La
RCA divisée avant la présidentielle et la venue du pape
Crispin Dembassa-Kette, Reters, 25 octobre 2015
Reuters/Reuters -
Groupe de musulmans centrafricains dans l'enclave de Dékoa, en proie aux violences inter-religieuses. Deux ans après le coup d'Etat mené par les rebelles
musulmans réunis dans la coalition …plus Séléka et la
chute du président François Bozizé, la République centrafricaine demeure
fortement divisée alors qu'une élection présidentielle doit se tenir avant la
fin de l'année. /Photo prise le 21 octobre
2015/REUTERS
DEKOA, République
centrafricaine (Reuters) - Deux ans après le coup d'Etat mené par les rebelles
musulmans réunis dans la coalition Séléka et la chute du président François
Bozizé, la République centrafricaine demeure fortement divisée alors qu'une
élection présidentielle doit se tenir avant la fin de
l'année.
Le président de
transition Michel Djotodia, arrivé au pouvoir à la faveur du coup de force, a
certes remis sa démission et Catherine Samba-Panza a été désignée en janvier
2014 comme chef de l'Etat par un conseil national de transition mais les
violences entre les musulmans et les groupes chrétiens d'auto-défense regroupés
dans les milices anti-balaka se poursuivent.
L'Onu a déployé sur
le terrain une force de quelque 10.500 hommes et la France a envoyé des troupes
dans le cadre de l'opération Sangaris en décembre 2013 mais cette présence
militaire n'a pas ramené la paix entre les deux
communautés.
Chaque camp a résisté
aux tentatives de désarmement entreprises et les agressions sporadiques se
poursuivent dans différents endroits comme à Dékoa, ville du centre du pays qui
sert de carrefour vers d'autres régions.
Le Conseil de
sécurité de l'Onu a estimé cette semaine que le report d'une élection avait
suffisamment duré et a appelé la président Catherine Samba-Panza à organiser un
scrutin avant la fin de l'année. L'Onu estime que "des progrès significatifs"
ont été accomplis dans le recensement des électeurs.
"Nous en avons fini
depuis deux mois avec le recensement. Les opérations se sont déroulées sans
difficultés ici. Les gens sont impatients d'aller voter", a commenté
Yves Mbeti Gaza, sous-préfet de Dékoa.
Pourtant des
incertitudes subsistent sur la capacité de tous les citoyens à se rendre aux
urnes. Des habitants de l'enclave musulmane de Dékoa, principalement des
commerçants et des marchands de bétail, affirment avoir peur de se rendre dans
le quartier du marché où opèrent les miliciens
anti-balaka.
LE PAPE FRANÇOIS
ATTENDU PAR LES MUSULMANS
La communauté, qui
compte une centaine de membres, vit dans une sorte de quarantaine et doit
compter sur les approvisionnements du Programme alimentaire mondial (Pam) pour
survivre.
"Si
quelqu'un vient nous vendre de la nourriture ici, les anti-balaka vont le
violenter après", explique un des derniers habitants musulmans qui a vu ceux de
sa communauté fuir vers le nord pour échapper aux
violences.
La situation est
similaire dans la capitale Bangui où la dernière enclave musulmane, dans le
quartier du PK5, compte un millier de personnes qui ont trouvé refuge dans la
grande mosquée.
Les habitants
s'estiment abandonnés par les soldats de la Mission de l'Onu pour la
stabilisation en Centrafrique (Minusca) et disent vivre dans une prison à ciel
ouvert.
"La Minusca devait
s'interposer et empêcher qu'il y ait dérapage. Mais il n'y avait personne.",
explique Amadou Roufai, conseiller municipal de la mairie du troisième
arrondissement de Bangui, le PK5.
Les violences qui ont
suivi ont fait 77 morts, la plupart abattus à bout portant ou tués à l'arme
blanche.
En visite cette
semaine dans le PK5, le secrétaire général adjoint de l'Onu pour les Affaires
humanitaires, Stephen O'Brien, a promis six milliards de francs CFA (10,14
millions de dollars) d'aide après une rencontre avec les représentants locaux et
religieux.
Malgré la situation,
certains musulmans demeurent optimistes et veulent croire à une résolution du
conflit. Pour eux, la venue du pape François prévue à la fin du mois de novembre
devrait se traduire par une amélioration de leurs conditions de
vie.
"L'arrivée de sa
sainteté le pape François est un don de Dieu. Nous, dans la communauté
musulmane, nous attendons le pape à bras ouvert", a commenté Mahmoud Riad,
vice-président de la communauté islamique de Centrafrique.
(Pierre Sérisier pour
le service français)