Des soldats français accusés de sévices physiques en Centrafrique. Cinq soldats suspendus par le ministère de la Défense pour avoir violemment agressé deux civils en 2014.

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Centrafrique: des soldats français accusés de sévices physiques

Valérie LEROUX - AFP, 4 juin 2016

Un soldat français à Boali, à 100 km de Bangui, le 19 janvier 2014
Un soldat français à Boali, à 100 km de Bangui, le 19 janvier 2014

Nouvelle affaire embarrassante pour l'armée française en Centrafrique: une procédure disciplinaire a été ouverte contre cinq de ses soldats, accusés d'avoir passé à tabac deux Centrafricains à Bangui ou d'avoir laissé faire.

La force française Sangaris, présente en Centrafrique (RCA) depuis décembre 2013, est déjà mise en cause dans des scandales d'abus sexuels, tout comme des Casques bleus de nombreux contingents.

Trois enquêtes judiciaires sont en cours à Paris sur ces accusations de viols, d'abus ou d'exploitation sexuelle, notamment sur mineurs.

Cette fois, "il n'y a aucune connotation sexuelle dans cette pitoyable affaire", selon un proche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, cité par le quotidien régional Ouest France qui a révélé l'affaire.

Cinq soldats français sont soupçonnés d'avoir commis ou laissé commettre de graves sévices physiques sur deux ressortissants centrafricains dans un poste de contrôle du PK 12 (point kilométrique) à Bangui, au début de 2014.

"Au vu de la gravité des faits, des mesures de suspension ont été prononcées" contre les cinq militaires, a annoncé samedi le ministère français de la Défense. Une procédure disciplinaire a également été engagée et pourrait se conclure par une éviction de l'armée, a-t-il ajouté.

Quatre autres militaires font aussi l'objet de sanctions parce que, "tout en ayant eu connaissance des faits, ils n'en n'ont pas rendu compte", selon le ministère. Ces sanctions, qui comprennent des jours de mise aux arrêts, ne prévoient pas leur éviction de l'armée mais vont sérieusement entraver la progression de leur carrière, a précisé l'entourage du ministre.

- 'Pas d'impunité' -

La nouvelle affaire concerne des soldats du 2ème régiment d'infanterie de marine (2e Rima) basé à Auvours, près du Mans (ouest).

L'alerte a été donnée le 28 avril par le chef de corps de ce régiment, qui ne commandait pas l'unité au moment des faits. Il informe alors le chef d'Etat-Major de l'armée de Terre des soupçons pesant contre des soldats de son unité.

Celui-ci, le général Jean-Pierre Bosser, a alors informé le ministre de la Défense qui a ordonné "que soit immédiatement effectué un signalement aux autorités judiciaires".

La justice va désormais tenter de comprendre pourquoi ces soldats s'en sont pris à ces deux Centrafricains, dont un serait membre d'une milice locale, et pourquoi le ou les officiers présents n'ont pas empêché les faits.

La France est intervenue en décembre 2013 en Centrafrique, une de ses anciennes colonies en proie à l'anarchie et aux violences intercommunautaires.

Cette intervention et le déploiement de 12.000 Casques bleus de la Minusca ont fait retomber les violences et permis l'organisation d'élections, qui ont porté au pouvoir en février un nouveau président, Faustin Archange Touadéra.

L'opération Sangaris doit se terminer en décembre, au terme d'un désengagement progressif. De plus de 2.500 militaires au plus fort de la crise, elle n'en compte déjà plus que 650.

A terme, les forces françaises doivent être redéployées au sein de la force onusienne de la Minusca, et dans la Mission européenne EUTM dédiée à la formation de l'armée centrafricaine qui fait toujours face à de nombreux enjeux sécuritaires.

Lors d'une visite à Bangui en mai, le président François Hollande avait estimé que "Sangaris était une opération parfaitement réussie", arguant que "la stabilité avait été retrouvée" dans le pays. Le chef de l'Etat avait toutefois redit que les soldats français ayant commis des abus en Centrafrique ne bénéficieraient d'aucune "impunité".

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Des soldats français accusés de sévices physiques sur des Centrafricains

Le Monde.fr avec AFP

Des soldats français en Centrafrique
Des soldats français en Centrafrique. Crédits : AFP

Une procédure disciplinaire a été engagée à l’encontre de cinq soldats français, accusés de sévices physiques sur deux Centrafricains, a annoncé samedi 4 juin le ministère de la défense français.

« Au vu de la gravité des faits, des mesures de suspension ont été prononcées à l’égard de cinq militaires, auteurs de violences ou responsables hiérarchiques ayant assisté et laissé faire ces violences », indique le ministère. « Simultanément, a été engagée une procédure disciplinaire (…) préalable à toute éviction de l’institution », a-t-il ajouté, confirmant des informations de Ouest-France.

Un officier parmi les cinq militaires

Selon le quotidien régional, « c’est l’actuel chef de corps du régiment manceau (qui ne commandait pas l’unité au moment des faits) qui a alerté, le 28 avril dernier, le chef d’état-major de l’armée de terre […], le général Bosser. Il suspectait plusieurs de ses subordonnés d’avoir commis des sévices physiques graves, à Bangui, dans un poste au point kilométrique 12 […], au cours des premiers mois de 2014 ». Toujours selon Ouest-France, l’un des cinq militaires impliqués est un officier.

Les troupes françaises déployées dans le cadre de l’opération « Sangaris » en République centrafricaine ont aussi été accusées depuis le printemps 2015 de viols et d’agressions sexuelles contre des civils.

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Des soldats français accusés de sévices en Centrafrique

La Croix (avec AFP), le 04/06/2016 à 14h55

Une procédure disciplinaire a été ouverte contre cinq de ses soldats, accusés d’avoir passé à tabac deux Centrafricains à Bangui ou d’avoir laissé faire.

La force française Sangaris, présente en Centrafrique (RCA) depuis décembre 2013, est déjà mise en cause dans des scandales d’abus sexuels, tout comme des Casques bleus de nombreux contingents. Trois enquêtes judiciaires sont en cours à Paris sur ces accusations de viols, d’abus ou d’exploitation sexuelle, notamment sur mineurs.

Cette fois, « il n’y a aucune connotation sexuelle dans cette pitoyable affaire », selon un proche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, cité par le quotidien régional Ouest France qui a révélé l’affaire.

Des faits commis au début de 2014

Cinq soldats français sont soupçonnés d’avoir commis ou laissé commettre de graves sévices physiques sur deux ressortissants centrafricains dans un poste de contrôle du PK 12 (point kilométrique) à Bangui, au début de 2014.

« Au vu de la gravité des faits, des mesures de suspension ont été prononcées » contre les cinq militaires, a annoncé samedi le ministère français de la Défense. Une procédure disciplinaire a également été engagée et pourrait se conclure par une éviction de l’armée.

Quatre autres militaires font aussi l’objet de sanctions parce que, « tout en ayant eu connaissance des faits, ils n’en n’ont pas rendu compte », selon le ministère.

L’affaire est devant la justice

La nouvelle affaire concerne des soldats du 2e régiment d’infanterie de marine (2e Rima) basé à Auvours, près du Mans (ouest). L’alerte a été donnée le 28 avril par le chef de corps de ce régiment, qui ne commandait pas l’unité au moment des faits.

La justice va désormais tenter de comprendre pourquoi ces soldats s’en sont pris à ces deux Centrafricains, dont un serait membre d’une milice locale, et pourquoi le ou les officiers présents n’ont pas empêché les faits.

Lors d’une visite à Bangui en mai, le président François Hollande avait estimé que « Sangaris était une opération parfaitement réussie », arguant que « la stabilité avait été retrouvée » dans le pays. Le chef de l’État avait toutefois redit que les soldats français ayant commis des abus en Centrafrique ne bénéficieraient d’aucune « impunité ».

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Centrafrique : l’ONU met un terme au mandat des policiers burundais, accusés d’exactions

Par AFP et jeuneafrique.com  - 04 juin 2016 à 17h57

Les Nations unies ont annoncé vendredi qu'elles ne renouvelleraient pas le mandat des policiers burundais en mission pour l'ONU en Centrafrique, en réaction à des accusations d'exactions commises par ces forces de l'ordre au Burundi avant leur déploiement.

Cette décision suit « les accusations actuelles d’atteintes sérieuses et persistantes aux droits de l’homme au Burundi », a précisé Stefan Feller, conseiller principal des Casques bleus sur les questions policières.

Les 280 policiers burundais en poste ne seront pas remplacés lorsque leur mission à Bangui, la capitale centrafricaine, s’achèvera aux alentours de septembre.

Une ONG burundaise, Focode, avait demandé en février aux Nations unies d’enquêter sur des accusations d’exactions commises par des policiers burundais qui se trouveraient maintenant à Bangui.

« Compte tenu de la situation actuelle au Burundi, décision a été prise à l’ONU de ne pas remplacer les brigades de police servant dans le pays (la Centrafrique, ndlr) lorsque leur mission s’achèvera », a indiqué le porte-parole de l’ONU Farhan Haq.

Participer à des missions de l’ONU, cadeau de la répression ?

Focode accuse le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, d’avoir récompensé, en les envoyant participer à des missions de l’ONU, plusieurs soldats et policiers qui ont participé à la répression de ses opposants. Certains auraient tiré à balles réelles sur des manifestants à Bujumbura, la capitale, et auraient été impliqués dans des actes de tortures, des viols, des exécutions sommaires et des attaques menées sur des hôpitaux, selon l’ONG.

Contrairement aux policiers, aucune décision n’a pour l’instant été prise concernant les quelque 840 militaires venus du Burundi qui participent à la mission de l’ONU en République centrafricaine (Minusca). Des responsables de l’ONU ont toutefois indiqué qu’ils étudiaient les dossiers des soldats burundais.

« Nous allons continuer à surveiller la situation dans le pays et nous déciderons en conséquence de l’avenir du déploiement des militaires », a indiqué un responsable de l’ONU sous couvert d’anonymat.

Le Burundi participe depuis 2014 à la Minusca, qui a déployé 12.000 hommes en Centrafrique.

Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences qui ont déjà fait 500 morts lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet.