DECLARATION
DE SON EXCLLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A L’OCCASION DU GRAND
RAPPORT AU CAMP KASSAI. Bangui 04 JUIN 2016
Monsieur
le Ministre de la Défense Nationale,
Monsieur le Chef d’Etat-Major des
Armées,
Monsieur le Chef
d’Etat-Major Adjoint des Armées,
Messieurs les Officiers
Généraux,
Officiers
Supérieurs,
Officiers
Subalternes,
Sous-Officiers,
Gradés,
Hommes de Rang,
Je
suis venu à votre rencontre aujourd’hui, ici au Camp Kassaï, lieu de souvenir et
de l’Histoire de notre Armée Nationale.
Le Camp Kassaï, ce haut lieu de
formation et de gestion de notre Armée Nationale.
Le
Camp Kassaï qui, tout comme le centre de formation de Bouar, est à la base de la
construction de notre Armée Nationale qui a forgé sa renommée et qi pendant un
long moment a fait la fierté de la République Centrafricaine et de tout notre
peuple.
La
raison pour que ce grand rapport se tienne ici est donc très forte.
Je suis
ici parce que c’est au Camp Kassaï que sont formés beaucoup de nos chefs
militaires, beaucoup de ceux d’entre vous, tous grades confondus, qui êtes
rassemblés ici en ce moment.
Ce lieu symbolique incarne l’histoire de notre
pays.
Je
n’oublie pas ce que beaucoup de militaires qui ont été formés en ces lieux ont
donné par le sang à la République Centrafricaine.
Beaucoup
sont morts au combat ou en service et nous pensons à eux.
Mais nous sommes
aujourd’hui dans une autre époque avec des problèmes de sécurité de toute autre
configuration.
Notre Armée Nationale en ce début de mandat que je commence,
doit être au centre de nos actions en matière de rétablissement de la paix, de
la sécurité des personnes et des biens et de la protection de l’intégrité du
territoire national.
Mon objectif à très court terme, est de voir les
éléments des Forces Armées Centrafricaines restructurées patrouiller en arme
pour protéger nos concitoyens et pour intervenir, le cas échéant, aux côtés des
forces de sécurité internationales dans les missions de protection de la
population civile et de l’accompagnement à assurer pour le redéploiement de
l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire
national.
Mais
je suis conscient que nous devons agir selon une démarche cohérente qui est
l’expression de l’ambition que nous avons pour notre armée nationale et du rôle
qu’elle doit désormais jouer.
Bien entendu, nous allons d’abord, dans le
cadre de la restructuration des Forces Armées Centrafricaines, vous assurer en
priorité une formation qui prendra en compte les nouvelles exigences de notre
défense nationale.
Cette formation va démarrer au mois de Juillet prochain en
partenariat avec l’Union Européenne dans le cadre du Programme
EUTEM.
Nous
verrons, parallèlement au Programme DDRR, qui sera mis en œuvre quels sont ceux
de nos militaires qui seront éligibles à cette formation, qui ne portera que sur
les éléments de nos Forces Armées déclarés aptes à être formés.
En deuxième
lieu, j’entends mettre en œuvre une politique de défense basée sur l’armée de
garnison en remplacement de celle de projection qui a montré ses limites avec le
changement du contexte sécuritaire.
Nous allons mettre en place une armée de
proximité pour mieux gérer les menaces et bien assurer la protection de nos
populations civiles.
Nous
ouvrirons des garnisons militaires à l’intérieur du pays et sur l’ensemble du
territoire dans ce cadre.
Des militaires de notre armée restructurée y seront
déployés avec les moyens requis pour les besoins de notre sécurité
nationale.
La
dimension sociale de ce déploiement sera tout naturellement pris en compte, en
ce que les militaires seront déployés avec leurs familles et tout
l’accompagnement qui le nécessite en terme de mise en place d’infrastructures
sanitaires, scolaires etc…
S’agissant
des moyens, en particulier des armes et autres effets militaires, j’ai commencé
à discuter sur la question de la levée de l’embargo avec nos
partenaires.
En
réalité, notre pays peut se doter de moyens militaires à la condition qu’il en
fasse la déclaration à l’Organisation des Nations Unies durant un certain temps.
Certains pays de la sous-région se trouvent dans la même
situation.
Monsieur
le Ministre de la Défense Nationale,
Monsieur le Chef d’Etat-Major des
Armées,
Monsieur le Chef d’Etat-Major Adjoint des Armées,
Messieurs les
Officiers Généraux,
Officiers Supérieurs,
Officiers
Subalternes,
Sous-Officiers,
Gradés,
Hommes de
Rang,
J’ai
décrit en quelques mots, ma vision quant à la réorganisation de notre Armée
Nationale et sa mobilisation.
Je veux d’une armée forte !
Je veux d’une
mobilisation intense !
Parce
que la République Centrafricaine doit sortir de ce cycle qui la projette aux
yeux du monde comme un pays instable, incapable durant des décennies de prendre
en main sa sécurité et celles de ses populations.
Pour ce faire, comme je
viens de le dire, l’Armée Nationale doit jouer son rôle, elle doit prendre sa
place dans les missions de sécurisation du territoire et de la protection des
populations civiles, elle est attendue, la République Centrafricaine doit se
protéger.
A vous militaires de tous grades, vous serez en mission, c’est vous
qui prendrez en charge la sécurité des Centrafricains.
Dans ce cadre, vous
aurez à obéir à vos Chefs mais aussi à commander de manière à agir le plus
efficacement possible sur les différentes parties du territoire national selon
les menaces qui se poseront à nous et les missions que j’aurai à fixer.
Vous
devrez les faire avec discernement, avec compétence, avec un sang-froid, avec un
courage, car vous êtes l’armée d’un pays qui veut reconquérir tous ses
attributs.
Vous
ne devrez pas être que de simples combattants, mais des défenseurs d’un idéal,
de notre dignité, celle de la patrie.
Ici réunis, vous venez de toute la
République Centrafricaine. Certains d’entre vous rêvaient dès leur jeune âge
d’être militaire, d’autres ont découvert cette vocation plus tard. Certains
étaient déjà dans une famille de militaires, d’autres n’avaient aucun lien avec
l’armée.
Mais vous avez tous fait le choix de l’engagement.
Vous avez
décidé à un moment de votre vie, de défendre votre pays par les armes.
C’est
une mission qui est d’autant plus exigeante aujourd’hui vu la gravité et la
complexité de la situation sécuritaire du pays.
Je vais demander au Ministre
de la Défense Nationale d’étudier rapidement les autres problèmes qui se posent
à vous de sorte qu’on puisse y apporter des réponses progressives dans la limite
des moyens de l’Etat.
Je veillerai personnellement à ce que les conditions
des militaires soient améliorées car elles constituent un élément important de
l’efficacité opérationnelle.
Les familles notamment doivent être aidées et
les militaires qui sont déployés doivent bénéficier de leurs permissions
annuelles. C’est leur droit et c’est notre devoir.
Aussi, dans le cadre de la
restructuration de notre Armée Nationale, nous allons réviser la loi de
programmation militaire qui est adoptée depuis 2008 et qui n’a connu aucun début
d’exécution en raison de tous les troubles que nous avons connus.
Je veux
mettre une partie des ressources de la Nation au niveau correspondant à
l’ampleur, à la diversité des missions que j’aurai à vous confier.
Egalement,
j’ai décidé de revoir la question des effectifs dans le cadre de cette
restructuration pour que nous disposions d’une armée qui tient compte des types
de menaces qui se posent à nous et en même temps des capacités financières de
l’Etat.
Le budget du Ministère de la Défense devra tenir compte de ces
impératifs.
Je veux finir en insistant sur le respect de la discipline et du
règlement militaire.
Je sais qu’à certain moment certains d’entre vous ont
été déroutés du fait de la situation que le pays a vécue et cela s’est traduit
par de graves violations des textes règlementant la discipline dans
l’armée.
Mais, à chaque chose son temps, la récréation est terminée.
La
nouvelle armée que nous allons bâtir doit faire honneur à la République
Centrafricaine et à son peuple.
Les indisciplinés, les pilleurs, les
criminels, les braqueurs n’auront plus leur place dans l’Armée
Nationale.
C’est pourquoi, je demande fermement au Chef d’Etat-Major des
Armées qui vient d’être nommé et entrant en fonction, que je félicite au
passage, d’avoir une haute main sur tous les militaires relevant de l’Armée
Nationale.
Il doit être mis fin à l’indiscipline et ses
corollaires.
L’armée que le peuple a créée pour le servir ne doit pas
l’asservir.
L’armée doit désormais être au service du peuple et pour le
peuple.
Je veux que le peuple se reconnaisse dans son
armée.
Vive
la République !