Publié par CENTRAFRIQUE LIBRE le 02 juin 2015
Deux semaines
après le Forum de Bangui, votre journal a rencontré l’ancien ministre d’État et
président du PNCN (Parti National pour un Centrafrique nouveau) Cyriaque Gonda,
qui est également candidat à la prochaine présidentielle.
Sans
tabou, ce grand orateur de la langue
de Molière a accepté de répondre à toutes nos questions, voire celles qui
concernent le pétrole et les mines dont les politiciens de ce pays évitent
habituellement d’aborder sous peine de compromettre leur avenir
politique.
INTERVIEW DE
MONSIEUR GONDA
Bonjour M. Gonda,
le Forum de Bangui a été boycotté par le médiateur Sassou, président du Congo,
par Ali Bongo, président du Gabon et président en exercice de la CEMAC et par
les présidents, de la Guinée équatoriale et du Tchad. Les pays voisins comme les
deux Soudan et le Congo Démocratique et presque toutes les institutions
internationales africaines étaient absents de ce rendez-vous de la dernière
chance. La diplomatie centrafricaine n’est-elle pas en
panne ?
On ne peut pas dire
cela parce qu’à ce niveau ce n’est plus la diplomatie qui fait le travail. C’est
directement la cheffe de l’État qui dans le cadre de la CEEAC dont l’organe
suprême est la conférence des chefs d’État, devrait prendre des contacts.
C’était à Catherine Samba
panza de prendre des contacts appropriés avec ses homologues.
Mais à ce que je sache, les contacts ont été pris et les gens ne se sont pas
rendus disponibles
Ce n’était pas un
boycott alors ?
Non, je pense que
c’est plutôt la lassitude. Ils sont lassés. On devrait organiser le Forum le 27
ensuite on a repoussé au 4. Écoutez le calendrier des chefs d’État n’est pas
facile à gérer. C’est à nous de nous organiser, on n’a pas su le faire et donc
c’est la lassitude. C’est ainsi que nous avons seulement eu à l’ouverture le
président Sassou Nguesso qui a un intérêt prioritaire dans le processus
de la pacification en cours de notre pays.
Il était absent à
la clôture et n’avait envoyé que son directeur de cabinet, une humiliation pour
votre pays ?
Effectivement nous
nous sommes posé beaucoup de questions. Comment est-ce que le président
Sassou qui est lui-même le médiateur international de notre crise puisse
nous envoyer son directeur de cabinet, mais on nous a dit que c’était pour des
raisons sérieuses.
DSN serait
endeuillé. Le boycott des autres présidents et de toute l’Afrique n’est pas un
message destiné seulement à Catherine samba panza mais à tous les centrafricains
et tous les politiciens centrafricains qui semblent
immatures ?
Oui, je parle de tout
le monde, ce n’est pas seulement Mme Samba-panza qui est visée mais si je
dois circonscrire la responsabilité primordiale, elle incombe d’abord à la
présidente et au gouvernement. Il n’est de secret pour personne que certains
chefs d’État ne sont pas contents. Ils sont fâchés de la manière dont la
transition fonctionne. Il y a des problèmes au niveau des trois têtes, au niveau
de l’implication des partis politiques, de la préparation du Forum et de la
nomination. Nous étions d’ailleurs au courant qu’Abdoulaye Bathily
n’était pas le choix négocié avec le médiateur alors que çà devrait être le cas
dans des situations pareilles. Parce que c’est son adjoint. Vous ne pouvez pas
nommé mon adjoint sans que je sois au courant. Bon la situation a été aplanie.
Je pense tout simplement qu’il y a des chefs de l’État qui ont leur priorité.
Ali Bongo a d’autres priorités. Comme vous le savez son pays est dans une
période tumulte. Le président Déby, on le classe dans la situation des
gens qui sont lassés par la RCA et qui ne sont pas contents avec le
fonctionnement de la transition.
Vous êtes le chef
d’Etat d’un pays en crise, tous vos voisins directs vous lâchent, que
feriez-vous si vous étiez à la place de CSP ?
Écoutez, je ne ferai
pas la même chose que Mme Samba-Panza, c’est clair et net. La simple
raison est que cette dernière n’est pas une politique. Moi, je suis un homme
politique et je crois aux responsabilités qui seront les
miennes.
Mais vous ne
répondez pas à ma question M. Gonda ?
A la place de Mme
Samba-Panza, je n’aurai qu’une seule chose à faire : La diplomatie
de proximité qui m’amènera à parler à mes paires, les rassurer et à me battre
pour vite organiser les élections et ramener le pays à l’ordre constitutionnel.
C’est la seule chose que je vais faire. Je ne vais pas gérer le pays comme si
j’avais un programme du gouvernement, comme si j’avais un projet de société que
je voulais appliquer sur un mandat renouvelable de cinq ans. Je vais gérer la
contingence politico-sécuritaire pour faire avancer mon
pays.
Mais il faut des
moyens pour mettre en application toutes ces recommandations ?
Le gouvernement n’a
pas besoin d’attendre les moyens pour mettre en place un organe de contrôle des
douanes, la politique de l’emploi, non. Le peuple s’est exprimé. Quand le peuple
s’est exprimé, il ne s’est pas exprimé à un gouvernement de transition. Il s’est
exprimé aux gouvernants. Voilà mettez nous une politique de l’emploi, une
politique de l’éducation, une politique sanitaire ; utilisez votre génie de
façon à assurer un minimum de bien-être. C’est à la classe politique, au
gouvernement de maintenant et particulièrement à tous ceux qui viendraient
prendre les rênes de notre pays que le peuple s’est exprimé. Donc aujourd’hui le
gouvernement devrait utiliser son génie avec Mme la cheffe de l’État de façon à
sortir ce qui est essentiel à savoir : les questions sécuritaires, le
rétablissement des Forces Armées Centrafricaines, le désarmement immédiat des
mouvements armés, leur cantonnement, leur insertion et le rapatriement des
mercenaires qui sont déjà identifiés. Le redéploiement de l’État et de
l’administration dans les provinces et pour terminer mettre le cap sur les
élections afin de revenir à l’ordre constitutionnel.
A propos du
rétablissement des FACA, vous êtes bien conscient qu’il faut des moyens
roulants, financiers et matériels, n’est-ce pas là un rêve
utopique ?
Vous le concéder très
confidentiellement en même temps non confidentiellement qu’il y’ a beaucoup
d’armes. Tenez plus de 2000 armes ont été récupérées par les forces de la Misca(
MINUSCA) et la Sangaris durant le premier désarmement. Ces armes ont disparu
alors qu’elles devraient être remises aux FACA et aux éléments des forces de
défense de façon à assurer la sécurité du territoire. Vous savez je le dis parce
que je n’ai pas quitté ce territoire d’un iota. J’ai traversé toutes les zones
de conflit depuis le 24 mars, date d’entrée des Séléka. Il y avait trois ou
quatre ou cinq conteneurs d’armes à Bossembélé. Où sont-ils passés ? Je me
suis déplacé avec la presse pour aller regarder le 29 mars, cinq jours après
l’arrivée de la Séléka. Donc aujourd’hui on ne peut pas dire qu’on n’a pas les
moyens. C’est nous qui ne sommes pas vigilants pour, si vous voulez arriver non
seulement à préserver le minimum qu’on a en terme d’armements, mais aussi à
aller vers une diplomatie agressive. L’embargo a été imposé parce qu’on avait un
régime de facto, une rébellion maintenant on a un régime de jurés c’est-à-dire
un régime légitime accepté avec une coopération de toute la sous-région avec une
médiation internationale sous l’égide de l’Union africaine. On n’a aucune raison
de garder un embargo qui n’est qu’un embargo qui va seulement aggraver la
situation. C’est un embargo de façade et moi en tant qu’homme politique
centrafricain, je ne suis pas d’accord. La présidente, le premier ministre et le
ministre des affaires étrangères doivent faire des pieds de grue, ils doivent
demander au conseil de sécurité que nous voulons nos forces de défense et de
sécurité. Ce sont les FACA que nous voulons. Vous me voyez moi chef d’État sans
mes forces armées ? L’armée c’est une composante de
l’État.
Monsieur le
président à qui imputez-vous la disparition de ces armes ?
On a récupéré beaucoup
d’armes. Je vous assure. J’ai eu la chance d’aller à M’Poko regarder les
conteneurs. Ils n’existent plus à l’heure où je vous
parle.
Le gouvernement ne
doit-il pas rendre un compte à la nation sur la position de ces
armes ?
La base de M’Poko est
contrôlée par la MINUSCA et la Sangaris.
Pensez-vous que le
gouvernement est au courant ?
Il est totalement au
courant parce que ces armes ont commencé à être ramassées par le ministre
intérimaire de la défense de l’époque, le pasteur Binoua qui le cumulait
ce poste avec son ministère la sécurité publique. Cela a même continué jusqu’à
un passé récent. Les armes qui ont été saisies sont uniques puisque c’est des
AK. Des kalachnikovs qui ne sont pas utilisés par les autres forces. Si je vous
dit que le gouvernement est au courant, c’est parce que dans les rapports
établis par le ministère de la défense de notre pays au cours des réunions de
sécurité, il a été mentionné l’existence de ce conteneur qui aujourd’hui est
presque vide.
Qu’adviendra la
situation de votre pays si le gouvernement n’arrivait pas à obtenir le retour
des FACA dans un bref délai comme le souhaite les
centrafricains?
Un État sans armée
n’est pas un État. Un État sans nation n’est pas un État. La composante
prioritaire qui permet à un État de pouvoir préserver ses frontières, ce sont
les forces de défense et de sécurité. La condition sine qua non qui permet une
libre circulation, la protection des individus ou des citoyens et leurs biens,
ce sont les forces armées, sans elle on ne peut pas affirmer qu’on a un pays
souverain. La demande c’est bénin.
Le gouvernement doit
agressivement faire un lobby en utilisant les pays amis, la population, en
utilisant les moyens intellectuels et diplomatiques qui existent. Il y’ a des
pays qui ont été sous embargo et suite à leur demande on l’a allégé et on leur a
donné des armes pour protéger leur république. On va aller aux élections et
comment on va aller avec une armée qui n’existe pas.
Monsieur le
président, la manifestation du dernier jour du Forum par les jeunes Séléka et
Balaka témoigne que ce Forum n’est pas inclusif, ne redoutez-vous pas qu’il y
ait une reprise des hostilités ?
Je n’ai pas besoin de
le redouter. C’est possible qu’il y ait reprise des hostilités. La seule manière
de les éviter, c’est de mettre immédiatement en application les recommandations
du forum, rassurer la population qu’on se dirige vers les élections et
faire des démarches appropriées auprès de ceux qui n’ont pas été là et qui ne
sont pas des moindres. On n’arrête pas la violence avec la violence, on arrête
la violence de deux manières : Soit par un processus de pacification qui
s’exprime par le dialogue ou un débat ou par la voie judiciaire. Moi je ne pense
pas que donner des coups, si vous voulez de ce genre, retirez les passeports,
arrêter, traquer, n’amènera pas la paix. Il y a eu des remous à la fin du Forum,
j’ai personnellement eu à parler aux Antibalaka et aux séléka puisque j’habite à
proximité du camp Béal et de temps en temps je leur rends visite. Je pense tout
simplement pour eux que c’est un ras le bol. On n’a pas assez parlé d’eux au
Forum, on n’a pas évoqué les questions alimentaires qui font partie de leurs
premiers soucis. Ce sont des revendications corporatistes que les gens voulaient
exprimer ensuite, ils ont également exprimé leur mécontentement sur le fait
qu’on n’ait pas annoncé la libération de certains de leurs leaders à la prison
de Ngaragba. Je peux vous concéder, vous assurer que sur cette question de la
libération, je leur ai clairement dit que c’est possible mais ce n’est pas
dans les revendications qu’on devrait en parler. Il y a des mesures à mettre en
œuvre après le forum. C’est dans ce cadre qu’après le dialogue politique de
2008, j’ai libéré les Larmassoum, les Guetel et d’autres chefs
rebelles. Conformément à leurs demandes pendant le Forum, ils s’attendaient à ce
que cela soit ouvertement dit. Je crois que c’est une question de compréhension
des méthodes, de la compréhension du caractère hétéroclite de tous ceux qui
étaient là et surtout la présence de la communauté internationale. C’est
le problème du gouvernement qui devrait en principe saisir cette question pour
en faire un acte de réconciliation en traitant la situation des prisonniers cas
par cas. Vous voyez le jeune Namsio, vous vous souvenez des conditions
dans lesquelles il a été arrêté, c’est un peu du pipo, si je peux me permettre
ce terme.
Justement Namsio
croupit à Ngaragba alors que Mahamat Ousmane Mahamat de la Séléka est seulement
retenu à la Section Recherches et Investigations pour des crimes avérés depuis
trois mois
Voilà, vous l’avez
constaté vous-même. D’ailleurs, les magistrats disent tous qu’il faut qu’on
assainisse la justice. Arrêter le pédalage, la justice à deux vitesses, une
justice qui fait des tris, une justice partiale, une justice de deux poids deux
mesures. Je pense qu’il faut faire un grand travail parce que la justice, c’est
le dernier rempart de la population. Si le citoyen constate que la justice ne
constitue pas le dernier rempart, il va au plus dernier rempart qui est le
kalachnikov. Ce sont les armes. C’est ce qu’il faut éviter. Je pense qu’en ce
moment, ce serait difficile parce que les magistrats n’ont pas tous les moyens.
Les gens doivent faire des efforts en allant vers une justice qui soit
véritablement le rempart de la population et à laquelle la population croit.
Sinon vous allez toujours revoir ce genre de scène où des magistrats ont été les
cibles de la Séléka qui cherchait à les prendre quand elle était au pouvoir ou
encore les Balaka qui avaient enlevé un ministre. C’est
révélateur.
Le capitaine
Ngaïkoisset a été libéré par le président Sassou mais a été de nouveau arrêté à
son retour à Bangui
Premièrement sur la
libération, je n’ai pas les tenants et les aboutissants. Je pense qu’il a été
arrêté circulant là-bas de l’autre côté et donc il a été libéré et est arrivé à
Bangui par voie normale. Il n’a pas été si vous voulez, comme on le dit rapatrié
menotter. Bon, dès qu’il est arrivé ici, on l’a arrêté. Ma lecture, elle est
très simple. Il ne faut pas se mettre systématiquement à arrêter les gens
maintenant. On a créé la cour pénale spéciale liée aux rébellions en RCA, qu’on
laisse cette cour travailler selon les règles de l’art pour tout ce qui est
considéré comme des actes liés aux crimes que nous avons vécus. On ne peut pas
amener les gens aujourd’hui à subir si vous voulez un jugement des tribunaux de
grande instance, de la cour pénale internationale. Non, on a une cour spéciale.
Je pense que c’est mieux de passer par elle. Et aussi les mandats d’arrêt qui
ont été distribués à tour de bras ou pêle-mêle par Djotodia et ensuite
maintenus par Catherine Samba-panza ne sont pas des mandats qui
sont censés ramener la paix dans ce pays.
Il y aurait un
mandat international contre Ngaïkoisset qui serait aussi poursuivi par la
justice et pourtant le plus grand criminel centrafricain de tous les temps
Djotodia n’a jamais été inquiété par les instances judiciaires de son
pays.
C’est une justice à
deux vitesses. C’est pire qu’une justice de deux poids deux mesures. C’est ce
que j’ai toujours dit. Le président Djotodia a quel droit pour lancer un
mandat d’arrêt contre les autres. Il y a Ngaïkoisset etc… tout un
chapelet de nom que je connais quand le magistrat Séndé était ministre de
la justice, j’ai haussé le ton contre cette pratique. Ils ont en pas le droit,
ils ne peuvent pas être plus royalistes que le roi avec ce qu’ils ont fait.
Donc, je pense qu’il faut laisser la cour pénale spéciale faire son travail.
Laissons de côté les mandats d’arrêt lancés par Djotodia contre ceux
qu’il est venu chassés sinon on va ré embraser ce pays d’ici deux, trois à
quatre ans.
Restons sur le
volet judiciaire ou l’ancien ministre d’Etat Karim Meckassoi et le ministre
Kokatè se sont vus retirer leur passeport alors qu’ils s’apprêtaient à sortir du
territoire, est-ce normal ?
Moi je pense que
retirer les passeports des gens n’est pas une solution. Je me suis vu retirer
mon passeport sous le régime du président Bozizé dont j’étais pourtant
l’un des ténors, mais qu’est-ce que cela donné ? L’image d’un pays
autocrate, un pays arriéré, un pays sauvage et barbare. On ne retire pas les
passeports des gens tout simplement parce qu’ils on a des soupçons sur eux. Je
m’insurge contre cette façon qu’on aille retirer les passeports aux hautes
autorités sans qu’il y ait des preuves. Je pense qu’il faut plutôt appeler les
gens, les convoquer, les écouter normalement et mettre en marche la machine
judiciaire en préservant la présomption d’innocence à ces citoyens. Mais
d’emblée retirer le passeport, c’est-à-dire attaquer directement l’un des droits
des individus d’aller et de venir sans pour autant avoir des éléments après on
leur ramènera ces documents, cela veut dire qu’on est resté
incorrigible.
D’après le journal
Jeune Afrique, le ministre de la sécurité samedi Karnou a signé un contrat avec
un petit fils de Valéry Giscard d’Estaing, représentant d’une entreprise
spécialisée dans la fabrication des matériels d’écoute. Ce contrat de 20
millions d’euros, 13 milliards de Fcfa court sur trois ans alors qu’on
s’achemine vers la fin de la transition. D’après les détracteurs du pouvoir en
place, CSP ne veut pas quitter sa place actuelle, votre impression s’il vous
plait ?
C’est vraiment
bouleversant, très bouleversant ce que j’ai écouté concernant cette histoire de
table d’écoute. Je pense parfois, je me demande réellement si on sait exactement
là où on veut y aller. Moi par exemple je sais là où je veux y aller. C’est
bouleversant on a pas besoin de tout çà pour l’instant. Comme certains le
disent, c’est placé sous les sceaux de la rumeur. Je me suis permis, de donner
la liberté de passer un coup de fil au ministre de l’intérieur qui est un jeune
frère que j’ai eu à encadrer un certain moment, pour lui demander des
explications et donner mon point de vue de manière solennelle. Je pense qu’il
faut savoir distinguer les choses. Aujourd’hui on est en période de transition,
je rebondis pour vous rassurer. Je vous rassure que Madame Samba Panza
veut rester au pouvoir, elle ne restera pas. Là je peux vous le garantir comme
un leader dont la voix porte. Le malheur que mon peuple a vécu fait que madame
Samba Panza ne peut pas se hasarder à aller contre sa volonté. Parce que
les jeunes centrafricains ont aujourd’hui la capacité de réaliser la
fronde ou une révolution comme on a vu au Burkina ou partout
ailleurs.
Vous confirmez que
CSP ne veut pas partir ?
Non, je ne le confirme
pas. Comme vous dites que les détracteurs de CSP affirment qu’elle ne veut pas
quitter le pouvoir, moi je n’en suis pas un. Je pousse pour que la transition
réussisse.
Mme Samba Panza a
toujours crié haut et fort qu’elle ne veut pas conserver le
pouvoir
Oui Samba Panza va partir et
puis je la crois. Je la crois puisque les conditions objectives ne peuvent pas
lui permettre de rester ou de s’éterniser au pouvoir. Elle s’appuierait sur quel
document pour se maintenir, sur quelle charte ?
Vous faisiez partie
de la commission gouvernance du Forum qui a imposé le maintien des autorités de
la transition même si on ne manque pas de signaler que cette position
divise
Non, on a parlé du
maintien des institutions si vous vous rappelez bien, tous les rapports lus par
Mme Léa Doumta qui répertorient les points de consensus, n’ont jamais dit
qu’il fallait maintenir Samba-Panza, Nguendet et le premier ministre
Kamoun. On leur a juste demandé de faire une demande de rallonge
exceptionnelle conformément à la charte de façon à ce que la transition finisse
avec les élections. Mais je dois vous préciser que quand les gens disent
première transition, deuxième transition, troisième transition, moi qui ai vécu
au pays pendant la crise, il n’y a pas eu de première, de,
deuxième et il n’y aura pas de troisième transition. Je
m’explique : il y a seulement une transition qui a été par le coup
d’arrêt porté à la démocratie par l’arrivée au pouvoir de la Séléka. Et
cette transition continue avec une seule charte, elle change seulement des
acteurs, c’est tout.
Vous êtes pour le
maintien de tous les acteurs alors ?
Si vous me parlez du
changement des acteurs, la réponse est oui. S’il y a un prolongement
exceptionnel à partir du mois d’août, cela fera trois mois. On n’a pas besoin de
changer la présidente, mais le premier ministre si on veut le changer, on
peut le faire puisqu’il y en déjà eu trois.
On ne va quand même
pas changer de premier ministre tout le temps ?
Je le dis parce que je
suis tenant de l’organisation des élections à la fin d’année coûte que
coûte.
Et si on n’arrivait
pas à atteindre cet objectif ?
Nous allons nous y
atteler, ça marchera. Si on prolonge la transition d’août à décembre soit quatre
mois, on n’aura pas besoin d’avoir un nouveau premier ministre. Mais ce que je
défends c’est un changement profond du gouvernement afin d’avoir des gens
robustes qui puissent nous accompagner aux élections. Vous-même, dénoncez les
scandales, vous-même, vous constatez la petitesse de certains ministres. Un qui
viole et qui s’enfuit de la prison, un autre qui n’est pas à la
hauteur…
Vous êtes candidat
à la présidentielle, vous faites partie des sommités de la RCA qui ne parlent
jamais des richesses de ce pays. Aujourd’hui grâce au forum de Bangui le pétrole
qui a fait couler tant d’encre, n’est plus un sujet tabou. Pourquoi étiez-vous
aphone sur ce sujet quand vous étiez au gouvernement ?
Non, le pétrole on en
a parlé en 2003.
Et pourtant en
pleine crise, vos compatriotes ont vu des anciens premiers ministres, des
ministres et des leaders des partis politiques défiler sur les plateaux des
télévisions en France et dans le monde, mais personne n’a contredit les
politiciens français dont François Hollande qui a déclaré que la France
intervient en RCA, un pays pauvre parmi les pauvres, un pays où elle vient faire
de l’humanitaire, vous n’avez jamais réagi contre ces mensonges
J’ai dit beaucoup de
choses, j’ai beaucoup parlé, je vous dis qu’en dit qu’en 2003, on a déjà parlé
du pétrole. J’étais rapporteur de la commission n4 (commission économique et
sociale) qui parlait du pétrole. C’est à cette période que nous avons su que le
président Ange Félix
Patassé avait déjà fait huit puits de pétrole. Il lui en restait
quatre pour faire couler notre or noir. C’était avec une société qui s’appelle
RSM et cette société qui a été rachetée par Greenberg. On en a parlé, on
a dit qu’à compter de maintenant, le contrat du président Patassé est un
contrat léonais, il fallait aller en procès contre lui et ensuite la France
nous a aidés. Elle nous avait recruté maître Verges pour le
procès.
Sur la question
d’exploitation des ressources du sous-sol puisque les textes n’offraient ni à
l’assemblée nationale, ni aux forces vives de la nation la gestion de ce
secteur, mais laissait cela strictement au gouvernement qui a fait ce que
j’appelle une erreur à travers le ministère des mines. C’était une erreur
stratégique et tactique. Il y’ a la France qui a accompagné et qui a crée les
conditions de ce procès. Vous savez d’où est parti Bozizé en 2003. Il a
fait Paris, N’djamena pour renverser le président Patassé. Et c’est
la France qui a accompagné le régime à gagner ce procès contre Greenberg.
A partir de ce moment en tant qu’homme politique on ne peut consentir de ce que
disent les américains « verset interest ». Il des intérêts précis pour
que cette personne suive votre parcours et vous aide.
Bozizé a été chassé
parce qu’il a touché au pétrole ?
Lisez sous ma langue,
Bozizé est parti de Gonesse en passant par N’Djamena pour chasser
le président Patassé
qui avait un contrat avec RSM. Maintenant pour retirer ce permis, ce contrat
léonais a été accompagné par Me Vergès et toute la panoplie du
dispositif des avocats avec l’implication de Patrick
Balkany.
La parole est
libérée grâce au Forum de Bangui à l’époque vous ne parliez pas comme vous le
faites à présent ?
Bozizé lui-même en a parlé avant de
partir, il avait fait un grand meeting. Un meeting pour dire que c’est pour une
question de pétrole qu’on voulait le chasser. J’ai dit à l’époque que c’était
des erreurs tactiques et je dis jusqu’à aujourd’hui puisque moi en tant que
futur candidat à la présidentielle, j’ai deux
choses :
Futur candidat ou
déjà candidat ?
Je suis candidat à la
présidentielle, merci pour la correction parce que j’ai déclaré ma candidature à
la présidentielle le 3 janvier 2015. Je suis candidat à la candidature, je me
suis même libéré de toutes mes fonctions au Conseil national de transition. J’ai
deux choses : prioriser l’agriculture et l’élevage qui pour moi est la
seule chose qui va libérer notre pays, ensuite faire du pétrole et de l’uranium
nos ressources naturelles qui sont des ressources d’appoint en ayant en tête que
celles-ci sont appelées à finir comme on le voit avec l’Angola. Une révolution
agricole et de l’élevage, former, encadrer et mécaniser l’agriculture sur toute
l’étendue du territoire. Nous devons aussi former les jeunes entrepreneurs
agricoles pour aider à la transformation de nos produits agricoles pour les
vendre à l’extérieur et créer à partir de ce moment-là des pôles de
développement qui peuvent si vous le voulez absorber notre monde rural qui est
de 80%. Le pétrole peut être une ressource d’appoint comme cela se fait au
Cameroun.
Vous voyez l’exemple
du Cameroun. Aucune puissance, aucun pays ne peut maintenant considérer que ce
n’est qu’ à partir du pétrole seul qu’on peut faire développer un pays. Je fais
de cette vision la mienne. On doit donner une éducation sérieuse à la jeunesse,
on va se consacrer sur la santé parce que le premier médicament c’est le repas
donc l’agriculture dont a besoin ce peuple. Voilà ma vision, on se fera
respecter par les autres pays et on pourra confier la gestion de notre pétrole à
qui on veut.
Il ne faut pas qu’on
se concentre sur une seule personne, une seule nation. Je vous dis qu’on est
dans un monde qui n’est pas un monde d’enfant de cœur. La France nous a
accompagnés un certain moment, je pense que nous devons aussi être intelligents.
On ne peut pas se faire accompagner et puis dire après que vous n’avez pas faim
écoutez-vous m’avez accompagné mais je donne à ceux-là parce qu’ils me donnent
aussi à manger. Il faut une gestion intelligente de
l’État.
Pour finir,
avez-vous un appel à lancer aux centrafricains ?
Moi, j’ai un seul
appel à lancer. Les centrafricains ont démontré qu’ils aiment leur pays, aimer
son pays, c’est être patriote, c’est aimer son frère d’abord donc, il faut qu’on
cesse, qu’on soit de la diaspora, qu’on soit journaliste ou pas, il faut cesser
de jeter l’opprobre sur son pays en insultant les institutions. En ridiculisant
les institutions, vous ridiculisez votre pays. C’ est ce que je peux dire, je
connais cette situation pour l’avoir vécu.
Mais il y a aussi
des gens optimistes ?
On est dans une
situation de rupture. Il y a une nouvelle génération qui monte ; celle dont
je fais partie et nous sommes décidés à changer ce pays vaille que
vaille.
Mais vous avez été
déjà aux affaires ?
J’y ai été mais
j’appartiens toujours à une génération. Aujourd’hui vous avez des jeunes comme
Karnou d’une
trentaine d’année, ils ne sont pas de la génération de Mme Samba-Panza de Mabingui ou de Gbezeria Bria. Ils arrivent à un
moment où ils seront avec leur génération, ils auront la responsabilité de leur
mission pour la servir ou la trahir. Moi, j’ai identifié la mienne. J’appartiens
à une génération d’après 1960, j’ai une mission : sortir mon pays de la
misère et je vais avec la sérénité que le peuple me connait assez pour me faire
confiance.
Vous y aller pour
gagner ?
Oui, j’y vais pour
gagner. Je sais que j’ai et les compétences et l’expérience et je suis très près
de mon peuple, c’est pour cela que je suis le candidat du peuple. Donc je vais
pour gagner et gérer le pays avec tous mes frères de la nouvelle génération pour
qu’on laisse une terre digne à la génération qui vient.
Propos
recueillis par Wilfried Maurice SEBIRO