DISCOURS
D’INVESTITURE DE SON EXCELLENCE Pr FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA
RCA
Excellences Madame et
Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Monsieur le Président du Conseil
National de Transition,
Monsieur le Premier Ministre de la
Transition,
Mesdames et Messieurs les
Ministres,
Monsieur le Président de la Cour
Constitutionnelle de Transition,
Mesdames et Messieurs les Chefs de
délégations,
Mesdames et Messieurs les Conseillers
Nationaux de Transition,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
et représentants des organisations
internationales,
Mesdames et Messieurs les représentants
des partis politiques,
Mesdames et Messieurs les représentants
des syndicats et des organisations de la société
civile,
Mesdames, et Messieurs, mes Chers
Compatriotes,
Permettez-moi tout
d’abord, de demander, que nous observions une minute de silence, en mémoire de
toutes les victimes de la crise centrafricaine tombées depuis le 24 mars
2013.
(1 minute de silence) Merci !
Excellences, chers
invités, Mesdames et Messieurs,
Ce jour est pour
nous, peuple Centrafricain, un moment historique.
Oui, ce jour est pour
tous les Centrafricains, le début d’une ère qui marque notre volonté commune
d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays.
La grave crise qu’a
connue la République Centrafricaine au lendemain des élections générales de
2011, est à présent derrière nous.
Elle a, certes,
occasionné beaucoup de morts et donné lieu à la destruction des biens publics et
privés, mais elle s’est achevée par la victoire de la démocratie c’est-à-dire le
respect de la volonté du peuple Centrafricain à travers des élections
équitables, justes et transparentes.
C’est un succès pour
la République Centrafricaine, pour l’Afrique toute entière et pour toute la
communauté internationale.
Plus qu’une simple
cérémonie d’investiture à laquelle vous êtes conviés, c’est le retour de la
République Centrafricaine sur la scène africaine et internationale que nous
célébrons aujourd’hui.
C’est pourquoi, au
moment où j’accède aux plus hautes charges de l’État, j’exprime mon infinie
gratitude au peuple Centrafricain qui m’a choisi pour présider à ses
destinées.
Mes Chers
Compatriotes, cette consécration est la vôtre. Cette investiture est votre
victoire : la victoire du peuple centrafricain !
Je me sens également
animé par un sentiment de gratitude envers le monde entier qui a fait preuve
d’un formidable élan de solidarité pour le retour à l’ordre constitutionnel
normal.
Excellences, chers
invités, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout
d’abord rendre un hommage solennel à mes illustres prédécesseurs à la tête de
l’État.
Je pense aux
Présidents Barthelemy
Boganda, David Dacko, Jean Bedel Bokassa, André Kolingba, Ange Félix Patassé,
François Bozizé, Michel Djotodia Am Nandroko, Catherine Samba
Panza qui ont donné au pays chacun à sa manière, le meilleur de
lui même.
L’histoire seule
jugera l’impact de leurs actions sur le développement réel de la République
Centrafricaine.
Madame le Chef de
l’État de la Transition Catherine Samba Panza,
chère sœur,
Je voudrais rendre un
hommage à votre sens élevé du devoir, votre profond amour pour notre pays et vos
actions à la tête de la transition.
Le peuple garde en mémoire le contexte de
votre élection en qualité de Chef de l’État de la
Transition.
Le moment était
difficile puisque l’ordre et la stabilité étaient absents, les centrafricains
vivaient comme des prisonniers sur leur propre terre, la vie humaine n’était
plus sacrée.
Depuis, Vous n’avez
pas manqué de travailler avec votre gouvernement pour remettre le pays sur la
voie de la stabilité et des élections.
Vous devez, à compter
de ce jour, avoir un sentiment de fierté pour la conduite à bon port de votre
mission.
La nation toute
entière doit être fière de vous et de votre gouvernement, fière des actions que
vous avez menées et qui permettent ce jour à notre pays de revenir à la légalité
constitutionnelle.
Madame le Chef de
l’État, je vous exprime ma considération et toute ma
fraternité.
Quant aux autres
institutions de la transition, je salue également leurs rôles et efficacités
dans la conduite des affaires qui relèvent de leurs compétences durant cette
même période.
Honorables
invités,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, à
présent, saluer l’ensemble des Chefs d’État et de Gouvernement, les Chefs de
délégations étrangères qui ont fait le déplacement pour être avec nous en ce
jour historique pour notre peuple.
Je voudrais exprimer
ma très grande reconnaissance à tous les pays amis, aux institutions régionales,
et internationales dont les efforts conjugués ont permis la normalisation de la
situation en République Centrafricaine.
Mon pays n’oubliera
jamais ceux qui l’ont soutenu durant ces moments
difficiles.
Excellences,
Mesdames
et Messieurs,
Vous me permettrez de
citer tout particulièrement la France avec laquelle la République Centrafricaine
a des liens historiques et une vision partagée de
l’avenir.
Je saisis la présente
occasion pour rendre hommage à Monsieur le Président François Hollande, pour son
engagement dans la résolution de la crise centrafricaine sous mandat des Nations
Unies ; ce qui a permis de sauver de nombreuses vies. Le peuple Centrafricain
lui dit un grand merci et lui témoigne sa reconnaissance.
Monsieur le Président
Obiang Nguema
Mbasogo, Président de la République de la Guinée Équatoriale,
Président en exercice de la CEMAC, Monsieur le Président Dénis Sassou Nguesso,
Président de la République du Congo, Médiateur International de la Crise
Centrafricaine,Monsieur le Président Idriss Deby Itno,
Président de la République du Tchad, Président en exercice de l’Union Africaine,
, , Monsieur le Président Paul Biya, Président de
la République du Cameroun, Monsieur le Président Joseph Kabila KABANGUE,
Président de la République Démocratique du Congo, Monsieur le Président
Ali Bongo
Odimba, Président de la République du Gabon, nous savons le
soutien que vous avez tous apporté à la République Centrafricaine durant ces
années difficiles. Je vous en remercie fraternellement.
Je n’oublierai pas de
saluer parmi nos invités, Messieurs :
Monsieur
HASSABO Mohamed
Abdraman, Vice Président de la République du Soudan,
Monsieur
Domingos Manuel
Vincente, Vice Président de la République
d’Angola,
Philemon
Yang, Premier Ministre du Cameroun,
Daniel Ona Ondo, Premier
Ministre du Gabon,
Anastase Murekezi,
Premier Ministre du Rwanda,
Rachid Talbi Alami,
Président de la Chambre des Représentants du Maroc,
Hervé Ladsus, Secrétaire
adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix,
Monsieur
David
Maulobo, Ministre d’État chargé de la Sécurité de l’Afrique du
Sud,
Jean Marc
Ayrault, Ministre des Affaires Étrangères et Jean Yves Le Drian, Ministre
de la Défense Nationale de la République Française,
Monsieur Zhang Jianglon, Chef de
l’Administration des Forêts représentant la République Populaire de Chine,
Madame Samantha Powers,
Ambassadrice des États Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations
Unies.
Je salue l’engagement de l’Organisation des Nations Unies qui s’est
donné les moyens pour rétablir l’ordre à travers la Minusca et pour son action
en faveur d’une paix durable dans notre pays.
A l’Union Africaine, l’Union
Européenne, la CEEAC, la CEMAC j’exprime la gratitude du peuple centrafricain
pour avoir accompagné la République Centrafricaine dans le processus électoral
et sa quête de paix.
Mes très Chers
Compatriotes,
Ce matin, nous voici
face au monde entier et face à nous même.
Nous voici face à
notre destin.
Il nous revient de
tourner définitivement cette page sombre d’une partie de l’histoire de notre
pays et de nous retourner résolument vers l’avenir avec la détermination de
relever la République Centrafricaine.
Nous nous devons de
faire de la République Centrafricaine un pays uni, en paix tourné vers le
développement.
Pour ma part, je ne
doute pas que notre pays sortirait de sa situation difficile car chaque
situation a sa solution.
Ce matin nous sommes
là pour parler d’avenir.
Le temps est venu de
consolider les piliers de notre République.
Le temps est venu de
renouer avec les valeurs profondes de notre beau pays la République
Centrafricaine et de rassembler les Centrafricains.
Chères sœurs, chers
frères, célébrons la Paix ; La paix sans laquelle aucun développement n’est
possible.
Mettons en pratique
la devise de notre pays. L’Unité qui doit être le creuset de notre réussite. La
Dignité qui nous fera grandir dans le respect des règles établies par la
République. Le Travail, qui va pour nous libérer du sous développement et nous
apportera le réconfort moral et matériel.
Respectons notre
drapeau, symbole vivant de la patrie. Il porte les couleurs de notre terre, de
nos forêts, il symbolise notre idéal de paix et notre espérance en un avenir
meilleur. Écoutons notre hymne national : il célèbre l’unité, la dignité et le
travail.
Mes très Chers
Compatriotes,
Le serment que je
viens de prêter devant vous, c’est-à-dire « devant le peuple centrafricain »
selon les termes de notre Constitution, revêt, à mes yeux, une haute valeur
symbolique.
Il exprime d’une part
une fidélité absolue aux institutions de la République et a d’autre part une
valeur d’engagement personnel de remplir les obligations qui sont celles du Chef
de l’Etat, telles que le définit notre Loi Fondamentale.
Je m’engage donc
personnellement et solennellement à exercer ces hautes responsabilités pour le
bien du peuple Centrafricain, comme je l’ai fait par le
passé.
Mes Chers
Compatriotes,
Je n’ignore pas
l’étendue et les difficultés de la tâche à accomplir durant ce
mandat.
J’en ai exposé les
grandes lignes au cours de la campagne électorale. Mais, je souhaite revenir
devant vous sur certains points auxquels j’attache une importance
particulière.
La priorité des
priorités à la sortie de ces élections est la sécurité durable et la défense du
territoire national.
La sécurité est une
exigence républicaine, c’est la première des libertés.
J’y répondrai avec
fermeté.
Tout sera mis en
œuvre pour que les Centrafricains vivent en paix et en sécurité sur l’ensemble
du territoire national.
La République
Centrafricaine est Une et Indivisible. Et elle le restera.
Je m’emploierai à
appliquer très rapidement le Programme du Désarmement, de la Démobilisation, de
la Réinsertion et du Rapatriement (DDRR) pour favoriser le retour à la paix et à
la sécurité, ceci en concertation avec nos partenaires.
Je procèderai à la
refondation de notre armée pour qu’elle devienne véritablement républicaine,
pluriethnique, apolitique et professionnelle.
J’en viens à la
question de la réconciliation et la cohésion nationale.
Nous avons besoin
aujourd’hui, plus qu’hier, de nous retrouver pour reconstruire notre mère
patrie.
Tel est le défi qui
se pose à nous et qui doit permettre à notre pays de prendre le chemin de la
reconstruction et du développement.
A tous les fils et
les filles de ce pays, je lance un message solennel à la réconciliation et à la
cohésion nationale sans lesquelles aucun développement n’est
possible.
Rassembler, c’est la vocation de la
République.
Nous l’assumerons
avec patience et acharnement à travers un programme de cohésion
sociale.
Nous mettrons en
place des programmes d’instruction civique dans nos écoles, afin d’inculquer à
nos jeunes les principes fondamentaux de la vie en
société.
Nous bâtirons une
Nation plus juste, plus équitable, dotée d’institutions fortes et
indépendantes.
Rassembler, c’est
aussi le rôle de chaque Centrafricaines et de chaque Centrafricain. Que chacun
fasse l’effort d’aller vers l’autre, de lui accorder sa confiance et son
pardon.
Que chaque Centrafricain s’attache à recréer les conditions d’une
paix durable dans nos villes, dans nos villages, dans nos campagnes et dans nos
cœurs. Nous les soutiendrons comme nous soutiendrons toutes les initiatives
citoyennes prônant l’union, la réconciliation et la concorde nationale ; parce
que nous voulons une République Centrafricaine véritablement
rassemblée.
A chacun de mes
compatriotes, je veux renouveler, aujourd’hui encore, mon engagement d’être le
garant d’une République Centrafricaine laïque, telle que consacrée par notre
constitution ; je veux renouveler mon serment d’être le Président de tous les
Centrafricains, le protecteur des plus faibles et le défenseur des droits de
tous nos concitoyens, sans exclusive.
Célébrons à travers
la cérémonie d’aujourd’hui, non pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais la
fraternité retrouvée et l’amorce d’un nouveau départ.
Allons résolument à
la réconciliation nationale en réapprenant à vivre
ensemble.
Ce vaste chantier de
la réconciliation sera l’occasion pour tous les Centrafricains de faire
définitivement le deuil de nos rancœurs, de panser nos plaies, d’expier les
fautes individuelles et collectives et d’écrire une nouvelle page de notre
histoire.
Pour ma part, je
m’engage solennellement à favoriser cette réconciliation dans le dialogue, la
vérité et la justice.
Mes chers
compatriotes,
Je vais maintenant
évoquer à ce qui sera sans doute l’une des grandes affaires de ce mandat,
c’est-à-dire l’assainissement des finances publiques et la réforme des secteurs
productifs.
Mais auparavant,
jetons, si vous le voulez bien, un regard en arrière.
Durant cette
transition finissante, les recettes de l’État ont connu une baisse liée à
l’insécurité que vit le pays, et la destruction ou la disparition de la plupart
des entreprises citoyennes qui payaient les impôts à
l’État.
Cette situation
aurait pu être très dramatique si la communauté internationale n’était venue au
secours du pays pour l’aider à assurer certaines de ses charges
régaliennes.
Il s’agit d’une
mesure provisoire, le temps d’organiser les élections et engager les réformes
pouvant redonner à l’État les moyens de ses actions et de sa
politique.
Le moment est donc
venu pour que nous réorganisions les régies financières pour qu’elles lèvent
l’impôt nécessaire au financement des charges publiques.
Dans ce cadre, une
vaste réforme des régies financières sera organisée avec l’objectif d’accroitre
les ressources de l’Etat, de les sécuriser et de maitriser les dépenses
publiques.
Une lutte sans merci
sera menée contre la fraude, la corruption, les détournements de deniers publics
et la concussion.
Par ailleurs,
j’instruirai le Gouvernement pour qu’il travaille très rapidement avec le Fonds
Monétaire International pour permettre au pays de conclure avec lui un programme
normal nécessaire à l’aide multilatérale et bilatérale.
Pour ce qui concerne
les secteurs productifs, je ne crois pas nécessaire de revenir en détail sur ces
projets que j’ai déjà évoqués dans certaines circonstances. J’estime toutefois
utile d’insister sur certaines actions que nous allons entreprendre parce
qu’elles conditionnent l’accélération de la relance de notre croissance
:
Parlons d’abord de
l’agriculture, au sens large, qui fait vivre la majeure partie de notre
population.
Nous devons menée une
réelle relance de notre agriculture et nous la ferons en stimulant toutes nos
productions.
Nous assurerons non
seulement notre sécurité alimentaire mais aussi l’accroissement de nos
exportations et la réduction de nos importations.
Il nous faudra pour
cela sortir des sentiers battus, changer de méthodes et mettre en śuvre des
moyens modernes.
Nous allons fournir
des semences et des engrais à nos paysans et leur assurer l’encadrement
technique nécessaire pour atteindre les résultats que nous
escomptons.
Dans le même cadre,
j’instruirai le gouvernement d’engager très rapidement une étude de faisabilité
sur la mise sur pied d’un centre de recherches agronomique pour les besoins de
la relance et de la modernisation de notre agriculture.
Quelques mots à
présent sur l’Énergie.
J’y attache un
intérêt tout particulier car non seulement elle contribue au bien être des
populations, mais c’est parce qu’elle est capitale pour notre
économie.
Vous n’ignorez pas
les désagréments que la pénurie d’électricité provoque pour nos populations mais
également pour notre administration publique et nos
entreprises.
J’instruirai le
gouvernement pour qu’il reprenne en main les divers dossiers relatifs à
l’augmentation de notre capacité en production de l’électricité pour nous
permettre de desservir amplement la ville de Bangui et de ses environs ainsi que
les grandes villes des provinces.
Notre coopération
avec la Chine et la France dans ce domaine seront utiles pour conduire à terme
ces projets.
Mes Chers
Compatriotes,
Je vais maintenant
parler du Commerce qui est la base de notre économie puisqu’il crée la richesse
et l’emploi.
Le Gouvernement sera
instruit pour qu’il travaille sans attendre sur l’amélioration du climat des
affaires favorable à l’investissement privé étranger.
Dans cette
perspective, le Guichet Unique d’ouverture des Entreprises sera réformé pour
faciliter les délais d’ouverture ou de création
d’entreprises.
Je demanderai au
gouvernement d’étudier très rapidement la possibilité d’aide de l’État aux
entreprises victimes de destructions ou de pillage total liés aux crises que le
pays a connues durant les trois dernières années.
Mon ambition est
celle de voir créer sur le marché national des entreprises nationales tenues par
les fils du pays engagés à participer à la reconstruction de l’économie
centrafricaine.
La possibilité de
réouverture du CAPMEA sera étudiée pour qu’il apporte son soutien et expertises
à nos nombreux jeunes qui interviennent dans le secteur des petites et moyennes
entreprises.
Le Cadre de
Concertation État/secteur privé sera réhabilité pour qu’il serve de pont entre
les pouvoirs publics et les opérateurs privés à l’occasion de tout sujet
concernant le secteur du commerce.
L’agriculture,
l’énergie et le commerce ont pour dénominateur commun un réseau
d’infrastructures adapté.
Ce réseau sera
amélioré, de nouveaux projets de routes, de télécommunications et de liaison par
fibre optique seront mis en œuvre.
Ils permettront non
seulement de faciliter les échanges, mais aussi de rompre l’enclavement et par
là même de conforter l’unité nationale.
Mais, me
demanderez-vous, comment financer des investissements aussi considérables
?
Il sera en priorité
fait appel aux investisseurs privés nationaux et étrangers. Si les projets sont
bien étudiés et rentables, l’accord pourra être trouvé.
Nous nous tournerons
également vers les États amis qui nous font confiance.
Enfin, nous pourrons
avoir recours à notre propre budget d’investissement si nous parvenons à
améliorer qualitativement nos recettes publiques à partir de la mise en valeur
de certaines de ressources naturelles non encore
exploitées.
Mes très Chers
Compatriotes,
Je voudrais
maintenant aborder le volet social de cette intervention.
Il faut avouer que
les conditions de vie de la grande partie de notre population sont très
difficiles, particulièrement dans les zones rurales et à la périphérie des
centres urbains.
Ce sont pour la
plupart des petits paysans, des chômeurs, des jeunes qui n’ont pu trouver
d’emploi, des retraités ou des personnes âgées sans
ressources.
Notre pays ne fait
pas exception en Afrique, mais la pauvreté et la précarité s’est amplifiée
depuis les récentes crises.
Une création de
richesses insuffisante, une forte démographie, l’insécurité qui règne partout
sur le territoire national et un mode de développement inadapté, telles sont les
raisons principales d’une situation qui rejette dans l’exclusion bon nombre de
nos concitoyens. Le chômage, véritable fléau social, est le mal le plus
difficile à combattre.
L’Etat crée des
emplois publics selon ses possibilités. Mais, nous le savons, là n’est pas la
vraie solution.
C’est seulement la
relance et l’accélération de la croissance qui permettront de régler
progressivement le problème du chômage.
Ce sont les
investissements privés, la création de beaucoup d’entreprises et la relance de
l’agriculture qui ouvriront à beaucoup les portes de
l’emploi.
C’est la raison pour
laquelle je m’engage, pour la part qui est la mienne, à les faire aboutir dans
les meilleurs délais possibles.
Une autre dimension
importante de la question concerne la professionnalisation de notre système
éducatif.
Cette mutation est
nécessaire et elle sera entreprise pour qu’elle donne les résultats
escomptés.
Des efforts
particuliers seront déployés pour multiplier les établissements scolaires de
divers degrés et étendre notre réseau universitaire.
Je suis confiant qu’à
moyen ou long terme nous en percevrons les dividendes au plan de l’emploi.
Faciliter l’accès aux soins de santé et aux médicaments de qualité est une autre
façon d’améliorer les conditions de vie de notre population, surtout pour les
plus démunis.
C’est pourquoi nous
allons ouvrir de nouveaux centres de santé et apporter à nos formations
hospitalières les équipements qui leur font défaut.
Dans toute la mesure
du possible, nous étendrons la gratuité ou la réduction du coût des soins pour
les pandémies ou les maladies infantiles.
La mise en place,
dans le cadre de notre système de sécurité sociale, d’un dispositif d’assurance
maladie facilitera l’accès aux soins des moins favorisés.
Ce sera un grand défi
pour nous que de mettre à la disposition de tous les Centrafricains un
approvisionnement suffisant en électricité et en eau potable, préalable
indispensable pour assurer des conditions de vie et de santé
acceptables.
Je crois pouvoir dire
qu’avec la réalisation des projets énergétiques que j’ai évoqués et le programme
d’adduction d’eau qui sera mis en œuvre, la situation, de ce point de vue,
devrait s’améliorer considérablement.
(iv) La
décentralisation demeure une réforme majeure qu’il faut
engager.
Je veillerai à
l’aboutissement des textes en matière de décentralisation pour permettre la mise
en œuvre effective de cette politique afin qu’elle soit une réponse aux
sollicitations de certains de nos compatriotes qui pensent que certaines parties
du territoire national sont laissées à l’abandon.
Je rendrai effectif
le transfert des compétences et des ressources pour donner davantage d’autonomie
aux collectivités.
Dans le même ordre
d’idées, je poursuivrai le programme des « Pôles de Développement » pour faire
des différentes régions du pays des pôles économiques et permettre la mise en
place des infrastructures.
L’habitat sera l’une
des priorités de notre action. Le programme de construction de plusieurs
logements sociaux que j’avais en conception avant les récentes crises sera
réactivé, en concertation avec le secteur privé et les autres partenaires
nationaux et internationaux.
Je serai bref
s’agissant de notre politique extérieure qui reposera sur les grands axes que
vous connaissez tous : soutien aux idéaux des Nations Unies et aux objectifs de
l’Union Africaine, maintien des rapports de bon voisinage avec les Etats de
notre sous-région, appui à l’intégration au sein de la CEMAC, renforcement de
notre coopération bilatérale avec les pays amis
traditionnels.
Mes très chers
Compatriotes,
Je me suis engagé à
mettre en œuvre, avec vous, en cinq ans, dans tous les domaines, mes solutions
pour une République Centrafricaine nouvelle.
Nous le ferons avec
rigueur, en application des règles de bonne gouvernance, avec une justice
impartiale et indépendante.
Dans les prochains
jours, je formerai un Gouvernement de compétence, regroupant toutes les forces
politiques de notre pays et la société civile.
Il sera constitué
d’hommes et de femmes, ayant un sens élevé de l’intérêt général, selon des
critères de compétence, de mérite et de probité.
Une tache immense
attend cette équipe. J’exigerai de ses membres la discipline et l’exemplarité
afin de restaurer la confiance entre le peuple et ses
dirigeants.
Mes très Chers
Compatriotes,
C’est en toute
humilité que je me suis présenté devant vous il y a quelques mois comme candidat
à l’élection présidentielle et c’est en toute confiance que vous m’avez
élu.
Depuis le jour de mon
élection jusqu’à cette investiture tant attendue, je n’ai pas attendu pour
commencer à travailler sur les priorités du pays.
Aujourd’hui, je vous
demande de vous mettre résolument au travail car vous devez la savoir, la tache
sera ardue vu l’immensité des problèmes que connait la République
Centrafricaine.
Pour ce faire,
j’aurai besoin de votre soutien et de votre patience.
Votre soutien, car je
crois que vous devez tous participer à l’œuvre de reconstruction et du
développement de notre pays.
Votre patience, car
la mise en œuvre de certaine réforme prendra du temps pour que vous puissiez
mesurer les effets sur votre qualité de vie.
Je m’engage à
travailler ardemment pour qu’ensemble nous puissions apporter le renouveau
souhaité à notre pays.
Excellences, Mesdames
et Messieurs, chers frères et sœurs, chers amis qui êtes venus de loin,
permettez moi de vous renouveler nos sincères
remerciements.
Nous saluons
chaleureusement vos peuples respectifs et vous prions de leur annoncer la bonne
nouvelle. La République Centrafricaine se réconcilie et se met au travail, pour
participer avec toutes les Nations de bonne volonté, à l’édification de la Paix
et de la fraternité dans le monde.
Que Dieu bénisse la
République Centrafricaine et son peuple !
Vive la République
!
[30 mars
2016]