Publié par CENTRAFRIQUE LIBRE le 27 avr 2015
Quarante et un parti sur soixante et
dix, soit la majorité absolue des organes politiques centrafricains se sont
réunis le samedi dernier à la Fateb pour décider des stratégies à mener face à
la tentative du verrouillage du forum par le pouvoir exécutif de la
transition. Les politiciens
reprochent à l’exécutif transitoire de ne leur accorder que 30 places sur 70
alors qu’ils sont aujourd’hui considérés comme les principaux responsables des
crises répétitives qui frappent la RCA.
La révision du quota de la participation des
leaders politiques au forum et la mise en place d’un bureau de coordination des
partis politiques étaient les principaux sujets au menu de cette
rencontre. Cette réunion a été présidée par Mme Gina Sanzé,
vice présidente du Conseil national de Transition et le conseiller
Laurent Gon Baba qui fait partie du bureau du présidium du
Forum.
Quarante et un chef de partis ou leurs
représentants parmi lesquels les candidats à la présidentielle Anicet
Georges Dologuélé, Cyriaque Gonda, Me Crépin Mboli- Goumba, Joseph Bédounga,
Marie Reine Hassène, Maxime Kazagui, étaient présents à cette
rencontre.
Les grands absents étaient les principaux
leaders de l’AFDT, le candidat déclaré à la présidentielle Martin
Ziguélé et ses inamovibles alliés l’ancien premier ministre
Nicolas Tiangaye et le ministre Renaldy Sioké
ainsi que ses challengers, le ministre Doubane et le ministre
d’Etat Jean Willybiro Sacko.
A l’entame des débats Mme Gina
Sanzé du Patrie a déploré la présence massive des proches de l’exécutif
à la t^te des différentes commissions devant siéger au Forum. Mis en place par
la présidence après la nomination de Jean Jacques Démafouth, la
parlementaire et ses collègues s’étonnent que cette équipe n’aie pas été
remaniée en dépit des abrogations des décrets controversés à travers lesquels
ils avaient été nommés.
Remontés, les leaders politiques ont à
l’unanimité balayé du revers de la main le quota de 30 participants attribués
par la présidence. Ils réclament 70 places soit un représentant pour chaque
parti. « Il y’aura 585 participants au forum, si on ne
désigne que 30 leaders de parti politiques, on ne représentera que 4% de
l’effectif. Tout porte à croire que la société civile qui aura sans doute le
plus grand contingent est composée des gens vertueux, c’est une mise à l’écart
volontaire des politiques » a déclaré Joseph
Béndounga, président du MDEREC.
Les participants sont tous déterminés à faire
reculer le gouvernement comme ils l’ont fait récemment à travers la contestation
des décrets controversés. Ceux-ci avaient emboîté les pas aux conseillers
nationaux qui ont fini par obtenir leurs abrogations pures et
simples.
Pour mener à bien ce qu’ils considèrent comme
le combat de la dernière chance, une coordination composée de cinq membres a été
mise en place par voie démocratique. Le combattant Béndounga a
été élu Coordonnateur par ses paires face à Maxime Kazagui de
l’ANC qui n’a pas démérité au vu du nombre de ses voix. Ce dernier a été désigné
par l’assistance coordonnateur adjoint. Mme Gina Sanzé a quant
à elle été élue rapporteur et M. Ngoumbango, rapporteur
adjoint. L’ancien ministre Zingas du nouveau parti kélémba
d’Elie Doté a été choisi trésorier au dépends de deux dames par
ses pairs.
Le Secrétaire général du KNK M.
Bertin Béa s’est félicité que Béndounga qu’il
appelle affectueusement le combattant, prenne la tête de cette
coordination. «Nous avons fait annuler les décrets
controversés sur le Forum, nous avons la chance de confier le pouvoir au lutteur
Béndounga qui va être notre interlocuteur auprès du pouvoir. 41 partis sur 70,
la majorité est à nous. Organisons nous, ressaisissons nous afin que nous
redonnions au peuple centrafricain la dignité qu’il mérite. Le KNK n’ira pas au
forum s’il n’est pas inclusif »
Le président Mandaba Jean
Michel du parti de la gouvernance démocratique s’est réjouit en ces
termes : «Nous sommes aujourd’hui fiers d’être ensemble. La
crise centrafricaine est politique et elle doit avoir une réponse
politique »
Notons que le nouveau bureau de la
coordination s’est mis tout de suite au travail. Le président
Béndounga auréolé par cette reconnaissance tardive de ses
paires en bon démocrate, a aussitôt proposé d’adresser un courrier au premier
ministre pour lui rendre compte de la décision des partis politiques
centrafricains. Ces derniers ont à l’unanimité décidé de boycotter ces assises
nationales si le pouvoir n’augmentait pas le nombre des participants à 70. Les
principaux groupes armés Séléka et Balaka auront chacun 20
représentants.
Les leaders des partis ont déploré la
nomination des cadres de la primature et de la présidence à la tête des
commissions et ont mis en garde le pouvoir contre une tentative de la
récupération de ce forum. Notons que le forum sera dominé par la présence
massive des gens de la société civile qui sont en réalité des politiciens
déguisés prêts à manger à tous les râteliers.
Les 41 leaders ont recadré leur collègue
Laurent Gon baba qui présidait la rencontre et ont surtout
dénoncé l’absence de M. Davy Yama qui les représente au près de
la commission technique.
Un grand nombre de leaders se disent prêts à
sacrifier les pers-diems pour prendre part physiquement à cette rencontre.
D’ailleurs le leader Dénamsé du FND est catégorique :
« Si le quota n’est pas révisé au prorata du nombre des partis
politiques, nous n’irons pas au Forum. Nous pouvons laisser les
per-diems ».
Les partis ont promis de se rencontrer à
nouveau le mardi prochain, le temps d’avoir la réponse de
l’exécutif.
Wilfried Maurice
SEBIRO