Centrafrique : Comment
l’Europe finance la guerre, selon Global Witness
mercredi 15 juillet 2015 / par
Les pays européens contribuent au
financement de la guerre en Centrafrique, selon une nouvelle étude de l’ONG
Global Witness publiée ce mercredi. Les exploitants forestiers dans le pays ont
versé d’importantes sommes d’argent aux ex-rebelles de la coalition Séléka quand
ils étaient au pouvoir, et ensuite aux Anti-Balaka, pour permettre leur
travail.
Le rapport de
l’Organisation non-gouvernementale (ONG) Global Witness, basé à Londres et à
Washington DC, accuse les pays européens d’alimenter la guerre en Centrafrique.
Dans un rapport publié ce mercredi, l’institution montre comment les entreprises
européennes ont monnayé leur présence dans le pays en versant de l’argent
d’abord aux ex-Séléka puis aux Anti-Balaka. Des combattants étaient payés pour
assurer la « sécurité » de leurs infrastructures. De l’argent était
aussi distribué à des barrages routiers pour permettre le transport des
marchandises.
L’ONG, dont un des
principaux bailleurs est l’Open Society Institute de Georges Soros ,
appelle à rompre les accords commerciaux et les aides avec les entreprises
forestières en Centrafrique « de toute urgence ». Près de 59 %
des exportations de bois du pays se font vers l’Europe, notamment en Allemagne
où se dirige 32 % du total des exportations, en France près de 20 % et
5 % au Royaume-Uni. La guerre civile en Centrafrique a fait plus de 5 000
morts et près d’un million de personnes déplacées.
En mars 2013, la
rébellion de l’ex-Séléka s’est emparée du pouvoir dans le pays. Le rapport
décrit la manière dont des éléments de l’ancien groupe rebelle ont été envoyés
dans les forêts du pays afin de trouver des sources de financement. Des accords
ont alors été conclus entre la rébellion et notamment trois entreprises
forestières qui contrôlent une zone qui s’étend sur une superficie représentant
200 fois celle de Paris, située dans le sud-ouest du pays. Elles représentent
99 % des exportations de bois centrafricain : IFB d’origine française,
SEFCA du Liban et Vicwood, une société chinoise.
L’exploitation du bois
avant la crise représentait 10 % du revenu national et 40 % des
recettes de l’Etat centrafricain. En 2013, ces trois entreprises auraient versé
près de 3,4 millions d’euros aux rebelles (plus de 2, 230 milliards de Fcfa)
pour continuer leur exploitation. Un groupe d’experts sur
En 2013, près de 381 000
euros (soit près de 250 millions de Fcfa) ont été payés en une fois au
gouvernement de
Global Witness incrimine
notamment l’Agence française de développement (AFD) qui a financé à hauteur de
plusieurs millions d’euros le développement de l’exploitation forestière en
Centrafrique, versant notamment 1,4 millions d’euros à SEFCA pour un plan
d’aménagement forestier, qui joue un rôle majeur pour l’économie du pays. Le
secteur du bois représente aujourd’hui 2 717 emplois et doit rapporter des
millions d’euros de taxe à l’Etat.
De son côté, l’AFD a
indiqué que ses investissements, qui ont débuté dès les années 90, devaient
permettre le développement d’un modèle alliant « rentabilité
économique » et « préoccupation environnementale ». Pour Global
Witness, les bénéfices de ce partenariat de l’institution française apportés à
« Il est
tragiquement ironique de constater que, alors que les gouvernements européens
ont investi des centaines de millions d’euros dans des opérations militaires et
de maintien de la paix en RCA, ils n’ont pas réussi à garder le bois du conflit
en dehors des marchés de l’UE », a précisé Alexandra Pardal. En mars 2013
est justement entré en vigueur au sein de l’Union européenne le « règlement
bois » qui oblige en principe les entreprises à prouver l’origine légale du
bois qu’elles ont acheté. « Tant que l’Europe continuera de soutenir
l’industrie forestière de
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