Centrafrique
: une délégation de la médiation internationale rencontre les autorités et les
groupes armés à Bangui après les violences
AFP – 19 Octobre 2014
Des
Casques bleus patrouillent à Bangui le 15 octobre 2014. ©
AFP
Une
délégation de la médiation internationale dans la crise centrafricaine était en
visite à Bangui samedi pour rencontrer autorités et groupes armés afin de
"ramener le calme" après les violences qui ont fait une vingtaine de morts
depuis 15 jours.
Cette visite, à l'initiative du président
congolais Denis Sassou Nguesso, le médiateur dans la crise centrafricaine, était
notamment composée du chef de la mission de l'ONU en Afrique centrale, Abdoulaye
Bathily, du ministre congolais des Affaires étrangères, Basile Ikouébé
et de
Soumaïla Boubey Maïga, représentant de l'Union africaine. À
Bangui, ils rencontreront en particulier la présidente de transition, Catherine
Samba Pandza, le président du Conseil national de transition, Alexandre
Nguendet, ainsi que le Premier ministre Mahamat kamoun.
La
médiation a rencontré en effet les autorités de transition et s'est entretenue à
huis clos avec les groupes armés. Il s'agissait de "voir comment aujourd'hui
ramener le calme, la sérénité dans ce pays pour une transition apaisée" après
les violences de ces derniers jours, a déclaré Abdoulaye Bathily dans un
entretien à la presse présidentielle à son arrivée à
Bangui.
"Nous
condamnons ces évènements. Nous voulons que les Centrafricains se remettent
ensemble, se parlent, dialoguent. C'est par le dialogue, le débat d'idées qu'on
sortira de cette crise de manière durable", a affirmé le responsable onusien.
"Ce
n'est pas en tuant des enfants, en tuant les mères de famille, en tuant les
personnes qu'on peut résoudre la crise dans ce pays. Je suis venu rencontrer la
présidente (Catherine Samba Panza) pour lui donner ce message et j'ai des
raisons d'être optimiste", a ajouté M. Bathily, tout en reconnaissant que
"depuis quelques jours, il y a eu déraillement du train de la
transition".
"Cela
est profondément regrettable", a-t-il dit, évoquant les "victimes civiles mais
aussi militaires, les Casques bleus, les blessés, les souffrances, les larmes",
et les "milliers de gens qui ont encore une fois pris le chemin de l'exil hors
de leurs maisons".
A
l'issue de cette visite, le ministre congolais a réaffirmé l'importance pour les
partenaires de la Centrafrique de respecter les délais prévus pour organiser des
élections générales, d'ici février 2015.
"Maintenant
que la Minusca (force onusienne) est installée, il faut absolument sécuriser
Bangui et puis l'intérieur du pays (...) Il faut ensuite accélérer le calendrier
de la transition", a déclaré Basile Ikouébé lors d'une conférence de presse.
"Qu'on
soit sur les barricades ou ailleurs, il faut se dire que nous allons aux urnes",
a-t-il insisté, admettant qu'il faudrait toutefois tenir compte des
revendications des différents acteurs politiques et de la société civile pour
améliorer les institutions.
"Mais
il n'est pas question pour nous d'ouvrir une porte à une troisième transition.
C'est exclu. Sinon, il faudra tout recommencer", a asséné M.
Ikouébé.
Réunis
à Brazzaville fin juillet, les représentants des principaux groupes armés qui
ont mis le pays à feu et à sang depuis un an et demi - l'ex-coalition Séléka,
majoritairement musulmane, qui avait pris le pouvoir en 2013, et des miliciens
anti-balaka qui avaient mené une impitoyable chasse aux musulmans après la chute
de la Séléka au début de l'année - avaient signé un accord de cessation des
hostilités.
Mais cet accord a été depuis régulièrement violé,
alors que les affrontements, les braquages et les pillages se poursuivent à
Bangui comme en province. Depuis 15 jours, la capitale centrafricaine a ainsi
été le théâtre de violences qui ont fait une vingtaine de morts, dont un Casque
bleu pakistanais et plusieurs dizaines de blessés.
Vendredi, Mme Samba Panza, dont la gestion des
affaires est de plus en plus critiquée, a fixé la fin de la transition au 15
février.
Mais de nombreux observateurs estiment que les
conditions sont loin d'être réunies, à cause de l'insécurité et de l'économie
ravagée par des mois de conflit, le pays vivant sous perfusion de l'aide
internationale.