Catherine
Samba-Panza exige de l'ONU et de la CPI l'arrestation de Bozize, Djotodia et
Nourredine Adam
Pour
la chef d'Etat de la Transition, Catherine Samba Panza, les vagues de violences
successives qui drainent Bangui dans le chaos sont l'oeuvre des signataires
d'accord de Nairobi. Tout en ordonnant à la justice d'utiliser tous instruments
juridiques nationaux et internationaux pour poursuivre les auteurs de ces
barbaries et leurs complices afin qu’ils répondent de leur actes devant les
tribunaux, Samba-Panza appelle également à une action rigoureuse contre les
extrémistes.
bêafrika
Sango - Ci-dessous sa déclaration prononcée le 2
novembre 2015.
Centrafricaines,
Centrafricains,
Chers
compatriotes,
C’est
avec une profonde consternation que je m’adresse à vous aujourd’hui. Une fois de
plus, les ennemis de la paix sévissent depuis quatre jours dans les 2ème, 3ème,
4ème, 5ème et une partie du 6ème Arrondissement de la ville de Bangui.
En
effet, à la suite d’une embuscade suivie d’assassinats dont ont été victimes des
éléments de l’UPC en se rendant au Camp Mpoko pour des raisons privées, les
extrémistes du KM5 bien connus de tous et leurs alliés des Accords de Nairobi
ont engagé des représailles contre les populations de ces quartiers. Il s’en ait
suivi un cycle de représailles contre représailles qui sèment la désolation par
la tuerie de paisibles citoyens, hommes, femmes et enfants, et par l’incendie de
plusieurs habitations. De nombreuses familles sont ainsi endeuillées et
entièrement privées de leurs biens matériels et immobiliers. Plusieurs ont
trouvé refuge soit dans les sites des déplacés, soit dans des familles
d’accueil.
J’adresse
aux familles des disparus mes sincères condoléances et à toutes les autres
victimes ma profonde compassion.
Sur
le plan humain et de notre vivre ensemble, ces évènements montrent que les cœurs
sont encore en guerre et que les engagements pris par les acteurs politiques et
les groupes armés lors du Forum de Bangui et précédemment ne sont pas sincères.
Ce
sont précisément ceux qui ont pris l’engagement de faire la paix qui dressent
les centrafricains contre les centrafricains.
C’est
pourquoi, je condamne avec la dernière vigueur ces pratiques barbares et
inadmissibles ayant pour but avoué d’accentuer la fragilisation de la Transition
et pour funeste objectif de saborder la visite annoncée du pape François et de
porter un coup fatal au processus électoral.
Nous
devons tous condamner cet extrémisme sans retenue qui s’attaque ouvertement et
de manière blasphématoire à des figures morales emblématiques de notre pays.
Mes
chers compatriotes,
Je
sais que vous tous vivez dans la colère le fait que des malfrats bien connus
continuent de commettre des exactions contre la population au vu et au su de
tout le monde sans être inquiétés. Ils défient l’autorité de l’Etat et prennent
en otages les paisibles populations, principalement au Km5 et à Boy-Rabe mais
aussi sur les routes de l’arrière-pays où ils érigent des barrages pour
racketter et tuer.
Tant
qu’il n’y a pas de riposte rigoureuse contre ces extrémistes qui ne veulent
visiblement pas de paix dans notre pays, il sera difficile pour la Transition
d’agir efficacement. J’ai donc ordonné à la justice d’utiliser tous les
instruments juridiques nationaux et internationaux pour poursuivre les auteurs
de ces barbaries et leurs complices afin qu’ils répondent de leur actes devant
les tribunaux. Certains de ces complices sont déjà sous les verrous et je
veillerai à ce que la justice poursuive son travail dans ce sens jusqu’à la
neutralisation de tous les acteurs sur le territoire national et à l’extérieur.
Mes chers compatriotes,
Il
y a environ un mois, Bangui a connu une recrudescence de violences sur fond de
tensions intercommunautaires avec un bilan lourd d’une centaine de morts et plus
de 300 blessés qui ont mis à mal la cohésion sociale. La communauté
Internationale avait alors estimé qu’il était urgent d’apporter un soutien
immédiat à la stabilisation et la consolidation de la paix en RCA.
Les
derniers évènements dramatiques intervenus à un mois d’intervalle de ceux du 26
septembre confirment que les efforts de la MINUSUCA sont insuffisants pour
garantir la sécurité à Bangui et que des efforts supplémentaires doivent être
faits pour recadrer les interventions des forces internationales et notamment
négocier la mise en place des postes avancés dans tous les quartiers afin
d’assurer une sécurité de proximité aux populations. C’est pourquoi, nous
exhortons les forces internationales à une action vigoureuse afin que Bangui
soit sanctuarisé à l’approche d’évènements importants, et le pays sécurisé. La
visite du pape et les élections doivent être vécues par les centrafricains comme
des évènements unificateurs, œcuméniques et refondateurs, à vivre dans
l’apaisement.
Face
au danger qui menace la population, j’ai instruis nos forces de défense et de
sécurité nationales de se joindre aux troupes internationales pour s’interposer
entre les parties au conflit et frapper les récalcitrants qui persistent dans la
voie de la violence. Ainsi, les FACA, la Gendarmerie et la Police Centrafricaine
vont être plus actives sur le terrain aux cotés de la SANGARIS et de la MINUSCA.
Malgré leurs interventions conjointes, les ennemis du peuple ont frappé
durement. Cela démontre à quel point ces derniers sont déterminés à détruire la
paix si chèrement retrouvée par les efforts conjugués des populations à tous les
niveaux depuis mon accession à la tête de l’Etat. Je m’incline devant la mémoire
de tous les soldats qui ont payé de leur vie en combattant pour la paix. Je
salue la bravoure et la détermination de toutes les troupes nationales et
internationales.
En
ma qualité de Chef Suprême des armées et de première garante de la sécurité du
peuple centrafricain, j’ai demandé à la MINUSCA de mettre à la disposition de
nos forces de défense et de sécurité nationales les armes de l’armée nationale
sous séquestre, ceci afin de renforcer les capacités d’actions de nos troupes
engagées dans les combats. J’y veillerai personnellement. J’ai demandé également
aux forces internationales de redoubler d’efforts conformément à la résolution
du Conseil de Sécurité des Nations Unies en utilisant les moyens forts aux cotés
de nos troupes pour traquer les auteurs de ces troubles et les mettre hors
d’état de nuire.
Je
ne peux tolérer que les centrafricains soient manipulés à s’entretuer ainsi pour
satisfaire des ambitions politiques personnels des individus et des intérêts
inavoués. C’est pourquoi, j’ai réitéré ma demande au Comité des Sanctions des
Nations Unies et à la Cour Pénale Internationale ainsi qu’aux pays concernés de
tout mettre en œuvre pour appliquer les sanctions qui pèsent sur les leaders
politiques impliqués dans ces troubles afin que ces derniers soient arrêtés où
qu’ils se trouvent et répondent de leurs actes devant la justice.
Mes
chers compatriotes,
Tous,
nous savons la longue période difficile que notre pays a traversée et continue
de traverser. Mais, en dépit de la gravité et de la complexité de la situation,
les questions humanitaires mobilisent nos efforts. Nous ne laissons pas de répit
à nos partenaires et aux ONG nationales et internationales pour offrir l’aide
d’urgence et les services appropriés aux personnes déplacées. Nous suivons aussi
de près la situation des réfugiés centrafricains à l’extérieur. Le Gouvernement
apporte aussi dans la mesure de ses moyens son aide financière directe.
Centrafricains,
Centrafricaines,
La
transition n’a pas vocation à durer. Il n’y a pas une autre voie viable que
celle qui consiste à ramener le pays à l’ordre constitutionnelle. Tous nos
efforts jusqu’ici ne sont mus que par ce but ultime. Plus de deux millions
d’électeurs se sont inscrits sur les listes électorales, démontant ainsi leur
volonté d’aller aux élections. Le processus en cours avance bien. Ainsi, la
liste électorale provisoire est en train d’être confectionnée. Les matériels
électoraux dans l’ensemble sont en voie de colisage pour le déploiement dans les
provinces. L’ANE a engagé le dialogue avec les forces vives de la Nation pour la
validation du nouveau calendrier électoral qui sera publié dans les meilleurs
délais après ces consultations. Par conséquent, je peux vous affirmer que nous
sommes sur la bonne voie pour organiser le referendum constitutionnel et le 1er
tour du scrutin présidentiel et législatif avant le 30 décembre 2015. Vous avez
compris que la toile de fond de ce désordre organisé et de ces tentatives de
déstabilisation, ce sont les élections qui inquiètent certains de nos
compatriotes à l’avenir incertain. Il ne faut pas les suivre mais aller
résolument aux élections.
Cependant,
il faut rejeter l’idée de mauvaises élections qui nous ont déjà causé beaucoup
de malheur par le passé. J’ai le devoir d’organiser des élections dans un
minimum de conditions de sécurité et de paix pour que ces élections soient
transparentes, libres et incontestables. J’ai la responsabilité d’organiser des
élections apaisées qui marquent une fin apaisée de la Transition et un retour
tout aussi apaisé à l’ordre constitutionnel. Cette responsabilité, je vais
l’assumer jusqu’au bout comme vous me l’avez confiée.
Je
veillerai donc à ce que les dispositions de notre code électoral soient
scrupuleusement respectées et que le plan de sécurisation du processus
effectivement déployé pour que la liberté d’aller et venir soit garantie pendant
la période électorale et que nos compatriotes qui vont exercer leur devoir
citoyen ne soient jamais contraints dans leur choix.
Mes
chers compatriotes,
Nous
sommes désormais à quelques mois de la fin de la Transition. Je souhaite
vivement que nous nous mobilisons tous pour réussir cette dernière et décisive
étape de la Transition. Pour le court temps qui nous reste, toutes les forces
vives doivent constituer une union sacrée autour la Transition afin de créer les
conditions d’aller aux élections dans la sérénité et la paix.
J’invite
donc tous les compatriotes à un sursaut national : l’avenir et le sens de
l’histoire, c’est d’aller aux élections et de passer la main. Mais, pour réussir
cette mission, nous avons besoin, comme par le passé, d’être uni et de nous
transcender, de mettre entre parenthèses nos propres intérêts et de privilégier
le pays. Car c’est l’affaire de tous les Centrafricains sans exception. Chaque
centrafricain doit y prendre sa part car la Centrafrique a besoin de nous tous.
Aujourd’hui,
il nous appartient à nous, filles et fils de Centrafrique, de nous mobiliser
ensemble pour empêcher un nouveau cycle d’atrocités instrumentalisé par des
forces occultes. L’heure est grave. Restons unis et comme un seul homme, barrons
la route aux ennemis de notre Nation.
A
tous mes compatriotes, hommes, femmes et jeunes, je demande la vigilance. Je
demande aux autorités locales que sont les maires et chefs de quartiers ainsi
qu’aux jeunes et aux femmes d’organiser et de renforcer les comités de
surveillance dans leurs arrondissements respectifs pour une sécurité de
proximité et afin d’aider les forces nationales et internationales à débusquer
les auteurs des troubles qui prennent aujourd’hui les populations en otage,
notamment dans le 3ème Arrondissement de Bangui.
Nous
devons opter pour l’apaisement, la sérénité et la paix sans lesquelles on ne
peut rien construire.
Ensemble,
mobilisons-nous donc pour arrêter les violences et aller aux élections dans la
paix.
Vive
l’unité nationale
Que
Dieu bénisse notre chère patrie la République Centrafricaine.