Centrafrique : Chroniques
douces-amères – 25
« Sans la liberté de
blâmer, il n’y a point d’éloges flatteurs »
(Beaumarchais)
Ballet diplomatique autour d’un
avion russe.
L’Antonov 124 est le plus gros avion de transport
militaire au monde. Lorsque le samedi 6 décembre 2014 un exemplaire de ce
mastodonte s’est posé sur l’aéroport de Kano, au Nigéria, les douaniers du pays
se sont empressés d’ouvrir les soutes et vérifier sa cargaison : deux
hélicoptères d’attaque de type Gazelle et de nombreuses caisses de matériel
militaire français sont découverts, alimentant les spéculations dans un pays
soumis au syndrome de la secte Boko Haram.
Paris et Moscou ont rapidement précisé qu’il
s’agissait d’un avion loué par l’armée française pour transporter du matériel de
Bangui en Centrafrique vers Ndjaména au Tchad, mais l’aéronef a dû être dérouté
pour cause d’embouteillage à l’aéroport lamyfortin !
L’argument a paru convaincant : l’avion et sa
cargaison ont redécollé ce lundi 8 décembre pour leur destination
finale.
Moralité : la France peut affréter un avion
militaire russe mais ne peut pas livrer des navires de guerre à Moscou !
Des médecins saoudiens au secours
des réfugiés centrafricains ?
L’organisation mondiale des médecins d’Arabie
saoudite a remis, jeudi 4 décembre 2014, treize tonnes de médicaments et
matériels médicaux aux personnes retournées et réfugiées de la République
centrafricaine acueillies dans le sud tchadien, a annoncé le ministre tchadien
de la santé publique, le docteur Ngariera Rimadjita : « ce geste entre
dans le cadre de partenariat entre le Tchad et l’Arabie saoudite en matière de
santé ».
A la suite de la crise politique en RCA, 150 000
ressortissants tchadiens sont retournés au Tchad, le quel pays a par ailleurs
accueilli plus de 91 000 réfugiés centrafricains et compte également 359 000
réfugiés soudanais.
C’est en Arabie saoudite que les présidents
ougandais Idi Amin Dada et tunisien Ben Ali, lorsqu’ils ont été évincés du
pouvoir, ont pu trouver refuge au nom de la solidarité islamique. Mais ceci est
une autre histoire.
Ali Daras et l’Union pour la paix
en Centrafrique contre-attaquent.
Si l’on en croit le porte-parole de l’Union pour
la paix en Centrafrique (UPC), le parti politique créé par le
« général » rebelle Ali Daras, ce qui se passe actuellement à Bambari
relève des « manœuvres machiavéliques de Jean-Jacques Démafouth, Aristide
Sokambi, Gontran Djono Ahaba et Mahamat Kamoun, consistant à payer des jeunes
désoeuvrés de Bambari dans le but de mettre le feu aux poudres à Bambari afin de
diaboliser les éléments de l’UPC et disqualifier ce mouvement aux yeux de la
communauté nationale et internationale ». Pour le porte-parole de l’UPC,
c’est un élément de Joseph Zoundeko qui a tué l’aide de camp du président du
CNT, mais ce dernier préfère accuser le « général » Daras et ses
éléments de l’UPC « qui font un remarquable travail au quotidien pour
ramener la paix et la sécurité à Bambari ».
Le « général » Daras et ses éléments de
l’UPC font sans doute « un travail remarquable au quotidien » : à
la fin, il n’y aura plus que le silence des
cimetières !
Aux racines de l’extrême
violence, les intellectuels centrafricains parlent
enfin.
Un an après le lancement de l’opération française
Sangaris, tout ce que Bangui la capitale centrafricaine compte d’universitaires,
de professeurs, de juristes, d’économistes ou d’écrivains tente de comprendre la
violence qui ravage le pays. Le correspondant du quotidien catholique français
La Croix, Laurent Larcher, est allé à leur rencontre et a recueilli des
témoignages qui en disent long sur le traumatisme et les pertes de repères. Même
à ce niveau, ceux qui sont sensés représenter l’élite du pays n’évitent pas les
poncifs et les raccourcis. Mais, au moins, ils ont pris la parole pour
verbaliser l’indicible. L’archevêque de Bangui a le mot juste, une fois
encore : « Nous sommes prisonniers de nos solidarités communautaires,
dans le bien comme dans le mal. Il est difficile de s’en affranchir sans
s’exposer à la solitude et au rejet ».
Il le faudra bien, Monseigneur ! se libérer
de ces pesanteurs si l’on veut sortir du chaos.
Prions ensemble pour que les intellectuels qui ont
pris la parole ne la restituent plus aux « confiscateurs » de la
pensée.
Le cave se rebiffe, à
tort.
L’ancien premier premier-ministre de la
transition, Nicolas Tiangaye, a annoncé ce jeudi 4 décembre 2014 la rentrée
politique de son parti, le CRPS, au cours d’une conférence de presse tenue à son
domicile, preuve que les adhésions ne sont pas pléthoriques. Expliquant qu’il
était temps pour lui de reprendre le débat politique, l’ancien premier-ministre
a rejeté toutes les accusations portées contre lui : « C’est à mes
détracteurs d’apporter les preuves de mon soutien à la coalition Séléka.
Jusque-là personne ne l’a fait. Il est clair que je ne suis pas un soutien de la
Séléka au contraire nous avons tenu tête à un moment où les choses étaient
difficiles ». Maître Tiangaye plaide mal sa cause.
Personne ne l’a accusé de soutenir la Séléka, on
lui reproche d’avoir fait allégeance. Nuance ! Les preuves ?
–
il n’a
pas démis les ministres de la Séléka de son cabinet lorsque ces derniers se sont
retirés à Sibut, en prétextant être les otages de leurs propres
troupes ;
–
il n’a
pas démissionné de son poste lorsque ces derniers ont pris le pouvoir par la
force, entrant dans Bangui le 21 mars 2013 et obligeant François Bozizé à la
fuite ;
–
il n’a
émis aucune protestation lorsque les troupes de la Séléka ont commencé à mettre
le
pays à feu et à sang à partir de mars 2013 ;
–
il a au
contraire prêté allégeance aux tortionnaires en allant à Bangassou, revêtu d’une
djellaba et d’une gandoura bleues, au chevet des victimes de la Séléka ; -
–
dépositaire de la réalité du pouvoir au titre de
la Charte constitutionnelle de la transition, il n’a pris aucune mesure pour
mettre un terme aux exactions qui se sont multipliées à partir de septembre 2013
jusqu’à sa démission forcée le 11 janvier 2014 !
–
Nicolas
Tiangaye a tort : c’est la Séléka qui le soutenait, comme une corde son
pendu.
La rentrée politique du CRPS, le 13 décembre
prochain, serait une mauvaise nouvelle pour les Centrafricains si maître
Tiangaye annonçait sa candidature aux futures présidentielles ; ce ne sera
plus le trop plein, ce serait l’Arche de Noé !
Itinéraire d’un
assassin.
La libération d’Abdoulaye Miskine, en échange des
otages de son mouvement, est une blessure supplémentaire infligée au peuple
centrafricain. Qu’on en juge.
-
Les 30 et
31 octobre 2002, au lendemain de la première tentative de déstabilisation menée
par le général François Bozizé, alors chef d’état-major, le
« général » Miskine ouvrait son carnet de bal sanguinaire par le
massacre du marché au bétail du PK13, au nord de la ville de Bangui. Entre 25 et
150 personnes furent massacrées, en particulier des bergers peulhs Mbororos.
-
Le mardi
5 novembre 2002, le président Ange Félix Patassé remet à son « frère »
Abdoulaye Miskine, alias Martin Koumtanmadji pour l’état civil
tchadien, chef de l’unité de sécurité présidentielle (USP), les insignes de
commandeur dans l’ordre du Mérite centrafricain. Il sera également élevé au rang
de général de brigade, lui qui n’a jamais servi dans aucune armée.
-
En mars
2003, Miskine se retrouve au côté de François Bozizé, dans le camp des
« libérateurs », avant de se brouiller avec ce dernier, n’ayant pas
perçu les 1.500.000 francs CFA que ce dernier promettait à ses compagnons
d’équipée.
-
En avril
2007, Miskine revient dans le giron du pouvoir et signe l’accord de Syrte qui
fait de lui le conseiller à la Présidence.
-
En
novembre 2008, après avoir faussé compagnie à Bozizé prétextant pour sa propre
sécurité, Miskine attaque Kabo : 10 morts.
-
En
février 2009, il s’allie avec le MLJC d’Abakar Sabone, et attaque Batangafo.
-
Le 18
décembre 2012, il dirige l’offensive de la Séléka contre Bria, la ville du
diamant, d’autres morts encore, dont le garde du corps de Bozizé, « égorgé
comme un poulet » dira- t-il sur RFI.
-
En juin
2013, il se retire de la Séléka et s’allie avec Sani Yalo dans le cadre du
FRUD-CA, la rébellion de l’ouest du pays.
-
Le 10
septembre 2013, il se rabiboche avec François Bozizé et ses comparses, et se
rend dans l’ouest de la RCA, sans doute pour un rapprochement avec les milices
anti-Balaka naissantes.
-
Le 16
septembre 2013, Miskine est arrêté à Bertoua, au Cameroun pour « atteinte à
la sécurité » de l’Etat. Entre temps il aura fait enlever 11 otages
Mbororos contre rançon.
-
Le 13 mai
2014, les Etats-Unis inscrivent Abdoulaye Miskine sur la liste des ennemis de la
paix en RCA.
-
En
septembre 2014, ses hommes kidnappent une quinzaine de personnes dont un prêtre
polonais, pour réclamer sa libération.
Ceux qui se félicitent aujourd’hui d’avoir oeuvré
à la libération de cet assassin devront un jour s’en expliquer devant le peuple
centrafricain, à défaut de le faire devant la justice.
Sangaris : le verre à moitié
plein, le verre à moitié vide.
Le 5 décembre 2013, après avoir obtenu le feu vert
du Conseil de sécurité, la France lance l’opération Sangaris en Centrafrique.
Prévue pour une durée de six mois, cette opération se propose de stopper les
violences contre les civils et d’aider la Misca, la force de l’Union africaine,
à monter en puissance. Un an plus tard, jour pour jour, Sangaris est toujours
déployée : les massacres de masse ont cessé, un calme précaire prévaut dans
certaines zones de province, mais les groupes armés ne sont pas désarmés et la
partition du pays guette. En langage diplomatique, « on peut estimer qu’une
normalisation est en marche. Les pics d’insécurité existent encore, ils sont de
plus en plus espacés, de moins en moins longs et de moins en moins
violents », disent les diplomates. Pour les militaires français, le bilan
est positif : 9.000 soldats se sont succédés, 14 tonnes de munitions et
explosifs ont été détruits, 8.000 armes de guerre ou artisanales ont été
saisies, trois soldats ont été tués et 120 blessés. Pour le peuple
centrafricain, l’ardoise est tout aussi chargée : des milliers de morts,
420.000 réfugiés à l’extérieur, 430.000 personnes déplacées à l’intérieur du
pays, et 2,5 millions de personnes en attente d’une assistance
humanitaire.
C’est la théorie du verre à moitié vide ou à
moitié plein, selon le point de vue vis-à-vis duquel on se
place.
Les cérémonies du 1er
décembre 14 à Bambari font 14 morts.
La fête voulue par le président du Conseil
national de transition, Ferdinand Alexandre N’guendet, a fait quatorze victimes
entre chrétiens et musulmans de la localité de Bambari, chef-lieu de la
Ouaka.
De jeunes musulmans ont en effet attaqué plusieurs
quartiers chrétiens de la localité après la mort d’un chauffeur de taxi
musulman, lui-même abattu pour venger la mort d’un soldat de l’escorte du
président du CNT par un membre de l’ex-rébellion Séléka : « les jeunes
musulmans sont allés dans les quartiers chrétiens avec des armes à feu et des
couteaux et ont incendié des maisons. On a déjà trouvé 12 morts et 13 blessés,
tous des civils chrétiens », dit le responsable local de la
Croix-Rouge.
Plusieurs centaines de chrétiens auront trouvé
refuge dans la principale église de la ville, la cathédrale
Saint-Joseph.
Le RPRC et l’UPC auront beau se rejeter la
responsabilité de ce massacre, une certitude demeure : « le travail
remarquable au quotidien » des uns et des autres ne produit rien de bon,
que des morts !
Le candidat Martin Ziguélé donne
sa première interview.
Sous le titre : « Le dialogue oui,
l’impunité jamais ! », le candidat du mouvement de libération du
peuple centrafricain (MLPC) aux futures présidentielles en Centrafrique, Martin
Ziguélé, a accordé sa première interview à l’hebdomadaire africain Jeune Afrique
du 7 au 13 décembre 2014. L’ancien premier-ministre du président Ange Félix
Patassé (2001-2003) renoue avec ses marottes : « La Centrafrique est
un pays qui a des ressources. Son seul problème, c’est la prédation. Nous sommes
4,7 millions d’habitants, nous avons du diamant, de l’or, de l’uranium. Que
demander sinon la paix, la réconciliation et l’emploi ? Les jeunes qui ont
pris les armes devraient être au travail. C’est pour cela que la Centrafrique a
besoin d’un plan Marshall, avec un programme de grands travaux et une politique
keynésienne pour relancer et stabiliser notre
jeunesse ».
Martin Ziguélé se plante : on ne peut pas,
dans une même phrase, déclarer que la RCA est riche, et demander dans le même
temps aux autres de prendre en charge notre jeunesse.
Le plan Marshall est l’antienne des hommes
politiques sans projet, c’est le « Sésame, ouvre-toi » des prédateurs
en tout genre !
Le chef de l’Etat de la
transition se confie aux bons soins de la Cour pénale
internationale.
La présidente de la transition en Centrafrique a
regagné Bangui hier, mercredi 10 décembre 2014, après avoir séjourné à New-York
et participé aux travaux de l’assemblée générale des Etats parties prenantes au
traité de Rome instituant la Cour pénale internationale. Catherine Samba-Panza a
lancé un appel en direction de la juridiction internationale pour traiter les
crimes commis pendant la crise qui sévit en RCA : « Si nous voulons
œuvrer pour obtenir une paix et une réconciliation durable entre tous les
Centrafricains, nous ne pouvons fermer les yeux sur ces crimes ». Elle a
poursuivi en indiquant : « Ce n’est pas la première fois que la
République centrafricaine sollicite le concours de la Cour pénale
internationale. En décembre 2004, mon pays a déjà déféré devant votre Cour la
situation concernant les crimes commis au cours du conflit de 2002-2003, ce qui
a abouti à l’arrestation et à la comparution de M. Jean-Pierre Bemba Gombo
devant la Cour ».
Le chef de l’Etat de la transition a oublié de
préciser que la transition de l’époque avait pris soin d’auto-amnistier les
responsables centrafricains de ces mêmes crimes ; ces derniers briguent
aujourd’hui la magistrature suprême du pays.
Cet oubli volontaire n’augure rien de
bon !
L’ancien préfet de la Grande Sido
(Tchad) arrêté en Centrafrique.
L’ancien chef rebelle tchadien, Abdel Kader Baba
Ladddé, a été arrêté en Centrafrique par les Casques bleus : « Les
Casques bleus ont appréhendé Baba Laddé à Kabo, dans la préfecture de l’Ouham,
au nord de la RCA, à la frontière avec le Tchad… Baba Laddé était à la tête
d’une quarantaine d’hommes lourdement armés et se faisait passer pour un
officier de l’ex-Séléka », espérant sans doute bénéficier des mesures de
confiance accordées à cette rébellion centrafricaine a confirmé la MINUSCA.
Rappelons que le leader du Front populaire pour le rassemblement (FPR), qui
avait pris les armes en 1998 contre le gouvernement tchadien, s’était réfugié en
Centrafrique à partir de 2008 où il sévissait dans le centre du pays, en
particulier dans la Ouaka. Après des négociations avec les Nations Unies, il
avait accepté de se rendre en septembre 2012 pour rentrer à Ndjaména où il a été
nommé préfet de la Grande Sido par Idriss Déby en juillet 2014. Il a été démis
de ses fonctions en novembre dernier et était recherché depuis par les autorités
tchadiennes.
Baba Laddé est actuellement incarcéré à la prison
banguissoise de N’garagba, en vertu d’un mandat d’arrêt du procureur de la
République de Bangui, en dépit des dénégations du ministre porte-parole du
gouvernement de transition, un certain Bachir Walidou : « Comment
peut-il être arrêté alors qu’il n’est pas dans le pays » ?
Apparemment, le porte-parole du gouvernement n’est pas au courant de ce qui se
passe dans son propre pays. Il doit sans doute tuer le temps en s’exerçant à la
salsa dans son bureau.
Précision : l’imam Modibo Bachir Walidou est
le ministre en titre de l’administration du territoire, de la décentralisation
et de la régionalisation !
C’est la faute à Barthélémy
Boganda !
Le conflit qui ravage la RCA depuis deux ans
maintenant, opposant chrétiens et musulmans, serait un récit fonctionnel - une
simplification bien trop efficace - appelé à détourner l’attention des
véritables raisons du conflit. Si l’on en croit l’anthropologue Mélanie
Soiron-Fallut, ce conflit s’enracine dans la dépossession culturelle,
traditionnelle, religieuse, territoriale, mais aussi économique et politique
subies par les populations centrafricaines depuis des décennies : « L’un
des premiers actes de cette possession remonte aux années 1940…à Bambari, dans
la Ouaka. Barthélémy Boganda – qui deviendra le premier président du pays –
lance un combat contre ce qu’il nomme les « monstruosités »,
c’est-à-dire le fétichisme et les cultes traditionnels. Le premier abbé
centrafricain veut attirer les populations vers la mission des pères
catholiques. […] Son action de destruction des fétiches est redoublée par celle
du « prophète » Ngoutidé, qui, une vingtaine d’années plus tard, par
des tournées dans tous les villages de cette région, détruit plus de fétiches
(notamment du culte de Ngakola) que tous les missionnaires réunis sur le
territoire. Les connaissances liées à ces cultes disparaissent. Ancêtres et
anciens ne transmettent plus leurs savoirs aux cadets. La continuité est rompue,
dépossédant les premiers de leur autorité, de leurs savoirs et donc de leurs
pouvoirs ». Barthélémy Boganda, fossoyeur des traditions ?
Bigre ! Les anti-Balaka qui se promènent avec leur « waraga »
(fétiches, gris-gris) en bandoulière n’ont pas dû lire notre
anthropologue.
En réalité, les anciens ont perdu leur autorité du
fait du pouvoir central qui, pour avoir la main mise sur les populations, a
volontairement dépossédé les chefs de terre de leurs prérogatives en nommant
directement des « délégués spéciaux », sans lien avec les populations.
Pour retrouver ce lien, soit on réhabilite les
chefs de terre dans leurs prérogatives traditionnelles, soit on les fait élire
par leurs concitoyens.
La Centrafrique entre dans la
phase critique du conflit.
Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies
aux opérations de maintien de la paix, le français Hervé Ladsous a indiqué mardi
9 décembre 2014 que « la République centrafricaine entame une phase
critique à un moment où l’attention internationale sur la crise commence à
s’estomper. Les risques restent élevés, des perturbations supplémentaires dans
le processus politique et/ou la situation sécuritaire pourraient mettre le
processus de transition en péril ». A son avis, « Tout retard
supplémentaire au-delà du mois d’août 2015 pourrait compromettre la transition
elle-même ». Aussi, exhorte-t-il les autorités centrafricaines à maintenir
le cap et les partenaires régionaux et internationaux du pays à rester engagés
de manière soutenue et coordonnée afin de fournir à la République centrafricaine
l’assistance nécessaire pour assurer l’efficacité et la durabilité de ses
actions.
M. Ladsous devrait au contraire exhorter ses
troupes sur le terrain à faire application stricte des résolutions du Conseil de
sécurité sur la Centrafrique.
Les retraités centrafricains
battent les chemins de latérite.
Alors que les retraités sont sortis depuis mardi 9
décembre 2014 dans les rues de Bangui pour exiger le versement de quatre (4)
arriérés trimestriels de pension que leur doit le gouvernement de transition, le
directeur de cabinet du premier-ministre, Honoré Nzessiwè, a rencontré les
représentants de ces anciens fonctionnaires de l’Etat pour les rassurer sur la
volonté du gouvernement, en rapportant les paroles du premier-ministre Mahamat
Kamoun : « Le gouvernement que je dirige est en train, sur les maigres
ressources de l’Etat, de provisionner un compte du Trésor public pour le
paiement des pensions ». Les maigres ressources de l’Etat ? Où sont
donc passés les 9 millions de dollars non évaporés du don angolais ? Il y a
là de quoi assurer la masse salariale d’un an de la fonction publique
centrafricaine.
M. Nzessiwé serait honoré d’instruire son patron
de premier-ministre : « la fin du mois doit être le même pour
tous» !
La ville de M’brés sous le joug
des « ennemis de la paix ».
De nouvelles violences ont éclaté à Mbrés,
localité située à
Le proverbe africain dit : « L’éléphant
a beau être efflanqué, ses couilles sont toujours trop grosses pour la
marmite ».
Un vent d’optimisme souffle sur
le futur Forum national de
Bangui.
Une délégation du groupe de contact international
(Groupe des Huit ou G.8) conduite par le représentant du Médiateur de la crise
centrafricaine a rencontré ce mercredi 10 décembre 2014 le chef de l’Etat de la
transition à son retour de New-York : « Nous sommes venus féliciter la
présidente de transition pour sa contribution très remarquée à l’occasion de
l’assemblée du Traité de Rome. Où elle a fait un plaidoyer pour la lutte contre
l’impunité qui est un repère important dans cette perspective qui n’est pas
aisée à mettre en œuvre », a indiqué le général Babacar Gaye, le patron de
la Minusca, avant d’évoquer le forum de Bangui « pour lequel nous devons
tous travailler ». A entendre le patron de la Minusca, les derniers
évènements de Ndélé, de Kaga-Bandoro où la Séléka s’est opposée à l’installation
des autorités désignées par le pouvoir de Bangui, et celui de Bambari où des
dizaines de personnes ont été tuées, démontrent que « nous ne sommes pas
dans une situation qui doit être linéaire, on peut y avoir des soubresauts mais
il est incontestable que la situation s’améliore et que les actions du
gouvernement sont de plus en plus visibles ».
Le général Babacar Gaye, c’est Merlin
l’Enchanteur !
Les anciens rebelles s’exercent à
la « démocratie participative ».
Jusqu’alors, pour un oui ou pour un non, ils nous
avaient habitués à prendre les armes. Les éléments de l’ex-rébellion Séléka ont
changé leurs fusils d’épaules. Ils ont escorté mardi dernier, 9 décembre 2014,
certains musulmans de la ville de Bambari qui ont déambulé dans les rues de la
ville pour protester contre le
président du Conseil national de transition. Aux cris de « Nguendet,
démission ! », ils ont organisé une marche de protestation contre le
discours du président du CNT qui avait demandé la semaine dernière l’arrestation
du « général » rebelle Ali Daras et la relocalisation de l’état-major
de l’ex-coalition dans une autre ville.
Le « général » Daras, chef des rebelles
peulhs de l’ex-Séléka, est pointé du doigt dans le meurtre d’un des gardes du
corps du président du CNT, Alexandre Ferdinand Nguendet.
Voir les ex-Séléka se discipliner en gros bras
d’une manifestation pacifique est encourageant ; même la Gestapo ne s’y est
pas essayée en son temps.
L’auto-proclamation
présidentielle de Jean-Barkes Gombé-Ketté.
L’ancien de la « délégation spéciale »
de la ville de Bangui, maire de la capitale de 2003 à 2011, Jean-Barkes
Ngobé-Ketté, officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle de
2015, s’est ouvert sur ses motivations : « Mes motivations sont
simples. Le Centrafrique mon pays est malade, gravement malade ! A l’appel
au secours du peuple donc, ce peuple qui, il faut le rappeler, m’avait vu donner
le meilleur de moi-même hier avec un petit mandat de Maire… sollicite ma modeste
contribution pour soigner notre pays malade et abréger la souffrance de mes
compatriotes qui sont plongés depuis dans une misère sans précédent, laquelle
est caractérisée par une crise humanitaire et sécuritaire jamais égalée… Le pays
n’existe plus que de nom ! Il n’y a plus rien ! C’est dire que pour sa
reconstruction demain, il faudra un homme qui s’engagera avec un esprit de
sacrifice, un Bâtisseur avéré, un innovateur rigoureux, plutôt qu’un simple
gestionnaire au niveau de l’Etat. Vous conviendrez avec moi qu’il n’y a plus
rien à gérer ! Tout est à refaire. C’est un challenge ! Evidemment,
c’est là où Jean-Barkès Gombé-Ketté s’exprime le mieux ! Voilà les raisons
qui motivent ma candidature ». Fermez le ban !
Le proverbe dit : « Le grillon tient
dans le creux de la main, mais on l’entend dans toute la
prairie ».
Un terroriste reste un
terroriste.
A Kaga-Bandoro, dans le nord du pays, les
responsables locaux des ex-Séléka ne décolèrent pas depuis le limogeage de deux
anciens cadres de la a rébellion, Eric Massi et Moustapha Saboun, respectivement
directeur général de l’agence nationale de l’aviation civile (ANAC) et de
l’agence de régulation des télécommunications (ART),lesquels étaient soupçonnés
de malversation financière et de s’opposer à la restauration de l’autorité de
l’Etat. Première conséquence de cette mise à l’écart : l’ancien numéro deux
de cette alliance, Nourredine Adam, et aujourd’hui premier vice-président du
FPRC, vient de sommer ce jeudi 11 décembre 2014, tous les fonctionnaires et
agents de l’Etat en poste dans la préfecture du Bamingui-Bangoran de
« déguerpir » sous trois jours.
Nourredine Adam, auréolé sans doute par la gloire
d’avoir été reçu à Brazzaville par le Médiateur de la crise en Centrafrique, le
président congolais Denis Sassou Nguesso, se prend pour un chef de
gouvernement.
Las ! Chassez le naturel, il revient au
galop.
Le cadavre de François Bozizé
bouge encore.
Le président déchu vient une fois de plus de
sortir de son silence. Dans une lettre datée de ce mercredi 10 décembre 2014,
François Bozizé revient sur les conditions de son départ et livre par ailleurs
sa lecture de la situation socio-économique et politique de la RCA. A l’en
croire, le coup de force de la Séléka en mars
Mon général, les acteurs nécessaires ne sont pas
toujours les plus utiles, vous en êtes la preuve
vivante !
Paris, le 12 décembre 2014
Prosper INDO