Interview de monsieur Franck SARAGBA, cofondateur du collectif Fini Ndara/Fini-Kodé, suite aux viols commis sur les enfants en Centrafrique

Fini-Ndara/Fini-Kodé
Le Collectif des Futurs-élus et Acteurs socio-économiques en Centrafrique

(Réalisée le 14 mai 2015)

Plateforme d'expression libre ECHO DE BANGUI


1.    Comment qualifiez-vous les prétendus viols des mineurs centrafricains par les soldats français de la Sangaris, les tchadiens et guinéens de la Misca ?

Franck Saragba Si les faits sont avérés. Ils sont ignobles et constituent un crime contre la jeunesse et le peuple centrafricain tout entier. Le collectif Fini-Ndara/Fini-kodé au nom duquel je m’exprime condamne avec la dernière énergie ces actes graves et scandaleux qui sont commis sur d’innocentes et pauvres âmes par quelques brebis galeuses. Ces actes sont condamnables aussi bien juridiquement que moralement. Ils le sont, parce qu’ils touchent  en premier lieu les plus vulnérables, nos enfants et dans un deuxième temps, ils pointent du doigt la grande situation d’extrême pauvreté dans laquelle se trouve nos concitoyens au point que nos enfants sont réduits à vendre leurs misérables corps contre quelques friandises. Une situation révoltante qui résulte des multiples crises sociopolitiques qui se sont déroulées dans notre pays depuis quelques décennies. A termes, se posera inéluctablement le problème de l’intervention de ces nombreuses troupes étrangères sur le territoire Centrafricain. La responsabilité étant individuelle par conséquent, les éventuels auteurs de ces actes sont les seuls responsables et doivent en répondre devant la justice.

2.    Quelle lecture faites-vous de la déclaration de Chevènement ?

Permettez que je restitue les propos de monsieur Chevènement afin d’apporter une réponse appropriée et convenable « Il est clair que le fait de se trouver au contact de populations malheureuses, abandonnées, peut favoriser les comportements de ce type. »

Ces propos sont choquants et scandaleux. Ils sont révélateurs d’un certain nombre d’idées conçues et établies sur notre pays. On se croirait au bon vieux temps  de la coloniale où le nègre est une créature quelconque qui n’a ni âme ni conscience à l’endroit duquel l’on peut se permettre tout. D’autant plus choquant qu’ils sont prononcés par un ancien ministre, homme de gauche, républicain et souverainiste.  Autrement dit, on peut violer et abuser des populations malheureuses qui sont abandonnées par des gouvernants cupides et irresponsables comme les nôtres. Elles ont le tort d’être abandonné à leur sort, alors, on peut les violer, C’est moins grave que si cela avait été commis sur des populations dont les populations bénéficient de la protection de leur gouvernement. C’est tout simplement un encouragement aux viols des enfants centrafricains. Monsieur Chevènement, cofondateur du parti socialiste français et du Mouvement des citoyens est dans une logique voilée pour trouver coute que coute des justificatifs à ces actes odieux et indéfendables au mépris des valeurs humanistes et de citoyenneté  qui sont portées et défendues âprement par son parti et toute la gauche républicaine.

Par ailleurs, nous nous étonnons du manque de réaction des parties concernées par ces accusations et du silence assourdissant des autorités Centrafricaines ainsi que des  principaux partis politiques de notre pays alors que le rapport était rédigé depuis 2014 et connu de tous.


3.    Ne pensez-vous pas que ce genre de comportement remet en cause le capital de confiance que le peuple centrafricain a placé en la communauté internationale ?

Ne nous égarons pas. Nous devons faire preuve de discernement car ces viols auraient été commis par quelques personnes.  Il faut dissocier la responsabilité des fautifs de celle du groupe auquel ils appartiennent. Ces viols découlent de la  seule responsabilité de leurs auteurs et ne sauraient mettre en cause la difficile mission que la communauté internationale effectue sur le terrain, à côté du Peuple Centrafricain. Je ne doute pas un instant que la confiance totale renaitra lorsque les auteurs seront identifiés et traduits devant la justice. Faisant confiance à la justice et à la communauté internationale.

En conséquence, nous prenons acte de la détermination affichée des plus hautes autorités françaises pour appliquer des peines exemplaires si les faits sont avérés et invitons les autorités tchadiennes et équato-guinéennes à en faire autant.


4.  Certains compatriotes de la diaspora de France ont initié une manifestation pour dénoncer cette pratique.  Y aviez-vous pris part ? Quelle était votre motivation ?

Le collectif Fini Ndara/Fini Kodé  rend hommage à ces compatriotes de la diaspora qui ont pris leur  courage pour organiser des manifestations à plusieurs reprises afin d’attirer d’une manière générale l’attention sur la situation qui prévaut dans notre pays  et notamment ces derniers jours pour dénoncer les viols qui sont commis sur les enfants. Rappelons que notre collectif, un des précurseurs dans ce domaine a déjà organisé par le passé, seul ou en collaboration avec d’autres associations de la diaspora des manifestations du genre. Nous avons  toujours répondu présent lorsque des manifestations citoyennes sont organisées par la diaspora de France à condition que celles-ci se fassent en respectant les lois de la République du pays dans lequel nous résidons. Nous voulons juste à travers ces manifestations servir de relais afin qu’il y ait un meilleur écho en dehors du territoire centrafricain et faire connaitre au plus grand nombre les revendications.

5.    Fini Kodé /Fini Ndara  a t-il des actions à mener afin que justice soit faite ?

Le collectif se réunira très prochainement pour  définir et arrêter  les actions à mener. Le collectif n’entend pas se substituer à la justice dans la mesure où la justice est saisie de cette affaire et que les différentes autorités ont manifesté leur volonté de retrouver les coupables pour les traduire en justice. C’est une première dans notre pays, aussi, nous resterons vigilant jusqu’au bout. Au-delà de ces faits, c’est toute la problématique de la prise en main de la sécurité intérieure et extérieure de notre pays, donc du rétablissement des Forces armées centrafricaines (FACA) qui se pose. 

 

Réalisée à BANGUI,

Le 14 Mai 2015