RCA
: ce que dit le projet de nouvelle Constitution
L’Assemblée nationale centrafricaine, Bangui. © RFI/David Thomson
Par Pierre
Pinto RFI 11-12-2015 à 17:50
Ce
dimanche 13 décembre, les Centrafricains sont appelés à se prononcer par
référendum sur le projet de nouvelle Constitution adopté par le CNT, le 31 août
dernier. Un texte de 159 articles qui comprend un certain nombre de nouveautés
dans les institutions. La plus emblématique étant, sans, doute la création d’un
Sénat qui n’existait pas en Centrafrique. Passage en revue des principales
dispositions de ce texte.
« Le
peuple centrafricain, fier de son unité nationale, linguistique et de sa
diversité ethnique culturelle et religieuse… »,
c’est par ces mots que commence le préambule de ce projet de Constitution sur
lequel les électeurs sont appelés à se prononcer. Un préambule qui réaffirme le
« (…) principe du Zo Kwe Zo
énoncé par le Père fondateur de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda
(…) », qui détaille l’esprit qui a prévalu à la rédaction de ce
texte et réaffirme l’adhésion de la République centrafricaine à l’Union
africaine, à l’Organisation des Nations unies et « à toutes les Conventions
internationales dûment ratifiées ».
Viennent
ensuite les 23 premiers articles qui concernent les libertés fondamentales et
les bases de la société. Article premier : « La personne humaine est sacrée et
inviolable ». A noter l’article 10 qui prévoit la liberté de
culte, mais précise :
« Toute forme d’intégrisme religieux et d’intolérance est
interdite ». Plus loin, l’article 22 réinstaure le service
militaire ou civique « obligatoire ».
Les
articles 24 à 31 détaillent les principes d’Etat et de souveraineté. Les
symboles de l’Etat ne changent pas. Même drapeau, même hymne – La
Renaissance — même devise (Unité - Dignité -Travail) même fête nationale,
le 1er décembre. L’article 26 appuie sur un point précis : « La souveraineté nationale
appartient au peuple centrafricain (…) Aucune fraction du peuple, ni aucun
individu ne peut s’en attribuer l’exercice ni l’aliéner ». Une
pierre dans le jardin de certains groupes armés s’arrogeant des prérogatives
régaliennes sur des portions de territoires qu’ils
contrôlent.
Autre
disposition notable : l’article 28 qui revêt une importance particulière
dans un pays miné par les rébellions armées et les putschs depuis des décennies.
« L’usurpation de la
souveraineté par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou tout autre procédé non
démocratique constitue un crime imprescriptible contre le peuple
centrafricain ». « Les auteurs, co-auteurs et complices (…)
sont interdits d’exercer toute fonction publique dans les Institutions de
l’Etat ». Voilà comment le texte écarte des affaires publiques
une partie des protagonistes des dernières crises qui ont embrasé le
pays.
Un
mandat de cinq ans renouvelable une fois
Au
sujet de la fonction du président de la République, l’article 35 précise qu’il
est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. « En aucun cas, le président de la
République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou le proroger pour
quelque motif que ce soit », précise le texte qui va même plus
loin à l’article 153. Les éventuelles révisions de la Constitution ne pourront
pas concerner le nombre et la durée des mandats présidentiels. Quant à une
possible destitution du président de la République mentionnée aux articles 124
et 125, elle ne pourra avoir lieu qu’en cas de crimes de haute trahison commis
par le chef de l’Etat. Des crimes qui comprennent notamment : « Les homicides politiques,
l’affairisme, la Constitution ou l’entretien de milice » ou encore
« le refus de doter les forces de défense et de sécurité de moyens
nécessaires à l’accomplissement de leur
mission ».
Création
d’un Sénat
Grande
nouveauté de ce projet de Constitution, l’article 63 instaure un Parlement à
deux chambres : l’Assemblée nationale constituée de députés élus au
suffrage universel direct pour cinq ans, et un Sénat, élu pour cinq ans
également, mais au suffrage universel indirect, par les représentants des
collectivités territoriales. Les sénateurs examineront les textes de loi adoptés
par l’Assemblée nationale. Ils pourront le cas échéant les amender avant de les
renvoyer vers l’Assemblée. Toutefois, le Sénat centrafricain ne devrait pas voir
le jour avant plusieurs mois puisque l’article 155 précise qu’il sera mis en
place après les élections municipales et régionales dont la date n’a pas encore
été fixée.
Enfin,
on peut noter la mise en place d’une « Haute Autorité chargée de la bonne
gouvernance ». Une institution indépendante qui veillera
notamment « à proscrire toute
gestion familiale, clanique, patrimoniale et partisane de la chose
publique ». Cette Haute Autorité assurera aussi la « protection du patrimoine national
et la transparence dans l’exploitation et la gestion des ressources
naturelles ». Une loi déterminera la composition et le
fonctionnement de cette institution.
RCA Projet de constitution bilingue