L'embargo sur les armes prolongé jusqu'en 2018 en Centrafrique. Reportage à Bangui
31
janvier 2017 – voaafrique.com
Parade
militaire des FACA à Bangui en décembre 2016.
Le
Conseil de Sécurité des Nations Unies proroge jusqu’au 31 janvier 2018 l’embargo
sur les armes à destination de la RCA. Une décision prise alors que le pays
espérait la levée de cette sanction. Comment cette décision est-elle accueillie
en RCA ? Notre correspondant a enquêté.
Véritablement
inattendue, la prolongation de l'embargo sur les armes a créé des frustrations
dans tout le pays. Les centrafricains qui espéraient voir la levée de cet
embargo ont été surpris d’apprendre sa prolongation. A Bangui, l’homme de la rue
n’est pas resté indifférent, certains trouvent la décision "inacceptable" ou
fustigent les multiples reports... D'autres insistent sur l'importance d'être
"autonome" ou posent simplement la question : "quand la RCA aura-t-elle sa
souveraineté en matière de sécurité ?"
Un embargo vécu comme une
punition
Des
soldats des FACA décembre 2016 à Bangui.
La
Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme dit ne pas être surprise de cette
décision. Pour elle, il ne s’agit pas d’un embargo, mais plutôt d’une punition
du peuple centrafricain. L’ancien ministre de la Défense, Joseph BINDOUMI est
son président. "Le maintien ou la prologation de l'embargo ne devrait pas se
calculer en terme de formation de militaires, ca devrait se calculer en nombre
de personnes qui vont encore mourir. Nous sommes membres des Nations unies, nous
ne devons pas être là en train dêtre puni. L'embargo aujourd'hui n'est pas
considéré comme une sanction des Nations unies mais comme une punition du peuple
centrafricain."
Reportage de Freeman Sipila- correspondant de VOA Afrique à Bangui. (Durée: 02:46)
Déception
des députés centrafricains
A
l’Assemblée Nationale, les députés ont à plusieurs reprises interpellé les
nouvelles autorités sur les démarches menées en faveur de la levée de cette
sanction. Jean Bosco NAMTOUA, député de Bouca 1(Préfecture de l’Ouham) se dit
déçu. "Je suis profondément déçu car un état sans son armée n'est pas un état.
Dans nos provinces, l'insécurité règne, nos populations souffrent. Alors cette
population a besoin de son armée mais dire que l'on a prolongé la levée de cet
embargo, vraiment je suis totalement déçu de la situation."
Le
gouvernement mise sur une levée progressive de l'embargo
De
son côté, le gouvernement se veut optimiste. Le ministre de la Défense Joseph
YAKETE indique que malgré cette prolongation, il existe des alternatives pour
réarmer les forces de défense et de sécurité centrafricaine : "c'est un coup dur
pour notre pays en même temps, c'était prévisible. L'expérience nous montre que
partout où il y a eu l'embargo sur l'importation des armes, l'embargo a toujours
été levé de façon progressive. Je suis aussi satisfait d'un aspect : si
aujourd'hui nous nous répondons à un certain nombre de critères définis par le
comité de sanctions, nous avons la possibilité de nous procurer l'armement qu'il
faut pour équiper nos soldats qui ont fini leur formation."
En 2014, le
conseil de sécurité de l’ONU a imposé un embargo sur les armes à destination de
la République Centrafricaine alors que le pays était en proie à des violences
intercommunautaires.
Freeman Sipila (VOA Afrique -
Bangui)