RCA: le recensement pré-électoral repoussé après une agression

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Les parlementaires avaient donné une majorité de leurs suffrages à Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, le 21 janvier 2014 pour le poste de présidente de la transition
Les parlementaires avaient donné une majorité de leurs suffrages à Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, le 21 janvier 2014 pour le poste de présidente de la transition.AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

Le recensement pré-électoral en Centrafrique devait commencer vendredi dans une école du 3e arrondissement de Bangui, il ne démarrera que lundi. La faute à une agression sur un conseiller du maire de cet arrondissement lors de la cérémonie de lancement officiel de la campagne. Les agresseurs étaient, selon plusieurs sources, d'anciens membres de la branche de la Seleka la plus hostile aux accords de paix. L'incident ne fait que repousser le début de l'enregistrement des citoyens centrafricains, mais oblige également l’ANE à délocaliser dans un autre arrondissement de la capitale.

Il s'appelle Amadou Roufaï, il est conseiller du maire du troisième arrondissement de Bangui et se trouvait dans l'école Koudoukou, pour l'ouverture officielle de la campagne de recensement. Il raconte comment il a été agressé, en présence de l'ambassadeur de France et du chef de la Minusca, par des hommes qui, selon certaines sources, seraient d’anciens membres de la Seleka.

« Ils ont fait irruption dans l’établissement et ils ont commencé à un injurier l’ambassadeur français. Comme la personne est venue s’adresser directement à l’ambassadeur de France, je lui ai dit, comme c’est un frère, nous sommes tous des musulmans, c’est le mois de ramadan. Je lui ai dit ça, et il a dit « vous êtes de traitres vous qui êtes de la mairie ». C’est de là que tout a capoté. Directement, il m’a boxé. »

Marie-Madeleine Koué est rapporteur générale de l'Autorité nationale des élections (ANE), le 3e arrondissement, où vivent de nombreux musulmans, représente pour elle un symbole fort du processus de paix, y réussir le recensement est un véritable pari.

« C’est dans ces arrondissements, notamment le 3e arrondissement, que la crise a été la plus forte. Nous avons choisi à dessein cet arrondissement pour montrer à nos compatriotes qui y vivent, que nous voulons vraiment faire la paix et aller aux élections. Avec une plus grande sensibilisation, nous arriverons à les convaincre. Parce que de toute les façons il faudrait que nous organisions ces élections sur tout le territoire centrafricain, notamment dans tous les arrondissements de Bangui. »

Pour l'heure, les premières banderoles pour l'enregistrement ont été accrochées dans la capitale centrafricaine, les agents recenseurs achèvent tout juste leur formation et une nouvelle cérémonie sera organisée lundi. Ce sera dans le 7e arrondissement de Bangui où habite Catherine Samba-Panza, pour que la chef de l'Etat de transition, puisse montrer l'exemple, en s'enregistrant la première.

 

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RCA: début du recensement électoral dans une semaine

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En République centrafricaine, l’Autorité nationale des élections (ANE) a rendu public, vendredi 19 juin, un ambitieux calendrier électoral, qui fixe le référendum constitutionnel au 4 octobre, le premier tour des législatives et de la présidentielle simultanément le 18 octobre, et le second tour de ces deux scrutins au 22 novembre. Cependant et avant cela, l’ANE va lancer un grand recensement des électeurs dans tout le pays dès le 27 juin durant un mois.

Les électeurs seront appelés à s’inscrire sur les listes électorales dans des bureaux implantés un peu partout sur le territoire lors du recensement électoral qui doit débuter dès le 27 juin et être achevé le 27 juillet. C’est un travail colossal car les archives ayant survécu à la crise sont rares. L’ANE a renoncé à l’enrôlement biométrique, mais la prochaine carte d’électeurs comportera un certain nombre d’informations personnelles ainsi que la photo.

Joint par RFI, Julius Ngouadé-Baba, porte-parole adjoint de l’ANE, invite ses compatriotes à se faire inscrire massivement et se procurer ainsi, par la même occasion, un document d’identification. « L’Office national d’informatique dispose de quelques listes encore de 2011. Seulement, nous ne pouvons pas travailler avec cette liste pour la simple raison que l’exigence du code électoral voudrait, cette fois-ci, que l’option qui a été arrêtée par l’Autorité nationale des élections, après consensus, soit juste une liste informatisée, avec des cartes d’électeur sur lesquelles il y aura des photos. Du coup, nous sommes obligés de reprendre l’inscription à zéro parce que l’électeur inscrit doit disposer aussi de sa photo sur cette liste-là », a-t-il précisé.

« Ce serait aussi une très bonne chose, ajoute M. Ngouadé-Baba, parce que la crise que nous avons connue a occasionné de très grandes destructions. Du coup, la plupart de nos compatriotes ne disposent plus de documents tenant lieu de pièce d’identité. Aussi, une carte d’électeur qui contiendrait les informations sur l’affiliation de la personne, son lieu de résidence et sa photo - sans que cela remplace la carte nationale d’identité - peut servir à l’identification du Centrafricain qui sera inscrit sur la liste électorale. C’est pourquoi j’inviterais mes compatriotes à se faire inscrire massivement sur les listes électorales. »

Le calendrier est-il tenable ?

Pour l’ancien Premier ministre, Nicolas Tiangaye, et actuel président de la Conférence des présidents de la plateforme AFDT, l’Alliance des forces démocratiques pour la transition, il faut que l’ANE puisse recevoir les financements attendus pour que ce délai soit tenable. « C’est possible à condition que l’Autorité nationale des élections puisse boucler son budget de 18 millions de dollars », a-t-il déclaré, à RFI, avant d’ajouter qu’une transition est appelée à être très courte et que, par conséquent, il ne faut pas y rester « indéfiniment ». Il pense que c’est important d’avoir des institutions qui ont « l’onction populaire » et ainsi finir l’année en cours avec des élections démocratiques.

Nicolas Tiangaye souligne, par ailleurs, la situation des réfugiés et des déplacés qui ne pourront pas tous voter : « Ce que nous souhaitons, c’est que la majorité de la population puisse participer à ces élections. C’est notre souhait. Néanmois, dans les conditions actuelles, il sera bien entendu difficile que tout le monde y participe, d’autant plus que nous avons environ 400 000 réfugiés dans les pays voisins et 500 000 déplacés internes. Il faut donc tenir compte aussi de tous ces éléments-là. »

Cyriaque Gonda, président du Parti national pour un Centrafrique nouveau (PNCN), parti de l’ancienne majorité présidentielle sous François Bozizé, considère, quant à lui, que l’on peut s’attendre à quelques glissements ou encore quelques retards mais il ne faut surtout pas dépasser décembre 2015. « On peut effectivement organiser les consultations référendaires, les élections législatives et la présidentielle en octobre, novembre, décembre. C’est la période que je considère adaptée. On aurait déjà eu un minimum de sécurité, on aurait déjà entamé les frais du programme de désarment, démobilisation et réinsertion (DDR) », a-t-il déclaré à RFI.

« Les élections constituent une opération vitale pour une nation, et particulièrement une nation qui est en crise comme la RCA. Décembre devra être une date butoir, de façon à ce que l’on donne l’espoir à notre peuple. A partir de l’année 2016, un nouveau commencement avec un acte refondateur qui devrait vraiment nous aider à revenir dans le concert des nations », estime Cyriaque Gonda, président du PNCN.