Centrafrique : Chroniques douces-amères – 30

 

Les dernières

 

« Sans la liberté de blâmer, il n’y a point d’éloges flatteurs »

(Beaumarchais)

 

Le CAR confirme le soutien du Soudan à la Séléka

 

On le supposait, l’organisation non gouvernementale « Conflict Armament Research (CAR) le confirme dans un rapport rendu public lundi 19 janvier 2015 : le Soudan a bel et bien parrainé la Séléka. Après plusieurs mois d’enquête sur le terrain le CAR atteste que les armes et munitions, dont était doté le groupe rebelle, proviennent d’au moins deux livraisons par avion depuis Khartoum, et non pas, comme l’affirmaient les chefs rebelles, de l’arsenal entreposé par François Bozizé.

Les chercheurs du CAR sont formels : quand Michel Djotodia était au pouvoir, « autorisation avait été donnée à un avion militaire soudanais d’atterrir à volonté en Centrafrique ». C’est ainsi que les forces internationales ont trouvé sur les sites rebelles, après le départ des éléments de la Séléka de Bangui, des armes et des munitions de fabrication soudanaise, ainsi que des véhicules tactiques légers « Karaba » produits au Soudan. Les véhicules ont également été convoyés par avion pendant le siège de Bangui.

 

La force internationale doit « sauter sur Birao ».

 

Le pape François à Bangui en colombe de la paix !

 

Le pape François a annoncé ce lundi 19 janvier 2015 qu’il se rendrait en Afrique à la fin de l’année: « le projet est d’aller en République centrafricaine et en Ouganda cette année. Je pense que ce sera vers la fin de l’année, en raison du temps ». Si le souverain pontife pourra célébrer la Passion des martyrs africains de l’Ouganda, premiers martyrs de la foi chrétienne en Afrique noire proclamés saints en 1964 par Paul VI, en Centrafrique il aura surtout la douloureuse mission de confesser et de réconcilier un peuple désuni. Espérons qu’il trouvera la formule choc pour vivifier des chrétiens déboussollés. Le Centrafrique peine à sortir d’une crise politique et sécuritaire qui a fait près de 6.000 morts, où la présence de trois forces internationales n’arrive pas à pacifier l’ensemble du territoire. Le voyage du pape François serait une bénédiction.

 

Seule la Foi déplace les montagnes !

 

L’Union européenne au chevet des FACA.

 

L’Union européenne a décidé lundi 19 janvier 2015 la mise sur pied d’une mission de conseil au bénéfice des forces armées centrafricaines (FACA) ; une façon de maintenir sur place la présence européenne à Bangui après le retrait des soldats de l’Eufor-RCA à la mi-mars 2015. Forte de 60 hommes environ basés à Bangui, la mission sera commandée par le général français Dominique Laugel, pour une durée initiale d’un an. Les experts auront pour mission de donner des conseils en matière de gestion des forces militaires, ils aideront à la préparation d’une réforme des FACA et la création d’un programme d’entraînement, voire à participer à des formations « non opérationnelles ». Encore faut-il que la doctrine d’emploi de ces forces soit précisée.

 

Pour l’heure, les 700 hommes de la force d’intervention rapide ont tout d’une police des mœurs !

 

La diplomatie coutumière en expérimentation.

 

La Côte d’Ivoire va expérimenter la diplomatie coutumière en Centrafrique en vue d’aider ce pays à résoudre de manière définitive la crise politique et sécuritaire qui sévit dans ce pays : « Nous sommes allés en Centrafrique à l’invitation du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et d’une organisation non gouvernementale. Nous y avons fait une immersion socio-culturelle pour bien comprendre les problèmes », a indiqué le professeur Urbain Amoa, l’un des experts qui propose « d’aller vers la géogouvernance ». Selon ce dernier, la diplomatie coutumière ou traditionnelle se base sur des consultations préalables avant de porter des affaires sur la « place publique ».

 

Nous le disons depuis un an : il suffit de rassembler les chefs de terre et chefs coutumiers pour faire entendre raison aux bellicistes et rassurer le peuple.

 

L’archevêque de Bangui en otage « solidaire et volontaire » à Boy Rabé.

 

Monseigneur Dieudonné Nzapalainga aura passé deux jours et deux nuits dans le quartier de Boy Rabé, 4ème arrondissement de Bangui, pour obtenir la libération du père Gustave et de l’humanitaire française Claudia Priest, enlevés depuis le lundi 19 janvier 2015 par des hommes armés proches du chef anti-Balaka Rodrigue Ngaïbona, alias « général Andilo ». Si on peut tous se réjouir de ce dénouement favorable, il faut reconnaître que c’était une erreur d’avoir embarqué Son Eminence dans cette entreprise où il est en partie lié. Dans un pays encore traumatisé par les querelles interconfessionnelles, il était inopportun de mêler directement l’église catholique à des tractations. Il est du devoir des autorités de la transition et des forces de l’opération Sangaris de s’engager au diapason de la Minusca, dont la collaboratrice a été libérée, après que le commandant de la force internationale ait menacé ses ravisseurs de traiter cet enlèvement comme un crime de guerre.

 

Aux grandes causes, les grands moyens.

 

On ne négocie pas avec des terroristes.

 

La libération d’Abdoulaye Miskine, alias Martin Koumtamadji, a créé un précédent fâcheux. Après l’élargissement de ce rebelle tchadien proche de l’ex-coalition Séléka, en échange des otages détenus par ses hommes de la FDPC, dont un prêtre polonais, il était certain que les anti-Balaka voudront « sauver la face », en exigeant eux aussi, par le même procédé,  la libération de leurs chefs emprisonnés ; au risque de la surenchère. Il s’agit pour eux de faire pression sur la France. En effet, en axant sa priorité depuis le 15 septembre 2014 sur les seuls anti-Balaka, alors que les éléments de l’ex-Séléka bénéficient des dites « mesures de confiance », la Minusca ne semble plus être un interlocuteur privilégié pour les anti-Balaka.

 

L’ambassadeur Molinas devra déployer tout son talent pour recoller les morceaux, lui qui fumait récemment le calumet de la paix dans le 3ème arrondissement. Ugh !

 

Un dialogue de sourds.

 

C’est l’impression qui se dégage à la lecture du compte-rendu de la conférence-débat qui s’est tenue le 29 décembre 2014 à l’hôtel Ledger-Plazza de Bangui. Animé par la DIAMESCA (Diaspora de l’Emergence centrAfricaine), cette réunion avait pour but de confronter les jugements portés sur la diaspora centrafricaine par les pouvoirs publics du pays et les griefs formulés par la diaspora à l’encontre des pouvoirs publics. A l’évidence, ce fut un dialogue de sourds et volontairement biaisé, où dominent l’incompréhension et la suspiscion ; les uns attendant tout de l’extérieur, les autres aspirant à plus d’ouverture et d’appui local. Les griefs sont nombreux, de part et d’autre. Mais puisqu’il est surtout question d’économie, les deux parties auraient pu tomber d’accord sur un point : il est du devoir de l’Etat, par des mesures de promotion et d’incitation, de créer un climat d’affaires propice à la création des entreprises et à la croissance économique.

 

« On dit d’un enfant qui croît, qu’il profite » !

 

Grenouillage et caporalisation des esprits.

 

Sous le timbre de la représentation de la diaspora à la commission préparatoire du forum de réconciliation nationale et du dialogue politique, un communiqué daté de ce 18 janvier  révèle la tenue de deux réunions, jusqu’ici passées inaperçues, les 17 et 18 janvier 2015, au sein de la communauté centrafricaine de Paris. Le communiqué signale la création d’une « coordination structurée » confiée à trois personnes, ainsi que la convocation d’une réunion plénière le 31 janvier 2015 et, le 14 février prochain, une conférence permettant « de jeter les bases d’une structure représentative, digne et responsable ». Subrepticement, on apprend que la conférence du 14 février 2015 verra la participation d’un représentant du gouvernement et sera pilotée par la représentation diplomatique centrafricaine à Paris ! Cette démarche sent l’arnaque et le grenouillage, comme hier, pour le milliard évaporé du don angolais !

 

Décidément, la République centrafricaine a mal à sa gouvernance.

 

Un « général » à la tête d’une nouvelle Séléka rénovée pour la paix et la justice.

 

Dans un communiqué de presse archivé n° 01/01/15, le premier de son existence, la Séléka Rénovée pour la Paix et la Justice – combien de divisions ? - s’étonne « des démarches unilatérales et inopportunes dites de réconciliation en son nom à Nairobi (Kenya) et étrangement soutenues par la Médiation congolaise. Ces démarches ont vu uniquement la présence de ceux qui ont trahi non seulement les combattants, mais aussi les objectifs républicains de la Séléka ». Signé d’un certain « général » Mohamed-Moussa Dhaffane, chef de délégation au Forum de Brazzaville, ancien ministre d’Etat, le communiqué n’y va pas par quatre chemins et demande « une nouvelle médiation neutre ». Encore un qui veut son obole. Rien de choquant ? Si ! La devise de la Séléka rénovée pour la paix et la justice : « UN Pays, UN Peuple, UN Dieu ». Je n’invente rien.

 

En politique, le sabre et le goupillon n’ont jamais fait commerce équitable !

 

Pluie de communiqués au MLPC.

 

Le cadavre bouge encore : le mouvement de libération du peuple centrafricain n’en finit plus de se rappeler au souvenir de la population centrafricaine depuis l’annonce des prochaines élections présidentielles et législatives en août 2015. Coup sur coup, le parti aligne les communiqués comme hier, sous la Séléka, elle bridait son énergie. Aussi bien pour la venue du pape François que pour la prise en otage de l’humanitaire française, le MLPC retrouve des accents de chattemite, puisqu’il ne craint pas d’ « exhorter les forces internationales à user de la force comme le leur en donne le pouvoir les résolutions du Conseil de sécurité pour désarmer sans délai toutes les bandes armées qui s’opposent résolument au retour de la paix dans le pays, continuent de sévir impunément sur l’ensemble du territoire national ».

 

Que ne l’ont-ils proclamé plus tôt ?

 

 

Le terrible constat du PNUD : l’Etat n’existe plus.

 

Le constat du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Centrafrique est accablant : la crise de ces deux dernières années a provoqué le retrait massif des fonctionnaires de l’Etat de l’intérieur du pays. Selon cette enquête, 62 % des fonctionnaires de l’administration du territoire étaient présents à leur poste avant décembre 2012. Ils ne sont plus que 9 % au moment de l’enquête. Pis, la moitié des 16 préfectures n’a plus d’archives, et 72 % des sous-préfectures ont vu leurs tables détruites ou emportées, plus de vitres aux fenêtres, voire plus de toit du tout. On mesure l’ampleur de la désorganisation et l’ampleur des besoins de financement pour reconstruire l’Etat. Comment organiser des élections crédibles et transparentes au suffrage universel direct dans ces conditions ?

 

Faisons appel aux Grands Electeurs, ceux-ci voteront en connaissance de cause.

 

L’ardeur d’un néophyte !…

 

Le nouveau ministre de la sécurité publique qui vient d’être installé ne doute de rien, lui qui vient d’enregistrer quatre prises d’otages en moins d’une semaine. La dernière en date est l’enlèvement en plein jour et en plein centre-ville de son collègue ministre des Sports, Armel Ningatoloum Sayo, ancien officier déserteur des forces armées centrafricaines (FACA) et ancien chef de la rébellion Révolution et Justice. Ce dernier rentrait d’un office religieux, accompagné de son épouse et de son frère cadet qui ont été laissées libres. Nicaise Karnou est formel : « Nous avons la précision de là où il y a l’otage. C’est à Bangui, au quartier Boy Rabé. Nous sommes très avancés sur la négociation avec ces bandits ». Et d’ajouter : « Ce sont des individus que nous connaissons. Nous allons les arrêter dans le respect des dispositions de la loi ». Comme toujours le gouvernement connaît les criminels mais n’agit pas. S’agissant de l’enlèvement d’un ancien chef de guerre, le nouveau ministre s’avance trop vite en besogne et envoie des signaux contradictoires.

 

En matière de prise d’otages, négociations et menaces ne font pas bon ménage dans une même bouche !

 

… La lassitude d’une blasée.

 

Le chef de l’Etat de la transition ne croit plus en son étoile : « Quand nous sommes arrivés à la tête de l’Etat, nous avons affirmé notre volonté de lutter contre l’impunité (…) de réunir tous les Centrafricains, de discuter avec toutes les forces vives de la nation, toutes les composantes de la classe politique, des groupes armés ». « Pendant un an j’ai tendu les bras. Je commence à dire à ceux qui m’écoutent que les bras commencent à se baisser, parce que les bras fatiguent à force d’être en l’air et que personne ne les saisit réellement », a déclaré Catherine Samba-Panza pour condamner les actes de kidnapping qui fleurissent ces jours-ci aux carrefours des rues de la capitale centrafricaine. A faire le V de la victoire toute une année durant, sans plonger les mains dans le cambouis, les bras fatiguent en effet. Il fallait désarmer au lieu d’appeler à la communion !

 

Le proverbe dit : «  Qui trop embrasse, mal étreint ».

 

L’embargo sur les armes reconduit pour une année.

 

Le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté à l’unanimité de ses 15 membres, le jeudi 22 janvier 2015,  une résolution reconduisant jusqu’au 29 janvier 2016 l’injonction faite aux Etats membres « d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine » d’armements ou de matériels connexes. La reconduite de cet embargo sur les armes s’accompagne de l’obligation, pour les Etats membres, d’ »interdire l’entrée ou le passage en transit sur leur territoire de personnes désignées par le Comité » nommé à cette fin par ledit Conseil, et de « geler immédiatement les fonds et autres avoirs financiers et ressources économiques se trouvant sur leur territoire qui sont en la possession ou sous le contrôle direct ou indirect des personnes ou entités désignées par le Comité ». La résolution est claire, mais sera-t-elle suivie d’effet ?

 

Cette décision est un désaveu cinglant pour les autorités de la transition, engluées dans leurs tergiversations.

 

Catherine Samba-Panza : Déjà un an et plein de couacs.

 

Il y a un an, le 23 janvier 2014, Catherine Samba-Panza prêtait serment comme chef de l’Etat de la transition, en remplacement de Michel Ndjotodia, président autoproclamé mais contraint à la démission pour son incapacité à mettre fin à la violence de ses troupes. Elle devenait la première femme à accéder à la magistrature de la RCA après 54 ans d’indépendance.

La mission que la présidente s’était assignée était de pacifier le pays, restaurer l’autorité de l’Etat, relever l’économie et enclencher le retour des déplacés chez eux. Autant d’engagements qui, deux premiers-ministres et 3 remaniements plus tard, ne se sont pas concrétisés. Faisant le bilan d’une année d’activité à la tête de l’Etat, ce 23 janvier 2015, elle n’a pas craint d’indiquer que « la sécurité gagne du terrain ». Résultat : les prises d’otages se multiplient et se traduisent par l’enlèvement des membres de son gouvernement 

 

Ce déni de réalité a un nom : le « bon plaisir ».

 

Nairobi ou le sommet des diviseurs patentés.

 

Réunis dans la capitale du Kenya, Nairobi, les séditieux commanditaires des ex-Séléka et des anti-Balaka ont concocté un accord qui vaut son pesant d’inconscience et d’irresponsabilité. Ils ne demandent rien de moins qu’une place dans un nouveau gouvernement national de transition, le bénéfice d’une amnistie générale, l’élargissement de l’actuel Conseil national de transition – où ils sont déjà représentés – et la révision de la Charte constitutionnelle de la transition, sans doute en son article 101 pour leur permettre d’être candidats aux élections prochaines. Et, pour être sûrs de gagner, ils réclament une troisième transition ! Ce document, qui tient pour quantité négligeable les autorités légales de la transition en cours ainsi que les résolutions des Nations Unies, fait la part belle aux théoriciens de la partition de la RCA et de la négation des autres composantes de la Nation, considérées comme des « éléments exogènes ». Pour nous, ce texte est un vade mecum qui n’engage que ses signataires. Tel quel, il nous appelle à la RESISTANCE !

 

L’adage dit : « l’Histoire ne repasse pas les plats », comprendre, « le retour en zone est interdit ».

 

La préparation du Forum inter-centrafricain de Bangui se complique.

 

Les consultations à la base, en vue de la préparation du forum de réconciliation qui doit se tenir le mois prochain à Bangui, ont commencé. Ces rencontres doivent réunir les facilitateurs venus de la capitale et les populations locales. Si à Bangui les choses se déroulent conformément au programme établi, les consultations dans les villes où l’ex-Séléka est implantée, dans le nord et l’est du pays, sont empêchées, manu militari. A Bambari, l’équipe des émissaires a été bloquée sur le pont de la Ouaka et a dû être exfiltrée par la Minusca. A Kaga-Bandoro, les facilitateurs, dont un ministre du gouvernement, ont été pris en otages dimanche matin 25 janvier 2015 par des ex-Séléka avant d’être libérés le lendemain lundi. Il faut craindre que la contagion ne gagne l’ouest du pays, après la signature de l’accord de Nairobi entre François Bozizé et Michel Djotodia. Comme en Irak ou en Afghanistan, la vision totémique d’une consultation au suffrage universel direct est une illusion.

 

Nous, nous répétons : un président de la République élu au suffrage universel indirect par un collège  de Grands Electeurs – chefs de terre et chefs coutumiers – aura assez de poids pour sortir notre pays du bourbier actuel.

 

DSN vs CSP : brouille et embrouille.

 

L’hebdomadaire Jeune Afrique du 25 au 31 juillet 2015 l’atteste : « Fraîches depuis le début, les relations entre Catherine Samba-Panza (CSP) et le chef de l’Etat congolais Denis Sassou Nguesso (DSN) sont devenues glaciales ». A un communiqué du ministère congolais des Affaires étrangères félicitant des « avancées enregistrées lors des discussions de Nairobi », le ministre centrafricain de la Sécurité publique a répondu par un autre communiqué qualifiant ces discussions de « plan machiavélique de déstabilisation de la transition ». On s’étonne ! Le conseiller politique du Premier-ministre, présent à ce conclave, participerait-il à ce pronunciamento ? CSP, qui en est à sa troisième version du complot et voit des coups d’Etat partout, en appelle à la France, aux Etats-Unis et à l’Onu. Elle refusait hier de les écouter. Problème : c’est elle-même qui a pris l’initiative de dépêcher son conseiller politique auprès de François Bozizé et Michel Djotodia, estimant que ces derniers étaient les décideurs de leurs camps respectifs. A vouloir jouer à la plus finaude, le chef de l’Etat de la transition se prend les pieds dans le tapis. Et ce n’est pas fini !

 

CSP ? C’est l’histoire de l’arroseur arrosé.

 

L’éloge du crétinisme.

 

Un communiqué – encore un – signé cette fois-ci d’une certaine « capitaine » Joséphine Namsené, sans doute la sœur jumelle du bien-nommé Emotion Brice, s’en prend de manière véhémente à « Martin Ziguélé et ses acolytes, Catherine Samba-Panza, Nicolas Tiangaye et le tristement célèbre Jean-Jacques Démafouth » pour protester contre l’arrestation du nommé Rodrigue Ngaïbona, alias « général » Andilo : « Suite à cette arrestation, nous avons pris connaissance de leurs prises de position contre la paix. De ce fait, ils ne seront pas les bienvenus dans nos zones en province pour faire la promotion du forum exclusif de Bangui ». Cette menace rappelle étrangement la manifestation organisée par François Bozizé et son clan en janvier 2014, pour barrer la route à la nomination de Nicolas Tiangaye comme premier-ministre de la transition. Le communiqué va plus loin, apportant son « soutien absolu aux pourparlers de Nairobi au Kenya aux côtés de nos frères de Séléka pour qu’ensemble nous ramenions la sécurité et la paix au pays ». Des anti-Balaka et des ex-Séléka qui s’embrassent à bouche-que-veux-tu ? Même la tortue en rit !

 

Par les temps qui courent, personne ne reprochera au « capitaine » Namsené d’ignorer le droit.

 

Charles Armel Doubane candidat.

 

C’est à Bouar, « ville chargée d’histoire de notre passé héroïque car c’est la ville de Karinou », que le énième candidat aux prochaines présidentielles Charles Armel Doubane s’est déclaré, le samedi 24 janvier 2015. A Bouar, comme naguère sous la colonisation, le samedi est le jour du marché au bétail. Il y a du monde. L’impétrant a donc choisi cette circonstance pour déclamer sa « VISION d’un AUTRE CENTRAFRIQUE », en tentant de répondre à cette question qu’il s’est lui-même posée : qu’ai-je fais de mon pays ? La réponse va s’en dire, « que ce soit comme étudiant, banquier, chef d’entreprise, enseignant à l’université, ministre chargé des relations avec les institutions, ministre de l’Education, député à l’assemblée nationale, ambassadeur de la RCA auprès des Nations Unies ou comme simple citoyen, je me suis toujours mis au service de mon pays ».

 

A voir la longue liste de cette carte de visite, le pays en question est un gratte-ciel !

 

La relève du premier contingent rwandais.

 

Le premier contingent de l’armée rwandaise, arrivé en Centrafrique dès décembre 2013, au plus fort de la crise centrafricaine, va être relevé par un nouveau contingent, intégré au sein de la Minusca, qui sera opérationnel depuis ce mercredi 28 janvier 2015. Dirigé par le colonel Jean-Paul Karangwa et fort de huit cents hommes, le premier contingent rwandais assurait principalement la sécurité du chef de l’Etat de la transition, Catherine Samba-Panza, ainsi que le maintien de l’ordre dans les 3ème et 5ème arrondissements de Bangui. Il composait le premier maillon de la Misca, la force internationale africaine.

Les commandants du contingent rwandais ont été reçus par le chef de l’Etat de la transition le mardi 27 janvier 2015. Espérons que Catherine Samba-Panza a su trouver les mots justes pour les féliciter.

 

Eux au moins, ils n’ont pas déshonoré leur étendard !

 

Pour un tribunal spécial sur la République centrafricaine.

 

Les membres de la commission internationale d’enquête sur la République centrafricaine, commission mise en place par le Conseil de sécurité de l’Onu en 2013, ont appelé à la création d’un tribunal « véritablement international » chargé de poursuivre les auteurs de crimes de guerre commis dans ce pays : « Nous pensons que pour que ce conflit ne s’aggrave pas à nouveau, la communauté internationale doit agir rapidement contre ceux qui violent les droits de l’homme et le droit humanitaire ». Pour les enquêteurs, « un tribunal qui ne serait pas assez financé ni assez indépendant ferait plus de mal que de bien ». A l’allure où vont les choses, on aura vite fait de trouver une réponse à la question sur le sexe des anges. Il faut un tribunal spécial dans le pays, et c’est l’affaire du gouvernement de transition.

 

Socrate dit : « De deux maux, il faut choisir le moindre ».

 

Les chroniques douces-amères : la dernière.

 

Les chroniques avaient pour objectif de donner mon point de vue sur la situation de notre pays. Commencées avec l’élection de CSP, elles avaient pour but d’accompagner et de favoriser la réussite de la transition, par des propositions, des conseils, des critiques. Il fallait donner à voir et à lire, non sans humour parfois, mais aussi à réfléchir, à analyser ou à comprendre. Il s’agissait d’éclairer la gouvernance de transition, avec mes modestes moyens, jusqu’à la fin de son mandat. J’estime que ce mandat a expiré et que les autorités de la transition n’ont pas apporté les réponses satisfaisantes pour remettre notre pays sur les rails.

A partir du mois prochain, je m’adresserai régulièrement et directement au peuple centrafricain et aux électeurs qui seront appelés à élire notre prochain Président de la République de manière démocratique, avec le concours des chefs de terre. Ce processus électoral que j’appelle de mes vœux mettra un terme à une gouvernance de transition qui n’aura pas été à la hauteur des espérances et de l’honneur du peuple centrafricain.

 

 

Paris, le 28 janvier 2015 

 

Prosper INDO