Par
Thomas
URBAIN |
AFP
- 29
April 22h 46
AFP/AFP/Archives - Des soldats
français en patrouille, le 25 février 2014 à Bangui
La justice française enquête
sur des accusations de viols d'enfants visant des militaires français déployés
en Centrafrique, dénoncées dans un rapport interne de l'ONU et révélées mercredi
par le quotidien britannique "The Guardian".
L'enquête a été ouverte à Paris
en juillet 2014 pour viols sur mineurs de moins de 15 ans, selon une source
judiciaire, sur la base d'un rapport transmis par le ministère de la Défense. Ce
dernier a reconnu avoir été saisi à cette date "de témoignages d'enfants
centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de
l'opération Sangaris".
Ces témoignages ont été
recueillis par des personnels de l'ONU déployés en Centrafrique. Ils "retracent
des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de
l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", précise le
ministère, qui "a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre
la manifestation de la vérité".
"Si les faits étaient avérés,
il veillera à ce que les sanctions les plus fermes soient prononcées à l'égard
des responsables de ce qui serait une atteinte intolérable aux valeurs du
soldat", ajoute-t-il.
Depuis l'ouverture de l'enquête, la gendarmerie prévôtale, composée de militaires disposant de prérogatives judiciaires et placés sous le contrôle du procureur de la République de Paris, a effectué un déplacement en Centrafrique, selon une source judiciaire.
- Enquête de l'ONU
-
Les Nations unies avaient
ouvert une enquête au printemps 2014 et recueilli ces témoignages. Le
responsable de l'ONU qui a transmis en juillet le rapport d'enquête aux
autorités françaises, au mépris des procédures de l'organisation, a depuis été
suspendu, a confirmé le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan
Haq.
Selon le "Guardian", il s'agit d'un cadre humanitaire suédois des Nations unies, Anders Kompass. Il aurait remis aux autorités françaises le rapport intitulé "Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales" en réaction à l'inaction de l'ONU.
M. Kompass a été suspendu le 17
avril et fait l'objet d'une enquête des Nations unies, a indiqué mercredi le
conseiller juridique du ministère suédois de la Justice, Anders
Rönquist.
Paris a lancé en décembre
Il s'agissait de mettre fin aux
massacres commis sur des civils tant par la rébellion Séléka (qui visait les
chrétiens) que par les milices anti-bakala (qui s'en prenaient aux
musulmans).
Les troupes françaises ont été
appuyées par la force africaine (Misca), remplacée en septembre 2014 par la
Minusca, la nouvelle force de l'ONU.
Selon les éléments du rapport
cités par le quotidien britannique, certains des enfants auraient donné aux
personnes qui ont recueilli leur témoignage une description précise de leurs
agresseurs présumés.
L'Unicef, qui a pris part à
l'enquête onusienne et a interrogé les enfants qui s'étaient plaints d'abus
sexuels, les a ensuite "confiés à des ONG partenaires présentes sur le terrain
pour qu'ils puissent recevoir un soutien psychologique", selon le porte-parole
de l'Unicef basé à Dakar, Thierry Delvigne.
_____________________________________________
Rédaction
Le HuffPost |
Par Romain Herreros -
Anders Kompass, l'homme à
l'origine du rapport sur la Centrafrique | AFP
CENTRAFRIQUE
- Inconnu du grand public, le directeur des opérations de terrain au
Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme, Anders Kompass, serait à
l'origine de la révélation d'un scandale qui pourrait ébranler
l'armée française.
Selon
les révélations du
Guardian,
confirmées par un communiqué de l'ONU qui ne cite toutefois jamais le nom de
Anders Kompass, le cadre aurait remis en juillet 2014 aux autorités françaises
un document de travail confidentiel de l'Organisation. Ce rapport que le
Guardian
a pu consulter révèle des "accusations graves d'exploitation sexuelle et d'abus
commis sur des enfants par des militaires français" durant le déploiement de
l'opération Sangaris entre décembre 2013 et juin 2014.
Qui
est Anders Kompass ?
Peu
d'informations sur le cadre suspendu circulent pour l'heure. Suédois, l'homme a
une vie numérique quasiment inexistante et seuls quelques rapports de l'ONU
mentionnent son nom et ses fonctions.
Avant
de s'installer à Genève (là où est installé le siège du Haut-Commissariat aux
droits de l'homme), Anders Kompass a notamment officié pour l'OHCHR en Amérique
du Sud et Amérique centrale, notamment en Colombie et au
Guatemala. Plus récemment, en avril 2014, il présidait une table
ronde consacrée aux "droits inaliénable du peuple palestinien".
"Une
telle conduite ne peut pas être considérée comme celle d'un lanceur
d'alerte"
Le
responsable de la fuite a été placé "en congé administratif avec plein salaire",
a expliqué mercredi le porte-parole adjoint de l'ONU, en attendant les
conclusions de l'enquête interne sur "ce grave manquement aux procédures" en
vigueur.
Un
source à l'ONU citée par l'AFP sous couvert de l'anonymat indique aussi que le
responsable sanctionné, avait fait fuiter le rapport une semaine seulement après
qu'il ait été fourni par les enquêteurs et que son action ne pouvait donc pas
s'expliquer par une frustration devant un manque de réactivité de
l'ONU.
Le
porte-parole de l'organisation a aussi indiqué que le rapport transmis
officieusement à Paris par ce responsable, sans en référer à sa hiérarchie,
n'était pas expurgé des noms des victimes, témoins et enquêteurs, ce qui pouvait
"mettre en danger" ceux-ci. "Notre conclusion préliminaire est qu'une telle
conduite ne peut pas être considérée comme celle d'un lanceur d'alerte", a
souligné le porte-parole.
Seul
Anders Kompass a été mis à pied
Interrogée
par le Guardian,
Bea Edwards, directrice de l'association Government
Accountability Project, qui s'est donnée pour mission de "protéger
les lanceurs d'alerte", estime en revanche que le cas d'Anders Kompass n'est pas
un cas isolé au sein de l'institution onusienne.
"Nous
avons défendu de nombreux lanceurs d'alerte dans le système des Nations Unies
ces dernières années, et en général, plus grave est la divulgation, plus féroces
sont les représailles", explique-t-elle. "Malgré les discours officiels, il y a
très peu d'engagement pour protéger les lanceurs d'alertes au sein de l'ONU"
poursuit la militante ajoutant que la direction a "une forte tendance à
politiser toutes les questions, peu importe l'urgence".
Selon
le Guardian,
le fonctionnaire suédois ne peut avoir agi sans l'aval plus ou moins consenti de
l'un de ses supérieurs. Or, pour l'heure, seul Anders Kompass a été mis à pied.
Une sanction que les nations unies justifient ce mercredi 29 avril par "une
violation grave du protocole". Une justification curieuse au regard du
destinataire dudit rapport: les autorités françaises. La justice française a de
son côté ouvert une enquête préliminaire sur cette affaire.
_____________________________________________
Des soldats français en Centrafrique sont mis en cause
par un rapport confidentiel révélé, mercredi, par le quotidien britannique "The
Guardian". Ce n'est pas la première que de telles situations sont
relatées.
Le ministère de la
Défense promet "les sanctions les plus
fermes" si les faits étaients avérés. Le parquet de Paris a
annoncé, mercredi 29 avril, avoir ouvert, en juillet 2014, une enquête préliminaire sur des agressions
sexuelles sur des mineurs mettant en cause des militaires français en
Centrafrique. Ce n'est pas la première fois que des soldats venus pour assurer
la paix sont accusés de tels faits. Francetv info revient sur trois précédents
mettant en cause des casques bleus.
"Les premiers abus
ont été découverts en 2004 après qu'un rapport a révélé l'existence de tels abus
sexuels commis par les troupes onusiennes en République Démocratique du
Congo",
rappelle Le Figaro, en
2007.
En 2005, un an après
les premières révélations, l'ONU annonce avoir pris
des mesures "contre les délits
sexuels du personnel de maintien de la paix". Le Secrétaire
général de l’ONU d'alors, Kofi Annan, met en place "un couvre-feu pour les militaires de la tombée de
la nuit jusqu’au lever du jour et l’interdiction de tout contact illicite avec
la population locale". Les enquêteurs prennent des "mesures disciplinaires à l’encontre de neuf
civils membres de la MONUC [mission des Nations Unies au
Congo] et de 65 soldats, dont 63
ont été expulsés de la mission et rapatriés".
L'ONU raconte que les
enquêteurs ont "mis au jour des abus
consternants. Un ancien membre civil de la mission a été expulsé après la
découverte par la police congolaise de vidéos et de photographies dans
lesquelles il était entouré d’enfants et de jeunes femmes
congolais".
L'Opération des Nations unies
en Côte d'Ivoire (Onuci) exprime, en septembre, ses "regrets les plus profonds" face à des
allégations d'exploitation et d'abus sexuels commis par des casques bleus
déployés dans le pays, rapporte l'AFP reprise par Le Monde.fr.
D'après l'ONU, des
"éléments militaires et de police basés
à l'ouest du pays", indique la même source, sans plus de précisions
sur la nationalité des suspects. "Si ces
allégations s'avéraient fondées, il reviendrait aux pays dont sont originaires
les casques bleus de prendre les mesures appropriées à l'encontre des personnes
impliquées".
Tout est parti d'un câble
diplomatique publié par WikiLeaks. Les diplomates américains racontent
qu'en 2010, une ONG britannique avait effectué un sondage auprès de dix jeunes
filles dans un quartier de Toulepleu. Parmi elles, huit avaient reconnu avoir eu
des relations sexuelles avec des soldats béninois de maintien de la paix en
échange de nourriture ou d'hébergement.
L'ONU annonce, en septembre, que la
Mission au Mali (MINUSMA) a reçu "des
allégations de mauvaises conduite à l'encontre de certains de ses Casques bleus,
notamment d'un cas d'abus sexuel". L'incident "se serait produit les 19 et 20 septembre à Gao,
une ville du nord-est du pays", précise
l'instance.
Face à ces
accusations, les Nations unies annoncent l'ouverture d'une enquête et affichent
encore une fois leur fermeté : "Dans le
cadre de ses opérations de maintien de la paix, l'ONU a une politique de
tolérance zéro de longue date vis-à-vis des abus sexuels et autres actes de
mauvaise conduite commis par ses
personnels."
_____________________________________________
Suspendu pour avoir dénoncé les
abus de soldats de la paix
Emoi dans la Genève
internationaleUn haut cadre de l’ONU basé à Genève rompt un pesant silence sur
des soldats français accusés d'avoir commis des abus sexuels sur des enfants en
Centrafrique. Sa hiérarchie l'a suspendu.
Selon ce rapport, que le haut
fonctionnaire de l’ONU a fait parvenir aux autorités françaises, des soldats
français auraient commis entre décembre 2013 et juin 2014, de façon répétée, des
abus sexuels dans un centre pour déplacés sis dans l’aéroport de Bangui. C’était
juste avant que la MINUSCA, la mission de paix de l’ONU, ne soit formellement
déployée dans le pays. Le rapport estampillé «confidentiel», selon The Guardian
qui révèle l’affaire, fait état de témoignages de plusieurs enfants qui
racontent avoir été violés et abusés sexuellement en échange de nourriture par
des soldats français, censés les protéger. Certains des enfants ayant témoigné
auprès des enquêteurs de l’ONU avaient entre 9 et 11 ans. Ils ont pu donner des
descriptions détaillées des soldats incriminés. Beaucoup de ces enfants
recueillis dans ce type de camp sont orphelins ou ont déjà subi de graves
traumatismes liés au conflit qui mine la République centrafricaine depuis deux
ans. Lundi, le HCR s’alarmait encore du manque de fonds pour venir en aide aux
populations dans cette crise oubliée.
Si ce rapport confidentiel a
fuité, c’est que le haut fonctionnaire basé à Genève semble avoir été agacé par
la passivité de sa hiérarchie dans cette affaire. Le document est aussi parvenu
à l’ONG Aids Free World, qui dénonce régulièrement les abus commis par des
casques bleus dans différentes zones de conflit et l’inaction récurrente de
l’ONU face à cette problématique. L’ONG demande la création d’une commission
d’enquête indépendante sur ces faits que l’ONU s’emploie selon elle à «ignorer,
nier et couvrir systématiquement». Par le passé, plusieurs scandales avaient
déjà touché les missions onusiennes de maintien de la paix, notamment en
République démocratique du Congo.
Le haut fonctionnaire qui a
alerté les autorités françaises a été suspendu de ses fonctions par sa
hiérarchie la semaine dernière. Ce Suédois était en poste depuis trente ans dans
différents services de l’ONU. Or l’ambassadeur de Suède auprès des Nations Unis
n’aurait guère apprécié cette mise à pied et l’a fait savoir auprès de hauts
responsables onusiens, selon The Guardian.
Mercredi soir soir, après ces
révélations, l’ONU a expliqué avoir mené au printemps 2014 une enquête sur ces
accusations. Elle a confirmé avoir suspendu un de ses cadres pour avoir transmis
en juillet 2014 les résultats de cette enquête aux autorités françaises «au
mépris des procédures». (24 heures)
(Créé: 29.04.2015,
21h33)
_____________________________________________
liberation.fr - Jean-Louis LE TOUZET
A
CHAUD -
Un rapport de
l’ONU avance que des hommes de «Sangaris» auraient abusé d’enfants. Une enquête
a été ouverte.
Un
rapport des Nations unies, relayé par le quotidien britannique The Guardian, accuse des troupes
internationales, et particulièrement les soldats français de l’opération
«Sangaris», d’avoir commis des viols en 2014 sur de jeunes garçons en
Centrafrique. La capitale, Bangui, était alors soumise à de terribles combats
entre les miliciens chrétiens anti-balaka et les musulmans de la Séléka. Des
milliers de civils avaient alors fui les quartiers de Bangui pour trouver refuge
dans les environs de l’aéroport de M’Poko. C’est dans ce camp de réfugiés que
les viols auraient été commis «courant
juin 2014», selon une source jointe mercredi à Bangui. Le texte
du rapport, révélé mercredi par The
Guardian, avance que des soldats de Sangaris auraient abusé de
jeunes enfants des rues, dont l’un n’aurait
pas 9 ans.
«Violences». Toujours selon le
quotidien britannique, un cadre suédois de l’ONU, Anders Kompass, a été suspendu
la semaine dernière par l’organisation internationale pour avoir transmis aux
autorités françaises un rapport interne portant le cachet «confidentiel»
sur ces abus sexuels supposés commis par des soldats français déployés. Anders
Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut Commissariat de l’ONU pour
les droits de l’homme, est en outre accusé d’avoir fait «fuiter» ce document et
d’avoir court-circuité de fait sa hiérarchie.
Selon les
témoignages recueillis, de jeunes garçons ont accusé des soldats français de les
avoir violés et d’avoir abusé d’eux «en échange de nourriture» ou
d’argent. Les faits auraient eu lieu avant et après la mise en place de la
Minusca, la mission des Nations unies dans le pays.
Le rapport avait été commandé par le bureau du haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, à la suite de rumeurs d’abus dans le camp de M’Poko. Jointe mercredi par Libération, une source locale de l’Unicef tenait «à recontextualiser les faits» publiés par The Guardian : «Il s’agit certainement de la période de juin 2014. Une période extrêmement chaotique, marquée par une grande violence, notamment contre les enfants.» Une autre source humanitaire également jointe mercredi se souvient de cette période : «On se trouve avec des milliers d’enfants enrôlés dans diverses factions. La tâche est de les extraire du conflit mais aussi de les mettre en garde contre d’autres violences dont ils pourraient être les victimes, y compris au contact des forces armées» chargées de la pacification.
Rallonge. «Les enfants ont dû être entendus notamment par l’Unicef, dont la mission est de les protéger et ensuite de les reconstruire après de tels abus», explique une autre source, qui ne «se montre pas surprise» par les révélations du quotidien. Devant la gravité des faits, un rapport a été transmis à l’ONU. «C’est [elle] qui devait décider de poursuivre et de sanctionner. La question est de savoir pourquoi ce dossier a été planté», s’interroge cette source. Et de conclure : «On ne peut écarter deux hypothèses : soit le dossier a été abandonné par incompétence, soit il a été mis sous la pile par mauvaise volonté. Hélas, ça arrive…»
Cette affaire met gravement en cause les forces armées, le jour même où François Hollande tranchait en faveur d’une rallonge de 3,8 milliards d’euros supplémentaires alloués sur la période 2016-2019 au budget de la Défense. L’enquête a été confiée au bureau des services de contrôle interne des Nations unies. Cela va en tout cas compliquer la mission Sangaris, qui compte toujours 1 000 hommes stationnés sur la zone.
Jean-Louis LE
TOUZET