Conflit
religieux en Centrafrique: "Il y a une partition du pays"
RTBF.be
- mardi 27 janvier 2015 à 18h49
CENTRAFRIQUE-REBELLION
- PIERRE
AUSSEILL - BELGAIMAGE
Un
an après l'arrivée de Catherine Samba-Panza à la présidence du pays, la
Centrafrique revient au devant de l'actualité. Une vague d'enlèvements secoue le
pays. Dernier en date: celui du ministre des Sports et de la Jeunesse. Le pays
qui a connu d'importantes violences confessionnelles l'année dernière n'a pas
encore retrouvé sa stabilité. Trois questions à Antoine Glaser, journaliste
spécialiste de la région.
Un
an après l'arrivée de la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza, dans
quel état est le pays?
C'est
un pays déjà à genoux qui a été traversé par des violences
interconfessionnelles. Des violences entre les milices musulmanes que l'on
appelle les sélékas et les milices chrétiennes, les anti-balakas. L'année
dernière, la violence s'est généralisée. L'objectif premier de l'opération
française Sangaris, puis européenne, c'était donc de les désarmer. Plus d'un an
plus tard, le degré de violences a diminué. Mais les combattants n'ont pas pour
autant déposé les armes. Et puis il faut dire que la communauté internationale
en Centrafrique, c’est un leurre, elle n'existe pas. C’est principalement la
France avec l’opération Sangaris qui est sur le terrain. L'opération européenne
EUFOR-RCA a juste permis aux forces françaises de se déployer en dehors de
Bangui la capitale.
Le
conflit avait poussé des milliers de musulmans à fuir le pays. Sont-ils de
retour?
A
ma connaissance, non. Il n'y a quasiment plus de musulmans à Bangui, à
l'exception de certains quartiers protégés. C'est d'ailleurs cela qui est
inquiétant. Il y a maintenant une partition du pays. Les musulmans de la Séléka,
ceux qui avaient pris le pouvoir en 2013, sont montés au Nord du pays. Les
anti-balakas occupent le reste du pays. Le pays a clairement du mal à retrouver
une stabilité et un dialogue social et politique malgré les efforts à
l’intérieur du pays et de la communauté internationale.
Ce
dialogue peut-il tout de même s'amorcer entre les deux communautés?
Un
forum de réconciliation est prévu à Bangui la capitale le mois prochain pour
relancer le dialogue entre communautés. Mais chaque jour, il y a un enlèvement
ou un problème majeur. Le dernier en date, c'est celui du ministre de la
jeunesse et des sports. Il a été kidnappé le week-end dernier. Les ravisseurs
sont sans doute les anti-balakas, les milices chrétiennes. Ce sont déjà elles
qui ont enlevé puis libéré l'humanitaire française Claude Priest. Ils
revendiquent de cette manière la libération d'un de leurs chefs, le général
Andjilo, qui a été arrêté samedi dernier pour son rôle dans les massacres. Ces
enlèvements empêchent en tous cas toutes perspectives de dialogue vraiment
inclusif entre ces communautés.
A.W.