Viols de mineurs en Centrafrique :

La Sangaris blanche comme neige !

 

La première enquête sur les viols sur mineurs reprochés aux soldats français de l'opération Sangaris en Centrafrique se conclut par un non lieu. Il fallait s'y attendre, tant la justice a traîné pour rendre ses avis. Ce résultat désastreux n'est que la suite logique d'une situation de fait, qui se justifie par trois éléments.

 

1° - L'impuissance de l'Organisation des Nations unies et de son Secrétaire général, M. Ban Ki-Moon, à peser face aux puissances disposant d'un droit de véto au sein du Conseil de sécurité, dont la France, mais aussi face à ses propres services internes.

On sait désormais que l'ONU n'a aucun pouvoir sur les troupes militaires mises à sa disposition par les Etats membres de l'organisation. Celles-ci demeurent soumises à la seule hiérarchie de leur pays d'origine, et s'acquittent de leur mission selon le bon vouloir de leurs autorités nationales.

Ceci est d'autant plus préoccupant que la République Centrafricaine n'entretient aucune relation diplomatique avec certains des pays fournisseurs de troupes.

 

2° - L'hypocrisie des gouvernements français, en particulier des responsables politiques socialistes, en matière de respect des droits de l'Homme. On a tous à l'esprit la formule de l'ancien  président Nicolas Sarkozy, s'agissant des citoyens français qui commettent des crimes et délits à l'étranger : « Nous irons partout les chercher, quoi qu'ils aient fait ». Les résultats de ce déni du droit international est là, sous nos yeux. Les militaires français, suspectés de crimes ou délits à caractère sexuel en Centrafrique, ont été « éloignés du théâtre des opérations », pour échapper à la justice centrafricaine. On connait le double langage des socialistes français, convaincus que leur anti-racisme autoproclamé les dispense de tout code d'honneur en Afrique.

En France, il faut être un grand président et un homme de fortes convictions pour s'imposer face aux lobbies de l'ordre. Il faut être François Mitterrand pour démissionner son ministre de la défense dans l'affaire du Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, il faut être Jacques Chirac pour faire traduire en justice et condamner des militaires français convaincus du meurtre d'un jeune délinquant en Côte d'Ivoire.

 

3° - La faiblesse caractéristique de l'Etat centrafricain et des autorités de ce pays, incapables de défendre et protéger l'intégrité physique et morale de leurs citoyens ou ressortissants, quels qu'ils soient et où qu'ils soient.

A contrario, prenons l'exemple de ces supporteurs anglais qui ont empêché un citoyen français d'accéder à une rame de métro à l'occasion d'un match de Coupe du monde de rugby ; ils viennent d'être condamnés par le tribunal de Paris pour racisme. Les faits se sont déroulés en France, ils ont été jugés et condamnés dans les mêmes conditions de lieu, avec l'aide et le concours des autorités judiciaires britanniques.

Dans le cas présent, on attend toujours la saisine des autorités judiciaires centrafricaines sur ces faits notoires et avérés. Les enquêtes et reportages du journal en ligne « Médiapart » sont à ce sujet édifiants et accablants, jusqu'à la nausée !

 

Malheureusement, ce n'est pas la première fois qu'on assiste à ces faits de guerre, nourriture contre sexe, ces à-côtés de toute armée en campagne. C'est vieux comme au cinéma.

C'est avec de la viande séchée de sa ration alimentaire que le lieutenant John Dunbar accroche l'indienne Stands With a Fist dans « Danse avec les loups », de Kevin Kostner. De la même manière, c'est pour une tablette de chocolat que le jeune russe Sacha est embrigadé par le major allemand König, dans « Stalingrad » le film de Jean-Jacques Annaud. Comme c'est avec des paquets de cigarettes Pall Mall ou Lucky Strike que les GI'S américains courtisaient les Parisiennes à la Libération, etc. Mais ceci ne justifie pas cela.

 

Devant les trois incapacités énumérées plus haut, que reste-t-il pour faire valoir le droit des victimes ? Rien ou si peu, sauf à dénoncer le silence des « autorités » qui comptent à Bangui :

 

-        celui de Maître Nicolas Tiangaye, avocat, ancien Premier ministre de la transition des ex-Séléka et ancien président de Ligue centrafricaine des droits de l'Homme ;

-        celui de Joseph Bindoumi, magistrat, ancien Procureur de la République de Bangui, ancien Conseiller national de Transition et ancien ministre de la défense de la transition, aujourd'hui président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme ;

-        celui de Mme Samba-Panza Catherine, ancienne présidente de l'association des femmes juristes de Centrafrique, ancienne Maire de Bangui et ancienne chef de l'Etat de transition, si accaparée désormais par ses nouvelles « missions » internationales ;

-        celui de Faustin Archange Touadéra enfin, docteur en mathématiques, ancien Recteur de l'université de Bangui, ancien Premier ministre (5 ans) de François Bozizé et actuel Président de la République Centrafricaine, dont le pathétique discours de vœux à la Nation n'aura même pas effleuré ce sujet, au moins par empathie envers les victimes.

 

Que reste-t-il ? Rien ou si peu, sauf à sauver l'honneur de notre pays et de son peuple, soit en saisissant la Cour internationale de Justice, soit la Cour pénale internationale, soit en rappelant notre ambassadeur à Paris, ainsi que ceux affectés dans les autres Etats mis en cause (RDC, Maroc, Burundi, Gabon), pour marquer le coup et relever l'affront.

Bien entendu, la RCA ne tentera ni l'une ni l'autre de ces démarches. Le proverbe est formel : « le chien ne mord pas la main qui le nourrit » ou, comme disaient nos ancêtres, « mbè gui mbè » (l'esprit servile ne s'élève jamais au dessus de sa condition).

 

En ce mois de janvier 2017, et en la présente circonstance, c'est l'occasion d'avoir une pensée émue à la mémoire de l'anniversaire de la mort de Maître Zarambaud Assingambi, qui nous a brutalement quitté il ya trois ans, presque jour pour jour.

 

Paris, le 05 janvier 2017

 

Prosper INDO