Forum de Bangui: les points de différend

 

Par Constantin Ngoutendji - journaldebangui.com - 09/05/2015

 

Les travaux des commissions du Forum de Bangui prennent fin, vendredi, laissant inassouvies les attentes des participants et des observateurs quant à une issue à la crise politique

 

Les travaux des commissions du Forum de Bangui prennent fin, vendredi, laissant inassouvies les attentes des participants et des observateurs quant à une issue à la crise politique et la fin de la période transitoire en cours, a constaté le correspondant de Anadolu.

En effet, si des propositions de sortie de crise ont été identifiées et rédigées dans des rapports qui seront transmis aux plénières prévues samedi, il est encore difficile de dire si le Forum a, vraiment, servi la réconciliation nationale en Centrafrique, actuellement en période transitoire dirigée par la présidente Catherine Samba Panza.


Des participants représentant les différentes parties, interrogés par Anadolu, se sont montrés mitigés quant à l'évaluation de ces assemblées d'autant plus que des points de discordes continuent à les diviser autour des principales priorités identifiées, notamment, les échéances électorales, le processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR), la justice et l’exploitation des richesses du sous-sol centrafricain...


Ainsi les particiants à la commission Paix et Sécurité, réunis samedi matin, ont-ils échoué à s'accorder, sur le projet de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion et le Rapatriement des chefs de rebelles étrangers( DDRR). Certains groupes armés, dont les Anti balaka et les ex-Seleka, s'étant opposés au processus de naturalisation des étrangers qui combattaient dans leurs rangs, prévu dans le cadre de ce processus.


Le sous comité sécurité placé sous la présidence du ministre Nicaise samedi Karnou et composé, en majorité des groupes armés et des officiers supérieurs des forces de la défense et de sécurité a convenu, à la fin de ses concertations, d'oeuvrer en vue d'un désarment volontaire des groupes armés identifiés et un désarment forcé pour les groupes non identifiés tout en assurant un redéploiement des Forces armées centrafricaines dans les régions frontalières.

 

Les élections, un point particulièrement important, demeure, quant à lui, dans l'impasse, ainsi et en dépit de l'impossibilité avérée de tenir des élections selon le calendrier établi (soit en juin), aucune date n'a été avancée.


Alors que les politiques continuent à tergiverser sur la période à proposer, les groupes armés ont proposé, à l'unanimité, la tenue de ces élections à la fin de l’année soit novembre et décembre. Les groupes armés se sont aussi opposés à toute idée d’une 3e transition et proposé une prolongation du mandat de l’actuelle équipe gouvernementale tout en la renforçant par de nouvelles compétences.


L'imposibilité de tenir les élections dans les délais fixés inhère à trois facteurs relevés par l’Autorité Nationale des Elections (ANE) à savoir: un code électoral non encore disponible, un gap de 48% au niveau du budget électoral et les problèmes logistiques dont souffre l'ANE.


Le souhait fait par le peuple dans le cadre des consultations populaires concernant la finalisation du processus DDR avant les élections sera-t-il exhausé ? Une question que beaucoup d'observateurs se posent et qui demeure à ce jour sans réponse en dépit du fait que la communauté internationale et les bailleur de fonds ont affirmé qu'aucun financement ne sera accordé à la RCA si l’incertitude perdure.


Sur le plan Justice et Réconciliation, toutes les parties participantes au Forum se sont accordés quant à la priorité de la Justice avant tout. Les antibalaka ont, particulièrement, exigé la libération de tous leurs éléments détenus.


Le forum de Bangui qui se tient du 4 au 11 mai a été pensé dans la perspective de réconcilier les parties prenantes de la crise intercommunautaire qui secoue la RCA depuis décembre 2013. Durant plus d'une année Séléka (groupe politico-militaires musulmans) et anti-Balaka (milices chrétiennes) se sont en effet affrontés faisant des centaines de morts dans les deux camps, des milliers de déplacés et contraint bon nombre de musulmans à quitter le pays vers les pays voisins.