Par RFI - Publié
le 22-10-2014 à 20:25
Catherine
Samba-Panza, présidente de transtion de Centrafrique, ici photographiée lors
d'un discours à l'ONU, le 27 septembre
La présidente
centrafricaine Catherine Samba-Panza s’est exprimée, ce mercredi
22 octobre, devant le CNT, le Parlement de transition. Une adresse à la
nation qu'elle tenait à faire après les violences qui ont touché Bangui, la
capitale, ces deux dernières semaines. Après avoir reçu les forces vives la
semaine dernière, la présidente voulait rendre compte de ces consultations et
faire des propositions. Sécurité, justice, élections... pendant plus d'une
heure, elle a tout passé en revue.
« Je siffle la fin de
l'impunité », a déclaré la présidente de
transition, mercredi 22 octobre, dans un discours dans lequel il aura
beaucoup été question de sécurité. Catherine Samba-Panza a ainsi promis que les
auteurs des actes criminels de ces dernières semaines seraient
poursuivis.
La présidente
centrafricaine a aussi annoncé la création d'une brigade d'intervention,
constituée d'un noyau de Forces armées centrafricaines (FACA), capable de
sécuriser efficacement la population contre les attaques meurtrières
récurrentes.
On a assisté, il y a
quelques jours, à l'intervention des FACA contre des groupes anti-balaka dans le
sud de la capitale, sur leur propre initiative. Une initiative qui, semble-t-il,
a inspiré la présidente. Ce noyau pourrait donner l'impulsion à la refondation
des Forces de défense et de sécurité tant voulue par la Transition mais entravée
par l'embargo sur les armes.
Le
rétablissement de la sécurité comme préalable aux élections
Dans son discours,
Catherine Samba-Panza a également évoqué le rétablissement de la sécurité comme
préalable à la tenue des élections qui doivent mettre un terme à la transition.
La présidente n'a pas donné de date, mais a expliqué que l'Etat avait fait sa
part et qu'il revenait à l'autorité nationale des élections (ANE) de proposer un
nouveau calendrier. Au passage, elle a rappelé qu'elle ne sera pas candidate
lors de la prochaine présidentielle.
Dans son discours, il
a aussi été question de justice. La présidente a exhorté les magistrats à
« enregistrer toutes les
plaintes » et « à rendre justice
rapidement ». Elle rappelle qu'elle a saisi
la Cour pénale internationale (CPI).
La présidente
centrafricaine a également évoqué l'affaire du don angolais - deux millions et
demi de dollars qui ne sont pas passés par le Trésor - elle a balayé la
polémique. « J'en ai saisi la Cour
des comptes qui examinera cette question en toute
impartialité », a-t-elle précisé. Elle a,
par ailleurs, reconnu des erreurs de procédure, mais a expliqué que l'argent
avait été utilisé pour le bien de l'Etat.
Jeudi, le Conseil
national de transition (CNT) se réunira de nouveau en plénière. Il discutera
notamment d'une éventuelle commission d'enquête sur ces fonds
angolais.
C’est
« un discours qui, dans son
ensemble, va dans le sens de l'apaisement », a commenté un membre du CNT avant d'ajouter « Cela rassure un peu, on espère que ce
climat va perdurer », a-t-il
conclu.
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Discours de
Madame Catherine Samba-Panza, présidente de la
transition
BANGUI, Palais du CNT, le 22 Octobre 2014.
Centrafricaines, Centrafricains,
Chers compatriotes,
Il y a moins d’un mois, je me suis adressée à vous dans cette hémicycle,
haut lieu de l’expression de la démocratie de notre pays, où siège le parlement
de la transition, lors de la journée de restitution des résultats du forum de
Brazzaville. A cette occasion, j’ai donné quelques clarifications et indications
sur les perspectives devant nous conduire sur les prochaines étapes à franchir,
pour atteindre les objectifs de la transition.
Aujourd’hui, je suis à nouveau ici, afin de délivrer un message à la
nation, à travers le Conseil National de Transition, conformément à l’article 75
de la Charte Constitutionnelle, suite aux récents évènements dramatiques que
notre pays vient de connaître et qui ont failli encore nous replonger dans le
chaos.
Mes chers compatriotes,
Alors que quasiment tous les indicateurs étaient au vert, que les
discussions étaient en cours avec l’ensemble de la Communauté Internationale
pour accélérer la mise en œuvre des phases 2 et 3 du processus de réconciliation
nationale entamé à Brazzaville ; alors que les efforts de mobilisation de
ressources se poursuivaient auprès des partenaires au développement pour
soutenir le Programme d’Urgence pour le Relèvement Durable et la Feuille de
Route de la Transition ; alors que je venais d’instruire le Gouvernement de
Transition et l’Autorité Nationale des Elections de faire le point sur l’état
d’avancement du processus électoral et de proposer des actions concrètes pour
l’organisation des élections dans les délais prescrits, une série d’événements
est venue assombrir le ciel de la Transition depuis deux
semaines.
Alors que les Autorités de la Transition déploient des efforts pour
ramener la sécurité et la paix en vue de la relance de l’économie du pays, une
coalition de forces négatives s’est employée à saper ces efforts, par des
actions visant à déstabiliser la bonne marche de la
Transition.
Des barricades sont érigées partout dans la ville de Bangui donnant au
pays l’atmosphère d’une ville morte, sur la base d’intoxications savamment
orchestrées et distillées dans une frange de la
population.
Des armes lourdes et légères ainsi que des billets de banques sont
distribués au sein de la population, notamment aux jeunes, pour semer la terreur
et paralyser le pays.
Les Anti-Balakas suspendent leur participation au Gouvernement de la
transition et réclament la démission du Chef de l’Etat de la Transition et celle
du Premier Ministre.
Le G7 Siriri quitte la Commission de Suivi de l’Accord de
Brazzaville.
Les grandes expéditions punitives menées dans les arrondissements de
Bangui non favorables à ces agissements ne sont pas des actes anodins, surtout
qu’elles ont semé la mort et la désolation à grande
échelle.
Ce plan de déstabilisation dont le point culminant a consisté en des
actes de grand banditisme et de grande criminalité ont engendré de lourdes
pertes en vies humaines, tant dans la population civile que dans les rangs des
forces internationales de maintien de la paix.
J’adresse aux familles des personnes qui ont perdu la vie dans cette
crise, toutes mes condoléances les plus émues et ma sincère
compassion.
Je m’incline également devant la mémoire du casque bleu pakistanais tombé
au champ d’honneur et devant celle du gendarme de deuxième classe tué dans
l’exercice de ses fonctions. J’exprime à l’endroit des nombreuses victimes et
propriétaires des maisons incendiées, mes ardents vœux de réconfort moral. Je
leur promets que les auteurs de ces actes odieux et crapuleux seront pourchassés
jusque dans leurs derniers retranchements, jugés et
punis.
Mes chers compatriotes
Depuis neuf mois, vous et moi avons fait un effort considérable pour
aller vers la paix et la réconciliation, recoller les morceaux de la cohésion
sociale mise à mal et relever le pays comme en témoigne la reprise progressive
des activités socio économiques.
Du haut de la tribune des Nations Unies et lors de la réunion de haut
niveau sur la RCA organisée en marge de la 69ème Assemblée Générale des Nations
Unies, j’ai salué les efforts fournis par la Communauté Internationale pour nous
soutenir dans nos moments difficiles. J’ai également relevé que, sous mon
leadership, le peuple centrafricain a affronté avec courage la crise. J’ai
surtout exprimé ma fierté pour le courage, la grande capacité de résilience du
peuple Centrafricain et sa détermination à se relever de ces récurrentes crises
qui lui ont infligé tant de souffrances.
J’ai inlassablement plaidé pour que l’espoir qui renaît en République
Centrafricaine soit soutenu et accompagné par la Communauté Internationale. Les
partenaires ne sont pas restés insensibles à ce plaidoyer et ont favorablement
répondu à mes appels, tout en exhortant les autorités de la transition à
redoubler d’effort dans les axes prioritaires que sont le Dialogue Inclusif, la
tenue des élections, les reformes financières et le redéploiement rapide de
l’Administration sur l’ensemble du territoire
national.
Manifestement, ces efforts ne sont pas de nature à plaire à ceux qui
veulent maintenir la République Centrafricaine dans un cycle infernal de
violences, pour des intérêts égoïstes. Le grand banditisme qui s’est installé
dans le pays sous le couvert des rébellions armées a en effet son terreau dans
le commerce illicite des armes et des richesses naturelles comme le diamant,
l’or et l’ivoire.
Il est particulièrement regrettable que ce soient certains groupes armés
signataires de l’accord de cessation des hostilités de Brazzaville qui recourent
à la violence contre les populations, en violation de leur propre
engagement.
Ils se sont rendus coupables d’actes d’incitation à la haine et à la
violence dont les Centrafricains n’ont pas besoin dans un contexte où le cap
devrait être résolument mis sur la réconciliation nationale, le dialogue
politique inclusif, les élections et la reconstruction du
pays.
Ces agissements nuisibles, au lieu de contribuer à nous conduire vers ces
priorités ne pourraient que nous éloigner de celles-ci et n’auront pour
conséquence que de prolonger, voire d’aggraver la souffrance du peuple
centrafricain qui a déjà assez souffert et qui n’aspire plus qu’à tourner la
page sombre du passé, afin de regarder vers un avenir de paix et de
développement durable.
Mes chers compatriotes,
Le Conseil National de Transition m’a confié la destinée de ce pays
meurtri en me désignant comme Chef de l’Etat de la
Transition.
C’est dire Mesdames et Messieurs, que la transition actuelle en
République Centrafricaine n’est ni le résultat d’un coup d’état, ni d’une
révolution armée. C’est plutôt le résultat d’un consensus national soutenu
fortement par la Communauté Internationale.
Comme je l’ai toujours déclaré, j’ai fait du rassemblement et de la
réconciliation des centrafricains la priorité absolue de mon action depuis mon
accession aux commandes de l’Etat, m’étant engagée, conformément à la Charte
Constitutionnelle de Transition à conduire une transition apaisée, consensuelle
et inclusive.
Dans cet esprit, j’ai reçu dès le début de cette crise une délégation des
Anti- Balakas afin de recueillir les motivations de leurs revendications. Comme
j’ai déjà eu à le déclarer, il s’agit fondamentalement de questions de partage
de postes, de l’élargissement du Conseil National de Transition aux Anti Balaka
mais surtout du sort des nombreux jeunes de ce mouvement, veritablement sans
perspectives et obligés d’être à la charge des responsables du mouvement. Dans
un esprit d’ouverture, il a été convenu de la mise en place d’un groupe de
travail mixte devant examiner les principales revendications formulées. En
contre partie, les barricades devaient être levées afin de permettre une reprise
des activités dans la ville de Bangui. Force a été de constater bien au
contraire une cristallisation du mouvement sur le terrain, accompagnée d’actes
de banditismes.
Comme je l’ai toujours fait, j’ai été à nouveau ouverte à toutes les
discussions constructives pouvant favoriser un apaisement de la
situation.
Tout au long de cette crise, j’ai pris le temps de consulter toutes les
forces vives de la Nation, celles qui ont participé au Forum inter centrafricain
de Brazzaville et celles n’ayant pu y participer pour diverses raisons. Je dis
toute ma gratitude à tous ceux là qui ont bravé les barricades, l’insécurité du
moment pour venir à moi, preuve de l’amour pour la patrie et de leur engagement
à servir la Nation.
Les entretiens que j’ai eus avec les forces vives de la Nation m’ont
permis de relever à quel point le peuple centrafricain est excédé et lassé par
les violences répétées qui anéantissent, à chaque fois, les efforts déployés par
les Autorités de la Transition et la population pour restaurer la paix et la
réconciliation.
Dans l’ensemble, elles ont réaffirmé leur adhésion à l’accord de
cessation des hostilités signé a Brazzaville. Tous ont fermement condamné les
évènements de ces derniers jours qui ont ôté la vie à de paisibles citoyens et
paralysé la vie socio-économique du pays. Parmi les attentes prioritaires
exprimées figurent la réhabilitation des FACA, leur implication aux côtés des
Forces internationales pour la sécurisation du pays, l’engagement des poursuites
judiciaires contre les auteurs de troubles dans le pays ainsi que la
restauration d’un dialogue constructif et concerté entre les institutions de la
transition et la classe politique, indispensable au retour de la
confiance.
Je saisis encore une fois cette occasion pour saluer l’expression du
patriotisme des uns et des autres, traduites par des pistes concrètes de sortie
de crise. Pour nous permettre de dialoguer régulièrement sur les grands enjeux
et défis de notre pays, j’ai décidé de formaliser les cadres de concertation
avec les autres institutions de la transition, les partis politiques, les
centrales syndicales, les organes de la société civile et le secteur
privé.
Mesdames et Messieurs les forces vives de la
Nation,
Je vous ai tous écouté. En réponse à vos observations, propositions et
engagements au service de notre pays, j’ai d’ores et déjà pris les orientations
et décisions suivantes :
Sur la sécurité
L’insécurité est aujourd’hui le problème N° 1 de la République
Centrafricaine, la raison du déploiement de toutes les forces internationales
dans notre pays. Vous avez tous sans exception réclamé l’engagement fort des
FACA aux côtés des forces internationales de sécurité en raison de leur bonne
connaissance du terrain. Je vous ai entendu au nom du peuple. J’ai décidé de
créer une unité rapide d’intervention en mesure de sécuriser efficacement la
population des attaques meurtrières récurrentes. Je convoquerai très rapidement
l’encadrement militaire de notre pays pour examiner toutes les mesures destinées
à professionnaliser nos forces de défense et de sécurité afin de les rendre plus
républicaines qu’hier et au service de toutes nos populations sans distinction
d’origine géographique, culturelle ou
confessionnelle.
Les questions sécuritaires doivent nécessairement être abordées dans un
cadre de dialogue avec les Forces internationales. Pour cela, nous devons
collaborer étroitement avec le Comité conjoint de réflexion sur les forces de
défense et de sécurité Gouvernement/Nations-Unies en vue de mettre en place la
stratégie appropriée en ce qui concerne l’armée
nationale.
La mise en œuvre des programmes de Désarmement, Démobilisation,
Réinsertion et Rapatriement (DDRR) et de Réforme du Secteur de la Sécurité(RSS)
pour parvenir à une réhabilitation et une refondation des Forces Armées
Centrafricaines et répondre aux attentes de certains groupes armes est
extrêmement importante et urgente. J’ai instruis le Haut Commissaire en charge
de ce secteur d’accélérer sa mise en place et proposer un programme concret dans
les meilleurs délais, avec l’appui des partenaires.
Aujourd’hui, les populations déplacées et réfugiées ne demandent qu’à
retourner chez elles et a retrouver leurs activités habituelles si des moyens
leur sont fournis pour reconstruire leurs habitations brûlées ou détruites.
C’est dans ce sens que j’avais invité les partenaires à leur donner la chance de
reprendre une vie normale à travers la fourniture d’une assistance qui permette
aux communautés de se relever.
Hélas, les derniers événements ont renvoyé de nouveau de nombreuses
familles sur les sites des déplacés. Le gouvernement se mobilise de nouveau pour
apporter les réponses urgentes et adéquates, avec l’aide des ONG et des Agences
humanitaires.
Concernant la justice
La justice a disparu de notre socle de valeurs depuis bien longtemps.
Cela n’est évidemment pas sans conséquence. A cet égard, l’Impunité est le
problème N° 2 de notre pays. En effet, depuis au moins deux décennies, des
crimes politiques et de droit commun commis massivement sur des innocents sont
restés impunis. Les dialogues politiques de ces dernières années les ont
purement et simplement absous, laissant les victimes sans justice mais surtout
encourageant les éternels égoïstes de la nation à abuser du pardon consenti par
le peuple. Je me suis engagée à siffler la fin de l’impunité en République
Centrafricaine. C’est ni plus ni moins ce que demande la Communauté
Internationale. Je demande à tous les magistrats d’enregistrer toutes les
plaintes des Centrafricaines et Centrafricains victimes des diverses crises et
de rendre justice très rapidement en lien avec la composante internationale
venue renforcer l’action judiciaire dans notre pays. Pour compléter la justice
interne, j’ai déjà saisis la Cour Pénale Internationale pour juger les crimes
les plus graves perpétrés contre la sécurité intérieure et extérieure de la RCA
et de son peuple. Des enquêtes sont ouvertes. Je ne manquerai pas de vous tenir
régulièrement informés de l’évolution de la justice dans notre
pays.
Quand à la Réconciliation Nationale et au Dialogue
Politique,
Je l’ai dit dans ma profession de foi, notre pays ne pourra pas se
construire dans la confrontation et la violence. Nous n’avons pas d’autre choix
que de nous concerter, de palabrer pour trouver des consensus acceptables en
mesure de garantir l’intérêt général de tous les Centrafricains. Une fois
trouvés, ces consensus doivent être respectés. Bien souvent nous cédons à la
tentation de renier nos engagements signés, nous mettant en situation d’éternels
recommencements de dialogues et vaines résolutions.
J’ai solennellement pris l’engagement d’œuvrer constamment dans un esprit
d’apaisement et de fraternité avec l’ensemble des Institutions de la Transition
afin que les objectifs de la transition aboutissent sereinement dans l’intérêt
supérieur de la Nation. Je continuerai à me conformer à cet
engagement.
Mes Chers compatriotes, nous sommes aujourd’hui au pied du mur ! Ou bien
nous comprenons le risque imminent de notre disparition comme peuple et nation
pour survivre ou bien nous poursuivons nos vieilles recettes de la division et
nous disparaitrons assurément.
Et comme le temps qui nous sépare de la fin de la transition presse et
que certains d’entre nous pressent le pas pour aller aux élections, j’ai pensé
utile de vous soumettre la proposition d’aller directement à l’étape N°3 du
Dialogue Politique en veillant à ce que toutes les Forces vives de la nation de
province soient représentées au grand forum pour la refondation, la
réconciliation et la reconstruction nationales. La question de l’élargissement
du Conseil National de Transition sera, bien entendu, examinée lors de ce
dialogue comme j’ai déjà eu à le déclarer à plusieurs
reprises.
Avec l’appui du Centre pour le Dialogue Humanitaire (CDH) et des Nations
Unies, un comité d’organisation du dialogue politique consensuel et
représentatif sera mis en place très rapidement d’ici à la fin du mois pour
définir les contours de ce travail d’importance capitale pour le reste de la
transition et l’avenir du pays. Je demande au CNT à travers les 16 Préfectures
d’être actif dans la réussite du dialogue politique dans notre pays. Le
gouvernement recevra sans tarder mes orientations pour agir vite afin de
compléter les actions de la communauté internationales en faveur du dialogue
politique.
Quand à moi, je marque ma totale disponibilité à adhérer au choix que les
acteurs politiques auront fait, de manière concertée, pour ce qui est de la
tenue effective des prochaines élections qui sont la voie royale vers l’amorce
d’une nouvelle ère démocratique et de la bonne gouvernance. Allons-y le plus
rapidement possible, tout en nous entourant de toutes les précautions qu’elles
requièrent afin celles-ci soient véritablement libres, transparentes et
crédibles. Nos partenaires qui nous accompagnent sont invités à déployer toute
l’expertise dont a besoin l’Autorité Nationale des Elections pour que ce défi
soit relevé à l’échéance prévue par notre Charte Constitutionnelle de
Transition.
J’ai déjà indiqué clairement en de nombreuses circonstances, que je ne
serai pas candidate à l’élection présidentielle et soyez assurés que je tiendrai
cet engagement. L’Autorité Nationale des Elections (ANE), institution autonome
de l’organisation des élections, devra sans tarder soumettre un chronogramme
précis et détaillé à l’ensemble des parties
prenantes.
Nous avons prouvé notre engagement en libérant l’intégralité de notre
contribution au budget de l’ANE.
Centrafricaines, Centrafricains,
Chers compatriotes,
A vous toutes et tous, composantes patriotes de notre pays, je demande
votre implication directe, active, individuelle et collective au sauvetage
urgent de notre pays. Je vous en sais motivées au regard de vos propositions à
l’occasion des entretiens que j’ai eus avec vous tous ces derniers jours. Soyons
tous, ensemble frères et sœurs au rendez vous du sursaut patriotique et du
tournant d’une nouvelle République Centrafricaine ! Ne manquons plus ce rendez
vous qui ne dépend que de nous !
Jeunesse centrafricaine,
Je te lance un appel appuyé à la vigilance. Connais-tu les intentions
réelles de ceux qui distribuent armes et argent pour te faire ériger des
barricades et empêcher la circulation dans la ville de Bangui
?
Tu dois dire non à la paralysie économique afin d’éviter à ton pays la
misère.
Tu dois dire non aux pillages, à la destruction, aux actes de vandalisme
en tout genre qui éloignent les investisseurs de la République
Centrafricaine.
Les jeunes ont pris conscience des méfaits de la violence sur leur
avenir. Multiplie les actions de sensibilisation et de réconciliation dans les
quartiers et les arrondissements.
Ne te laisse plus instrumentalisé aujourd’hui pour aller dans la rue et
tuer. Je te demande de te réveiller. Celui qui aime son enfant lui offre
l’éducation, la formation, l’accès à l’emploi, plutôt que l’arme pour
tuer.
Dans cette optique, depuis mon élection à la tête du pays comme
Présidente de la Transition, j’ai à cœur de mettre en place des programmes de
développement et le lancement des Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre pour
occuper les jeunes. Mon plaidoyer pour la mobilisation des ressources auprès de
la Communauté internationale englobe justement le besoin urgent
d’opérationnalisation des programmes en faveur des
jeunes.
Les partenaires ont répondu favorablement à mon appel. Si le calme
revient véritablement à Bangui, dans les jours à venir, une mission conjointe du
FMI, de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne et de la Banque Africaine de
Développement est attendue à Bangui. Le Programme d’Urgence pour le Relèvement
Durable de la RCA élaboré par le Gouvernement et dans lequel, les programmes en
faveur des jeunes et des femmes sont en bonne place, n’échappera pas à
l’attention de cette mission.
Les opérateurs économiques de notre pays que j’ai rencontrés, continuent
de croire qu’il est possible d’investir dans ce pays. Ils sont disposés à user
de leur ingéniosité afin d’offrir des perspectives d’emploi et contribuer à la
reconstruction de notre pays. Pourvu que la paix s’enracine dans le pays. Pour
cela, la contribution de chacun est indispensable.
Pour sa part, en plus de toutes les diligences techniques et
administratives à faire pour que les programmes soient soumis à l’examen des
partenaires, j’ai fermement instruit le Gouvernement de réactiver très
rapidement le Cadre Permanent de Concertation secteur public/secteur privé (CPC)
afin de rechercher ensemble avec les opérateurs économiques, les voies qui leur
permettront de jouer leur partition dans le relèvement économique et d’amplifier
la création de la richesse nationale. J’ai également instruit le Gouvernement de
veiller à ce que la question de l’apurement de la dette intérieure puisse
connaître un début de dénouement, sur les fonds que nos partenaires ont déjà mis
à notre disposition. J’exprime ici mon soutien au secteur privé, grande victime
de cette crise de paralysie du pays.
S’agissant des revendications des Centrales Syndicales, j’ai instruit le
Ministre Conseiller à la Présidence de la République d’être davantage à leur
écoute et de faire la courroie de transmission avec le gouvernement pour que les
questions relatives aux arriérés des salaires, pensions et bourses soient
traitées avec réalisme au regard des difficultés de trésorerie évidentes de
l’Etat.
Femmes de Centrafrique,
J’ai besoin de votre soutien. J’ai besoin de votre solidarité. Levez-vous
pour dire non aux tentatives d’insurrection populaire qui visent à compromettre
la transition et partant votre avenir et celui de vos enfants. Mobilisons-nous
auprès de nos époux, de nos frères et de nos enfants pour les engager à œuvrer
pour la paix durable sans laquelle, la reconstruction ne peut se faire. Les
femmes se sont déjà résolument engagées dans cette dynamique et n’hésitent pas à
exprimer le rejet de la violence et des conflits armés en multipliant les
actions de sensibilisation. Continuez inlassablement ce travail à mes côtés pour
porter très haut le flambeau d’une femme centrafricaine à la tête du
pays.
Mes chers compatriotes,
J’ai la conviction que ce n’est qu’ensemble que nous pouvons prendre en
mains notre destin. Pour mieux le faire, il nous faut dépasser toutes les
barrières artificielles qui ont été érigées entre nous pour nous
diviser.
Les leaders des communautés musulmanes, chrétiennes et protestantes
doivent continuer à œuvrer ensemble pour interpeler la population à la tolérance
et au réapprentissage du vivre ensemble. Nous devons tous nous réveiller et être
vigilants en faisant le bon choix qui est celui de dire non à la manipulation,
non à la division, non à la violence. Faire le bon choix en disant oui à la
paix, ou à l’unité nationale, oui à la reconstruction de notre
pays.
Quant aux groupes armés,
Certes, en toutes circonstances, il nous faut privilégier la concertation
et le dialogue. Mais je ne peux tolérer le désordre et l’anarchie qui font
parler la rue et les armes, avec tous les risques que cela comporte pour les
innocentes populations.
J’en appelle à la cessation immédiate des violences sur les populations
et au respect sans condition de l’accord de cessation des hostilités Brazzaville
du 23 juillet 2014 dont ils sont signataires.
Je leur demande de reprendre leur place dans la Commission de Suivi de
cet accord pour examiner ensemble la mise en œuvre de l’article 4 de cet accord
relatif à leur regroupement. N’eut été les polémiques nocives pour l’image du
pays autour du don Angolais, nous aurions eu l’appui multiforme de ce pays frère
engagé à nous aider dans ce domaine.
S’agissant du don angolais, je précise que seules les raisons d’Etat ont
guidé son utilisation selon des procédures dérogatoires suivies de
régularisation par les services techniques du Ministère des Finances. Mais
puisqu’on en a fait un drame, j’en ai saisi la Cour des Comptes qui examinera
cette question en toute impartialité.
Chers Compatriotes,
Comme tout le monde le sait, la sécurité de notre pays est entre les
mains des Forces Internationales de maintien de la paix qui ont le mandat du
Conseil de Sécurité des Nations Unies de protéger la population, mais surtout de
sévir contre toutes les tentatives de déstabilisation des Autorités de la
Transition.
Je demande au haut commandement de la MINUSCA de prendre toutes les
dispositions nécessaires à l’application intégrale des termes des résolutions
pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la République
Centrafricaine dans ce domaine.
Des dispositions devront être prises pour consolider les acquis de la
MISCA appuyés à l’époque par Sangaris et Eufor et qui ont permis de faire des
pas considérables dans la sécurisation du pays, en étroite collaboration avec
les forces nationales de défense et de sécurité.
Je saisis cette occasion pour remercier nos partenaires techniques et
financiers et les pays amis qui, malgré ces évènements continuent de soutenir la
transition. Cependant, nous avons conscience que la rigueur et la transparence
dans la gestion des ressources extérieures et internes sont une nécessité et
conditionnent la capacité du pays à mobiliser des appuis extérieurs. Je les
rassure de notre ferme détermination à tout mettre en œuvre pour respecter nos
engagements.
Nous avons également conscience qu’il est plus qu’urgent de redonner à
l’Etat Centrafricain des capacités financières propres. C’est pourquoi, la
sécurisation des zones minières est une action prioritaire devant conduire à
terme au rétablissement de la République Centrafricaine dans le processus de
Kimberley. Mon souhait le plus ardent est que les forces de l’ONU désormais
déployées dans le pays apportent tout leur appui à cette action
prioritaire.
Pour finir, je tiens à remercier tout particulièrement le Médiateur
International de la crise centrafricaine, son Excellence Denis Sassou Nguesso
Président de la République sœur du Congo qui n’a ménagé aucun effort pour
soutenir notre pays durant tous ces moments difficiles et qui vient de
s’impliquer une fois encore par l’envoi d’une mission de haut niveau pour
dénouer la dernière crise. Nous avons perçu les messages fermes et sans
ambigüité transmis par nos frères de la médiation internationale. Il nous
appartient désormais à nous centrafricains, dans un dernier sursaut de survie,
de nous ressaisir et de reprendre notre destin en
main.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine. Qu’Il nous aide à rétablir
le calme et la sécurité et à évoluer résolument vers le relèvement de notre
pays.
Vive la République Centrafricaine, une et
indivisible.
Je vous remercie.