CHRONIQUE
D’UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE RATÉE
Publié
par CENTRAFRIQUE LIBRE le 24
octobre 2015
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Octobre 1992. Sept candidats étaient officiellement en lice : André Kolingba,
Ange Felix Patasse, Abel Goumba, David Dacko, Timothee Malendoma, Derand Enoch
Lakoue, Ruth Roland.
La
veille au soir, le matériel électoral fut remis à la municipalité de Bangui afin
d’être distribué dans les différents bureaux de vote. La presse nationale
devrait quant à elle sillonner la ville grâce à un véhicule mis à sa disposition
par la Sécurité Présidentielle. Ainsi, dès l’ouverture du scrutin, nous étions à
pied d’œuvre notamment à l’Hôtel de ville où le Président sortant, André
Kolingba avait voté, suivi une heure plus tard du candidat du MDD, David
Dacko. Idem à Sica 2 où était passé Abel Goumba, leader du
FPP.
Par
la suite, à 10 h on se rendit au quartier Fouh, acquis au candidat du MLPC,
Ange Felix Patasse. Mais là, surprise. Aucun matériel électoral n’était
en place. Les électeurs, arrivés depuis les premières heures de la matinée,
commençaient à donner des signes d’impatience et d’énervement. Des protestations
et des voix de plus en plus courroucées s’élevèrent, indiquant l’irritation
d’une frange de la population, avide de changement. En tout cas, la situation
était intenable.
Fort
heureusement, Patasse arriva. Se saisissant d’un mégaphone, il tenta de calmer
ses partisans :
» Camarades, ala douti kpo ! Mbi ye oussou-oussou pepe
! (Du calme, camarades ! Je ne veux pas de désordre !). Lasso,
Kolingba lo yé, wala lo ye apè, ala yeke voté ! (aujourd’hui
que Kolingba le veuille ou non, vous allez voter!). Puis, se tournant
dans notre direction : » Oui, vous allez voter camarades, car la presse
INTERNATIONALE est là, pour nous juger ! »
On tombait des nues.
Patasse nous prenait vraiment pour des journalistes étrangers.
»
Oui, camarades, aujourd’hui, vous allez voter ! Ala min Mbi ? (Vous m’avez
compris ?)
Une clameur d’enthousiasme accueillit ces propos rassurants et
démagogiques.
De retour à l’Hôtel de ville, on constata que des urnes étaient
toujours entassées dans la cour, sous le soleil, faute de véhicule, nous dit-on.
Quelqu’un proposa qu’on réquisitionne notre Pick-Up pour les transporter au
quartier Fouh. Ce à quoi, je rétorquai vivement :
» L’atmosphère est
explosive là-bas ! Désolé, on ne veut pas courir ce risque ! Sur ces mots, je
partis avec mon équipe vers d’autres bureaux de vote pour constater que là non
plus, le matériel électoral n’était pas disponible.
Dans l’après-midi midi,
l’on apprit que l’Ambassade de la RCA à Paris a été le théâtre de violents
incidents. Puis, en début de soirée, un communiqué de la présidence de la
république annonça l’annulation pure et simple des scrutins sur toute l’étendue
du territoire national.
Côté Presse, on a voulu en savoir un peu plus sur les
raisons de ce ratage au niveau de Bangui. Je téléphonai à la permanence de la
Commission Électorale mixte : » Voyez avec le maire…Tout le matériel
électoral lui a été remis la veille. Pour nous, notre travail s’arrête là !
« , me répondit-on.
J’appelai aussitôt le maire, Raymond
Behourou, l’invitant à passer dans le journal de 20h à la Télé.
- Je n’ai
rien à dire. Voyez ça avec la CENI !
Alors, pour couper court à ce jeu de
ping pong, je dis à ce dernier :
- Écoutez, Monsieur le Maire, selon la CENI,
cet échec vous incombe dans la mesure où des camions étaient mis à votre
disposition pour l’acheminement des urnes dans les différents bureaux de vote.
Que répondez-vous ?
- Ah bon, on a dit ça ? En bien, je viendrai à la télé et
je dirai tout ! Oui, tout ! Martela t-il.
C’est ainsi que Raymond
Behourou passa en direct sur le plateau de télé Centrafrique où il déballa
tout sur le dysfonctionnement du double scrutin de 1992. Le lendemain, il fut
remplacé par David Belakasso, à la tête de la Délégation Spéciale de la
ville de Bangui.
Félix
Yépassis-Zembrou
NOTE
DE LA RÉDACTION
En
1992 les candidats à la présidentielle qui n’ étaient pas nombreux étaient tous
des sommités, des gens responsables et respectés: André Kolingba, Ange Felix
Patasse, Abel Goumba, David Dacko, Timothee Malendoma, Derand Enoch Lakoue, Ruth
Roland. Tous sont morts excepté l’ancien premier ministre Enock Derant
Lakouè.
Aujourd’hui
il y’ a non seulement un nombre pléthorique mais la majorité des candidats sont
des marionnettes, des traîtres, des vendeurs de thé, des gens inexpérimentés et
des « chercher à manger ». Je laisse à votre disposition la liste
provisoire des challengers pour vous permettre de faire votre propre
comparaison.
LISTE
PROVISOIRE DES CANDIDATS A LA PRÉSIDENTIELLE CENTRAFRICAINE DE
2015:
François
Bozizé
Karim
Meckassoi
Faustin
Arcange Touadera
Henri
Marie Dondra
Nicolas
Tiangaye
Martin
Ziguélé
Charles
Armel Doubane
Désiré
Kolingba
Bida
Koyagbele
Eddy
Symphorien Kparekouti
Anicet
Georges Dologuélé
Crépin
Mboligoumba
Jacques
Bonigba
Aristide
Reboas
Sylvain
Patassé
Cyriaque
Gonda
Dimassi
Marcel
Serge
Bokassa
Léon
Mbaïkoa
Théodore
Kapou
Sylvain
Doutingaï
Abakar
Sabone
Sebastien
Wénézoui
Gaston
Mandata Nguerekata
Marie
Reine Hassène
Michel
Amine Bagaza
Guy
Moskit
Jean
Barkes Ngombé- Ketté
Jean
Willybiro Sacko
Joseph
Béndounga
Maxime
Kazagui
Elie
Doté
Capitaine
Djori
Général
Xavier Sylvestre Yagongo
Ndiki
Kidiri
Joseph
Yaketé
Laurent
Gomina Pampali
Regina
Konzi Mongot
Mme
Modame
Eddy
Kparekouti
Théodore
kapou
Didier
Wangué
Ngougnongbia
Zézé
Moussa
Kembé
Dingombé
Marius Sosthène
Prospère
Indo
Patrick
Edouard Ngaïssiona
Abakar
Sabone