Un 57ème anniversaire sans fleurs ni couronnes en Centrafrique.

 

La ville de Batangafo détruite à 60 %. Six membres de la Croix Rouge centrafricaine assassinés à Gambo. La stratégie du « désarmement concerté » est un jeu de dupes auquel il ne faut plus accorder crédit. Le moment est venu de tourner le dos au chemin suivi jusqu'ici.

 

1 - En RCA, le fauteuil présidentiel n’est pas vide.

 

En ce moment, Bangui est le centre de folles rumeurs de coup d’Etat, comme au bon vieux temps du Maréchal Jean-Bedel Bokassa. Ces rumeurs sont largement propagées par vos supporteurs.

Cela ne vous empêche pas d’assister benoîtement à la signature d’accord de coopération minière avec l’Afrique du sud.

 

En son temps, le président Bozizé avait entériné des accords de même nature avec le même pays, lequel avait dépêché sur place à Bangui 200 soldats pour servir de troupes d’élite à la protection du président déchu, désormais général déserteur ! Quinze soldats sud-africains donnèrent leur vie en faisant face à la déferlante Séléka.

 

Nous voici donc de retour aux vieux démons des politiciens centrafricains : s’enrichir très vite et déguerpir ! A l’image de l’ancienne chef de l’Etat de la transition et de son ancien premier-ministre de l’époque, aujourd’hui ambassadeur de la RCA en Afrique du sud.

 

Votre opposant, l’ancien premier-ministre Anicet Georges Dologuélé a tort : le fauteuil présidentiel n’est pas vide en RCA ; il est rempli d’une outre de diamants !

 

Il est d’autant moins vide, ce fauteuil présidentiel, que les bouffons sont légions pour chanter à la gloire de Ubu Roi, parmi lesquels un certain Kossimatchi.

Il semble que ce dernier soit le directeur du département des concours et examens au ministère de l’éducation nationale ! Une fonction qui réclame obligation de réserve et devoir de neutralité politique. Ses supérieurs hiérarchiques l’ont sans doute oublié, sinon le sieur Kossimatchi devrait être démis de ses fonctions ; d’autant que le taux de réussite au dernier examen du baccalauréat, soit  3,4 %, ne plaide pas en sa faveur. Il est meilleur griot qu’habile précepteur !

 

2 - Et l’on cria : haro, sur le baudet !

 

Tous les lycéens connaissent la morale de cette fable de La Fontaine, les animaux malades de la peste.

Le baudet en l’occurrence n’est autre que le président de l’assemblée nationale centrafricaine, Karim Méckassoua, soupçonné de tentation putschiste. Tous à Bangui fustigent son absence et son mutisme. C’est oublier que le parlement est en congé depuis juillet 2017, pour un mois. Faudrait-il clouer au pilori un homme politique qui, pour la première fois en Centrafrique, respecte les devoirs de sa charge ?

 

Karim Méckassoua devrait-il épouser la légèreté d’une Catherine Samba-Panza, ancienne chef de l’Etat de la transition, qui se vante urbi et orbi, d’avoir truqué les résultats des dernières élections présidentielles en Centrafrique, sous la dictée de l’ambassadeur de France à Bangui, au risque du parjure?

Dans une vraie République, madame Samba-Panza serait poursuivie pour forfaiture. Mais la marionnette du président tchadien et de son ancien ministre des affaires étrangères, sert aujourd’hui de caution morale aux élections qui se déroulent dans les pays africains francophones, au titre de représentante de l’Union africaine. Un comble !

 

L’actuel président de l’assemblée nationale centrafricaine a beaucoup de défauts, y compris ceux de concussion, de corruption et de trafic d’influence ; il a néanmoins bien fait de se tenir à l’écart des turbulences du moment, n’étant pas présent sur le sol centrafricain.

 

Monsieur le Président, le 13 août prochain, la République centrafricaine fêtera le 57ème anniversaire de son indépendance, sans avoir progressé sur le chemin de l’émancipation et de l’évolution sociale de son peuple. Le « Cendrillon de l’empire » est retournée à sa nature d’avant, un Etat sauvage !

 

Il vous reste trois jours pour prendre le taureau par les cornes et décider de renverser la table des oracles. Je n’y crois guère.

 

Paris, le 10 août 2017.

 

Prosper INDO

Économiste.


République Centrafrique sans subdivision