Evènement de Mala (RCA)
du 9 au 10 Novembre 2015 et interpellation de la communauté
internationale : Détresse de la
Population de la Circonscription de Mala à l’abandon
Le récit que vous allez
lire est une illustration parfaite de ce qui se passe en RCA en cette fin
d’année 2015, alors que pour beaucoup d’observateurs de la communauté
internationale, le regard se limite à Bangui. Bangui ce n’est pas la RCA mais
juste une Ville de la RCA parmi tant d’autres. Or toutes les forces
internationales ( Sangaris, MINUSCA, ONG, etc..) ne sont que présents à
Bangui.
La seleka n’est pas une
milice musulmane et les Anti Balaka ne sont pas une milice chrétienne.
Chers lecteurs retenez que Seleka et Anti Balaka sont deux forces non
conventionnelles qui cherchent à reprendre le pouvoir. Tout ce qu’il faut
retenir, c’est que le groupe Seleka est majoritairement composé de Djihadistes
musulmans venus de l’étranger, alors que le groupe Anti Balaka est composé
majoritairement d’anciens éléments de la sécurité présidentielle.
Tous les grands chefs
des forces non conventionnelles Seleka et Anti Balaka sont connus de la Minusca
et de Sangaris. Généralement, les émissaires de ces forces internationales
font le tour des provinces et rencontrent ces chefs de guerre.
1/Pour la petite
histoire de Mala :
La circonscription
électorale de la sous-préfecture de Mala compte environs 15.000 habitants
dont les Mandja ( avec les sous groupes ethniques Bomandja, Bakouté, Boambali,
Bamassan, MBokengue, Mbokada ,Ngbaka, etc..) et les Banda (avec les sous
groupes ethnique Dakpa, Gbi, Massen)
Quelques commerçants
d’origine tchadienne ou peuhl se sont installés à Mala dans les années 1980. Les
plus connus sont Haroun et Abakar.
Suite à la crise
électorale de 2011 et l’arrivé de la Seleka , Haroun et Abakar ont rejoint
la Seleka par affinité religieuse avec le chef Goula du nom Yézo . Noté que le
mouvement Seleka est composé dans sa grande partie d’éléments originaires de
l’ethnie Goula et Rounga. A Mala, il y a un chef Anti Balaka du nom de Yambala,
bien connu de la Minusca et des Sagnaris. Yambala n’est autre que le suppléant
de l’ancien député KNK de Mala l’honorable Ndoukoulouba. Des différents opposant
le suppléant au titulaire ont conduit Yambala a rejoindre les Anti Balaka.
Etabli dans le village de Kouma à 12 km du centre de Mala, Yambala se livre à la
raquette des commerçants musulmans qui cherchent alors secours auprès de la
Seleka.
2/Le dernier évènement
qui a eu lieu les 9 et 10 novembre 2015:
Yezo le Goula, Haroun
et Abakar se sont retirés à Bakala il n y a pas longtemps. Accompagnés
d’un Lieutenant de Ali Ndaras du nom de Kombounou, ils ont investi la zone
de Assulmaka-Massene-Wozo-Bakarawa. Notons que Kombounou et Abakar ont exercé
pendant un certain temps le commerce à Assulmaka et Bakarawa avant de
disparaitre avec le départ des Seleka.
A leur arrivé le 8
Novembre 2015, ils étaient accompagnés de 2 deux Peuhls et trois Bandas. Sur
place, ils ont ensuite engagé d’autres malfrats.
Comme armes de guerre,
ils disposaient au moment des opérations de 1 fusil d’assaut A52, et 8
Kalaschnikov et de quelque fusil de chasse 1 coup. Armés de ces
équipements de guerre, ils ont entrepris plusieurs prises d’otages pour exiger
des rançons afin de financer leur aventure guerrière : Lors de la première
attaque, l’un d’eux, probablement Abakar avait reconnu une fille dont ils
avaient violé puis emporté la sœur en quittant la localité. Il interpella la
fille par son nom et celle ayant pris peur, voulu fuir pour se réfugier. Elle
fut abattue par l’un des peuhls qui les accompagnaient. Pour échapper à d’autre
représailles, la population du village pris fuite. La tentative de prise d’otage
se soldat de par 6 morts et 4 blessés. Plusieurs personnes furent prises en
otages ce jour dont on ne connait pas encore les identités exactes. Une
certitude, 8 personnes femmes, filles et garçons furent prises en otage dans le
village de Kaba, un village situé entre Wawa et Assulmaka. Vingt autres
personnes furent capturées par la Seleka dont onze (11) ressortissants de Mala
Centre, neuf (9) du village Saboyombo.
Ayant appris que
Minusca et Sangaris préparaient une descente sur les lieux, les 11 malfrats ont
quitté la localité pour se retirer dans la savane entre Mala et Bakala.
En quittant les lieux
ils auraient menacé de représailles quiconque tenterait de les dissuader de
retrouver le député Adjoint Yambala chef des Anti Balaka de Kouma. Ls veulent
probablement tenter une autre opération ou assaut contre Kouma le moment venu.
Il est à craindre que cette attaque soit planifiée pour la période électorale à
venir.
3/Observations :
Les habitants de Mala
expriment leur incompréhension devant le comportement des Sangaris et de la
Minusca qui ont rencontré à plusieurs reprises les Anti Balaka sous le
commandement de Yambala. Ils ne comprennent pas pourquoi les Lieutenants de
Ndaras, bien connus des Sangaris peuvent opérer sans crainte alors que leur mode
opératoire est bien connu. Ali Ndaras, peuhl d’origine nigérienne avait
établi son QG à Bambari avec la bénédiction des forces internationales. Il a
souvent été reçu en pompe par Sangaris et même par la présidente Samba-Panza.
Cette reconnaissance lui donne le droit de terroriser la population de de la
Ouaka et de la Kémo sans crainte d’être arrêté
La population reconnait
que le recensement électoral a été fait et que toute la population a participé
avec beaucoup d’enthousiasme. Cependant, cette population ne sait pas comment va
se dérouler le scrutin au vu de la situation sécuritaire. Et la recrudescence
des mouvements des forces non conventionnelles confirme pourquoi les gens
ont peur de ce qui pourrait arriver le jour des élections.
Vu qu’il n y a ni
Sous-préfet, ni Gendarmes, ni policiers à Mala, elle demande la protection de la
Sangaris.
Sans cette protection,
il y a un risque sécuritaire majeure de nature à rendre impossible voir
difficile la participation de la population aux opérations électorales tant
voulues par la France dans les conditions actuelles ou la population a été
menacée au fusil de guerre par les partisans de Ndaras qui sont bien connu de la
Sangaris et de la Minusca.
La population de Mala
interpelle la communauté internationale sur la capacité de la Sangaris et de la
Minusca a protéger les populations Centrafricaines contre les risque d’attentats
lors du scrutin si celui-ci est organisé en l’état actuel ou tout ou parti de
Bangui et la plupart des province ne sont pas protégés. Comment est ce que nos
candidats pourront venir jusque dans nos circonscriptions afin de faciliter nos
choix et rendre les élections libres et transparentes ?
Mala le 14 novembre
2015
Envoyé de Mala par Pascal P. P.