Discours
de politique générale du gouvernement centrafricain devant l'Assemblée nationale sans feuille
de route et plans d'actions sectoriels opérationnels
Le Président Faustin Archange TOUADERA élu a prêté serment, un Gouvernement est mis en place, le Parlement installé, des Ministres Conseillers ont pris place. Mme Keita-Bocoum encourage les autorités à rendre opérationnels la feuille de
route et les plans d'actions sectoriels dans les meilleurs délais, avec l'appui coordonné des partenaires internationaux. L’experte de l'ONU juge urgent de désarmer
les groupes armés.
A
Bambari, en République centrafricaine, les opérations humanitaires sont
entravées par le mauvais état des routes, les bandits, les pillages et la
violence des milices. (2015). Photo OCHA/Gemma Cortes
Un.org
- 22 juin 2016 – Au terme d'une visite en République centrafricaine, l'Experte
indépendante sur la situation des droits de l'homme dans ce pays, Marie-Thérèse
Keita-Bocoum, s'est inquiétée de la menace que font peser les groupes armés
affiliés aux Anti-balaka et aux ex-Seleka et le grand banditisme sur la
protection des civils, les ressources naturelles et les perspectives d'une
sortie de crise durable.
Malgré
la présence d'opportunités pour une amélioration des droits de l'homme, Mme
Keita-Bocoum a constaté une situation sécuritaire encore très précaire et
imprévisible, marquée par les violences survenues depuis le 10 juin à Bangui,
dans le quartier de PK5, et à Ngaoundaye, dans l'ouest du
pays.
«
J'invite le gouvernement, en coordination avec les forces internationales, à
mettre en œuvre des mesures robustes pour faire cesser les affrontements,
assurer l'impératif de protection des civils et des acteurs humanitaires, et
porter assistance aux victimes et aux personnes déplacées », a-t-elle dit dans
un communiqué de presse publié mardi.
Elle
a noté l'urgence de désarmer les groupes armés, de réformer les forces de
sécurité et de défense nationale, et de rétablir l'autorité de l'Etat par une
présence effective de l'administration sur l'ensemble du territoire
centrafricain.
«
Au cours de ma visite, j'ai fait le constat d'une société civile inquiète et qui
attend de voir les premières mesures du gouvernement se réaliser de manière
inclusive et stratégique, notamment en matière de sécurité et de justice. J'ai
aussi noté la frustration et le sentiment d'exclusion parmi les jeunes, les
femmes et les communautés religieuses, à Bangui et l'intérieur du pays», a
déclaré l'experte.
Au
lendemain du discours de politique générale du gouvernement devant l'Assemblée
nationale, Mme Keita-Bocoum a encouragé les autorités à rendre opérationnels
cette feuille de route et les plans d'actions sectoriels dans les meilleurs
délais, avec l'appui coordonné des partenaires internationaux. Elle a salué la
reconnaissance de l'importance de mettre en œuvre les mesures du Pacte
républicain adopté à l'issue du Forum de Bangui en mai dernier, notamment en
matière de lutte contre l'impunité, et en faveur de l'inclusion des personnes et
des groupes qui se sentent marginalisés
Mme
Keita-Bocoum a noté avec satisfaction les récents progrès en faveur de la mise
en place de la Cour pénale spéciale chargée de juger les crimes commis depuis
2003, notamment l'adoption de son budget de fonctionnement. Elle a encouragé les
autorités à accélérer les processus de recrutement afin de rapidement démarrer
les enquêtes et établir un programme de protection pour les victimes et les
témoins qui participeront aux procédures judiciaires.
En
matière de justice ordinaire, l'experte a invité les autorités à valider la
feuille de route pour la réforme de la justice et à mettre en œuvre les
premières actions urgentes, dont notamment la seconde session des audiences
criminelles devant la Cour d'assises.
L'experte
a insisté sur le fait que des mécanismes non-judiciaires de recherche de la
vérité et des mesures de réparation seront également nécessaires pour faire la
lumière sur le passé, tourner la page de l'héritage des violences antérieures et
garantir la non-répétition.
Au
cours de sa visite à Bangui et à Ndélé, l'experte a rencontré plusieurs
représentants du nouveau gouvernement, y compris le Premier Ministre, les
ministres de la justice, de l'intérieur, de la sécurité publique et de
l'administration du territoire, des affaires sociales et de la réconciliation et
de l'environnement. Elle a également échangé avec le Président de l'Assemblée
Nationale et les membres de son bureau, des partenaires internationaux, des
représentants de la société civile et des autorités
religieuses.
L'experte
indépendante s'est également informée de la situation des allégations
d'exploitation et abus sexuels portés à l'encontre des forces internationales.
Elle a pris note des efforts déployés en matière d'enquête, de protection des
victimes et des témoins et des mesures prévention pour mettre fin à ce
fléau.