Centrafrique:
référendum et 1er tour de la présidentielle «avant la fin 2015»
Agence
France-Presse, BANGUI – Samedi 31
octobre 2015 à 14h59
Le
référendum constitutionnel et le 1er tour des élections présidentielle et
législatives en Centrafrique auront lieu «avant la fin 2015», a assuré samedi la
présidente de transition Catherine Samba-Panza, tout en jugeant «préoccupante»
la recrudescence des violences ces derniers jours à
Bangui.
«Je
peux vous rassurer (et vous dire) que le référendum constitutionnel et le 1er
tour des élections groupées (présidentielle et législatives) auront lieu avant
la fin de l'année 2015», a déclaré à la presse Mme
Samba-Panza.
«Compte
tenu des délais légaux, de la situation actuelle, il n'est pas possible
d'organiser tout le processus électoral en 2015. Il faut être réaliste»,
a-t-elle reconnu.
«Mais
nous avons pris l'engagement de commencer les opérations par le référendum et
par le 1er tour des élections. J'attends que l'ANE (Agence nationale des
élections) en annonce officiellement la date, il y a déjà un consensus sur la
tenue de ces opérations en décembre», a précisé Mme
Samba-Panza.
Le
référendum et les élections ont été reportés à plusieurs reprises ces derniers
mois en raison de l'instabilité persistante qui règne dans le
pays.
Selon
le dernier calendrier proposé par l'ANE (commission électorale), mais qui doit
encore être confirmé officiellement, le référendum pourrait avoir lieu le 6
décembre, le 1er tour de la présidentielle et des législatives le 13 décembre,
et un éventuel second tour le 24 janvier.
Les
violences à Bangui, en nette recrudescence depuis fin septembre et ces derniers
jours en particulier, «ne remettent peut-être pas en cause ces scrutins», mais
«elles sont préoccupantes», a-t-elle estimé.
«Ceux
qui les instrumentalisent ne veulent pas qu'on aille aux élections, et nous,
nous avons la volonté et la détermination d'y aller. Nous comptons donc sur les
forces internationales (Minusca et force française Sangaris) et sur nos propres
forces pour endiguer ces violences actuelles et surtout protéger les populations
qui se sentent un peu abandonnées», selon la présidente de
transition.
«Les
ennemis de la paix se retrouvent dans tous les camps, aussi bien dans le camp
des (...) anti-Balaka (milices majoritairement chrétiennes) et Séléka
(ex-rébellion à dominante musulmane), que certaines individualités politiques
qui ont également des ambitions et qui ne souhaitent pas que les élections se
tiennent rapidement», selon Mme Samba-Panza.
La
communauté internationale, France en tête, pousse à des élections rapides. Mais
beaucoup à Bangui s'inquiètent d'une surchauffe électorale et du contexte
sécuritaire de nouveau explosif, avec un regain d'activité depuis la fin
septembre des groupes armés et des tentatives de déstabilisation des fragiles
institutions de la transition.
Mme
Samba-Panza s'exprimait ce samedi à l'issue d'un entretien avec la secrétaire
d'État française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin, arrivée
vendredi à Bangui pour une visite de 24 heures.
Leur
rencontre s'est déroulée alors qu'à quelques kilomètres de là, dans le sud-ouest
de la ville, des affrontements communautaires ont fait samedi au moins deux
morts et des centaines de déplacés, ne cessant qu'avec l'intervention musclée
des forces internationales. Ces incidents sont les derniers en date d'une
nouvelle et inquiétante poussée de fièvre observée depuis une
semaine.
Le
renversement en mars 2013 du président François Bozizé par une rébellion à
dominante musulmane, la Séléka, a plongé l'ex-colonie française, déjà très
instable, dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant
des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et
2014, dont le pays peine toujours à se relever. Près de 11 000 Casques bleus et
900 soldats français de l'opération Sangaris sont déployés depuis 2014 pour
tenter de mettre fin aux violences.