Réaction
officielle du candidat Karim Meckassoua au premier tour de scrutin de l’élection
présidentielle.
Bangui, le 5 janvier
2016.
Bravant les difficultés
matérielles, l’insécurité et les manœuvres visant à les dissuader d’exprimer
librement leurs choix, trois Centrafricains sur quatre ont voté lors des
élections groupées organisées le 30 décembre 2015. Au terme d’une
campagne électorale où j’ai inlassablement appelé mes compatriotes au calme et
au courage, je me félicite de ce niveau historique de participation. Il traduit
le vœu le plus cher du Peuple centrafricain : sortir définitivement des années
terribles que nous avons vécues et qui ont manqué de supprimer notre État, notre
indépendance nationale et notre volonté de vivre ensemble.
A présent, chaque
responsable politique et public centrafricain doit se montrer digne de cet élan
démocratique. Le premier engagement à
prendre, c’est celui du respect du vote populaire. Je le prends. Tout mettre en
œuvre pour assurer le décompte transparent et sincère des suffrages, tel est
notre second engagement.
Depuis le 30 décembre,
je recueille quantité de témoignages, de documents et de preuves d’un
détournement du vote à Bangui comme en province. Les suffrages qui me sont
attribués en divers endroits s’avèrent souvent ridiculement inférieurs au nombre
des citoyens mobilisés dans mes comités de soutien. Des procès-verbaux ont
disparu. Des urnes apparaissent étonnamment vides lorsque d’autres se
remplissent.
Ces cas fondent les requêtes que je compte déposer devant la
Cour constitutionnelle.
Je suis déterminé à ce que leur examen
aboutisse.
Je ne vise pas
l’annulation du scrutin car ce serait insulter les centaines de milliers de mes
compatriotes qui ont sincèrement désigné leurs représentants. Et demain, les
mêmes causes susciteraient les mêmes effets. Je demeure cependant un militant
farouche de la légalité constitutionnelle et en appelle à la Cour
constitutionnelle pour dire le droit, veiller au processus démocratique et juger
de la qualité des travaux de l’Autorité nationale des
élections.
Sans cela, les
Centrafricains ne se reconnaîtront pas dans celui qui présidera demain à leur
destinée. Ceux qui entendent tromper ainsi les électeurs prendront la
responsabilité de nouvelles crises qui pourront en découler. Je mettrais toutes
mes forces dans la bataille du droit pour éviter cette catastrophe, tout autant
qu’une troisième Transition. La confiance doit être rétablie. Le premier tour de
l’élection présidentielle doit connaître un dépouillement et une collation des
résultats reconnus par tous et certifiés par la Cour
constitutionnelle.
Le temps viendra
ensuite pour mes électeurs, pour les militants de la réconciliation nationale
qui m’ont partout soutenu et pour moi-même de prendre nos responsabilités en
prévision du second tour de scrutin.
Karim
Meckassoua