Radio
Ndéké Luka (radiondekeluka.org) samedi 26 septembre 2015 14:07
Au
moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans le 5e
arrondissement de Bangui à la suite du regain de tension qui a eu lieu au KM 5
dans le 3ème arrondissement de Bangui.
A
l'origine de ce brusque accès de violence, la découverte d'un corps sans vie
d'un sujet musulman retrouvé dans les locaux de la Fédération Nationale des
Éleveurs Centrafricains (FNEC), sis dans le 8e arrondissement, à proximité de
l’Aéroport international Bangui M'Poko.
« Vers
8h 30 et 9 heures, des détonations des grenades et sifflements de balles ont
commencé à retentir. Une voisine du quartier a eu une balle dans le ventre et
tout le monde – femmes et enfants étaient en débandade. Des maisons, commerces
et véhicules des particuliers ont été brûlés »,
a déclaré un habitant du quartier Bazanga dans le 5ème arrondissement joint par
RNL.
En
représailles, des tirs à l'arme automatique et l'explosion de grenades ont
retentit dans le secteur. Les sujets musulmans mécontents se sont mis à
incendier de nombreuses maisons de commerce, des maisons et des véhicules
des particuliers emportant certains biens par la même occasion. Paniquées, les
populations ont fui le secteur pour se mettre à l'abri, particulièrement sur les
anciens sites des déplacés.
Un
premier bilan donné par l'Hôpital Communautaire fait état de 20 blessés par
balle et par coup de couteau, 3 corps inertes ont également été déposés à la
Morgue dudit centre hospitalier.
Appel
au calme
Le
2e conseiller de la mairie du 3e arrondissement, Amadou Roufaï, lance un appel
au calme : "je demande à mes administrés du 3ème arrondissement de se
ressaisir et de laisser la justice mener les enquêtes pour savoir de quoi il
s'agit parce qu'on peut être manipulé des deux côtés - de la politique et
ceux-là qui ne veulent pas la paix ".
Amadou
Roufaï
explique par ailleurs que
"Cette situation est vraiment désastreuse. Nous sommes presqu'au bout de tunnel
pour la paix et cette cohésion sociale. Mais le fait qu'on a amené un corps d'un
musulman au niveau de la mosquée Ali
Baboro
a suscité un autre problème".
Contacté
au téléphone, Dominique
Saïd Panguindi, ministre de la Sécurité Publique et porte parole
du gouvernement centrafricain, affirme que le mouvement de représailles de
ces manifestants a été contenu par les forces de la Sangaris, de la Minusca,
appuyées par la police et la gendarmerie nationale.
De
leur côté, les Antibalaka déclinent toute responsabilité dans les derniers
mouvements survenus dans la Capitale centrafricaine. "Nous
tenons d'abord à préciser que nous, ex antibalaka, avons
solennellement décidé d'opter pour la paix. Par conséquent, nous ne sommes pas
responsables des deux derniers événements et ne seront jamais responsables de
quoi que ce soit qui tende à déstabiliser ce pays qui a tant
souffert" , a déclaré Sébastien
Wenezoui, représentant des antibalaka au sein du gouvernement au
cours d'une rencontre ce samedi avec les journalistes.
" Nous
condamnons fermement cette bavure et ce désordre avec la dernière énergie et
demandons aux auteurs de cesser immédiatement ces actes de violence inutile et
de revenir sur la voix de la paix. Dans le cas contraire, nous contribuerons à
aller les chercher, à les rendre à la justice pour décliner nos
responsabilités car nous ne tolérerons pas qu'on salisse le nom des ex
antibalaka qui sont des véritables patriotes", a-t-il ajouté avant
d'inviter la population à la vigilance.
"Nous demandons à la population d'être
très vigilante et de ne pas participer à des séries de manifestations néfastes
qui visent des intérêts égoïstes et qui n'ont aucune raison fondée
", a conclu Sébastien Wenezoui.
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En
Centrafrique, une flambée de violences meurtrières
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Un
homme, blessé dans des violences, est transporté dans un hôpital de Bangui, le
26 septembre. Crédits : EDOUARD DROPSY / AFP
Les
violences semblent avoir été commises pour venger la mort d’un jeune musulman
dont le corps avait été retrouvé gisant dans une rue près de l’aéroport, ont
rapporté des témoins. Des musulmans ont quitté leur fief du 3e arrondissement de
la capitale et ont ouvert le feu dans le 5e arrondissement, un quartier
majoritairement chrétien de la ville, où des maisons et des voitures ont été
incendiées. Des milliers d’habitants ont dû fuir vers d’autres quartiers de la
capitale. Le siège de la Voix de la Paix, radio musulmane de la capitale, et une
église ont été attaqués.
Selon
une source hospitalière, la plupart des victimes ont été atteintes par balles.
Les tirs ont été suivis par des mouvements de panique des habitants, amenant
certains à fuir leur quartier.
Violences
« inutiles »
Dans
un communiqué, le gouvernement de transition a fermement condamné ces
« violences inutiles, qui interviennent à un moment où la Centrafrique
en général et la ville de Bangui en particulier aspirent à la paix et à la
sécurité ». Le ministre de la Sécurité, Dominique Saïd Paguindji, a
imputé la responsabilité de ces violences à des éléments des milices chrétiennes
« anti-balaka », de l’alliance musulmane Séléka et à des
partisans de l’ex-président François Bozizé.
La
République centrafricaine avait sombré dans le chaos en mars 2013 quand les
rebelles de la Séléka, en majorité musulmans, avaient pris le pouvoir,
entraînant une riposte des miliciens chrétiens « anti-balaka »
et une partition de facto du pays. La France avait envoyé sur place plusieurs
milliers de soldats fin 2013 pour tenter de ramener le calme. La force française
Sangaris a aujourd’hui laissé la place à la Minusca, la force des Nations
unies.
Le
niveau des violences a considérablement baissé depuis ces événements mais des
groupes armés sévissent toujours dans certaines parties du territoire. Des
élections présidentielle et législatives sont officiellement prévues avant la
fin 2015. L’organisation des scrutins a toutefois pris beaucoup de retard,
rendant plus que vraisemblable un nouveau report des
élections.