Discours de Son Excellence Pr Faustin-Archange TOUADERA, Président de la République, Chef de l’Etat, à l’occasion des Journées Européennes de Développement, Bruxelles15-16juin 2016

 

• Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,
• Excellences Messieurs les Premiers Ministres,
• Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
• Monsieur le Président du Conseil Européen,
• Monsieur le Président de la Commission de l’Union Européenne,
• Madame la Haute Représentante pour les Affaires Etrangères et la Politique de sécurité,
• Mesdames, Messieurs les Hauts Représentants des Organisations Internationales,
• Distingués Invités,
• Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de prendre la parole en ce moment au nom de la République Centrafricaine, à l’occasion cet important rendez-vous des Journées Européennes du Développement.

C’est une occasion de partager avec vous notre vision du développement de la République Centrafricaine à la sortie des élections démocratiques intervenues dans mon pays.

En effet, des élections crédibles, transparentes, démocratiques aux résultats incontestables ont consacré le retour à la légalité constitutionnelle, marquant la ferme volonté de notre peuple à tourner les pages noires d’une sombre histoire pour s’inscrire dans la voie du changement et du progrès.

C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à l’Union Européenne pour son soutien très déterminant dans la réussite des ces élections.

La mobilisation massive des électeurs centrafricains nous interpelle quant à leurs fortes aspirations en matière d’un mieux-être dans la paix, la sécurité et la prospérité. Nous avons reçu et compris ce message.

C’est pour cela que j’ai engagé mon gouvernement à mettre en œuvre une politique qui réponde à cette exigence.

De la même manière, j’ai appelé toutes les Centrafricaines et Centrafricains à transcender tous les clivages et opter une pour une communauté de destin dans le cadre des grands enjeux de la reconstruction de notre pays.

Les Journées européennes de développement offrent à mon pays l’occasion de partager le rêve commun d’un peuple qui aspire à un avenir meilleur et l’engagement collectif à travailler sans relâcher pour créer les conditions d’une prospérité partagée dans l’unité et la dignité.

• Distingués invités,
• Mesdames, Messieurs,

Pour la République Centrafricaine, tous les efforts de reconstruction et de développement sont conditionnés par le retour à la paix, à la sécurité et à la réconciliation nationale qui est une urgence impérative.

A cette fin, j’ai décidé d’engager un dialogue avec les groupes armés sans exclusive pour leur montrer la nécessité d’aller au DDRR, condition sine qua non de notre marche vers le progrès.

En effet, la légalité constitutionnelle et la légitimité institutionnelle pour lesquelles nous avons investi tant d’énergies restent hypothéquées par la persistance des poches d’insécurité.

L’une des voies d’y parvenir, c’est pour nous de requérir un engagement encore plus ferme et davantage concret pour la réussite du Programme Désarmement, Démobilisation, Réintégration, Réinsertion et Rapatriement des ex-combattants.

C’est le gage d’une normalisation de la vie dans une Centrafrique pacifiée, unifiée et définitivement réconciliée.C’est le prix pour avoir une Centrafrique résolument tournée vers un développement harmonieux et une croissance partagée.

Assurer la sécurité à tous les Centrafricains nous permettra de garantir le retour dans leurs foyers à nos compatriotes réfugiés et déplacés qui endurent des conditions infra-humaines dans divers camps dans les pays voisins ou à l’intérieur du pays.

Je veux qu’ils retrouvent leur dignité et qu’ils se joignent à l’élan national de reconstruction.

Je travaillerai sans ménagement à ce que toutes les dispositions seront prises pour leur accueil et leur réinstallation dans leurs foyers.

Dans le même élan, la restructuration des forces centrafricaines sera menée avec le concours de tous les partenaires.

Notre objectif est de mettre en place une nouvelle armée nationale pluriethnique, professionnelle, apolitique et dotée d’un équipement adéquat pour remplir sa mission régalienne. Elle sera déployée sur l’ensemble du territoire national en exécution de notre vocation de constituer une « armée de garnison » en remplacement de « l’armée de projection » qui a montré ses limites.

C’est le moment d’exprimer à l’endroit de l’Union Européenne tous nos remerciements pour son engagement à mettre en œuvre dès le mois de juillet le programme EUTEM qui vise à renforcer les capacités de notre armée nationale.

Si ma foi dans l’avenir de mon pays est inébranlable, je n’ignore pas la profondeur des blessures causées par les crises violentes qui ont sapé l’unité du peuple centrafricain jusqu’à menacer les fondements de l’unité nationale. C’est pour cela que j’ai pris la résolution d’engager un processus de réconciliation nationale qui devra donner toute la place à la vérité.

Je mettrai au centre de ce processus les droits des victimes à la vérité et à la justice.

Je me suis engagé à ce que, en RCA, la justice ne soit pas sacrifiée sur l’autel d’une réconciliation qui serait factice.

En mettant l’accent sur la réconciliation, je mettrai un accent particulier sur la promotion d’une citoyenneté responsable.

Je veux que mes concitoyens sentent réellement qu’ils partagent une communauté de destin.

Je travaillerai à ce que la République offre les mêmes droits à chacun sans considération de ses origines ou de ses opinions. Et que tous, ensemble, ils s’investissent à la reconstruction, au développement et à la protection du bien commun qu’est la République Centrafricaine.

A travers le processus de réconciliation, je veux également que nous assurions une place plus importante et plus visible à la femme centrafricaine, pilier du développement national.

Je serai particulièrement engagé dans la promotion de l’égalité du genre et le respect des droits de la femme centrafricaine. Elle mérite les hommages de toute la Nation pour la résilience dont elle a fait montre dans les épreuves sanglantes qui ont endeuillé le pays et dont elle est la première victime, souvent oubliée.

• Distingués invités,
• Mesdames, Messieurs,

La réconciliation ne sera réelle que si nous arrivons à améliorer les conditions de vie de nos populations.

A ce propos, nous sommes déterminés à mettre en œuvre des solutions novatrices et courageuses dans le domaine économique.

Plus concrètement, nous allons nous employer à améliorer le climat des affaires pour inciter les investissements privés étrangers créateurs d’emplois pour les jeunes.

Dans ce cadre, le code des investissements sera revu pour créer les conditions d’une attractivité, de même que l’administration de la justice sera rénovée pour donner toutes les garanties nécessaires à ces investissements.

Une réforme hardie des autres secteurs productifs (agriculture, mines, forêts, énergie, télécommunications… sera engagée pour créer la croissance et la richesse.

La RCA doit offrir des opportunités à toutes ses filles et à tous ses fils, libérer les énergies de production, créatrices d’emplois, de richesses et d’une prospérité partagée.

Le peuple centrafricain et sa jeunesse de manière particulière aspire à un avenir radieux dans un pays où l’égalité des chances est une réalité pour que chacun jouisse des fruits de son labeur.

Ma profonde conviction est que l’offre d’alternatives crédibles et viables à une jeunesse en quête d’avenir meilleur et de repères constitue la clé du succès des efforts de stabilisation du pays.

Je m’y emploierai. Et je sollicite l’appui de tous les partenaires de mon pays.

Dans l’idée d’assurer que cette vision d’une Centrafrique nouvelle soit relayée à travers tout le pays, la présence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national est un impératif.

L’Etat doit être certes présent mais il est également important qu’il dispose de ressources humaines de qualité afin de répondre aux exigences des nouveaux standards de gouvernance et de développement.

C’est en cela que je mets un accent important sur le domaine de l’éducation de la jeunesse centrafricaine et sur la formation ainsi que les mécanismes de recyclage des agents de l’Etat.

Le système éducatif centrafricain mérite une vigoureuse action refondatrice pour offrir à la République Centrafricaine les compétences indispensables au soutien de ses ambitions.

• Distingués invités,
• Mesdames, Messieurs,

Voici présentées les plus grandes priorités que mon gouvernement et moi-même allons mettre en œuvre pour relever la RCA d’une crise grave et profonde.

Notre engagement est entier. Ma détermination est à la mesure des attentes de mes concitoyens.

Ma confiance dans la réussite de cette mission requiert que tous les amis du peuple centrafricains restent à nos côtés. Et c’est une occasion que je souhaite saisir pour remercier nos partenaires au premier rang desquels l’Union Européenne pour la qualité exemplaire de son soutien.

Nous lançons un vibrant appel à toutes les bonnes volontés sur lesquelles nous comptons pour relever le défi de la reconstruction nationale.

Je les assure que je mobiliserai toutes les énergies nationales afin que la prochaine rencontre des partenaires de la RCA prévue ici même à Bruxelles en novembre prochain soit un véritable rendez-vous de la renaissance centrafricaine.

Pour se remettre définitivement sur les rails de la reconstruction, mon pays aura besoin de l’appui davantage marqué et substantiel de la communauté internationale.

Je veillerai pour ma part, à ce que soient scrupuleusement respectées les exigences de responsabilité, de rigueur et de qualité dans le cadre d’une gouvernance que je veux, concertée et orientée vers les résultats.

La République Centrafricaine a besoin de l’appui de la communauté internationale, que vous représentez ici et particulièrement l’Union européenne, pour se remettre des blessures de la crise.

Ce défi majeur incombe à nous tous, si l’on veut véritablement tourner les pages sombres d’une histoire qui, grâce à nos efforts conjugués, ne doit plus jamais se répéter.

Pour ma part, rien ne viendra à bout de ma détermination à offrir à mes concitoyens les raisons d’espérer à un avenir de paix, d’unité, et de prospérité partagée.

Je vous remercie de votre aimable attention.

[15 juin 2016]

 


 

 

10e édition des Journées européennes du développement à Bruxelles

Communiqué – le 15.06.2016, 16:49

 

Romain Schneider, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire
Romain Schneider – © Union européenne

Romain Schneider, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, a participé le 15 juin 2016 à l'ouverture de la 10e édition des Journées européennes du développement, organisée par la Commission européenne à Bruxelles.

À la cérémonie d'ouverture ont participé de nombreuses hautes personnalités internationales, aux côtés des responsables européens. Ainsi Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies a demandé à l'Union européenne et ses États membres de rester engagés dans la coopération au développement et a rappelé l'importance de l'aide publique au développement et du seuil de 0,7% du RNB à atteindre. Ceci est d'autant plus important qu'il s'agit maintenant de mettre en œuvre les décisions des grandes conférences de l'année 2015 avec les objectifs du développement durable et les engagements de la COP 21.

Les présidents de nombreux pays partenaires de l'UE, dont le Kenya, Maurice, le Burkina Faso ou la République centrafricaine ont également pris la parole.

Le ministre Romain Schneider a participé à un panel sur l'avenir des relations entre l'Union européenne et les 79 pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et l'accord de Cotonou qui lie les deux groupes. Il s'est exprimé en faveur du maintien d'un accord global, mais avec une régionalisation renforcée et un rôle accru de la société civile et du secteur privé des deux côtés pour fixer le niveau d'ambition commun. Il a aussi plaidé en faveur du maintien d'un instrument financier d'une envergure similaire à l'actuel Fonds européen de développement, mais budgétisé par l'UE et dont les fonds seront attribués de façon bien plus différenciés en fonction du niveau de développement des pays bénéficiaires qu'actuellement.

Le ministre a mis à profit la présence de nombreux invités pour s'entretenir avec David Nabarro, conseiller spécial du SGNU sur la mise en œuvre de l'Agenda 2030. Il a expliqué comment le Luxembourg est en train de se préparer pour répondre aux nouveaux objectifs du développement durable. Ce débat se poursuivra en juillet à NY dans les instances onusiennes.

Finalement, Romain Schneider a rencontré Félix Moloua, ministre de l'Économie, du plan et de la coopération internationale de la République centrafricaine, pour faire le point sur la coopération bilatérale des deux pays, tant en matière humanitaire que dans le domaine sécuritaire. Le ministre Molova a chaleureusement remercié le Luxembourg pour son engagement, y compris pour aider au bon déroulement des élections en RCA. Le Luxembourg est invité à participer à une conférence des partenaires de la RCA en novembre à Bruxelles.

Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes/Direction de la Coopération