Assemblée
nationale centrafricaine : Recommandations à l'endroit du Gouvernement et à
l'endroit de la Communauté Internationale sur les questions
sécuritaires
VENDREDI 1er JUILLET 2016
La
Troisième Session Extraordinaire d'Urgence consacrée à l'interpellation du
Gouvernement sur les questions sécuritaires s'est achevée ce vendredi
1er juillet après trois jours de débats oraux, de questionnements, de réponses,
d'interpellation.
Pour
clôturer cette Session Extraordinaire, les Députés ont unanimement adopté des
Recommandations à l'endroit du Gouvernement et à l'endroit de la Communauté
Internationale. L'intérêt général de la Nation a été au centre des principales
préoccupations.
En
voici le contenu ci-dessous.
Nous,
Députés
de la Nation, réunis en session extraordinaire par Décret n° 16.278 du 27 juin
au 1er juillet 2016 à notre demande avec un seul point inscrit à l’ordre du
jour, à savoir la question sécuritaire qui préoccupe la représentation nationale
après le retour à l’ordre Constitutionnel :
-
Considérant les articles 1 et 5 de la Constitution du 30 mars 2016 relatifs au
respect et à la protection de la personne humaine ainsi que de la liberté
d’aller et venir ;
-
Considérant que les récents évènements survenus tant à Bangui que dans certaines
localités de l’arrière pays constituent des sujets de sérieuses préoccupations
pour les représentants du peuple ;
-
Considérant la résurgence des groupes armés en dépit de la signature des accords
de cessation des hostilités et de D.D.R.R ;
-
Considérant la recrudescence d’actes de violences entrainant des pertes en vies
humaines, la destruction des biens publics et privés, le déplacement des
populations civiles, la violation des droits humains, la séquestration des
agents de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions ayant pour corolaire
l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat ;
-
Soucieux de l’impérieuse nécessité de réaliser le Désarmement, la
Démobilisation, la Réinsertion et le Rapatriement des ex combattants
;
-
Considérant les Résolutions 2127 et 2149 du Conseil de Sécurité des
Nations-Unies ;
-
Considérant l’accord du Comité de Sanction des Nations-Unies relatif à la
récupération de nos équipements militaires ;
-
Considérant l’état de vérification de nos Forces Armées par le comité composé de
la MINUSCA, de SANGARIS et de l’EUMAM ;
-
Considérant la détention de nos armes par la MINUSCA en dépit de l’envoi en
formation des FACA et des Forces de sécurité intérieures sur la gestion des
armes ;
-
Préoccupés par l’impunité des auteurs de crimes et violations graves des droits
humains ;
-
Notant la ferme volonté du Gouvernement de faire de la lutte contre l’impunité
l’un des axes majeurs de sa politique ;
-
Soucieux de doter notre pays de forces de défenses et de sécurités républicaines
et professionnelles ;
-
Résolus à contribuer à la stabilité des nouvelles institutions républicaines, à
la restauration de la sécurité, de la paix durable et à la cohésion sociale
;
RECOMMANDONS
:
I.
AU GOUVERNEMENT
1.
De veiller au respect et à la protection de la personne humaine ainsi qu’au
respect de la liberté d’aller et venir ;
2.
De travailler de concert avec la Communauté internationale pour assurer la
défense de l’intégrité du territoire et la protection des populations civiles et
des biens ;
3.
D’accélérer la mise en œuvre du plan d’urgence de sécurité intérieure et
d’assurer le renforcement de l’effectif et des capacités de nos forces de
sécurité intérieures ;
4.
D’accélérer le processus d’opérationnalisation de la Cour Pénale Spéciale
;
5.
D’adopter et de mettre en œuvre dans les meilleurs délais la politique nationale
de sécurité ;
6.
D’adopter le programme D.D.R.R et de créer un département ministériel à cet
effet afin de permettre son contrôle démocratique ;
7.
De rechercher dans un délai raisonnable des solutions au retour des déplacés
internes et des réfugiés centrafricains.
8.
D’élaborer et de mettre en œuvre à court et moyen terme une stratégie nationale
de restructuration et de redéploiement des FACA.
II.
A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
1.
De passer à l’application urgente et stricte par la MINUSCA des Résolutions
2127, 2134 et 2149 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies
;
2.
De faire restituer au Gouvernement par la MINUSCA l’intégralité des armes
saisies ;
3.
De procéder à la levée de l’embargo sur les armes dans les meilleurs délais
;
4.
D’appuyer l’opérationnalisation de la Cour Pénale Spéciale
;
5.
De mettre en place un cadre d’échange et de concertation entre l’Exécutif,
l’Assemblée Nationale et la MINUSCA sur la question sécuritaire
;
6.
De poursuivre l’appui multiforme aux efforts du
Gouvernement.
Fait
à Bangui, le 1er juillet 2016
Pour
les Députés,
Le Président l’Assemblée Nationale
Abdou Karim
MECKASSOUA