Par RFI - 19-01-2015
Soldats de la
Seleka en patrouille à Bangui, Centrafrique, le 5 décembre 2013.REUTERS/Emmanuel
Braun
L’ONG
Conflict Armament Research (CAR) a publié ce lundi 19 janvier un rapport sur les
armes et munitions entre les mains des groupes armés en RCA. Il a été finalisé
après des mois d'enquête sur le terrain. Le Soudan a bel et bien été l'un des
parrains de la Seleka avant que ce groupe rebelle centrafricain n'explose en
plusieurs factions. Ce sont les armes et les munitions utilisées par les
ex-Seleka qui le révèlent. Certains véhicules
également.
Le rapport
qui vient d'être publié confirme ce que les chefs de la Seleka disaient déjà en
2013, à savoir que les rebelles ont trouvé une partie de leur armement dans des
stocks constitués par le président déchu, François Bozizé. Cependant, le texte
documente surtout l'appui apporté, à l’époque, par le Soudan. Les chercheurs de
Conflict Armament Research disent avoir les preuves de la livraison par Khartoum
à la Seleka d'au moins deux cargaisons d'armes par voie aérienne. Au moment où
Michel Djotodia était au pouvoir, « autorisation avait été donnée à un
avion militaire soudanais d'atterrir à volonté en Centrafrique », dit le rapport.
Une autre
preuve de l'implication de Khartoum concerne les forces internationales qui ont
trouvé sur les sites rebelles, après le départ des éléments de la Seleka de
Bangui, des armes et des munitions de fabrication soudanaise. Elles ont même
retrouvé des véhicules tactiques légers « Karaba » produits au Soudan. Des chefs
de la Seleka ont reconnu que les véhicules avaient été convoyés par avion depuis
le territoire soudanais quand la rébellion tenait
Bangui.
Non
seulement le Soudan a fourni à la Seleka du matériel qu'il a produit mais il a
également remis de l'équipement acheté à l'étranger, notamment en Iran. Des
armes et des munitions de fabrication iranienne ont été trouvées en Centrafrique
dans un conditionnement soudanais.
Claudio
Gramizzi est un des chercheurs de l’organisation Conflict Armament Research qui
mène des enquêtes dans les zones de conflit avec, entre autres, un mandat de
l'Union européenne. Joint par RFI, il confirme le pillage des stocks d'armes de
l'ancien gouvernement de Bozizé par anti-balaka et Seleka, ainsi que la présence
de nombreuses armes en provenance du Soudan voisin.
Une bonne
partie des armes qui ont circulé provenaient en fait d’opérations de saisie de
la part des éléments de la Seleka à partir des stocks nationaux, mais également
de l’approvisionnement qui venait de pays frontaliers.
Claudio
Gramizzi Chercheur de l’ONG Conflict Armament Research.
19/01/2015 -
par Mélissa Chemam