24 décembre
2014
Le
pouvoir français semble avoir désigné Idriss Déby Itno comme le gardien du
temple minier de la R.C .A
Cette inaction.
Ce silence qui s’amplifie de jour en jour. Ce sentiment insupportable d’absence
de patriotisme de la part du Gouvernement de Transition. Gouvernement qui, après
avoir suscité tant d’espoir à ses débuts. n’exprime pas son pouvoir avec la
ténacité nécessaire. On ne voit plus ses membres monter au créneau pour garantir
l’intégrité de la Nation centrafricaine, alors qu’elle est en train de se
désintégrer sous les coups de boutoirs, sournois ou retentissants, des
ex-Sélékas repliés dans les provinces. Est-ce que, désormais, on n’est pas en
droit de s’interroger sur le pouvoir réel de la Présidente de Transition, madame
Samba-Panza ? On dirait que tout se décide de Paris. Monsieur Le Drian, Ministre
des forces armées françaises, donne l’impression d’être devenu le mentor du
Gouvernement centrafricain. Il régente quasiment la vie politique et stratégique
de l’Afrique francophone en général et du Centrafrique en particulier. Il fixe
et impose la date des élections en R.C.A., sans se préoccuper des réalités
sociales politiques du pays. Comment peut-on organiser des élections alors que
l’administration est aussi défaillante ? Comment recenser la population ?
Comment procéder à toutes les opérations nécessaires ? Pour que les
Centrafricains n’en viennent pas à contester la stratégie de la France, il faut
d’urgence que la force Sangaris remplisse ses missions premières : elle doit,
d’abord et avant tout, contribuer à la restauration de la paix dans le pays et
garantir l’intégrité du territoire. Ce qui est loin d’être le cas : depuis plus
d’un an, les massacres sont quotidiens sur quasiment tout le territoire. Il
n’est donc pas envisageable que la France réduise aujourd’hui ses forces et se
désengage d’un pays en plein marasme. Cherche-t-elle à donner plus de poids au
Président du Tchad ? Le pouvoir français semble avoir désigné Idriss Déby Itno
comme le gardien du temple minier de la R.C .A. Il est sans cesse consulté par
Paris en ce qui concerne le sort du Centrafrique, alors qu’il a lui-même financé
les bandes de séditieux qui ont ensanglanté et ensanglantent encore le pays.
S’il y a bien des artisans du chaos dans lequel est tombée la R.C.A., Idriss
Déby, Président du Tchad, est le premier d’entre eux. Et qu’en est-il de l’Union
Africaine ? S’est-elle manifestée pour tenter de trouver une issue à la crise
centrafricaine ?
LA LITANIE
INCESSANTE DES MASSACRES
En attendant, les
dérives sanglantes perdurent et ont même tendance à croître. Visiblement, les
forces étrangères, malgré leur bonne volonté et leurs efforts, n’ont pas encore
réussi à restaurer la paix et la concorde nationale. Les provinces du nord et du
nord-est sont entre les mains des ex-Sélékas. Les Antibalakas sont bien obligés
de défendre les populations contre une islamisation rampante de ces provinces,
frontalières du Tchad et du Soudan. Ce sinistre processus vient de se dérouler à
MBRES, à environ
L’OR ET LES
DIAMANTS DE LA MORT
Les ex-Sélékas
contrôlent les régions minières et se livrent à de la contrebande pour financer
leurs forfaits meurtriers. L’urgence absolue, aujourd’hui, est de reprendre le
contrôle de ces régions. D’y rétablir le pouvoir légal. D’arrêter les séditieux.
D’expulser les mercenaires islamiques. Et, enfin, d’appliquer le processus de
Kimberley. La paix entre tous les Centrafricains, catholiques et musulmans, ne
réapparaîtra que si le peuple est écouté. Il faut cesser les calculs politiciens
sans lendemain. La priorité est de penser, dès aujourd’hui, à jeter les bases
d’une Nation centrafricaine socialement juste et politiquement
vertueuse.
« A LLA ZIA NI A
TI PEPE. ALLA GBOU NI NGANGOU. » (Tenez bon ! Ne laissez pas tomber !) A DE
KITIKI (23 décembre 2014)
Le processus de
Kimberley est un régime international de certification des diamants bruts, qui
réunit gouvernements et industriels du diamant, dans l'objectif d'éviter de
négocier sur le marché mondial, l'achat des diamants présentés par des
mouvements rebelles dans le but de financer leurs activités militaires (mai
2000).
Par joseph Akouissonne
Mediapart