Forum de Bangui: les groupes armés signent un accord de désarmement : "chaque combattant dépose toutes les armes de guerre qu'il possède"
Par RFI - 10-05-2015
L'accord signé ce
dimanche 10 mai à Bangui prévoit que chaque combattant dépose toutes les armes
de guerre qu'il possède.AFP PHOTO / PACOME PABANDJI
Réunis dans le
cadre du Forum de Bangui, les groupes armés Seleka et anti-balaka ont signé ce
dimanche un accord de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR).
Par ailleurs, les délégués ont adopté le rapport sur les questions de justice et
de réconciliation lors du deuxième jour de leur travaux en
plénière.
L'accord établit
dans les grandes lignes le processus de désarmement et de réinsertion.
Les combattants devront, avant les élections centrafricaines, se présenter dans
des sites où ils seront regroupés, désarmés et pris en charge. Ils pourront soit
être candidats à une intégration dans les corps en uniforme de l'Etat, soit être
reconduits à l'intérieur du pays pour bénéficier de programmes de développement
communautaire générateur de revenus.
L'intégration
dans ces fameux corps en uniforme, c'est-à-dire l'armée, la gendarmerie, la
police, les Eaux et forêts, se fera sur la base de critères d'équité et de
professionalisme afin de reconstituer des institutions sécuritaires
républicaines. Les combattants qui auront été identifiés comme étrangers et qui
n'auront pas commis de crime de guerre seront quant à eux rapatriés dans leurs
pays d'origine.
Le texte de
l'accord a été lu en séance plénière du Forum de
Bangui, où il a été acclamé par les participants. Mais il
demeure pour l'instant deux inconnues. Les moyens tout d'abord. La communauté
internationale saura-t-elle cette fois-ci débloquer rapidement les fonds
nécessaires ? Autre inconnue, la capacité des mouvements à tenir leurs
engagements, à tenir leurs troupes dans le cadre de cet
accord.
Une demande des
populations
La signature de cet accord par les groupes
armés répond précisément aux recommandations des délégués de l’Est du pays,
présents au Forum. Cette région centrafricaine est toujours sous le contrôle de
groupes armés et de seigneurs de guerre. Deux ans après l’éclatement de la
crise, les populations se disent encore sous la coupe des groupes armés. Leurs
délégués sont venus réclamer au Forum de Bangui la neutralisation des factions
de l’ex-Seleka qui continuent à régner sur leur territoire. « Il faut retirer les éléments Seleka de la
Basse-Kotto. C’est nécessaire parce que les habitants de la Basse-Kotto ne sont
pas libres de leurs déplacements, de leurs mouvements. Trop de tractations, trop
d’amendes et les amendes dépassent leurs capacités. Le retrait des éléments de
l’ex-Seleka sera compensé par le retour de l’Etat », a dit à
RFI un ressortissant de la Basse-Kotto.
Mais les
ex-Seleka ne sont pas les seuls à faire régner la peur à l’Est. Les populations
se plaignent également de la présence d’hommes armés tchadiens ou soudanais qui
continuent toujours, à l’heure actuelle, à piller les ressources du pays.
« Notre problème, ce sont les
Tchadiens et les Soudanais qui ont franchi notre frontière et qui nous ont
traités de tout. Ils nous ont massacrés ; ils nous ont assassinés. Ce n’est
même pas fini ! Ils sont là encore dans la préfecture de la Haute-Koto et
il faut les rapatrier dans leur pays pour qu’on puisse avoir le
calme », a témoigné une femme, originaire de la
Haute-Koto.
Adoption du
rapport Justice et réconciliation
A l’issue de la
séance de ce dimanche matin, le Forum de Bangui a par ailleurs recommandé la
création de structures devant permettre justice et réconciliation. Il a aussi
affirmé des principes et proposé des symboles.
S’agissant des
structures, ce sont par exemple une Commission vérité, justice et
réconciliation, mais aussi des comités locaux de paix et de réconciliation. Le
Forum demande également la création d’une commission d’enquête sur les crimes
transfrontaliers, notamment ceux de l’Armée de résistance du
Seigneur (LRA).
S’agissant des principes, ce sont par exemple l'inéligibilité des responsables politiques, auteurs, co-auteurs et complices des conflits. Il s’agit là d’une recommandation forte du Forum. Le rapport adopté demande également qu’on n’amnistie pas les auteurs et complices de crimes. Puis, il y a les symboles. Et notamment la mise en place d’une reconnaissance légale des fêtes de ramadan et de tabaski, pour bien marquer l’identité multi-religieuse du pays.