Appel de Rome au
Peuple centrafricain et à la communauté internationale (Saint'Edigio)
Nous, signataires de la
présente déclaration, lançons un appel solennel au Peuple centrafricain qui est
victime de toutes sortes de violences et d'exactions, dont une partie a été
contrainte de quitter son domicile et dans certains cas son pays, qui est
empêché de vaquer à ses occupations, notamment d'envoyer ses enfants à l'école,
de cultiver ses champs, de faire paitre son bétail, de faire du commerce, de
prier, bref de vivre en paix;
Ce Peuple qui, héroïquement, a
continue malgré tout d'espérer en son avenir et de préserver ses traditions
séculaires de coexistence fraternelle, de tolérance et de solidarité
;
Ce Peuple qui veut un avenir
pacifique pour ses enfants, sa jeunesse et un destin pacifique pour ses ainés,
qui sont les gardiens de son histoire et de sa culture;
Ce Peuple qui mérite un avenir
digne, de cohabitation pacifique de toutes ses composantes et de respect de
toutes les confessions religieuses;
A ce Peuple, nous lançons un
vibrant appel à nous soutenir et à nous accompagner dans le travail de
reconstruction politique, institutionnelle, économique et morale de notre pays
bien-aimé.
Nous soussignés, nous engageons
à :
1) nous impliquer activement
pour la réussite du Forum National de Bangui pour la réconciliation de notre
Peuple et la reconstruction de notre pays, dont le processus a été initié à
Brazzaville avec la signature de l'Accord de cessation des hostilités le 23
juillet 2014;
4) d'identifier et de mettre
immédiatement hors d'état de nuire, toute personne ou organisation qui tenterait
d'entraver ou d'empêcher par la violence ou par d'autres procédés le processus
électoral ;
5) en vue de permettre aux
autorités légitimes qui sortiront des urnes, d'entamer efficacement la
reconstruction du pays et de faire face aux urgences sécuritaires, économiques,
sanitaires, humanitaires, sociales, etc. nous sollicitons vivement auprès de la
communauté internationale et des amis de la République centrafricaine, la tenue
dans les meilleurs délais d'une table ronde de soutien financier
;
6) de prendre les dispositions
nécessaires pour un retour rapide des réfugiés et des déplacés dans leurs
foyers.
Nous nous engageons, quels que
soient les résultats des élections, à:
1) apporter notre contribution
à la reconstruction des forces de défense et de sécurité nationales, comme seuls
garants de l'intégrité du territoire national, de la protection et la libre
circulation des personnes et de leurs biens, la protection et la sécurité des
infrastructures publiques et privées;
2) oeuvrer à ce que les mesures
qui s'imposent soient prises afin d'enrayer définitivement le recours aux armes,
au vandalisme et à toutes formes de rébellion;
3) toujours refuser tout type
de participation à des projets impliquant l'utilisation de la force pour accéder
au pouvoir politique ;
4) promouvoir la paix et une
saine et nécessaire confrontation démocratique et pacifique entre les
différentes familles politiques de notre nation ;
5) respecter les termes du
Pacte républicain signé à Bangui le 07 novembre 2013 par les autorités de la
transition sous les auspices de la Communauté de Sant'Egidio en présence de la
Communauté internationale;
2) œuvrer inlassablement pour
sortir le pays de la crise actuelle à travers la tenue des élections générales
qui consacreront des autorités légitimes, expression de la volonté de la
majorité de la nation ;
3) respecter les résultats de
ces élections et le droit des autorités élues à gérer les affaires de l'Etat
;
4) reconnaitre le droit à ceux
qui n'ont pas recueilli la majorité du suffrage universel, de participer
pleinement à l'animation de la vie politique nationale et d'apporter leur
contribution à la gestion des affaires publiques ;
Pour atteindre ces objectifs,
nous demandons à la communauté internationale:
1) d'aider le
Gouvernement centrafricain à assurer la sécurité et l'ordre public dans le pays
tout au long du processus électoral et en particulier:
a) la liberté
d'aller et venir de chaque citoyen sur l'ensemble du territoire
national
b) le droit de
chaque citoyen à adhérer à une formation politique sans avoir à souffrir de
menace ni de violence d'aucune sorte.
e) le droit de
réunion de la population
d) le droit à
l'information de la population
e) la sécurité
des responsables politiques et des leaders d'opinion
2) de fournir à
l'Autorité Nationale des Élections (ANE) les ressources nécessaires pour
accomplir sa mission;
3) de garantir la
sécurité de toutes les opérations électorales ;
Peuple
centrafricain!
Pendant trop longtemps, des
groupes violents t'ont dicte leur loi inique. Il est temps de mettre fin à cette
triste situation. Si nous sommes unis dans le rejet de la violence et de
l'intolérance, si nous regardons vers l'avenir au nom de nos fìls et nos filles,
alors rien ni personne ne peut nous empêcher de devenir maitres de notre
destin.
Nous remercions sincèrement la
Communauté de Sant'Egidio pour les efforts inlassables qu'elle ne cesse de
déployer pour réconcilier les centrafricains et pour le retour de la paix dans
notre pays.
Nous, leaders politiques ayant
participé à la rencontre de Rome à l'invitation de la Communauté de Sant
'Egidio, lançons un appel patriotique à toutes les forces vives de la nation
centrafricaine et à tous les partis politiques pour nous rejoindre dans la
dynamique qui conduira notre pays à renouer avec la légalité constitutionnelle
et la paix.
Avec le soutien actif de la
communauté internationale, nous serons en mesure de résister à ceux qui tentent
d'empêcher le Peuple centrafricain de s'exprimer, de choisir librement ses
dirigeants et de reconstruire sa nation.
Unissons-nous dans notre
diversité, autour des valeurs de notre République: la démocratie, la liberté de
religion et de culte ainsi que le mieux vivre ensemble, afin que personne ne
soit plus jamais humiliée.
Vive le Peuple
centrafricain!
Vive la République
centrafricaine !
Fait à Rome
le 27 février 2015
Ont
signé :
Anicet
Dologuélé
Léa
Kovassoum Doumta
Désiré
Nzanga Kolingba
Enoch
Derant Lakoue
Karim
Abdou Meckassoua
Prosper
N’douba
Gaston
Nguerekata
Nicolas
Tiangaye
En
présence de Béatrice Epaye
Pour
la Communauté de Sant'Egidio
Andrea
Riccardi
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Des acteurs
politiques centrafricains veulent garantir "des élections présidentielles
libres"
AFP, 28 février 2015 - Des hommes politiques centrafricains,
réunis à Rome sous l'égide de la communauté catholique Sant'Egidio, se sont
engagés vendredi à favoriser des "élections présidentielles libres"
dans leur pays ravagé par la guerre civile.
Selon un communiqué publié
vendredi par cette communauté proche du Vatican, une déclaration conjointe a été
paraphée, les signataires
"s'engageant à garantir des élections présidentielles libres et
pacifiques".
Des élections présidentielle et
législatives sont prévues en RCA en juillet et août
prochains.
Ce document, qui entend
"remettre le processus
politique au centre", détaille la démarche à suivre avant, pendant
et après ces élections, a précisé à l'AFP Mauro
Garofalo, responsable des affaires extérieures de
Sant'Egidio.
Quatre anciens premiers
ministres -Nicolas
Tiangaye, Martin Ziguele, Anicet Dologuele, Enoch Lakoue--, Désiré
Kolingba, fils de l'ancien président André
Kolingba, la vice-présidente du parlement de transition
Lea Koyassoum
Doumta, la présidente du Comité préparatoire du Forum de Bangui,
Béatrice
Epaye, ont signé cette déclaration.
La communauté Sant'Egidio,
surnommée "l'ONU du
Trastevere" (un quartier de Rome) pour ses médiations discrètes
et son vaste carnet d'adresses, s'efforce depuis plusieurs années de réconcilier
les responsables dans des pays en conflit: Centrafrique, Mali et Sénégal
(conflit de Casamance) notamment.
Depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka, qui a depuis abandonné le pouvoir, la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent.