuves
que Martin ZIGUELE et moi, avions financé les SELEKA, fourni des armes et
recruté des hommes pour cette coalition rebelle.
Nous avions vu les
responsables de la coalition SELEKA pour la première fois le 11 janvier 2013 à
Libreville au sommet de la CEEAC. Personne ne peut prouver le contraire.
Aucune rébellion armée au monde ne demande l'avis ou l'autorisation des
partis politiques dont elle n'a pas le soutien pour déclencher une lutte armée.
L'histoire récente des rébellions antérieures dans notre pays constitue la
meilleure illustration.
Nos détracteurs prétendent que nous avions soutenu
les SELEKA à leur arrivée à Bangui.
Nous disons que notre plateforme
politique avait condamné cette prise de pouvoir par des voies non
constitutionnelles. Au demeurant, à l'arrivée des SELEKA au pouvoir, certains
partis politiques avaient organisé au vu et au su de tout le monde une marche de
soutien au profit de cette coalition. Nos partis avaient refusé de participer à
cette marche. Le problème, c'est que tout le monde aujourd'hui devient amnésique
et personne ne parle de ceux qui avaient organisé et participé à cette marche de
soutien et qui occupent actuellement des positions de premier plan dans
certaines institutions de la Transition. La raison est simple : diaboliser au
maximum par le mensonge Nicolas TIANGAYE et Martin ZIGUELE pour des motifs qui
n'ont rien à voir avec les intérêts de nos populations.
Certains affirment
que nous avions collaboré avec eux pour diriger le pays
Qu'est-ce qu'on
entend par collaboration? Cela traduit une méconnaissance du processus politique
de la Transition. La clé de voûte de la transition est sans conteste l'accord
politique de Libreville du 11 janvier 2013 qui consacre une gestion consensuelle
et inclusive du pouvoir comme schéma de sortie de crise. Après la chute de
François BOZIZE, d'autres actes fondateurs de la transition étaient venus
renforcer cet accord: la Déclaration de N'Djamena du 18 avril 2013 et la Charte
Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 ; d'où la mise en place d'un
Gouvernement d'Union Nationale de Transition et après la chute de François
BOZIZE, d'un Conseil National de Transition regroupant toutes les forces
politiques et sociales du pays y compris les partis de l'ancienne majorité
présidentielle dont le KNK de François BOZIZE. La diaspora n'avait pas été
oubliée.
Outre les injures, invectives et récriminations malveillantes, nos
adversaires ne présentent pas d'autres schémas alternatifs de sortie de crise.
Retenez que contrairement aux supputations distillées ça et là, sur les 135
membres que compte le Conseil National de Transition (CNT), mon Parti la CRPS
n'a qu'un seul représentant. Il en est de même du MLPC de Martin ZIGUELE. Et le
KNK a deux conseillers nationaux.
Tous les conseillers nationaux ont
participé à l'élection de Michel DJOTODIA comme Chef de l'Etat par acclamation,
en violation flagrante de l'article 50 alinéa 4 de la Charte Constitutionnelle
de transition qui impose le vote à bulletin secret lorsqu'il s'agit d'élections
de personnes.
Tous les segments de la société centrafricaine ont été
représentés dans toutes les institutions de la transition. Si c'est cela la
collaboration, alors tout le monde a été collaborateur des SELEKA.
On me reproche de ne
pas avoir dénoncé les exactions de la coalition SELEKA
Un proverbe chinois
dit que si quelqu'un ne veut pas voir un éléphant, il suffit de ne pas le
regarder. Non seulement j'avais condamné les crimes de guerre et les crimes
contre l'humanité commis par les SELEKA, mais mieux, j'avais encore envisagé des
actions contre eux:
1/ J'étais la première personnalité politique à avoir
demandé publiquement et officiellement le désarmement forcé de la coalition
SELEKA le 15 mai 2013 devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies c'est à
dire un mois et vingt deux jours seulement après sa prise de pouvoir. Non
seulement cette initiative salvatrice prise pour mettre un terme aux souffrances
de notre peuple n'avait pas reçu de soutien, mais j'avais été vilipendé et
traité d'irresponsable par certaines personnalités politiques sans que cela
n'émeuve personne.
Alors que le pays n'avait ni armée, ni gendarmerie, ni
police pour protéger nos populations qui étaient massacrées, martyrisées,
pillées, humiliées, comment des responsables politiques pouvaient-ils s'opposer
à l'intervention des forces internationales comme seule alternative pour porter
secours à leurs frères et sœurs égorgés, leurs pères et mères assassinés, leurs
femmes et filles violées? C'est à ceux-là que notre peuple doit poser la
question suivante: pourquoi étiez-vous contre le désarmement de la coalition
SELEKA?
2/ J'avais également demandé aux Nations Unies la création de
commissions d'enquête pour que les auteurs des crimes contre nos populations
civiles soient poursuivis et jugés. Deux commissions d'enquête onusiennes sont à
pied d'œuvre actuellement. Je me réjouis de ce que tôt ou tard, ces criminels
répondront de leurs actes devant la justice.
3/ Les menaces de mort
proférées à mon encontre par les " généraux" SELEKA à la Section des recherches
et d'investigations (SRI) où je m'étais rendu le 3 décembre 2013 à la demande de
Michel DJOTODIA et dont les images avaient été largement diffusées sur les
chaines de télévision françaises, l'attaque et le pillage par eux de ma
résidence le 5 décembre 2013 alors que j’étais en mission à Paris ainsi que la
torture et l'assassinat de mes gardes de corps au Camp de Roux les 5 et 13
décembre 2013, ôtent toute crédibilité aux accusations fantaisistes sur ma
prétendue complicité avec la coalition SELEKA.
Mes adversaires me
reprochent de n'avoir pas démissionné
Là-dessus, une mise au point s'impose.
D'abord je ne suis pas un aventurier qui cherche un poste ou susceptible de s'y
accrocher puisqu'en mai 1996 déjà, j'avais décliné le poste de Premier Ministre
que m’avait proposé le Président PATASSE. A l'époque, j'étais Bâtonnier de
l'ordre des Avocats et Président de la Ligue Centrafricaine des Droits de
l'Homme dont j'étais le fondateur. Ensuite, je n'étais pas un Premier Ministre
nommé discrétionnairement par François BOZIZE et Michel DJOTODIA et donc
révocable ad nutum, c'est à dire à tout moment puisque ma nomination tirait sa
source et sa légitimité dans l'accord politique du 11 janvier 2013 de Libreville
qui avait concédé ce poste à l'opposition démocratique dont j'étais le
coordonnateur.
Ceci dit, ma démission n'aurait pas changé le rapport de
forces au plan politique puisque ce serait un membre de l'ancienne opposition
démocratique qui m'aurait remplacé et qui se heurterait à la même hostilité de
la coalition SELEKA.
Enfin, pourquoi mes détracteurs n'avaient pas demandé
la démission de Michel DJ0TODIA puisque les exactions sur nos paisibles
populations étaient commises par les SELEKA dont il était le chef et non par une
milice du Premier Ministre? En réalité l'argument de ma démission faisait
objectivement le jeu de la coalition SELEKA en vue de la monopolisation de tout
l'espace politique par cette dernière.
Je ne suis plus Premier Ministre
depuis janvier 2014, est-ce que les exactions sont finies et les problèmes du
pays réglés?
Je pense que nous devons nous serrer les coudes afin de relever
ensemble les défis qui mettent en péril l'existence même de notre pays. Quels
sont-ils?
AU PLAN SECURITAIRE:
La République Centrafricaine,
confrontée à la crise la plus aiguë de son histoire est paradoxalement le seul
pays au monde qui n'a pas de force de défense et de sécurité disposant d'une
capacité opérationnelle pour faire face aux agressions intérieures et
extérieures.
C'est le lieu ici de saluer les forces internationales sans
l'intervention desquelles, le pays aurait connu une implosion. Je veux citer la
FOMAC devenue la MISCA et ensuite la MINUSCA, ainsi que la Force SANGARIS et
l'EUFOR. Je m'incline devant le sacrifice de leurs soldats tombés pour la paix
en Centrafrique. Nous avons à l'égard de ces pays frères et amis une dette
éternelle de reconnaissance, un devoir inoubliable de gratitude.
Si le défi
sécuritaire n'est pas correctement réglé, il est à craindre que les autres
aspects de la crise ne puissent trouver leur épilogue.
Le désarmement des
forces négatives, à savoir les SELEKA et les ANTI-BALAKA est un pré requis pour
la stabilisation de la situation sécuritaire. C'est pourquoi, tout en louant les
efforts de la communauté internationale, nous appelons à une approche et à une
lecture plus cohérentes des résolutions des Nations Unies qui placent le mandat
des casques bleus sous le chapitre 7 de la Charte. Nous pensons que certaines
situations requièrent l'usage de la force par les soldats de la paix.
La
CRPS considère que "les mesures de confiances" signées de manière exclusive par
les Commandants de la Force SANGARIS et de la FOMAC sont inopposables aux
autorités centrafricaines, outre le fait qu'elles sont de surcroit inadaptées à
la situation sécuritaire actuelle. Seules les résolutions du Conseil de Sécurité
répondent aux exigences de stabilisation du pays.
Nous soutenons
l'initiative du Chef de l'Etat de la Transition qui a envisagé la création d'une
unité d'intervention rapide dont les contours seront examinés avec l'aide de nos
partenaires extérieurs.
Le forum de
réconciliation nationale de Bangui
Nous adhérons à la tenue de ce forum
à condition qu'elle soit précédée d'un dialogue à la base dans les 16
préfectures du pays afin que les populations qui ont souffert dans leur chair
puissent donner l'orientation qui convient.
Nous pensons qu'il doit être
inclusif et impliquer la participation de tous les acteurs de la crise et de
toutes les forces politiques et sociales du pays. Autrement dit, il s'agira d'un
forum sans exclusive.
Nous invitons les autorités de la Transition de tout
mettre en œuvre avec l'appui de nos partenaires extérieurs afin que la Radio
Centrafrique et les autres radios privées aient une couverture nationale avant ,
pendant et après ce forum pour une meilleure assimilation par nos populations
des messages de paix, de pardon et de réconciliation.
La CRPS estime que ce
forum ne doit pas porter atteinte à la stabilité et l'intangibilité des
institutions de la Transition. Elle ne doit pas non plus déboucher sur une loi
l'amnistie au profit des auteurs des crimes abominables dont notre peuple a
souffert, lesquels doivent répondre de leurs actes devant la justice nationale
et internationale.
Le processus électoral
La prolongation de
06 mois de la Transition jusqu'en Août 2015 est conforme à la Charte
Constitutionnelle de Transition, les élections ne pouvant se tenir comme prévu
en février 2015. Toutefois cette décision prise par la communauté internationale
sans concertation avec la classe politique accrédite la thèse de la
marginalisation de cette dernière.
La CRPS opte pour la nécessité de
surseoir à la biométrie et au couplage des élections présidentielle et
législatives pour les élections de 2015 exclusivement.
La CRPS réitère avec
force que sans le désarmement des forces négatives, les élections feront courir
à notre pays le risque en amont d'une perturbation du processus électoral et en
aval d'une déstabilisation des institutions issues du suffrage universel d'une
part et d'autre part de la consécration définitive de la partition.
Ce
danger est d'autant plus perceptible aujourd'hui que les forces négatives ont la
prétention de se muer en partis politiques tout en gardant leurs armes.
La
CRPS s'étonne du silence des autorités sur la création de partis politiques par
des bandes armées. Elle rappelle que l'ordonnance du 02 juin 2005 relative aux
partis politiques et au statut de l'opposition en République Centrafricaine
dispose en son article 9 qu' " aucun parti politique ou groupement politique ne
doit...-disposer d'une organisation militaire, paramilitaire, d'une milice ou de
mercenaires".
La CRPS s'opposera fermement à l'agrément de ces pseudo-partis
par l'administration.
Pour terminer, la CRPS considère que deux périls
majeurs guettent notre pays: son implosion et sa partition. Au delà de la classe
politique, ce sont toutes les forces vives de la nation qui doivent, par un
sursaut patriotique former cette union sacrée dictée par l'instinct de survie
pour éviter que notre pays ne sombre définitivement dans l'abîme. Au regard des
périls qui nous guettent, nous ne devons voir que l'intérêt supérieur de la
nation si nous voulons être les dignes héritiers de Barthélémy BOGANDA,
d'illustre mémoire.
C'est pourquoi la CRPS place sa rentrée politique sous
le tryptique " JUSTICE-PAIX-DEVELOPPEMENT" qui est sa propre devise.
Cette
devise est tout un programme. Et sans avoir la prétention d'être une vision
prophétique, c'est aussi une source féconde de réflexion au regard du drame que
connait notre pays. Quel développement au service des plus démunis sans la paix?
Peut-il y avoir de paix quand les injustices sont criardes?
Distingués invités
Républicaines, républicains
Mesdames et messieurs
La Convention
Républicaine Pour le Progrès Social vous invite très respectueusement et très
humblement à partager avec elle cette réflexion.
Je vous remercie.
Source : bêafrika Sango - Dimanche 14 Décembre 2014 - 10:56