BONNE ANNEE 2016 !

 

Au moment où notre cher pays, la belle République centrafricaine, tente de tourner les pages des années noires, je tiens à vous souhaiter, centrafricaines et centrafricains, où que vous soyez, une bonne et heureuse année 2016.

 

1 - Elections présidentielles en Centrafrique : la Voix de la France se trompe.

 

Alors que l'Autorité nationale des élections (ANE), pour une fois lucide sur ses faiblesses, confesse des difficultés dans le déroulement des scrutins présidentiels et législatifs, la communauté internationale s'ébaudit, soit pour saluer la forte mobilisation des électeurs par l'Union européenne, soit pour enregistrer l'absence d'incidents violents comme l'a noté le chef de la Minusca. La France, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, « rend hommage à l'action de la présidente Samba-Panza et aux autorités de transition qui ont supervisé le scrutin ». Le parrain adoube sa filleule et se repent de lui avoir tordu le bras dans le dos. Mais, c'est la Voix de la France, à savoir l'Agence France Presse (AFP), qui crée la rumeur. En citant nommément les trois candidats, MM. Ziguélé, Dologuélé et Touadéra, qu'elle estime favoris au détriment de tous les autres, l'agence de presse française joue la sortie de piste.

En mettant la charrue des pronostics partisans – certains de ces trois candidats se donnent des scores à la soviétique – avant les bœufs des résultats officiels, l'organe de presse entretient la suspicion des fraudes et les éventuels dérapages qui pourraient naître si jamais les comptages sortis des urnes ne reflétaient pas ses prédictions. Prenons garde, qui sème le vent récolte la tempête.

 

L'Africain dit : « Les messages tambourinés des « lingas » ont leurs experts que les profanes ne peuvent comprendre ».

 

2 - Les pépites de l'hebdomadaire Jeune Afrique.

 

L'hebdomadaire africain de Paris est devenu expert en matière de scoop sur le continent africain. On se souvient de la publication de la lettre du conseiller du Chef de l'Etat de la transition en Centrafrique sollicitant, via un compte bancaire domicilié au PK5, le quartier musulman de Bangui, le concours de l'émir du Koweit pour financer la fête de la Tabeski et, subsidiairement, fournir du matériel de défense (150 motocross) à la RCA.

Jeune Afrique, qui se lit aussi « l'Intelligent », récidive en publiant les supposés comptes de campagne du candidat Désiré Kolingba. Selon l'hebdomadaire daté du 27 décembre 2015, ce dernier se verrait réclamer une facture de 309 962 euros, montant de la campagne de communication du candidat montée par la société WP+. Sans connaître le détail des prestations fournies, on peut s'étonner de ce montant qui culmine à 215 423 590 francs Cfa, de quoi rénover l'aéroport international Bangui-M'Poko. Certes, cette somme reste inférieure à ce qu'aurait dépenser le candidat s'il s'était distrait à remettre un billet de banque de 500 francs Cfa à chacun des 1,4 millions d'électeurs, comme le font quelques autres concurrents, soit 700 millions de francs Cfa. On espère que le trésorier du Rassemblement démocratique centrafricain n'a pas encore honoré cette facture, sauf à passer, soit pour un benêt soit pour un corrompu. On ne peut en effet réclamer le solde d'une facture qu'après service fait. Les élections ne sont pas terminées.

 

Qui a dit que la Françafrique était finie ? Apparemment, le cadavre de l'hydre bouge encore !

 

3 - La déception rwandaise.

 

Le monde ne change pas, seuls les hommes évoluent. On serait tenté de le dire en relisant l'histoire du Rwanda. Il y a cinq ans, en 2010, le président Paul Kagamé déclarait à qui voulait l'entendre « que ce serait un échec pour lui s'il ne trouvait personne pour le remplacer avant la fin de son mandat ». Cela laissait comprendre qu'il ne se représenterait pas en 2017.

Homme fort du Rwanda depuis 1994 où il est à la tête de la rébellion du FPR (front patriotique rwandais), élu président en 2003 et réélu en 2010, Paul Kagamé se représentera pour un 3ème mandat en 2017, pour sept autres années. Ainsi, il aura échoué. A moins que le mensonge étant consubstantiel à l'homme politique banal, le président rwandais ne fait que s'inscrire dans la triste lignée des révolutionnaires devenus dictateurs. Pourtant, même Fidel Castro a su s'effacer pour permettre à Cuba de rentrer dans l'histoire.

 

Agé aujourd'hui de 58 ans, Paul Kagamé a encore un avenir radieux devant lui. Il n'aura que 67 ans en 2024 et pourra concourir pour les Jeux Olympiques de la longévité politique, à Paris ?

 

4 - Le chemin de croix du Burundi.

 

Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, né le 18 décembre 1963, poursuit son itinéraire implacable en se faisant élire pour un troisième mandat, à la faveur d'une modification de la constitution de son pays. Comme l'affirme le ci-dessus président Kagamé, « ceux qui cherchent un troisième mandat, en cherche un quatrième puis un cinquième ». Parole d'orfèvre !

Ancien professeur de sport devenu chef rebelle et ancien ministre de la Bonne gouvernance et de l'Inspection générale de l'Etat sous la transition du président Domitien Ndayizéyé, Pierre Nkurunziza est donc parti pour durer, au grand dam de la commission de l'Union africaine qui tempête dans le vide. Pourtant, il serait si simple de mettre le pouvoir burundais au pas : en l'excluant de l'Union africaine, en retirant ses troupes placées sous mandat de l'ONU au sein de la Minusca en Centrafrique, en décrétant l'embargo sur ses exportations-importations, en le suspendant de l'organisation international de la Francophonie, etc. Où est le problème ?

 

L'Union africaine tergiverse car elle ne serait plus qu'une coquille vide s'il fallait agir de la sorte à l'encontre du Cameroun, de la Guinée Equatoriale, de la République du Congo, du Tchad, de la République démocratique du Congo, de l'Angola, etc. Toute l'Afrique francophone y passerait. Tristes tropiques !

 

Paris, le 1er janvier 2016

Prosper INDO

Président du CNR