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PARIS DES MANIFESTANTS APPELLENT TOUS LES CENTRAFRICAINS A SE RÉAPPROPRIER DE
LEUR DESTIN
Les
centrafricains de la diaspora France et Europe ont massivement répondu à l’appel
du Collectif des Leaders d’Opinions crée à la suite du massacre du 26
septembre.
Plusieurs centrafricains de France et d’Europe ont honoré de leur présence
à un grand rassemblement organisé le samedi 3 octobre sur la place de la
République dans le 10è arrondissement de Paris.
Convoquée
à la hâte après les évènements sanglants du 26 septembre, la manifestation a été
décidée dans la foulée par le Collectif des Leaders d’Opinion qui vient d’être
crée. Cet appel a tenu sa promesse. La grande place de la République n’a
certes pas été inondée par une foule impressionnante comme c’est souvent le cas
avec les ressortissants de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée Conakry, mais le
contenu des messages livrés par les participants était suffisant pour comprendre
l’incarnation d’une volonté commune de changement et de la réappropriation du
destin du peuple centrafricain meurtri.
Loin
des machinations politiciennes ou partisanes, les orateurs de ce grand
rassemblement ont non seulement interpellé l’ONU, le président français
François Hollande à travers son opération Sangaris, les autorités
de la transition et la communauté internationale qui sont tous passés à côté des
principaux objectifs de la transition qui sont: la sécurisation et la
pacification du territoire, le désarmement des groupes armés, la réhabilitation
de l’administration et l’organisation des élections
En
se basant sur l’exemple du peuple Burkinabé dont le patriotisme et l’esprit de
la solidarité autour d’une seule nation ont prévalu sur la haine et la division,
le Collectif des Leaders de l’Opinion veut désormais s’affirmer pour sauver ce
qui reste de la RCA . Ils veulent ainsi pallier les carences et surtout
l’inertie de la classe politique centrafricaine qui sous-traite les questions de
leur cité aux étrangers, notamment la France, pour leurs intérêts
égoïstes.
Ainsi,
Mme Rosalie a été catégorique en lançant cette alerte « On a
laissé ce combat à d’autres personnes, il est temps qu’on se réapproprie de
notre destin. Nous sommes désormais engagés car si on ne fait pas attention, on
va perdre notre pays ».
En
effet la RCA n’a rien à envier à la France ou à n’importe quel pays au monde
grâce à ses immenses potentialités. Elle ne souffre que de l’absence du
patriotisme de ses dirigeants. Le premier orateur de cette manifestation,
l’ancien député Salomon Kotro a appellé les centrafricains à reprendre en
mains la destinée de leur pays en ces termes «Hier, nous avions la
propriété de notre pays, aujourd’hui il est entre les mains des étrangers, nous
ne pouvons plus rester les bras croisés, ne pensez pas que la solution va venir
de la France ou des Nations Unies. Notre mouvement est en marche, notre
conscience devrait nous interpeller, car au moment où nous buvons la bière ici,
les centrafricains sont en train de se faire tuer. Nos vieillards sont
abandonnés dans les villages après la fuite de leurs garçons, nos filles, nos
sœurs, nos mamans sont violées au quotidien. La solution de notre pays c’est
toi, c’est moi, c’est nous tous qui sommes là aujourd’hui, le gouvernement a
failli, les acteurs de la transition et la communauté internationale ont tous
failli, c’est une grande aventure qui commence, nous devons nous unir pour
réussir cette marche.»
Madame
Josiane Sandabouih qui est spécialement venue de la ville de Tours située
à 250 km de Paris pour manifester s’est interrogée sur le patriotisme des
centrafricains «Est ce qu’on aime vraiment la RCA ? ».
Pour cette militante des droits de l’homme qui est debout depuis l’avènement des
sanguinaires de la Séléka, les centrafricains n’ont pas le cœur de s’aimer entre
eux.
Elle
a également souligné le manque du respect du principe de l’homme qu’il faut à la
place qu’il faut qui pousse aujourd’hui les autorités centrafricaines à nommer
des vendeurs de thé ou des chefs de guerre ministre. Mme Sondabouih s’est
également insurgée contre l’amalgame et les aberrations qui ont poussé les
dirigeants à confondre les différents rôles des forces de défense intérieures
centrafricaines. Pour cette dernière un gendarme ou un policier ne peut pas
assumer la fonction d’un militaire.
C’est
ainsi que plusieurs orateurs ont souhaité le retour immédiat et le réarmement
des Forces Armées Centrafricaines écartées depuis le début du processus de la
transition. Selon la gréviste de la faim Denise Yakazangba, la RCA est
victime d’un complot international car elle ne comprend pas que tous les pays du
monde aient des forces armées à l’exception de son pays.
Olivia
une jeune centrafricaine venue de l’Allemagne avec sa petite famille est
intransigeante sur le retour des FACA : «J’appelle les forces
d’occupation qui passent leur temps dans les restaurants ou qui violent nos
sœurs de s’occuper des missions du désarment et de la pacification de mon pays
qui leur ont été assignées. Nous voulons le réarmement de nos FACA, car nos
militaires connaissent mieux le terrain que quiconque. Ils ont fait leurs
preuves en faisant du porte à porte, pour rechercher les armes en fouillant les
plafonds et les placards de toutes les maisons à Bangui après les premières
mutineries ».
Prenant
la parole à son tour, le très actif président du mouvement Correct et un des
principaux instigateurs du Collectif du 11 mai pour la paix en Centrafrique qui
a fini par déboucher sur le départ du sanguinaire Djotodia, M. Maxime
Nana a plaidé pour l’intensification et la perpétuation des actions de tous
les centrafricains épris de paix. «Je veux que la RCA soit un pays
d’action, et non un pays de réaction. La solution réside en nous. Les français
sont en RCA depuis des années, qu’est- ce qu’ils ont fait, que font-ils chez
nous ? C’est à nous, c’est à la transition de donner le
tempo ».
«Le
temps de demain est à nous. Il dépend de nous» a déclaré le chroniqueur
de la télévision Africa 24, le professeur Jean François Akandji
kombé qui ne quitte plus l’espace médiatico-politique centrafricain de ces
derniers mois. Sans doute JFAK à travers cette citation a voulu inviter
les centrafricains de bon sens à se mobiliser aujourd’hui pour reprendre
en mains les affaires de leur cité actuellement aux mains des étrangers, sinon
leur pays est voué à un avenir sombre. Et comme la solution de la crise
centrafricaine ne dépend que des nouveaux acteurs, le Collectif des leaders
d’Opinion et la jeunesse qui est sortie dans la rue à Bangui pour réclamer la
démission des autorités de la transition doivent se référer à la citation de
maître Eckhart «Le savoir associé à la détermination d’un acte de
militantisme est incontestablement ce qu’il y a de plus efficace pour obtenir
les droits d’un peuple ». En gros, ils doivent mouiller leurs
maillots et appliquer le principe selon lequel le pouvoir ne se donne pas mais
s’arrache.
C’est
d’ailleurs ce que recommande la sagesse : les centrafricains doivent s’en
tenir aux désirs naturels et aux bonheurs de leurs peuples en
se
convainquant que la minorité de leurs compatriotes qui sont les valets des
occidentaux et qui se considèrent comme des Dieux ne sont pas à craindre et ne
méritent pas de respect. D’où la nécessité de s’installer dans une lutte
pacifique et quotidienne avec toutes les forces vives de la nation à travers les
meetings, les débats, les manifestations et les marches de revendications qui
font cruellement défaut à ce pays
Wilfried
Maurice SEBIRO - CENTRAFRIQUE LIBRE(
le 06 octobre 2015)