Bruno Vincens - Dimanche, 9 Novembre, 2014 -
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Le congrès du Mouvement de la Paix à Toulouse a
insisté sur la nécessité de l’éducation à la paix. Les débats ont aussi porté
sur « la résistance armée ». Un appel pour abolir la guerre a été
lancé.
Toulouse,
correspondance. Elle a
côtoyé de près la fureur des armes : « J’ai perdu beaucoup d’amis à la guerre. »
La jeune femme kurde est l’une des cent cinquante délégués du congrès du
Mouvement de la Paix qui s’est tenu de vendredi à dimanche à Toulouse. Les
nombreux conflits à la surface de la planète ne rendaient que trop chargé
l’ordre du jour du congrès. L’organisation pacifiste réaffirme son opposition
aux interventions militaires françaises au Mali et en Centrafrique, aux frappes
de l’Otan en Syrie et Irak. Des guerres qui ne disent pas leur nom. Toute
utilisation des armes est-elle cependant illégitime ? Ne permettent-elles pas
parfois d’endiguer la barbarie ? Les délégués ne s’accordent pas tous sur ces
questions. L’un d’eux cite « la résistance armée » et Raymond Aubrac. Une autre
exhorte de « ne pas s’engouffrer dans cette voie ». Le palestinien Ziad Medoukh
n’a pu venir à Toulouse, empêché par les autorités israéliennes, mais les
liaisons Skype défient les frontières : le fondateur du Centre de la paix de
Gaza témoigne de cette expérience de résistance pacifique à
l’oppresseur.
Maintenant que les forces du Pacte de Varsovie
appartiennent à l’histoire, le Mouvement de la Paix demande la dissolution de
l’Otan, une organisation qui se prend pour le gendarme du monde. Seule l’ONU
pourrait jouer ce rôle, estime les congressistes, à condition d’être réformée.
L’avocat Roland Weyl pondère l’enthousiasme de l’assemblée : « Certaines
décisions de l’ONU sont contraires au droit international. Mieux vaut se référer
à la charte des Nations unies. »
Dans l’analyse du Mouvement, les inégalités
économiques, entre hommes et femmes, et toutes les formes d’inégalités,
accroissent les risques de guerre. Alors que les matières premières se
raréfient, « les idéologies guerrières, qui reposent sur les peurs, considèrent
qu’il n’y a pas assez de ressources pour tous », s’inquiète Michel Dolot,
coprésident de l’organisation pacifiste.
Axe principal du congrès : l’éducation à la paix.
Pourquoi ne figure-t-elle pas dans les programmes scolaires ? Pourquoi pas une
mission interministérielle qui lui serait dédiée ? La paix est une culture. Elle
s’enseigne, se transmet. C’est par elle que peut se construire un nouvel ordre
mondial. « Le désarmement, c’est le développement », ajoute un
délégué.
Le Mouvement de la Paix souligne que 155 pays
membres de l’ONU demandent l’ouverture de négociations pour éliminer les armes
atomiques. Bien sûr, les pays récalcitrants sont les puissances nucléaires
elles-mêmes, « mais les abolitionnistes sont très majoritaires sur la planète »,
se félicite Guillaume du Souich, autre coprésident. Depuis Fukushima, les
oppositions au nucléaire civil se font également entendre au sein du
Mouvement. Ce congrès a aussi été l’occasion de lancer l’appel En marche
pour la paix, abolissons la guerre. Parmi les trente premiers signataires,
citons la navigatrice Florence Arthaud, le syndicaliste Gérard Aschieri, le
chanteur HK… On apprenait hier qu’un appel similaire voyait le jour en
Allemagne.