Une
ministre française, Annick
Girardin, en visite à Bangui
dans un climat de violences
AFP
30 octobre 2015
La
secrétaire d’Etat française chargée du Développement et de la Francophonie est
arrivée vendredi à Bangui pour une visite de 24 heures en Centrafrique (RCA)
dans un climat de recrudescence des violences, a constaté un journaliste de
l'AFP.
Arrivée
en fin d'après-midi, Annick Girardin vient exprimer le "soutien" de la France a
la RCA. Elle doit notamment s'entretenir samedi avec la présidente de la
transition, Catherine Samba-Panza, et le Premier ministre Mahamat Kamoun.
Fin
septembre, les affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait près de 70
morts dans la capitale centrafricaine. La mort d'un conducteur musulman de
taxi-moto avait provoqué un cycle de représailles et des troubles dirigés contre
le gouvernement de transition et la présence internationale, avec une vague de
pillages. Des affrontements ont lieu depuis lors dans la ville, où miliciens
anti-balaka majoritairement chrétiens et groupes d'auto-défense musulmans
continuent de sévir.
Au
moins une dizaine de personnes ont ainsi été tuées depuis le début de la
semaine. Jeudi, les ministres de la Défense et de la Sécurité publique ont été
limogés par la présidente.
Mme
Girardin se rendra notamment au Centre de traitement des données électorales.
Elle s'entretiendra également avec le corps diplomatique et des ONG. Selon la
ministre, il s'agit, à la veille d'échéances électorales cruciales, "de rappeler
que nous sommes aux côtés" de la Centrafrique, et de mettre en garde les
éventuels fauteurs de trouble.
Des
élections présidentielle et législatives, avec en préalable un référendum
constitutionnel, sont prévues avant la fin de l'année pour mettre fin
formellement à la transition. Ces rendez-vous électoraux ont été reportés à
plusieurs reprises en raison de l'instabilité persistante qui règne dans le
pays.
Selon
le dernier calendrier proposé par l'Autorité nationale des élections (ANE), le
référendum pourrait avoir lieu le 6 décembre, le 1er tour de la présidentielle
et des législatives le 13 décembre, et un éventuel second tour le 24 janvier.
La
communauté internationale, France en tête, pousse à des élections rapides. Mais
des responsables centrafricains comme certains observateurs s'inquiètent d'une
surchauffe électorale et du contexte sécuritaire de nouveau explosif, avec un
regain d'activité des groupes armés et des tentatives de déstabilisation des
fragiles institutions de la transition.
"Il
ne s'agit pas de faire pression pour des élections à tout prix", mais
"d'échanger avec les autorités centrafricaines sur la capacité à respecter les
délais", a expliqué à la presse Mme Girardin. "A chaque fois qu'on se rapproche
des élections, il y a des événements violents. Reculer ces échéances, c'est
donner raison à ceux qui veulent le chaos", a-t-elle souligné.
Le
renversement en mars 2013 du président François Bozizé par une rébellion à
dominante musulmane, la Séléka, a plongé l'ex-colonie française, déjà très
instable, dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant
des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et
2014, dont le pays peine toujours à se relever. Près de 11.000 Casques bleus et
900 soldats français de l'opération Sangaris sont déployés depuis 2014 pour
tenter de mettre fin aux violences.
Hors
de Bangui, la situation sécuritaire reste aussi volatile, en particulier dans le
centre du pays, où les tensions sont vives, et dans le nord, largement sous
contrôle de chefs de guerre ex-Séléka. La France, ancienne puissance coloniale,
est un partenaire clé de la Centrafrique. Le président François Hollande s'était
rendu à Bangui en décembre 2013. La dernière visite d'un ministre français date
de juillet 2015, avec Jean-Yves Le Drian (Défense).
Après Bangui, Mme Girardin se rendra au Cameroun voisin, pour une visite essentiellement consacrée au réchauffement climatique et à la déforestation, avant la 21e conférence des Nations Unies sur le climat (COP21) qui débute le 30 novembre à Paris.