De
nouveaux soupçons de viols en RCA
A Bangui, des milliers de déplacés avaient trouvé refuge à
l’aéroport MPoko, juste à côté du camp des militaires français. - ©
REUTERS/Emmanuel Braun
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RFI - Publié le 31-03-2016 Modifié le 01-04-2016 à 02:43
Ban
Ki-moon se dit profondément choqué par de nouvelles allégations de viols et
d'exploitations sexuelles en Centrafrique impliquant des soldats de la paix. Des
accusations qui visent des casques bleus, mais également des militaires français
de la force Sangaris.
«
Ignoble ». C'est le terme employé par le Haut Commissaire aux droits
de l'homme, Zeid Raad Al Hussein, pour commenter les dernières allégations de
viols et d'exploitations sexuelles mises au jour par des équipes onusiennes ces
deux dernières semaines. La plupart des faits allégués cette fois se seraient
déroulés dans la préfecture de Kémo dans le centre du pays entre 2013 et 2015.
Ils concerneraient des éléments des contingents burundais, gabonais mais aussi
de la force
française Sangaris.
Selon
l'ONG Aids Free World qui avait révélé les accusations des viols sur mineurs par
des soldats français à Bangui, cette fois un officier français pourrait être
incriminé, ayant forcé quatre jeunes filles à avoir des relations sexuelles avec
un chien en échange de 5000 FCFA. Des faits « particulièrement révoltants et
odieux » selon l'ambassadeur de France à l'ONU François Delattre qui assure
dans un communiqué que Paris veut faire « toute la lumière » dans cette
histoire.
Les
Nations unies indiquent que les autorités des trois pays concernés ont été
alertées. Les contingents burundais et gabonais à Sibut sont cantonnés le temps
de l'enquête. Au total, une centaine de victimes présumées ont été entendues par
les équipes de l'ONU. L'enquête se poursuit, assure Diane Corner, représentante
spéciale adjointe de l'ONU en RCA.
Poursuites
dans les pays contributeurs
Peter
Wilson, l'ambassadeur adjoint britannique auprès des Nations unies, a réagi à
cette nouvelle affaire. « J'ai
beaucoup entendu parler de ces allégations qui sont franchement très choquantes,
a-t-il dit. Nous
soutenons le secrétaire général pour prendre des mesures de fermeté. Si ces gens
sont reconnus coupables de ce genre d'abus, nous voulons qu'ils soient jugés en
bonne et due forme par l'état contributeur de troupes dont ils sont originaires.
Nous espérons aussi que l'organisation des Nations unies, dans son ensemble,
s'engage fermement à retirer les troupes lorsque les abus sont confirmés. La
vaste majorité des troupes ont un comportement courageux et avec des valeurs que
nous partageons tous. Mais les actions d'une minorité et en particulier la série
d'allégations est quelque chose que nous ne pouvons tout simplement pas
tolérer. »
«
Les
dirigeants des Nations unies prennent cela très, très au sérieux : ils ont
retiré les casques bleus, les empêchant de cohabiter avec les
habitants, a insisté, comme en écho, Samantha Power, ambassadrice
américaine aux Nations unies, qui était en visite à Bambari, à la rencontre des
victimes. C'est
une étape importante dans la prévention de ces crimes, mais le système doit
encore être largement amélioré, parce que ces soldats qui ont été accusés de
viols et d'abus sexuels, quasiment aucun n'a eu à rendre des
comptes. »
Le
problème, explique-t-elle à l'instar du Britannique, c'est le manque de
poursuites judiciaires dans les pays contributeurs : « même si
cette étape préventive qui consiste à écarter les contingents est bonne, quand
on est soldat ici, on peut croire que l'impunité règne, parce qu'il n'y a jamais
de poursuites judiciaires, et les dirigeants de la Minusca ici sont conscients
de cela, et essaient d'y remédier. Mais le gros du travail doit être fait dans
les capitales des pays contributeurs qui envoient leurs troupes à la
Minusca. »
Le
11 mars dernier, le Conseil de sécurité a
adopté une résolution favorisant le rapatriement de
contingents de casques bleus en cas de soupçons répétés de viols. Mais beaucoup
au sein des Nations unies souhaitent aller plus loin. Hier matin sur RFI, le
patron des missions de maintien de la paix, Hervé Ladsous, plaidait pour des
cours martiales in situ et des prélèvements ADN sur les casques bleus lors du
recrutement.
La
Minusca met les moyens « pour combattre ce
fléau »
C'est
un énième scandale de viols qui frappe ainsi la Minusca. L'avalanche de cas avait
même coûté sa place en août 2015 au général Babacar Gaye, le
précédent patron de l'opération de maintien de la paix. Depuis, la Minusca a mis
en place un certain nombre de mesures pour tenter d'empêcher ou de repérer
rapidement les abus sexuels commis par ses soldats, explique Diane
Corner.
«
Ce
n'est pas seulement une question de punition, explique-t-elle,
mais
aussi de mettre en place des actions dissuasives sur le terrain. Par exemple,
nous avons mis en place des mesures de contrôles de nos éléments, de nos
soldats, lorsqu'ils sortent des camps. Nous avons aussi renforcé les
communications à l'intérieur de la Mission. Nous travaillons étroitement
également avec les ONG sur ces questions pour avoir une meilleure compréhension
de ce qu'il se passe et pour avoir les meilleures informations sur le
comportement de notre personnel. » Enfin, la responsable de
mission assure travailler avec les autorités et les populations pour signaler
tous les incidents et « combattre
ce fléau ».