CENTRAFRIQUE : LE FAUTEUIL DE
MAHAMAT KAMOUN DE PLUS EN PLUS MENACE
Publié par CENTRAFRIQUE LIBRE le 06 mai 2015
Les assises du forum de Bangui
en cour, risquent d’imposer un changement dans l’équipe dirigeante actuelle. Il
est possible que ce rendez-vous se termine par le départ de Mahamat
Kamoun, un leader musulman choisi par la cheffe de l’Etat après le forum de
Brazzaville qui s’est soldé par la signature d’un accord de cessez le feu.
Plusieurs entités appellent déjà au remplacement de Mahamat Kamoun à la tête de
l’exécutif centrafricain. Le forum de Bangui risque de se
solder par le sacrifice de Mahamat Kamoun. Cette hypothèse est portée par
plusieurs entités et certaines l’ont clairement signifiée lors de la plénière
organisée le mardi dernier.
Ce sont beaucoup plus les
groupes armés qui portent aujourd’hui cette réclamation. C’est le cas du
Rassemblement Populaire pour le Renouveau de Centrafrique (FPRC), une aile de
l’ex-Séléka qui dans ses recommandations, a demandé que le gouvernement soit
modifié, une manière contournée de demander le départ de l’ami d’hier qui se
trouve aujourd’hui à la primature.
De sources bien informées, le
FPRC et l’UPC (deux autres ailes de la Séléka) auraient aussi fait la même
demande tandis que plusieurs partis politiques exigent purement et simplement le
départ de Mme Catherine Samba-Panza, l’actuelle cheffe d’Etat de
transition.
Il est clair que les politiques
et les groupes armés, principaux acteurs de la crise se sont fixé comme
objectif, le départ pour les uns de Samba-Panza et pour les autres celui de
Mahamat Kamoun que la cheffe de l’Etat a réussi à placer à la primature contre
toute attente.
Selon nos informations malgré
les liens que l’actuel premier ministre a au sein de toutes les tendances de la
Séléka, ce dernier n’arrive pas à convaincre la majorité de ses anciens
compagnons de le soutenir au poste de premier ministre. Il y a certes quelques
leaders qui soutiennent Mahamat Kamoun par coup de billets de banque mais
ceux-ci sont minoritaires par rapport à la masse qui réclame son
départ.
Les ex-Séléka voudraient avoir
la tête de Mahamat Kamoun pour prendre leur revanche vis à vis de Catherine
Samba-Panza qui, après la signature de l’accord de cessez le feu à Brazzaville,
avait réussi à nommer Mahamat Kamoun qu’ils n’avaient pas choisi pour occuper la
primature en leur nom.
Au sein de la Séléka, il y a
des combats pour le poste de premier ministre. D’un coté, il y a l’ancien
ministre d’Etat et cadre à l’époque de la Séléka, Moussa Dhaffane qui, depuis
longtemps cherche à occuper au nom de ce mouvement, le poste de premier
ministre. De l’autre, il y a aussi ‘ancien ministre d’Etat Djono Ahaba qui a
réussi à créer le RPRC (une autre aile de la Séléka) qu’il utilise pour
décrocher le poste de premier ministre.
Au dessus de ces deux
tendances, il y a Karim Méckassoua qui, avec le soutien du médiateur avec qui il
a des liens d’amitié et d’affaire, fait tout pour apparaitre comme l’homme
consensuel au sein de la Séléka qu’il organise et finance dans
l’ombre.
Des trois, Karim Méckassoua qui
a déjà raté ce poste en aout dernier à cause de la résistance de Catherine
Samba-Panza, semble avoir une longueur d’avance mais son retard est que la
cheffe de l’Etat aurait préféré n’importe qui à lui pour les rapprochements
assez douteux qu’il a avec le président Congolais Denis Sassou Nguesso qui ne
manque pas d’intérêt en République Centrafricaine.
Il est aussi difficile de
penser qu’à la place de Kamoun, Catherine Samba-Panza puisse nommer un certain
Dhaffane qui passe aujourd’hui comme un chef rebelle sans élément. Cela n’avance
pas non plus Djono Ahaba dont le nom est déjà lié à plusieurs affaires louches
de diamants de sang et/ou de détournement lié à ces matières et qui surtout ne
pèse pas au sein du mouvement Séléka.
Malgré tous ces éléments qui
renforcent la position de Mahamat Kamoun, il sera difficile que ce dernier garde
son poste de premier ministre à l’issue des assises du forum. Pour le moment, ce
sont les groupes rebelles et essentiellement les ex-Séléka qui se battent pour
ce poste mais si les politiques qui réclament eux le départ de la cheffe de
l’Etat s’y joignent, Catherine Samba-Panza sera obligée de laisser tomber son
protégé et par mesure de récompense lui trouver une place comme elle sait bien
le faire (cas André Nzapayeke).
Les assises du forum de Bangui
telle que parties risquent d’apporter de sérieux bouleversements dans l’équipe
dirigeante de la transition qui sera d’ailleurs rattrapée par le principe de
légalité et de légitimité d’ici aout prochain.
Sylvestre Sokambi