Discours
de son Excellence, Faustin Archange Touadera, Président de la République, Chef
de l’Etat à l’occasion du 1er Conseil des Ministres.
Bangui 15 avril 2016
Monsieur
le Premier Ministre,
Mesdames
et Messieurs les Ministres,
Je
suis heureux de vous retrouver à l‘occasion de ce premier Conseil des Ministres
du premier mandat que nos compatriotes viennent de me
confier.
Je
tiens à vous féliciter Monsieur le Premier Ministre ainsi que l’ensemble du
Gouvernement pour vos différentes nominations.
Monsieur
le Premier Ministre,
Mesdames
et Messieurs les Ministres,
Lors
de la campagne de l’élection présidentielle, j’ai pu me rendre compte de l’état
de délabrement de notre pays ainsi que de la précarité qui affecte nos
populations.
J’ai
aussi cerné les attentes de nos concitoyens.
Ces
attentes sont nombreuses et nous devrons en tenir compte dans la conduite des
actions gouvernementales, en accélérant notre rythme de travail et en étant plus
efficaces.
Vous
l’avez compris, il nous faire plus avec moins de
ressources.
Monsieur
le Premier Ministre,
Mesdames
et Messieurs les Ministres,
J’attends
de vous que tous les dossiers soient traités avec célérité afin de les conduire
à terme dans les meilleurs délais.
Comme
vous le savez, j’attache du prix au respect des engagements que j’ai pris auprès
de nos concitoyens.
D’autre
part, sur la base du projet que j’ai soumis à nos compatriotes, je vous demande
de faire adopter, par le Gouvernement, avant la fin du mois de mai, un programme
de Gouvernement qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée
Nationale.
Ceci
nous permettra d’initier des projets qui vont améliorer les conditions de vie de
nos concitoyens.
Il
nous faudra, également, entreprendre des réformes pour engager la modernisation
et la transformation de notre économie.
Nous
devons veiller, tout particulièrement, à renforcer nos actions en faveur de
l’amélioration de l’environnement des affaires pour accroitre l’attractivité de
la destination vers la République Centrafricaine pour le secteur
privé.
Ceci
nous permettra de soutenir notre croissance et de créer des emplois, notamment
pour les jeunes,
J’attire
votre attention sur cet aspect important. Je veux des résultats concrets dans le
domaine de l’emploi des jeunes, dans les mois à venir.
Ceci
n’est pas une affaire d’un ministère mais la responsabilité de tout le
Gouvernement.
Nous
devrons également améliorer la gestion de la chose publique et à tous les
échelons, les principes de bonne gouvernance.
Dans
ce domaine, les attentes de nos concitoyens et du monde des affaires sont
grandes.
Je
veux des résultats concrets et très vite.
J’insiste
aussi sur la politique du genre. Je veux voir des avancées dans ce
domaine.
Là
encore il s’agit de faire changer les mentalités, et ceci est de notre
responsabilité.
Je
voudrais aussi souligner que tout au long de ma campagne, j’ai partagé avec nos
concitoyens, ma conviction de voir émerger un Centrafrique qui intègre de façon
irréversible le cercle des nations démocratiques et
développés.
La
promotion de ce Centrafrique nouveau exige de la part de tous les Membres du
Gouvernement que vous êtes une certaine ligne de conduite.
A
cet égard, je me dois de vous rappeler le respect d’un certain nombre de
devoirs.
La
solidarité et la collégialité
L’expression
des points de vue, la confrontation des idées en toute confiance sont
nécessaires pour assurer la vitalité d’un Gouvernement.
La
délibération collégiale permet de rechercher des mesures les plus justes et
d’éviter des erreurs.
Chaque
Membre du Gouvernement a le droit de s’exprimer dans le respect de la
confidentialité qui s’attache aux délibérations du Gouvernement sur tout sujet,
y compris les sujets extérieurs à ses attributions.
Mais
une fois que la décision est prise, c’est le principe de solidarité qui
s’applique.
L’expression,
directe ou indirecte, de désaccords ne peut qu’affaiblir le Gouvernement et
susciter le scepticisme des citoyens à l’égard de la crédibilité de l’action
politique.
Par
conséquent, j’exige de chacun de vous le devoir de
solidarité.
Un
Ministre ne peut avoir un pied à l’intérieur du gouvernement et l’autre
dehors.
Vous
devez être liés par cette solidarité qui est l’épine dorsale de l’action
gouvernementale.
La
concertation et la transparence
Les
membres du Gouvernement doivent être à l’écoute des
citoyens.
Ils
doivent entretenir des relations suivies avec l’ensemble des partenaires
institutionnels de leurs ministères.
Ils
doivent recueillir leurs avis sur les principales
décisions.
Ces
relations institutionnelles suivies doivent aller de pair avec un développement
de la consultation en public en utilisant les possibilités offertes par
l’internet.
Je
demande que les projets de textes soumis à l’examen du Conseil des Ministres
tiennent compte des consultations menées et de leurs
résultats..
Plus,
généralement, le Gouvernement a un devoir de transparence.
Il
doit respecter scrupuleusement les dispositions garantissant l’accès des
citoyens aux documents administratifs.
Il
doit mener une action déterminée pour la mise à disposition, gratuite et commode
sur internet d’un grand nombre de données publiques.
La
transparence devra donc être de mise.
L’impartialité
Les
Membres du Gouvernement sont au service de l’intérêt
général.
Ils
doivent, non seulement faire preuve d’une parfaite impartialité, mais encore
prévenir tout soupçon d’intérêt privé.
C’est
la raison pour laquelle, j’exige aux Ministres qui gèrent des affaires de les
confier à des intermédiaires agréés, sur la base d’un mandat garantissant qu’ils
ne pourront intervenir directement dans cette gestion.
Je
vous recommande aussi de ne pas donner suite à toute invitation pour un séjour
privé extérieur qui émanerait de personnes physiques ou morales dont l’activité
est en relation avec vos départements ministériels.
Cela
vous délierait de toute obligation de rendre service à ceux qui tenteraient de
vous affaiblir par des moyens détournés.
Vous
devez être guidés en tout que par l’intérêt général.
La
disponibilité
Vous
devez consacrer tout votre temps à l’exercice de vos fonctions
ministérielles.
Pour
ce fait, vous devez renoncer à toutes autres activités qui peuvent vous
retenir.
Soyez
aussi disponibles pour nos concitoyens.
Recevez
les usagers de vos services qui sollicitent vos audiences.
Ne
vous comportez pas comme des dirigeants qui sont en rupture avec le
peuple.
Soyer
des dirigeants véritablement serviteurs du peuple.
L’intégrité
et l’exemplarité
Je
l’ai dit et redit, je veux des Ministres intègres, c’est-à-dire des Ministres
qui jouissent d’une bonne moralité et qu’on ne peut
corrompre.
La
place des Ministre hommes d’affaires n’est pas au
Gouvernement.
La
place des Ministres avides d’argent n’est pas au
Gouvernement.
Je
ne veux pas de Ministres qui par manque de probité créent de scandales qui
éclaboussent tout le Gouvernement.
En
tant que modèle social et de responsabilité, vous devez cultiver une éthique
publique qui vous honore et qui doit contribuer à la dignité du Gouvernement
dans son ensemble. L’incorruptibilité doit être la règle la plus
partagée.
La
reddition de compte
Dans
le strict respect des règles établies, en respect du droit à l’information du
peuple souverain, chaque Membre du Gouvernement est tenu de rendre compte de sa
gestion et des actions de son département dont les résultats lui sont imputables
au prime abord.
La
discrétion
J’exige
des Ministres de la discrétion.
Ils
doivent garder les secrets des délibérations en Conseil des
Ministres.
Je
ne voudrais pas entendre que tel ou tel Ministre raconte dans les bars et autres
cabarets de la place, les secrets des délibérations en Conseil des Ministres, de
même que j’exige que les dossiers de l’Etat soient bien préservés pour ne pas
qu’ils se retrouvent sur la place publique.
La
bonne préparation des dossiers à soumettre au Conseil des
Ministres
Le
Conseil des Ministres est le temps fort du travail gouvernemental car c’est à
cette occasion que se prennent les grandes décisions engageant la vie de la
nation.
Par
conséquent, ce moment doit être minutieusement utilisé.
J’exige
donc, que les dossiers soient bien préparés, bien documentés pour faciliter une
bonne délibération.
Les
questions transversales doivent être préalablement traitées dans le cadre des
comités interministériels.
Je
ne suis pas partisan des Conseils de Ministres interminables, des Conseils de
Ministres qui durent plus de deux(2) à trois(3) heures de temps, faute de bonne
préparation de dossiers.
Enfin,
je demande au Ministre chargé du Secrétariat Général du Gouvernement de diffuser
aussitôt le Conseil des Ministres terminé un résumé des sujets discutés en
Conseil des Ministres ainsi que des décisions qui en
découlent.
Cela
permettrait à notre peuple d’être au courant en temps réel du travail qui se
fait et des orientations que nous prenons.
Voilà
en quelques mots les principes que vous êtes tenus d’observer de par vos
qualités de Ministres de la République.
Je
sais pouvoir compter sur chacune et chacun de vous.
Bon
conseil de Ministres à tous.
Je
vous remercie.
Source :
La
Voix de Centrafrique
- Publié le 16 avril 2016