Centrafrique
: « la sécurité est une urgence avant les élections » : André
Nzapayéké
afrikarabia.com
07 novembre 2015, par Christophe RIGAUD
André
Nzapayéké à Paris en novembre 2015 © Ch. Rigaud – Afrikarabia
Rétablir
un semblant de sécurité pour la présidentielle de décembre constitue « la priorité des priorités »
selon l’ancien Premier ministre André
Nzapayéké. Malgré les violences, la présidente de la Transition et la
France souhaitent que le scrutin se tienne dans les délais.
A
un mois de la tenue de l’élection présidentielle fixée au 13 décembre, la
Centrafrique continue de s’enfoncer dans le chaos. Les affrontements sont
désormais quotidiens dans la capitale, Bangui, depuis la récente flambée
de violence intercommunautaire, de fin septembre. Un bilan provisoire fait état
de presque 80 morts. Une situation délicate alors que le pape François doit
effectuer une visite en République centrafricaine fin novembre et que des
élections générales, assorties d’un référendum, doivent se tenir mi-décembre. Un
contexte peu propice à des élections apaisée, que dénoncent certains
observateurs internationaux, à l’instar de l’International Crisis Group (ICG),
qui souhaite le report du scrutin à la mi-2016 – voir notre
article.
« La
présidente est déterminée »
La
présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, qui souhaite voir les
élections se tenir dans les délais, à taper du poing sur la table et
« exhorté les
forces internationales à une action vigoureuse afin que Bangui soit sanctuarisée
à l’approche d’évènements importants et le pays sécurisé ». Une
demande fortement approuvée par la France, qui désire se désengager rapidement
du bourbier centrafricain, dans lequel 900 hommes de la force Sangaris sont
engagés. Les élections peuvent-elles se tenir dans ces conditions ? Pour
l’ambassadeur et ancien Premier ministre centrafricain, André Nzapayéké, les
élections se tiendront coûte que coûte : « Le
gouvernement et la présidente de transition feront tout pour que ces élections
aient lieu. La présidente est déterminée. Mais il y aura toujours quelque chose
ou quelqu’un pour saboter ces élections et tirer profit de cette
guerre ».
« Les
élections doivent rassurer les investisseurs »
Si
le scrutin doit avoir lieu comme prévu, la priorité est donc « d’isoler
les groupes armés » avec l’aide des casques bleus et de la
force Sangaris. « Les forces
armées centrafricaines sont en pleine reconstruction et nous avons absolument
besoin des forces internationales ». Si les élections peuvent
paraître précipitées pour certains, selon André Nzapayéké, elles doivent avoir
lieu rapidement pour pouvoir tourner la page de la transition et régler le
conflit centrafricain. « Le conflit
est avant tout politique et nous avons besoin de ces élections pour mettre
en place le plus vite possible une stratégie afin de régler les problèmes
politiques et les questions de fond comme l’exclusion, la
mal-gouvernance… Les élections doivent aussi rassurer tout le monde et
notamment les investisseurs qui sont les seuls capables de ramener de l’emploi
et du travail pour nos jeunes en Centrafrique » analyse
l’ex-Premier ministre.
« La
sécurité… c’est une urgence »
Mais
le temps presse à Bangui pour tenir les délais d’organisation des scrutins. Et
si les violences perdurent, le calendrier pourrait glisser. « La priorité
des priorités c’est donc la sécurité » martèle l’ancien Premier
ministre. « Il faut
pouvoir installer les bureaux de vote, faire campagne… c’est une
urgence ». Le défi logistique à relever est « colossal en
si peu de temps » nous confie une source centrafricaine, qui
pense que le second tour de la présidentielle, prévu le 22 janvier 2016,
pourrait servir de « solution de
repli » si le premier tour ne pouvait pas se tenir mi-décembre.
Un hypothèse inenvisageable pour l’instant à la présidence centrafricaine… et à
Paris.
Christophe
RIGAUD – Afrikarabia