Centrafrique : Elections du 30 décembre 2015

 

Je dénonce et accuse le désordre déjà entretenu qui va entacher la crédibilité et la transparence de ces élections

Par Marcel Mokwapi

•Leader d’opinion, •Manager de campagne et Conseiller de plusieurs

candidats (les plus dignes et méritants mais outsiders) à l’élection présidentielle

 

1er désordre : Le fameux report, un de trop, le quatrième de la série et peut-être pas le dernier !!!

On est aujourd’hui lundi 28 décembre 2015, dernier jour de campagne conformément à la loi avant le scrutin du mercredi 30. Du jamais vu nulle part dans le monde que des élections présidentielle et législatives si majeures et qui engagent la vie d’une nation soient organisées un tel jour ouvrable. Naturellement, cette journée devrait être déclarée « journée chômée et payée » d’où deux graves entraves pour le pays : (1) journée chômée et payée donc l’Etat devra gratifier des salaires aux milliers de fonctionnaires, pour cette journée sans activité ni productivité et (2) ce sera « le pays mort » donc sans activité donc sans productivité (recettes) comme je viens de le dire. C’est un crime économique pour la nation qui ne vit que sur des recettes fiscalos-douanières. Naturellement, les entreprises privées vont débourser des salaires pour cette journée mais ne payeront certainement aucune taxe inhérente au profit du trésor public. Les experts financiers et comptables publics pourront nous en dire plus. Des renseignements pris à la bonne source (présidence et cadre de concertation), c’est au bon gré de la présidente de l’ANE que cette date a été ainsi proposée et la cheffe de l’état a entériné. Franchement, ne s’était-elle pas trompée en confondant à la va-vite le 30 décembre 2015 au 03 janvier 2016 ? Surtout qu’il y avait déjà des spéculations sur la date du 03 janvier 2016. Et à l’ANE, la tendance était justement pour un report d’une semaine donc au 03 janvier (dimanche prochain) ce, conformément au code électoral qui a clairement prévu comme partout ailleurs que les élections se tiennent traditionnellement un dimanche, un jour de repos.

 

2ème désordre : La distribution des kits électoraux (par la minusca) et des spécimens des bulletins de vote (par l’ANE)

C’est quand même étonnant de voir régner un tel silence, surtout de la part des candidats, à la suite de ces distributions effectuées qu’à partir du 26 décembre. D’autres ont dû retirer les leurs dans la précipitation hier dimanche 27 (texto de la minusca reçu du phone 75585807). Encore franchement, à 2 jours voire même 3 jours des scrutins, est-il possible à tous les états majors de campagne des candidats (même les plus nantis) de déployer ces kits constitués des stylos, chemises à sangles, torches, etc. et les spécimens des bulletins de vote, aux quatre coins de la république où le vote devrait s’y tenir, pour servir leurs observateurs/scrutateurs électoraux respectifs dans tous les bureaux de vote où ils sont censés y être représentés ? J’ai eu à m’en inquiéter personnellement auprès des responsables de la minusca, heureusement qu’ils ont reconnu la pertinence et la légitimité de mes interrogations et inquiétudes. Et d’après eux, les kits ne leur seraient livrés que 48 heures avant d’appeler les candidats, pour leur livrer à leur tour.

 

Et des désordres et échecs de l’ANE dont on ne peut faire fi

Il y a d’abord la question des cartes biométriques où l’opinion a été menée en bateau jusqu’à fin 2014, pour être conditionnée à accepter les cartes normales. Et encore à ce niveau, que des dérapages ? La fameuse question d’insertion des photos où l’ANE a attendu enregistrer plus de 1.600.000 photos défectueuses, pour réagir afin de reconditionner encore l’opinion à accepter cette fois-ci la confection des cartes sans photos. Et la distribution de ces cartes pratiquement à la veille des scrutins où des réclamations se rallongent de jour en jour : absence par-ci, et par là des cartes d’autres endroits se retrouvent ailleurs, sans parler des multiplicités de cartes au nom de plusieurs mêmes électeurs. Et surtout l’épineuse question des listes qui ont conditionné la confection de ces cartes. Ce n’était pas étonnant que nous avions voté le référendum avec nos récépissés d’enregistrement sur les listes électorales, et ce, sans même exiger une pièce officielle complémentaire, pour authentifier l’identité du détenteur dudit récépissé. Les désordres rencontrés dans la distribution de ces cartes témoignent à suffisance que les graves erreurs enregistrées à la suite des enrôlements des électeurs n’ont jamais été totalement corrigées. Et l’ANE n’a fait qu’étaler insuffisances sur insuffisances, échecs sur échecs. Pour preuve : les démissions fracassantes et successives des deux premiers ténors, à savoir le vice-président Godefroid Mokamanédé le 26 septembre 2015 suivie de celle du président Dieudonné Kombo Yaya le 08 octobre. Qu’est-ce qui a caché ces deux démissions remarquées ? Aucune clarification, comme si tout allait bien jusqu’à ce jour. N’oublions jamais les reports successifs (4 à ce jour : janvier, août, octobre, décembre), et ce, avec la complicité des autorités de la transition actuelle et de la communauté internationale qui accompagne ce processus. Aujourd’hui, les candidats n’osent pas réagir parce qu’ils ont signé le soi-disant « code de bonne conduite ». c’est dommage, car au rythme où vont les choses, le risque d’un nouveau report est évident et à défaut si les organisations se tenaient dans le respect de ce calendrier, les contestations vont s’amplifier au risque de compromettre les résultats. Déjà des tentatives de fraudes sont dénoncées où il y aurait des achats massifs des consciences dans la distribution des cartes. On accuserait même l’ANE de complicité dans ce manège du fait de la disparition (injustifiée) de nombreuses cartes annoncées à des endroits et qui, malheureusement, sont introuvables.

 

Idriss Déby Itno du Tchad l’avait annoncé : sa préférence pour « des mauvaises élections que d’une transition chancelante »

Certainement, les centrafricains sont déjà entrain d’être bien servis. Les mauvaises élections arrivent à grands pas, surtout si elles se tenaient ce 30 décembre 2015. L’ANE n’a cessé d’induire la cheffe de l’état en erreur, à moins qu’elle et ses collabos en soient bien conscients donc complices, car les reports successifs leur profiteraient, pour se sucrer davantage au détriment du peuple mené dans un obscurantisme chronique, à aller voter comme des moutons de panurge dans des conditions les plus rocambolesques. Et toute perspective de report des élections donc de la transition ne peut que les intéresser en dépit de leur parole d’honneur où le cheffe de l’état n’a pas manqué de jurer plus d’une fois que « cette fois-ci c’est l’ultime ». Mais à chaque fois, un nouveau report est consommé au mépris du peuple et à l’inaction voire la passivité des acteurs politiques centrafricains qui semblent s’y complaire. Le peuple est assez noyé des supercheries (ANE et minusca) manipulations (sangaris) notoirement dénoncées mais jamais il ne le sera tout le temps, car l’heure est grave mais la situation n’est pas impossible à être surmontée par ce peuple courageux et prompt au sursaut national de réveil citoyen voire de renaissance.

 

A bon entendeur salut !!!