Par rjdhrca - Le 27/03/2015
Bangui, 27 mars 2015
(RJDH) --
L’Ambassadeur de France auprès de l’État centrafricain, Charles Malinas revient
sur les sujets brulants de l’heure : les conclusions de la 7ème
Réunion du Groupe International de Contact sur la Centrafrique qui repose sur le
principe de l’inéligibilité des autorités de la transition, la tenue ou non des
élections en juin-juillet prochain. La France reste fidèle sur les principes
déjà posés quant à l’inéligibilité des autorités de la transition et au délai de
la transition. Il l’a redit dans cette interview accordée au RJDH le 26 mars
2015 dans son bureau.
Réseau des
Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH) : Monsieur Charles Malinas
Bonjour!
Charles Malinas
(C.M) : Bonjour!
RJDH : La
7ème Réunion du Groupe International de Contact sur la RCA vient
d’avoir lieu au Congo. Les partenaires de la RCA ont réaffirmé leur soutien aux
autorités de la transition et rappelé la nécessité de tenir le calendrier des
élections. A quel niveau se situe l’implication de la France lors de cette
grande rencontre?
C.M : Comme
vous le savez, la France est aux côtés de la République Centrafricaine depuis
longtemps pour essayer d’aider à résoudre cette crise. La France appui les
efforts des États qui sont au sein du Groupe Internationale de Contact pour
appuyer la transition et l’aider jusqu’à son terme dans les meilleurs conditions
possibles. La dernière réunion du GIC a réuni un nombre important d’États et
cela a été un succès. Le groupe a réaffirmé son soutien mais aussi la nécessité
de tenir les délais de la transition. La population centrafricaine souhaite
revenir à la normale.
RJDH : Les
conclusions du GIC sont revenues sur la nécessité de respecter la clause
d’inéligibilité des autorités de la transition. Vous en tant qu’Ambassadeur,
qu’avez-vous dit?
C.M : Écoutez,
je n’ai pas d’avis particulier en tant qu’Ambassadeur sur cette question. Les
règles ont été édictées par la communauté internationale sur cette question à
commencer par la réunion de Libreville qui a lancé le processus de transition.
Sur cette question je suis tout simplement la règle que les personnalités de
premier plan qui ont participé à la transition ne peuvent pas se présenter à
l’élection présidentielle et législative qui doit clore cette
transition.
RJDH :
Certains politiques voient la main de la France derrière cette règle. Je cite en
exemple Joseph Bendounga qui vous voit comme étant l’auteur de ce principe
d’inéligibilité des autorités de la transition, comment
réagissez-vous?
CM. Alors ni la
France ni moi-même sommes l’auteur de ce principe. Comme je disais c’est un
principe qu’on retrouve très fréquemment lorsqu’il y a une situation de
transition. C’est un principe édicté par les États qui étaient au chevet de
Centrafrique essentiellement les États de la CEEAC comme je le disais tout à
l’heure mais également d’autres. Quant à Joseph Bendounga, il a publié une
lettre ouverte qui m’est adressée. Il sait très bien que s’il veut que nous nous
rencontrions je serais disponible. On s’est déjà vu plusieurs fois, on s’est
encore rencontré hier à l’occasion de l’anniversaire de la Radio Ndéké Luka. Je
n’ai aucune difficulté avec Joseph Bendounga, je suis prêt à discuter avec lui.
Il est possible que nous ne soyons pas d’avis sur un certain nombre de sujets
mais c’est la vie, on peut ne pas être d’accord avec les gens et en
parler.
RJDH :
L’Autorité Nationale des Élections est aujourd’hui au mur de lamentation, du
fait des promesses non tenues de certains bailleurs. Comprenez-vous Monsieur
l’Ambassadeur la réticence de ces derniers.
C.M :Les promesses non
tenues des bailleurs, il faudrait que vous me précisiez, parce que là pour
l’instant je ne connais pas de bailleurs qui ait promis de fond à la
Centrafrique et ne les ait pas versés.
RJDH :
Dernièrement l’Union Européenne était un peu réticente. On la voyait réticente
et puis après elle vient de signer il n’y a pas longtemps alors qu’on
l’attendait depuis.
C.M : Alors ce
n’est pas une promesse non tenue. L’Union Européenne ne voulait verser l’argent
dès lors que d’autres bailleurs seraient venus l’aider dans le financement du
processus électoral. On a eu une discussion avec les responsables de l’Union
Européenne à Bruxelles. La France a beaucoup appuyé de ce point de vue la
position centrafricaine pour que l’Union Européenne assouplisse sa position et
verse au moins une partie des fonds promis. De sorte que le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD) puisse démarrer les opérations
électorales concrètes, c’est-à-dire en premier lieu l’enregistrement des
électeurs.
RJDH :
Aujourd’hui la Communauté Internationale pousse les autorités nationales à aller
vers ces élections, de tenir le délai qui va jusqu’en juin-juillet. Pensez-vous
que ce calendrier est aujourd’hui tenable?
C.M : D’abord
ce n’est pas seulement la Communauté Internationale qui pousse les autorités;
c’est la population centrafricaine qui l’a tout à fait exprimé lors des
consultations populaires. La deuxième chose c’est que la transition a déjà été
prolongée de 6 mois et un gouvernement de transition, vous savez, il y a plein
de choses qu’il ne peut pas faire. Il y a des actions qui appartiennent à un
gouvernement normal, un gouvernement légitimement élu, qui ne sont pas dans les
capacités d’un gouvernement de transition qui, lui a des taches précises
liées à la transition. Donc la sortie de la transition est quelque chose qui est
particulièrement importante pour que la République Centrafricaine retrouve les
conditions de sa reconstruction, une vraie reconstruction. Ça c’est le premier
point. Deuxième point ce sont les délais; ils ont été fixés au départ et
allongés. Le Groupe International de Contact et la France sont en phase pour
réaffirmer qu’il fallait tenir ce délai. Cela veut dire que pour les opérations
pré-électorales, enregistrement des électeurs, circonscriptions électorales qui
sont des opérations techniques doivent être réalisées maintenant à grande
vitesse.
Les gens qui en
sont chargés jusque-là ont mis beaucoup de temps sans doute trop de temps. Le
médiateur a accepté de prolongé de 6 mois jusqu’en aout prochain et il a
clairement dit au GIC qu’il n’y aurait pas une autre prolongation, il n’y aurait
pas de 3ème transition parce qu’il y a d’autres crises dans le monde,
des crises extrêmement grave à l’exemple de l’Ukraine mais il y a d’autres
crises en Afrique et dans le reste du monde. Pour que la Centrafrique continue
d’attirer l’attention des bailleurs qui, par exemple qui paient le salaire des
fonctionnaires, il faut qu’elle montre qu’elle a fait des progrès. Il faut d’une
part réussir le forum de Bangui et tenir les élections dans le délai
prévu.
RJDH : Si
après trois mois les élections ne sont pas tenues, quel scénario
envisagez-vous?
C.M : Nous
tiendrons les élections
RJDH :
Monsieur l’Ambassadeur merci!
C.M : C’est moi
qui vous remercie!
Décrytage :
Naim-Kaélin ZAMANE